
En ce 1er mai 2025, Tunis a vu défiler plusieurs manifestations aux accents bien différents. D’un côté, des opposants ont battu le pavé pour réclamer la libération de l’avocat Ahmed Souab et des autres détenus politiques. De l’autre, la centrale syndicale UGTT a mobilisé ses troupes. Et en parallèle, des partisans du pouvoir en place ont organisé un sit-in pour dénoncer « l’ingérence étrangère » et afficher leur soutien au chef de l’État.
Mais c’est un autre détail qui a enflammé les réseaux sociaux ce 1er mai : plusieurs photos et vidéos montrent des bus appartenant à des sociétés publiques de transport, venus des quatre coins du pays, convoyant les manifestants pro-pouvoir jusqu’au cœur de la capitale. De quoi susciter une pluie de critiques et d’interrogations.
Certains internautes ont rappelé que cette méthode, consistant à mobiliser les moyens de l’État pour assurer une démonstration de force en faveur du régime, n’a rien de nouveau. « La spontanéité et la sincérité dans toute leur splendeur... Au moins, changez l’endroit où vous garez les bus, on les reconnaît depuis l’époque de Ben Ali », a ironisé l’activiste Sondes Zarrouki.
Le journaliste Haythem El Mekki a lui aussi tourné en dérision le caractère supposé « spontané » de ce rassemblement : « Je soutiens avec force ces appels spontanés et sincères, etc. etc. », a-t-il commenté avec sarcasme.
Présent sur les lieux pour la manifestation en soutien à son père incarcéré, Saeb Souab a livré son témoignage direct : « Ceux qui veulent voir le vrai cirque n’ont qu’à jeter un œil aux bus publics qui déversent les partisans du président dans la rue entre l’ex-RCD et l’hôtel du Lac ».
Plusieurs internautes ont également relevé le contraste entre le déploiement logistique et le nombre, jugé maigre, de manifestants finalement mobilisés, ajoutant une couche de cynisme à la polémique.
Sur les réseaux, la question reste posée : est-il légitime d’utiliser les moyens de l’État pour des manifestations à la gloire du pouvoir ? Une pratique qui, pour beaucoup, renvoie à des pratiques héritées des années Ben Ali.
R.B.H

Y a-t-il des Tunisiens qui se plaignent encore de cette corruption auprès des tribunaux ?

