
Les conseils nationaux des médecins, des médecins dentistes et des pharmaciens de Tunisie ont exprimé leur profond choc et leur ferme condamnation du récent verdict prononcé à l’encontre de trois professionnels de la santé : la directrice du Centre de maternité et de néonatalogie de Tunis, le chef du service pharmacie au sein de l’établissement, et le directeur de la maintenance, tous en poste lors du drame. « Un verdict qui ne prend pas en considération les expertises réalisées et qui fait porter l’entière responsabilité uniquement aux trois professionnels de la santé, portant à eux seuls le poids d’un système de santé défaillant, avec tous ses intervenants, les politiques suivies et les infrastructures déficientes », lit-on dans un communiqué daté du lundi 14 avril 2025.
Et de condamner le fait « de faire porter la responsabilité de ce drame à leurs collègues, malgré toutes les preuves claires présentées par le comité de défense, et fruits des rapports d’expertises chargées par les autorités judiciaires, le tout malgré la preuve de l’absence de manquements professionnels directs et sans entendre le témoignage des experts ».
Les conseils nationaux des médecins, des médecins dentistes et des pharmaciens réitèrent leur demande de faire la lumière sur la vérité toute entière, en étant transparent dans cette affaire délicate. Ils réitèrent aussi leur soutien à leur collègue dans ce qu’ils considèrent comme « une injustice ». Et d’appeler les professionnels de santé à soutenir fermement leurs collègues et à se mobiliser ensemble, pour défendre la dignité de la profession, et pour exprimer le refus d’être des boucs émissaires, lors de la journée de colère prévue le 17 avril courant.
Pour eux, l’intervention des autorités concernées est devenue un impératif pour garantir l’amélioration des conditions de travail, le traitement des lacunes structurelles du secteur de la santé publique, l’application de normes de qualité dans tous les services publics outre la révision du système de contrôle au sein des établissements sanitaires.
Les signataires du communiqué ont appelé les autorités de tutelle à protéger les agents du secteur et à mettre en place les législations garantissant justice et préservation des droits. Et de souligner la nécessité de bâtir une politique globale, qui vise à soutenir les agents du secteur sanitaire, améliorer leurs conditions de travail, ce qui se répercutera positivement sur la qualité des traitements des malades.
Pour rappel, la Cour d’appel de Tunis a confirmé, le 5 avril 2025, les peines à l’encontre des trois responsables, chacun condamné à huit mois de prison, pour un total cumulé de dix ans. Chaque famille plaignante recevra une indemnisation de 30.000 dinars.
L’affaire concerne le décès de quatorze nourrissons en mars 2019 à l’hôpital de la Rabta, à la suite d’une infection nosocomiale provoquée par une alimentation parentérale contaminée.
Notons que le Conseil national de l'Ordre des Pharmaciens de Tunisie (Cnopt), le Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (Spot) et la Faculté de pharmacie à Monastir ont fustigé le verdict émis.
L'Ordre des ingénieurs avait également exprimé mécontent du verdict, étant donné qu’un ingénieur, le directeur de la maintenance du Centre de maternité et de néonatalogie de Tunis, avait écopé de dix ans de prison alors qu’il avait été disculpé dans le verdict initial en première instance de juillet 2023.
D’ailleurs, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé une journée de colère le 17 avril ainsi qu’une grève générale dans le secteur de la santé publique le 24 avril 2025, en réaction aux condamnations infligées à trois agents du secteur. Plusieurs entités syndicales intervenant dans le secteur de la santé avaient fermement dénoncé le verdict de la cour d’appel.
Notons que le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens de Tunisie avait rencontré, le 10 avril 2025, le ministre de la Santé au siège du ministère, dans le cadre de l’affaire, où les deux parties avaient exprimé leur solidarité totale et inconditionnelle avec les professionnels de la santé et ont exprimé leur profonde inquiétude face à l’injustice dont ils ont été victimes.
I.N.

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