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Une constitution dont on parle beaucoup, mais dont on ne sait rien !
23/06/2022 | 11:40
5 min
Une constitution dont on parle beaucoup, mais dont on ne sait rien !

 

La commission nationale consultative pour une nouvelle République, sous la présidence de Sadok Belaïd, a fini son travail le 20 juin 2022 en remettant le projet de constitution sur lequel la commission a planché pendant deux bonnes semaines au président de la République, Kaïs Saïed.

 

Les laudateurs et les soutiens aveugles du chef de l’Etat saluent la rigueur et la discipline qui ont fait que les délais annoncés dans le décret créant cette instance aient été respectés. Ils y voient même un retour flamboyant du prestige de l’Etat. Sauf que tout le bruit qu’ils peuvent faire ne peut occulter le fait que l’opinion publique tunisienne ne sait rien de ce projet de constitution présenté pourtant comme étant extrêmement important pour le pays. Les participants au dialogue qui a permis d’élaborer ce document n’ont pas eu l’honneur d’en obtenir une copie. Le professeur Sadok Belaïd leur a interdit cela par peur qu’il y ait des fuites et pour que le cheminement du 25-juillet ne soit pas perturbé par les commentaires et les critiques. Cela veut dire que des personnes et des organisations ont été sélectionnées pour participer à l’élaboration d’une constitution, mais qu’en même temps, nous n’avons pas suffisamment confiance en elles pour leur permettre d’avoir une copie du projet. Parmi les personnes participantes à ce dialogue, beaucoup y voient une reconnaissance et se sentent exister sur la scène politique grâce à la tribune offerte par Sadok Belaïd. Pour ce qui est des organisations nationales, il s’agit d’une humiliation de plus ajoutée à une longue liste de revers. L’Utica, l’UNFT ou encore la LTDH se sont laissées traiter de manière indigne et ont été instrumentalisées pour donner un semblant de légitimité à un dialogue dont l’issue reste inconnue.

 

Les chefs d’orchestre de ce dialogue, Sadok Belaïd et Amine Mahfoudh, avaient pourtant promis, du haut de leur supériorité académique, que le processus serait transparent et que le brouillon ou projet de constitution élaboré par la commission serait soumis au débat public. Ils avaient même affirmé, sans sourciller, que si le président de la République opérait des changements d’envergure sur la copie fournie par la commission, ils s’en indigneraient et battraient même le pavé contre une telle constitution. Mais leur courage s’est vite estompé et ils n’ont pas jugé utile, sûrement sur injonction présidentielle, d’honorer leur promesse.

 

La seule fenêtre qui s’est ouverte sur ce brouillon de constitution avait été rapporté par le journal Al Maghreb qui avait dévoilé le premier chapitre consacré aux droits économiques et sociaux. Brahim Bouderbala, président de la commission des affaires économiques et sociales, devant l’ampleur de la polémique autour du ramassis de lieux communs fuité par le journal, s’était empressé d’en atténuer l’ampleur. Selon la dernière version de ses dires, il s’agit seulement d’idées qui ont été notées et discutées au sein de la commission qui doivent ensuite être affinées par la commission juridique. Sauf que voilà, celle-ci n’existe pas et ne s’est jamais réunie, contrevenant ainsi de manière directe aux dispositions du décret portant création de la commission nationale consultative. Donc, au final, qui a écrit cette constitution ? Mystère et boule de gomme. Aucun des participants à ce dialogue n’est capable de répondre à cette simple question. Avec un sourire, parfois hautain et parfois gêné, ils disent qu’il ne faut pas s’inquiéter et que le projet de constitution a été rédigé par des compétences académiques qui savent ce qu’elles font. Mais au final, l’opinion publique tunisienne n’a visiblement pas le droit de savoir qui a façonné juridiquement le texte censé représenter le contrat social qui va lier les Tunisiens pendant les prochaines années.

Il faut dire que c’est bien pratique pour le président de la République, Kaïs Saïed. Si le projet de constitution, préparé par la commission qu’il a créé reste caché à l’opinion publique, personne ne pourra faire le comparatif entre la version proposée le 20 juin et la version soumise au référendum qui doit être rendue publique le 30 juin. En cas de différences majeures, il ne faudra pas compter sur le courage des participants et des organisateurs du dialogue pour dénoncer cela. En plus, il n’y a rien à dénoncer puisqu’ils ont tous accepté de figurer dans une commission purement consultative. Quels que soient leurs positions, le président de la République, Kaïs Saïed, est en droit de jeter tout leur travail à la poubelle et de proposer une constitution rédigée par ses soins.

 

Finalement, la maxime selon laquelle ceux qui en parlent le plus en font le moins se vérifie dans ce processus de rédaction d’une nouvelle constitution. Kaïs Saïed et ses scribes Sadok Belaïd et Amine Mahfoudh n’ont que la volonté du peuple à la bouche. Le chef de l’Etat tire sa légitimité du peuple et l’a transmise à MM Belaïd et Mahfoudh. Mais au final, le peuple est totalement exclu du débat concernant la loi fondamentale qui doit régir leur avenir. Malheureusement, nous en sommes réduits à nous contenter de déclarations disparates qui elles-mêmes n’ont aucune crédibilité puisque leurs auteurs peuvent dire l’inverse plus tard. On apprend ainsi, au détour d’une phrase, que le système parlementaire bicaméral a été choisi et que la chambre des conseillers fera son retour sur la scène. On apprend également, dans une déclaration de Sadok Belaïd, qu’il n’y aura plus de gouvernement mais plutôt un genre de conseil des sages. On se heurte ensuite à la question épineuse de la place de la religion dans l’Etat et on apprend que l’article premier des constitutions de 2014 et 1959 n’existera plus. Ensuite le président de la République, Kaïs Saïed, lâche dans un couloir de l’aéroport Tunis-Carthage que nous parlons de religion de la umma et non de celle de l’Etat, qui lui, doit travailler à accomplir les objectifs de l’islam… Bref, les concepteurs de ce projet de constitution ont jugé que l’opinion publique tunisienne n’était pas habilitée à discuter de leur travail. C’est la plus grande insulte faite à un peuple qu’ils vont tous implorer, par la suite, de participer au référendum qui validera la volonté de leur chef, Kaïs Saïed.

 

Marouen Achouri

23/06/2022 | 11:40
5 min
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Commentaires
Daoudaou
Les nahdhaouis vous espérez toujours ou quoi ?
a posté le 26-06-2022 à 14:39
Restez tranquilles !......
Trop chahuteurs.
Au piquet.
Pacon pri
ON ?!
a posté le 25-06-2022 à 23:13
QUI ON ?!...
Chanchan
Chaque fois c'est pareil.
a posté le 25-06-2022 à 11:24
C'est les détracteurs qui se mettent à quatre pattes comme des chats pour attendre soit la désignation d'un gouvernement soit un destour pour tenter de trouver une faille (illusoire) qui leur retour impossible au pouvoir pour s'enrichir et priver les tunisiens de leur liberté et leur droit à la vie.
Cependant on ne peut parler de ces volets avec nahdha puisque cela faisait d'une Tunisie dite sur la voie du développement lors des années soixante.
Hassine
Kaïs Saïed, est en droit de jeter tout leur travail à la poubelle et de proposer une constitution rédigée par ses soins.
a posté le 23-06-2022 à 18:54
Bien visé Mr M.A
Avec tous ce qui c'est passé e la manière dont le processus c'est déroulé on est sur ce chemin.
OK
Le 25 Juillet sera l'occasion de faire renaitre enfin la Tunisie de ses cendres
a posté le 23-06-2022 à 18:39
après les 11 années du pouvoir islamiste des freres musulmans d'Ennahdha avec la satisfaction de la mission accomplie par le président Kais Said, le doyen Sadok Belaid, le professeur Amine Mahfoudh et l'adhésion de la majorité du peuple tunisien
TABARKA
LE TUNISIEN EST VRAIMENT MAL BARRE'
a posté le 23-06-2022 à 15:03
K. Saied droit dans ses bottes cap les voiles vers un système monarchique basé sur une doctrine ancestrale datée du sermon la SAQIFA ( a Médine en 632/33)qui plaça Aboubaker comme calife de la nouvelle omma musulmane. L'état n'a pas de religion mais la communauté en a une c'est l'islam, l'article sorti aujourd'hui( 23/6/22) dans le quotidiens LE MONDE( Français) le stipule clairement que dans cette constitution au dire de Mr Blaid il y aurait quatre régions une au nord deux au centre et une au sud et qu'il y aurait la création d'assemblées régionales et les prétendants seront élus au suffrage direct leur tache le développement économique locale. Saied aimerait créer un système monarchique copie conforme à la monarchie Marocaine.
adel
Se débattre.
a posté le 23-06-2022 à 13:54
Selon un certain Achouri, le peuple est exclu du débat sur la constitution.
Environ 200 partis ont débattu la constitution actuelle avec un résultat catastrophique. Alors, imaginez environ 12 millions rejoindre le débat.
Voyons un peu si le peuple américain a eu l'occasion de débattre la constitution que leurs pères ont rédigé pour eux.
Alors ce 'est pas la peine de se débattre. La seule chose que le peuple tunisien peut faire c'est se débattre dans ces problèmes. Et il le mérite bien, car il n'arrive même pas à respecter des règles aussi simples et vitales que le code de la rout.
Espèce de "civilisés" !!!
nazou de la chameliere
Bein oui quoi ,très cher compatriote Achouri
a posté le 23-06-2022 à 13:43
Dix ans pour ruiné le pays.
L'essentiel étant de supprimer le premier article de la constitution !!
Mais oui très cher compatriote Achouri, gardons un minimum d'honnêteté !!!
Faudrait peut-être que le bouffon pseudo honnête, nous dise ,comment ils comptent faire pour effacer nahdha, sans effacer les autres partis politiques !!!
Sinon pour vivre ,en Tunisie, il suffit de planter des patates sur son balcon, et de faire un élevage de lapins !!!
'?a n'est pas un régime très varié ,mais L'essentiel est de supprimer toutes références à l'islam n'est-ce pas ?
Tout ça pour ça !!!

Je lui en foutrais moi des
régimes à la con !!!
Explicateur de mes deux ( si j'en avais) !!!!
Guide de tourisme
Elle sera...
a posté le 23-06-2022 à 13:15
Sûrement meilleure que celle de Ben Toumia & CO.
Gardons un minimum d'honnêteté!
Très Cher Compatriote, Mr. Marouen Achouri
a posté le 23-06-2022 à 12:52
Très Cher Compatriote, Mr. Marouen Achouri

récemment vous avez prétendu que "L'islam politique en Tunisie : chassé par la porte il revient par la fenêtre ! "
-->
alors qu'il n'y a pas un seul mot concernant notre religion ou autre dans la nouvelle constitution dont une copie a été publiée par un journal de presse.

Une constitution devrait être lue et relue des dizaines de fois avant sa publication finale, Il faut patienter encore quelques jours --> l'essentiel est que vous prendriez le temps nécessaire afin de la lire attentivement et la comprendre aussi avant de la discuter dans votre prochain article...

Voilà ce que je pourrais dire après ma première lecture de notre nouvelle constitution:
*Notre nouvelle constitution est écrite sous forme de règles générales qui résument en une ou quelques ligne/lignes un très grand nombre de lignes ou de cas particuliers. --> L'ensemble de notre nouvelle constitution forme un tout cohérent basé sur une poignée de lois/articles générales/généraux desquelles découlent d'autres lois moins générales --> c'est pour cela que notre nouvelle constitution est beaucoup plus courte que celle de 2014...

*Ce que les Tunisiens doivent absolument retenir de la nouvelle constitution est:
- Nous allons vers un régime présidentiel
- l'endettement devrait servir pour financer l'investissement

*Quelques détails:
- On reprochait au président de la République de négliger le coté économique et de se perdre dans des idéologies et politiques à la Gaddafi (livre vert) --> or rien de cela, en effet la nouvelle constitution n'a rien avoir avec le livre vert de Gaddafi et elle donne à l'économie une place centrale et ceci dès les premières lignes
- la nouvelle constitution précise que nous allons vers un régime présidentiel --> et c'est cela que la majorité des Tunisiens veut/désire
- La nouvelle constitution impose l'interdiction d'emprunter pour payer les salaires du public, ça sera uniquement pour investir et créer de la richesse --> ce qui enrage Mr. Taboubi...

Bonne Chance à la nouvelle constitution, le jour du referendum

Bonne journée

PS: Nous sommes enfin libérés du clan RG et de ses malheurs, certes Mr. Kais Said, comme tout autre être humain, n'est pas parfait. Par contre il nous offre une meilleure alternative et la majorité du peuple tunisien croit en sa sincérité...

L'esprit mathématique de la nouvelle constitution:
Je suis mathématicien et j'ai l'habitude de travailler avec des formules mathématiques car elles sont applicables à une infinité de cas particuliers.
-Exemple:
la Dérivée de la fonction U^n est (n-1)*U^(n-1) * u'
A partir de cette formule on pourrait calculer la dérivée d'une infinité de fonction.
-->
De même une constitution devrait être écrite sous forme de règles générales qui résument en une ou quelques ligne/lignes un très grand nombre de lignes ou de cas particuliers. --> L'ensemble d'une constitution intelligente devrait former un tout cohérent basé sur une poignée de lois/articles générales/généraux desquelles découlent d'autres lois moins générales --> est c'est là où réside l'esprit mathématique d'une constitution intelligente. En effet même une constitution de 10000 pages avec 100000 articles concernant des cas particuliers ne pourrait jamais couvrir tous les cas possibles qui pourraient découler d'une formule générale...
Gardons un minimum d'honnêteté!
Errata
a posté le à 14:47
la dérivée de la fonction U^n est (n)*U^(n-1) * u'
Robonot
identité intangible du peuple
a posté le à 16:28
le peuple est oriental , de tradition, arabo musulmane.
impossible de modifier l'identité du peuple.
Bourguiba, Ataturk, le Shah ... ont échoué à occidentaliser le peuple.
echec et mat.
Gardons un minimum d'honnêteté!
@identité intangible du peuple
a posté le à 20:49
Vous faites dire des choses au Président de la République qu'il n'a jamais pensé ou dit. Mais enfin arrêtez de déformer l'indéformable...

Le problème qu'ont les Tunisiens avec RG et son clan n'est pas théologique, en effet nous sommes majoritairement des Musulmans avec une minorité Juive et Chrétienne et il y a de la place pour tous.

De même le Président de la République n'a jamais eu l'intention d'occidentaliser le peuple Tunisien. Avec tout le respect que je vous dois, vous racontez du n'importe quoi.

Non, Mr. RG a très mal géré le pays pendant 10 ans et il est temps qu'il parte, Puis il est indispensable d'améliorer notre constitution afin que l'horrible période du règne de RG ne se répète plus...

Très cordialement
Sidi
Reflexions
a posté le 23-06-2022 à 12:29
Mon Cher Marouene,
Toujours adoré vos articles d'un journalisme réel et veritiers'?'me rappelle toujours de votre article publié sur BN il ya environ une dixaine d'années: vous voulez étouffer quelque chose'?'créez une commission'?'trop fort'?'seulement votre journal em ligne est devenu palaiesement anti notre President'?'.hier, j'ai été censuré bien 2 fois pour avoir emi un avis personnel sur votre article du pseudo journaliste RBH que notre president etait presque salafiste'?'Vous pourrais toujours contrôle mes écrits'?'dommage que votre journal derive.
Surement mon post sera ponctuellement censuré par votre modérateur'?'.qu'ils ouvre les yeux et accepte les avis d'autruis. Bien à Vous.
Bbaya
Dans une dictateur
a posté le 23-06-2022 à 12:07
Dans une dictature les ordres vient d'haut!
C'est normal que la constitution viendra d'haut!
observator
L'Arlesienne de Daudet
a posté le 23-06-2022 à 12:04
.......