
L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé, mercredi 9 avril 2025, la tenue d’une journée de colère le 17 avril ainsi qu’une grève générale dans le secteur de la santé publique le 24 avril 2025, en réaction aux condamnations infligées à trois agents du secteur.
Dans un communiqué adressé à l’opinion publique, plusieurs entités syndicales intervenant dans le secteur de la santé ont fermement dénoncé le verdict de la cour d’appel, qui a condamné à dix ans de prison ferme trois professionnels de santé dans l’affaire dite des nourrissons.
Les syndicats ont qualifié ce jugement « d’injuste et déconnecté de la réalité du terrain », affirmant qu’il a profondément choqué un secteur déjà « à bout de souffle ». Selon eux, les griefs retenus ont ignoré les conditions de travail dégradées et les signalements effectués en amont par les professionnels eux-mêmes, lesquels ont été « retournés contre eux comme pièces à charge ».
Les partenaires sociaux ont mis en cause la responsabilité de l’autorité de tutelle, accusée d’être « restée sourde aux alertes répétées sur les dysfonctionnements dans les salles blanches ». Ils ont dénoncé « une justice qui a fait des soignants les boucs émissaires d’un système public en crise », affaibli par des années de politiques d’austérité, une pénurie dramatique de personnel et une dégradation constante des moyens.
Face à cette situation jugée « intenable » par l’UGTT, les syndicats ont appelé à une mobilisation massive pour défendre l’avenir du système de santé public, exiger l’annulation des jugements injustes, la réhabilitation des professionnels condamnés, et l’ouverture de négociations visant à définir un cahier des charges clair pour les hôpitaux publics.
Au-delà de ces actions immédiates, les organisations syndicales alertent sur « une dérive inquiétante de la législation sur la responsabilité médicale », désormais influencée par des intérêts privés, au détriment des garanties initialement prévues pour les soignants comme pour les patients. La suppression du principe d’« accident médical non fautif » est ainsi perçue comme « un recul grave », fragilisant encore davantage ceux qui, malgré les risques, continuent d’exercer dans des conditions précaires au service du public.
H.K


