
Dans une démocratie qui se respecte, un ministre qui échoue, qui viole la loi, qui se trouve sous une instruction judiciaire ou qui fait l’objet d’un quelconque scandale, démissionne et part faire autre chose que de s’occuper des affaires publiques. Dans une démocratie qui se respecte, un ministre ça donne l’exemple de la droiture et de l’intégrité, ça ne parle pas n’importe comment, ça ne va pas n’importe où et ça ne fréquente pas n’importe qui. En Tunisie, sur le papier, nous sommes une démocratie qui se respecte, nous avons même un ministre qui ne s’occupe que de cela et nous avons élevé ce ministre au rang de ministre d’Etat, c’est dire l’intérêt que nous portons, toujours sur papier, à cette image de démocratie respectable, voire exemplaire.
Sur le terrain, la pratique est à l’opposé de la théorie. Notre ministre d’Etat chargé de la bonne gouvernance n’a rien pu faire (pour le moment) pour la moralisation de la vie publique. Ses collègues ministres continuent à piétiner l’image de l’exemplarité, à rigoler devant les critiques scandalisés par leur comportement et à violer le règlement sans que lui ne puisse concrétiser ses promesses d’avant (et d’après) nomination. A ce jour, nous avons trois scandales de ministres qui se prenaient pour des personnes au dessus de la loi. Ils ont tous les trois été lynchés sur les réseaux sociaux et les médias qui ont bien dénoncé leurs violations diverses, mais le « name and shame » n’a pas fonctionné avec eux. Ils n’ont pas honte, ils agissent en mode « cause toujours, tu m’intéresses ». Anouar Maârouf, Salah Ben Youssef et Mongi Marzouk se doivent de démissionner. Elyes Fakhfakh se doit d’exiger leur démission. Ils ont beau être gentils, performants, efficaces, bons, super bons, supermen, ils se doivent de démissionner pour donner l’exemple afin d’espérer rétablir la confiance du peuple avec ses gouvernants. Elyes Fakhfakh perdra, peut-être, en efficacité avec le départ de ces trois ministres, mais il inscrira son nom dans l’Histoire et fera une jurisprudence en exigeant leur départ. Ce n’est qu’avec ces démissions qu’on pourra moraliser la vie publique, qu’on pourra devenir une démocratie respectable, qu’on pourra avoir confiance en notre classe politique.
Pour rappel, Anouar Maârouf a donné une Audi Q3 à sa fille qui a eu un accident, Salah Ben Youssef a négocié un marché de gré à gré avec un industriel et Mongi Marzouk a violé le confinement en partant à l’étranger (dans un vol de rapatriement exclusivement réservé aux Français) pour célébrer l’aïd avec les siens.
L’autre scandale de ce week-end est ce communiqué de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) qui évoque de graves vices de procédures dans l’affaire de Sami El Fehri. L’AMT évoque carrément le danger de ce traitement judiciaire particulier des affaires touchant aux célébrités politiques, économiques et médiatiques.
Ce communiqué de l’AMT est publié quelques jours après l’arrêt de l’émission politique de Myriam Belkadhi diffusée sur El Hiwar Ettounsi, chaîne dirigée par Sami El Fehri. Seuls les naïfs croient en les coïncidences en politique. L’arrêt d’une émission politique et l’éclatement du scandale judiciaire du directeur de la chaîne diffusant cette émission ne peuvent donc être considérés comme une coïncidence. Et si l’on ajoute que tout ceci intervient quelques semaines après la tentative avortée d’Al Karama (toutou des islamistes d’Ennahdha au parlement) de changer la loi relative à l’audiovisuel, on peut conclure avec un claquant « la messe est dite ».
C’est un sport national de dénigrer Sami El Fehri, sa chaîne, ses émissions, ses feuilletons. Il a le mérite de ne pas laisser insensibles les citoyens. Cet autodidacte a le mérite d’avoir démarré de zéro dans la télévision. Son parcours est semé d’embûches et d’obstacles. Face aux portes fermées devant lui dans la télévision publique, il a eu la fâcheuse idée d’avoir trouvé le filon pour ouvrir ces portes et ce en s’associant avec l’une des figures phares de l’ancien régime, à savoir Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Il a contourné ou violé la loi, on n’en sait toujours pas trop, plus de dix ans après les faits, ce que l’on sait, c’est qu’il n’a toujours pas été condamné par la Justice et, à ce titre, il demeure innocent. Après la révolution, la justice populaire et les chasseurs de sorcières ont tout fait pour le casser quand il essayait (avec succès) de renaitre de ses cendres. Face à sa détermination, on a fini par le jeter en prison plus d’un an, sans aucune condamnation. C’était en 2012-2013. A l’époque, déjà, les magistrats n’étaient pas d’accord sur les procédures et évoquaient les vices de forme à la pelle. C’est un secret de Polichinelle que de dire qu’il devait sa libération à un marché négocié avec les islamistes qui l’invitaient à modérer ses propos et à mettre de l’eau dans le vin de ses émissions. Suite à cet emprisonnement sans condamnation, il a fait intégrer dans son équipe de chroniqueurs l’avocat islamiste et ancien prisonnier, Chakib Derouiche.
L’année 2019 est une année électorale, Sami El Fehri et sa chaîne prennent position contre le régime islamiste et dénoncent, à souhait, la politique du gouvernement sortant de Youssef Chahed. On l’a invité à s’assagir à plusieurs reprises et on l’a menacé de prison, en lui indiquant même la date, mais rien n’y a fait, Sami El Fehri a maintenu sa ligne éditoriale.
Juste après les élections, et en application de la menace précédente, il s’est retrouvé en garde à vue puis en état de liberté puis en prison. Aussi bien en 2011, qu’en 2013 ou qu’en 2019, Sami El Fehri a refusé de fuir à l’étranger, comme l’aurait fait n’importe quel patron de média menacé. Lui, il a préféré rester dans son pays et faire confiance à la justice. On l’a sali à plusieurs reprises, l’opinion publique était remontée contre lui et même le quotidien français "Le Monde", qui se veut d’habitude exemplaire, l’a traité de sulfureux jeté en prison, sans se donner la peine d’indiquer qu’il n’a jamais été condamné… Il a tout le monde contre lui, juste parce que son personnage et la ligne éditoriale de sa chaîne déplaisent. Il est en prison, et il était confortable pour nous tous, de croire qu’il est coupable et qu’il est derrière les barreaux juste parce qu’il est sulfureux.
L’arrêt brusque de l’émission politique de l’inégalable et indépendante Myriam Belkadhi et le communiqué de l’AMT font tout voler en l’air. Le doute est jeté sur son emprisonnement, ce n’est plus une affaire d’argent (dixit Le Monde), comme se plaisaient à le croire plusieurs, mais une affaire de presse. Aujourd’hui Sami El Fehri semble négocier sa libération avec l’arrêt de son émission phare qui a causé beaucoup de soucis aux islamistes and co.
Le lien de cause à effet est évident, quoique disent les magistrats responsables de sa détention, et ceci est un scandale. C’est même le plus gros scandale, car sans justice, il n’y a rien, ni démocratie, ni libertés, ni Etat.
Aujourd’hui, on cherche à nous faire taire, on cherche à nous bâillonner. Le gouvernement actuel qui réfléchit sérieusement à des solutions salvatrices pour la presse, est descendu en miettes. Or qu’on le veuille ou pas, sans médias et sans justice indépendante, il ne saurait y avoir de démocratie. C’est une règle vérifiée et revérifée partout dans le monde.
Aujourd’hui, et à la lumière du communiqué de l’AMT, ce n’est pas Sami El Fehri qu’on emprisonne, c’est la liberté de la presse et l’indépendance de la Justice qu’on met aux arrêts.



Nous espérons que le système judiciaire tunisien sera juste et indépendant afin que nous puissions construire un pays démocratique.
Cela fait bien longtemps que j'ai résilié mon abonnement d'avec ce quotidien.
Première leçon !
Il arrive que la tentation soit forte pour se donner l'importance qu'on n'a pas !
Qui donc chercherait à bâillonner BN ou ses journalistes ? PERSONNE !
Surtout que "BusinessNews" n'est pas ce qu'on appelle "un leader d'opinion", mais tout juste "un relais d'opinion" !
Si ce n'est pas un fantasme c'est pour le moins un désir contrarié qui dénote d'un certain complexe du martyr, prompt à offrir (sur le papier !) son poitrail à la mitraille !
"Le gouvernement actuel qui réfléchit sérieusement à des solutions salvatrices pour la presse, est descendu en miettes."
Deuxième leçon !
Toujours balayer devant sa porte avant de critiquer les autres !
"Le gouvernement est descendu en miettes" par qui, je vous prie. . .si ce n'est essentiellement par vous, ou par l'intermédiaire de vos plumitifs ?
Avant sa constitution et depuis l'avènement de ce gouvernement, vous n'avez cessé de lui chercher des poux dans la tonsure et que pour des broutilles. . .
Tantôt à tel ou tel ministre (comme au début de l'article) sinon au CDG, ou encore au Président de la République lui-même, qui vous sert souvent de punching-ball expiatoire.
Vous avez d'ailleurs décidé d'en faire votre "souffre-douleur" privilégié. . . alors que KS n'en a cure et vous considère même comme quantité négligeable, vous et ce que vous pouvez publier comme attaques journalières sinon bi-hebdomadaires ou plus !
Troisième leçon !
Pour exister, il faut attaquer plus important que soi !
Voilà maintenant que vous vous en prenez même au journal "Le Monde" !
Je sais bien que nul n'est parfait mais vous devriez le lire un peu plus souvent, ne serait-ce que pour "mieux" écrire en français !
Vous ainsi que vos rédacteurs. . .
Maxula.
PS. Au fait la proposition d'EL Karama n'avance pas la cause de ses défenseurs puisqu'on a déjà ce qu'il faut pour museler la presse...ET QUE CELA MARCHE BIEN...
La Tunisie est dissoute depuis longtemos il ne reste que la carcasse
Considerez ce pays comme une macro-pathologie
Bravo Sami El Fehri, un voyou qui côtoie les stars du monde politique aussi pourri que lui.
Mr Nizar vous les médias c'est votre rôle d'informer, rassemblez-vous,et dénoncer ces dérives mettez en exergue au grand jour vous tous,presse écrite médias audiovisuel tous ensemble autrement ces cupides ne reculeront jamais tant que vous n'avez pas mis leurs projets en échec.(Manai)
Mr Bahloul il n'y aura jamais et à jamais ni de liberté ni de démocratie en Tunisie car les tunisiens en particulier que ne connaissent nullement le sens ni de la démocratie ni de la liberté c'est des mots étrange pour eux car le fameux coran n'a nullement mentionné cela ....ce qui se passe depuis 2011 est un leur pour mettre en place des projets bien précis qui ne sont et ne seront jamais ni dans l'intérêt du pays ni pour le bien des tunisiens .
Si par miracle le tunisien apprendra et comprendra un jour la discipline il y'aura peut être une chance de parler liberté et démocratie à condition que la Tunisie deviendra un pays laïque pure sang comme le deviendra très bientôt le Liban l'avantage au Liban c'est qu'il y'a des catholiques tolèrent ce qui n'est pas le cas en Tunisie où vous avez que des gens intolérants à 99% à la puissance N.
La Tunisie n'avancera plus jamais elle sombrera dans l'anarchie la misère la guerre civile et le terrorisme...j'espère me tromper sur tout .
un journalisme neutre ne fait pas dans le copinage .
Tout-à-fait d'accord avec vous , à ceci près que depuis quelques années , la justice s'est faite la malle sans laisser d'adresse ( les exemples des 2 hommes de média que vous avez cité sont assez parlant - on emprisonne ... sans condamnation - vous avez dit " état de droit " ? ) !
Il ne reste plus que la presse comme rempart et j'ai bien peur que ses jours ne soient compté !
Je rejoint également le commentaire , oh combien véridique et réaliste de Mamout , à qui j'adresse un salut !
Courage à nos journalistes de première ligne du front démocratique...
Je vous assure mon cher que le seul fait d'associer le nom de notre pays au mot démocratie (démos+Kratos=pouvoir+peuple) est une hérésie, une insanité.
J'ai plus de 65 ans et j'ai passé plus de 40 ans de ma vie à traîner à travers les 5 continents. J'ai vécu des périodes plus ou moins longues dans une dizaine de pays aux cultures différentes, j'étais témoins de tant de malheurs, d'injustice, de souffrance, de guerre même, et bien sûr de beaucoup de moments heureux dont l'inoubliable chute du mur de Berlin qui m'a le plus marqué et qui a changé le visage du monde. J'ai vécu des joies, des peines, des déceptions et beaucoup de situations totalement absurdes...
Pourtant, à mon retour dans notre pays, je découvre que tout ce que j'ai appris et acquis pendant plus de 40 ans, de bien et de moins bien, ne m'est d'aucune utilité et ne me sert absolument à rien..ABSOLUMENT A RIEN. J'ai attéri sur une planète inconnue, au milieu de gens que je ne reconnais point!
Je me trouve, tel l'idiot du village, balancé entre l'hébètement et l'écoeurement, à observer ce qui se passe devant moi sans rien pouvoir comprendre. Voici Une société qui se décompose et qui le sait, mais ne fait rien pour remédier à sa dislocation. Voici un état qui se dissout et il le sait, et tout le monde dans le pays le sait, mais personne ne fait quoi que ce soit pour empêcher sa dissolution..sous prétexte de "transition démocratique"!
L'injustice, le mensonge, la triche, l'égoisme, la cupidité, le déshonneur, le mépris de l'éffort, la négation d'autrui...sont les comportements les plus communs et les valeurs les plus répandues que j'ai trouvés dans notre pays...Et cela commence au plus haut de la pyramide par l'état lui même. Et tous ceux qui n'appartiennent pas à ce système de valeurs se trouvent à la marge, à l'écart, dénigrés et méprisés. Mais heureusement qu'ils sont encore là pour prévenir la chute finale.
"Nous vivons dans un pays qui étouffe l'éspérance et assassine le rêve" m'a déclaré ce matin un jeune mécanicien chez qui je réparais ma voiture! Il n'a pas 25 ans. Il est bac+2 et il attend le déconfinement pour "déguerpir". N'importe où me disait il, loin d'ici!
N'allez surtout pas lui parler de démocratie...Qui se respecte ni même de celle qui se méprise. Il n'en a rien à f...!
J'étais jaloux de sa jeunesse et de sa liberté. Franchement ya Si Nizar, vieillir dans un environnement pareil, sous le joug d'un système pareil et au milieu de tant de déchéance, d'hypocrisie et d'absurdités...est un sentiment terrifant, un châtiment épouvantable.
Nous n'avons rien d'une démocratie, ni sur papier ni dans les tiroirs parceque tout simplement nous ne sommes pas une démocratie et notre pauvre nation est à des années lumière d'une démocratie.
La liberté d'expression que nous avons acquises en 2011 et qui se rétrécit depuis comme une peau de chagrin ne peut en aucun cas nous décorer du titre de "pays démocratique". Et à part cette liberté, souvent abusée par une presse aux ordres et une autre à sensations, dites moi une seule réalisation réellement démocratique qu'on pourrait mettre au crédit de notre peuple, de ses élus et de ceux qui le gouvernent? Ah, peut être le Nobel de la paix!...
Quand la loi est méconnue par le citoyen lambda ne peut pas réclamer son droit.
L'appareil judiciaire nécessite une révision générale.
Ingénieur Judiciaire