
En ce moment particulier de l’Histoire de notre pays, où l’abject le dispute au révoltant, où les quelques consciences qui restent pataugent entre colère et affliction, nous avons normalisé et rendu ordinaires les actes de racisme.
La chasse aux migrants, nouvelle normalité
Pendant le mois de Ramadan, un groupe d’énergumènes s’est filmé en pleine expédition punitive contre des migrants subsahariens sur l’un des monticules de Tunis. Un autre s’est récemment rendu célèbre en traquant les migrants subsahariens pour les livrer aux autorités, selon ses dires. Il pousse même la bêtise jusqu’à évoquer un souverainisme de cour d’école et les valeurs de l’Islam qu’il dit respecter.
Selon les témoignages concordants de plusieurs médecins, de plus en plus de Subsahariens sont admis aux urgences à la suite d’agressions diverses et de vols violents. Il s’agit là d’une série d’actes à caractère raciste, car ils sont basés sur la couleur de peau des personnes qui en sont victimes. Si l’on veut être honnête, il n’y a pas de tergiversation possible là-dessus. Ce n’est pas une contribution citoyenne à l’application de la loi sur l’accès au territoire tunisien ni une sincère volonté de protéger le pays de ce que certains décrivent comme une « invasion ». Il s’agit tout simplement d’actes à caractère raciste.
Quand l’État cautionne le discours de haine
C’est justement cette simplicité et cette facilité qui en désarçonnent beaucoup. La réalité éclatante selon laquelle une partie non négligeable du peuple tunisien est ouvertement raciste et xénophobe est difficile à intégrer pour certains. Le mélange d’ignorance, de peur, de chauvinisme, le tout dans un climat général où même la présidence de la République adopte les théories ridicules du grand remplacement, donne lieu à des actes dignes de la lie de l’humanité.
Traquer des migrants et les exhiber comme des prises de chasse en prétendant protéger son pays est un acte honteux pour tout Tunisien qui se respecte réellement. Ce sont des images qui ne peuvent que heurter tout vrai patriote, mais qui feront sûrement le bonheur des nationalistes. La nuance est importante, mais nous vivons dans une époque où la nuance et la réflexion sont honnis.
Même si l’effort de démonstration est vain devant une telle bêtise, il est important de rappeler que la théorie du grand remplacement est un non-sens. Les migrants cherchent à transiter par la Tunisie pour aller vers le Nord. Les Tunisiens inquiets pour leurs précieux gènes font semblant d’ignorer que les migrants n’ont jamais eu pour objectif de s’installer en Tunisie. Par ailleurs, au plus fort de la crise des migrants subsahariens, ils étaient près de vingt mille personnes en Tunisie. Vingt mille personnes ne peuvent en aucun cas « remplacer » dix millions, surtout s’ils sont Tunisiens. Mais encore une fois, inutile d’user de logique devant le racisme.
Une justice à deux vitesses
Alors, c’est dans ces moments de confusion qu’une société est censée se tourner vers sa justice pour trancher. Il s’agit d’actes répréhensibles que certains interprètent comme des actes racistes et d’autres comme des actes de bravoure qui participent à la « protection de la composition démographique de la Tunisie ». Il existe une loi en Tunisie, la loi organique n° 2018-50 du 23 octobre 2018, relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Ce texte, qui date de la décennie que certains disent noire, a été une réelle avancée dans le combat contre le racisme au niveau national et même régional. Il pourrait largement s’appliquer aux actes que l’on voit dans la rue ou sur les réseaux sociaux.
Selon cette loi, « l’État fixe dans sa politique pénale les mesures qui permettent l’élimination de la discrimination raciale afin de faciliter aux victimes l’accès à la justice et de lutter contre l’impunité. Ces mesures comprennent notamment la formation des magistrats, des officiers de la police judiciaire, des cadres et agents des structures pénitentiaires et de rééducation ».
En attendant, la politique pénale de l’État ne semble pas du tout s’intéresser à ce sujet et laisse faire, en toute impunité. Le parquet s’est autosaisi, à la vitesse de l’éclair, d’une vidéo circulant sur les réseaux sociaux de l’avocat et ancien juge Ahmed Souab et l’a interprétée comme une menace terroriste envers un autre juge. C’était pendant le week-end. Dès lundi, l’arrestation a été effectuée pour ensuite comparaître devant la juge, avec émission de mandat de dépôt à la clé.
Cependant, quand les mêmes réseaux sociaux transmettent des vidéos de traque de migrants subsahariens, le parquet est aux abonnés absents. Accuser un avocat de terrorisme sur la base de l’interprétation d’un geste et d’une phrase est, semble-t-il, bien plus urgent que de faire respecter la loi contre le racisme. Le parquet, si inquiet de l’intégrité de l’État, ne semble pas s’inquiéter de la formation de milices parallèles qui prennent sur elles d’effectuer le travail des unités sécuritaires et de se substituer à l’État.
Le racisme est un crime, pas un point de vue. Ce rappel évident s’impose à l’heure où les actes à caractère raciste se multiplient et où le racisme n’a jamais été aussi décomplexé en Tunisie. Mais quand c’est l’État lui-même qui parle de menace sur la composition démographique…




Il faut tout de même être clair: le racisme consiste à attribuer des défauts (ou des qualités!) à des humains du fait même de leur appartenance raciale.
Mais je vous imagine bondir, le mot "race" n'existe plus! C'est comme si on avait supprimé le mot "cancer" pour juguler la maladie...
Alors reprenons le mot, race: sous ensemble d'une même espèce possédant des caractères physiologiques qui permettent de le différencier des autres.
Donc des races existent bel et bien, ce n'est pas être raciste, au sens péjoratif, que le constater.
Et il faut bien examiner ce qu'on reproche à quelqu'un sous l'accusation de racisme, car ce n'est vraiment pas clair.
En l'occurence, il est reproché aux subsahariens d'être clandestins donc impossibles à identifier et connaître (état civil, passé judiciaire, métier...), de vivre de larcins, de squatter, d'être violents pour certains etc...
Tout cela constitue un problème d'immigration incontrôlée, non un problème de racisme.
Pour le moment les tunisiens ne disent pas qu'ils ne veulent pas de subsahariens chez eux. Ils ne veulent pas de clandestins inciviques à nourrir, loger, soigner, instruire... c'est différent.


