
La faculté de pharmacie de Monastir a exprimé, dans un communiqué daté du lundi 7 avril 2025 et signé par sa doyenne Chrifa Chaouch, sa profonde inquiétude face au verdict émis contre le pharmacien Raouf Jamai, le condamnant à dix ans ferme.
« Le verdict a engendré un choc profond dans le milieu pharmaceutique universitaire et hospitalier, vu qu’il n’a pas tenu compte ni des raisons profondes qui ont été derrière le drame du décès des nourrissons, ni des rapports d’enquête bâtis sur des fondements scientifiques objectifs, en portant la responsabilité de ce qui est arrivé à Raouf Jamai, malgré le fait qu’il avait précisé par écrit les multiples lacunes dont souffraient le service, notamment en ce qui concerne la salle blanche, le tout sans intervention de l’autorité de tutelle.
Cela sachant que Raouf Jamai est connu par ses collègues par son professionnalisme élevé, son travail acharné et son attachement aux valeurs morales qui constituent l’essence du métier de pharmacien. Et malgré ses sacrifices et le manque de moyens, il se retrouve condamné », lit-on dans ce document.
Et d’ajouter : « En tant qu'établissement universitaire responsable de la formation et de l’encadrement des futurs pharmaciens, nous exprimons notre profonde inquiétude face au climat de mystère, de suspicion et la fuite des responsabilités de gestion des services hospitaliers qui peuvent être engendrés à cause de cette affaire, ce qui va se répercuter négativement sur l’image de la profession et diminuer la confiance des étudiants qu’on accompagne dans leur cursus académique et professionnel ».
La faculté de pharmacie de Monastir a souligné, dans ce même document, que « de tels verdicts ne peuvent conduire qu’à plus de frustration, et représentent une autre raison pour la migration de nos jeunes compétences à la recherche d’un environnement qui respecte leur travail et leurs sacrifices ». Et de rappeler que la pharmacie hospitalière est un élément essentiel du système de soin, qui doit être consolidé avec des conditions de travail permettant au pharmacien hospitalier de faire son travail dans de bonnes conditions.
La faculté de pharmacie de Monastir a assuré son soutien à tous les membres de la famille pharmaceutique, et son attachement aux valeurs de justice intègre et transparente et à la défense d'une profession pratiquée avec compétence, intégrité et acharnement.
« Nous demeurons mobilisés aux côtés de nos collègues pour préserver des valeurs qui représentent l’essence de notre mission académique et professionnelle », a conclu le communiqué.
La Cour d’appel de Tunis a confirmé, le 5 avril 2025, les peines à l’encontre de la directrice du service de néonatologie et du pharmacien responsable, tout en condamnant également le directeur de la maintenance. Chacun des trois accusés a été condamné à huit mois de prison, pour un total cumulé de dix ans. Chaque famille plaignante recevra une indemnisation de 30.000 dinars.
L’affaire concerne le décès de quatorze nourrissons en mars 2019 à l’hôpital de la Rabta, des suites d’une infection nosocomiale causée par une alimentation parentérale contaminée.
Notons que le Conseil national de l'Ordre des Pharmaciens de Tunisie (Cnopt) et le Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (Spot) ont fustigé le verdict émis.
I.N.


