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« Vous avez écrasé mes rêves » : le récit accablant d’une élève brisée par le lycée pilote de Sfax
23/06/2025 | 12:19
5 min
« Vous avez écrasé mes rêves » : le récit accablant d’une élève brisée par le lycée pilote de Sfax
Photo d'archive

 

Toumadher Allouche, une bachelière brillante, a enflammé les réseaux sociaux avec un témoignage poignant publié dimanche 23 juin 2025. Un récit douloureux dans lequel elle revient sur son parcours au sein du lycée pilote de Sfax.

Intitulé « Lycée des élites : un calvaire sous silence », son texte donne la parole là où tant d’autres préfèrent se taire. Dans ce long message publié après l’obtention de son baccalauréat, l’élève ne célèbre pas sa réussite. Elle décide au contraire de dévoiler l’envers du décor de ce qui est souvent présenté comme un modèle d’excellence. Et ce qu’elle révèle est glaçant.

 

Toumadher Allouche raconte comment, après avoir obtenu le premier rang national en 6e année et le premier rang régional en 9e année, elle a intégré le lycée pilote avec l’espoir de poursuivre un parcours d’exception. Elle pensait y trouver un cadre stimulant, bienveillant, à la hauteur de ses efforts. Elle y a trouvé l’oppression, le mépris et la manipulation selon ses dires.

Elle revient notamment sur les propos démoralisants d’un enseignant qui, en 3e année, lui aurait asséné cette phrase assassine : « Ne vise pas trop, ma fille ». Une manière de lui dire, dès le début de l’année, de revoir ses ambitions à la baisse. Plus tard, le même enseignant lui aurait lancé : « C’est toi qui as choisi la section mathématiques ou on t’a obligée ? », comme si ses choix ne pouvaient être les siens. Et enfin, la phrase la plus violente selon elle : « Je ne comprends pas comment tu as pu être première, je ne vois rien d’exceptionnel ».

Toumadher affirme que cette dernière remarque a été la plus blessante, la plus humiliante. Elle y voit le symbole amer d’une pédagogie déshumanisante dans un établissement dit d’élite. Une école où l’on nie à une élève brillante jusqu’à sa légitimité d’être là. « Il méprise certains élèves de manière subtile mais constante, comme si seuls les génies méritaient son attention et son respect. Les autres, à ses yeux, ne sont que des bêtes, indignes d’intérêt simplement parce qu’ils ne répondent pas à ses standards arbitraires », écrit-elle encore.

 

Et ce n’était que le début. Elle explique que les notes ne dépendaient pas du travail fourni, mais de la proximité avec les enseignants. Que pour éviter les mauvaises surprises, il valait mieux s’inscrire à des cours particuliers… dispensés par ces mêmes professeurs. Elle dit avoir vu ses notes de travaux pratiques chuter sans explication, elle qui n’avait jamais eu moins de 17 les années précédentes. Elle dénonce aussi des devoirs donnés à la va-vite, sans correction ni retour, avec des notes arbitraires, comme ce 13 qu’elle a reçu, convaincue que l’enseignant n’a ni corrigé sa copie, ni attribué une note juste.

Elle évoque également une enseignante qui, malgré des heures supplémentaires payées, l’ignorait en plein cours pour privilégier l’élève qu’elle considérait comme un « génie ». Elle raconte qu’un membre de l’administration est resté sourd à sa détresse lorsqu’elle a tenté de signaler son mal-être. Elle dit avoir vu l’arrogance institutionnalisée, les « grands noms » manipuler les notes, modifier les classements… tandis que d’autres, comme elle, étaient broyés dans l’indifférence.

 

Toumadher Allouche ne se contente pas de dénoncer des comportements individuels. Elle met en lumière un système malade, où l’image prime sur la mission, où l’autorité pédagogique vire à l’abus de pouvoir, où l’élève n’est plus accompagné, mais trié, noté, éliminé. Elle comprend qu’au sein de ce lycée, il ne suffisait pas d’être une bonne élève. Il fallait aussi se taire, se conformer, rentrer dans le moule ou se perdre.

Et pourtant, malgré tout, elle a tenu. Grâce à quelques enseignants humains, investis, qui ont représenté pour elle des lumières dans l’obscurité. Mais elle en est sortie meurtrie. Elle l’écrit avec une honnêteté rare : « Mais, lycée… Si tu savais, si tu savais combien je suis sortie meurtrie de ces années passées entre tes murs. Vous m’avez volé ma confiance. Vous avez écrasé mes rêves et terni mes ambitions ».

Elle poursuit : « Vous m’avez transformée, non pas en une version plus forte de moi-même, mais en quelqu’un qui a dû se reconstruire loin de vous, malgré vous ».

 

Un constat douloureux, émanant d’une jeune personne, qui au lieu de célébrer sa réussite, livre le récit d’une descente aux enfers dans un lycée censé incarner l’excellence. Son témoignage, massivement relayé par les internautes, a suscité une vague d’indignation et de solidarité. Beaucoup y ont vu la confirmation de dérives profondes dans le système éducatif tunisien et ont appelé à une réforme en profondeur.

Ce témoignage n’est pas une vengeance, comme le confirme la jeune Toumadher. C’est une mise en lumière nécessaire. Car il faut oser le dire : il y a quelque chose de profondément injuste dans un système où l’on déclare à une élève classée première d’une région entière : « Je ne vois rien d’exceptionnel ». Quelque chose de malsain dans un environnement qui détruit au lieu de construire, qui sélectionne sans encadrer, qui méprise au lieu d’élever.

Le message de l'élève après sa réussite aurait dû être une célébration. Il est devenu une alerte. Et si notre système éducatif a encore une chance de se réformer, ce sera en partie grâce à des voix comme la sienne. Des voix blessées mais lucides. Des voix qu’on ne peut plus ignorer. Des voix qu’on doit entendre.

 

H.K

23/06/2025 | 12:19
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Commentaires
Gg
C'est affreux pour cette jeune fille
a posté le 23-06-2025 à 17:39
Nous avons tous souvenir de deux ou trois professeurs qui ont littéralement déterminé nos choix et notre avenir d'adulte.
Il m'est arrivé, 20 ans après la fin de mes études, d'aller dire bonjour à l'un de ces profs merveilleux. J'ai débarqué chez lui, sans même l'appeler au préalable. Son épouse m'avait ouvert la porte, bonjour Madame, je suis un ancien élève de votre mari, je voudrais le saluer.
Elle m'avait fait entrer, il m'avait reconnu, et nous avions discuté durant plus de deux heures.
Lorsque je suis parti, il avait les larmes aux yeux, son visage rayonnait de joie.
Je me souviens qu'au début de la 3eme année, il nous avait dit: "jeunes gens, nous avons un programme très dense.
Alors je vous propose de faire cours aussi le samedi matin, 4 heures de cours.
Bien sûr c'est facultatif, mais si vous êtes assez nombreux vous aurez cours le samedi matin".
Eh bien chose incroyable, nous étions tous présents. 32 élèves !
J'ai appris plus tard qu'il n'était pas payé pour ce faire.
Beaucoup plus tard, pour mon travail j'ai assuré des formations. Je me suis alors souvenu de lui, de sa méthode de contact, de ses phrases clés. Par exemple "N'ayez pas honte de poser des question qui peuvent paraître stupides. Elles ne le sont pas, les fondements sont indispensables".
Il avait aussi l'habitude de commencer un nouveau chapitre par un résumé des notions de maths indispensables.
Genre "Les équations aux dérivées partielles du second ordre, ca vous parle?"
Et voyant nos têtes, ce professeur d'exception nous faisait comprendre, en une demie heure, ce que le prof de maths avait été incapable de nous faire piger en deux fois 4 heures!
Professeur, cher professeur, vous avez déterminé ma vie.
Merci, professeur, merci...
veritas
Véridique à 1000%
a posté le 23-06-2025 à 17:05
Le corps enseignant est une machine à broyer les élèves et surtout les brillants qui ne sont pas à leur goûts et qui ne suivent pas les cours particuliers'?'l'éducation nationale est parti en couille depuis le départ des coopérants enseignants du pays et après les enseignants qui ont été formés par ces coopérants et maintenant sont à la retraite ..,ben Ali a détruit l'école par cette école de base imposer par l'UNESCO et les pays qui règne sur cette institution..,l'école pilote doit être supprimer ,les génies aux baccalauréat doivent intégrer l'école militaire sans leur laisser le moindre choix de faire autrement car c'est une question de devoir national l'armée doit intégrer l'élite la vraie qui n'est pas issue des cours particuliers.
Mimi
Ministère de l'éducation
a posté le 23-06-2025 à 16:27
Tout mon soutien à ces élèves. Les agissements de certains professeurs devraient être sanctionnés. Les examens et les barêmes devraient être périodiquement contrôlés par le ministère ainsi que le choix des professeurs de ces établissements.
EL OUAFI
Monsieur le PR'?SIDENT KAIS SAÏED ?
a posté le 23-06-2025 à 15:35
On attend fermement votre décision !
Après ce témoignage poignant,des enseignants investis d'une stupidité au plus haut niveau.
Des anseignants qui font subir les pires des calvaires aux élèves ne devraient pas jouir de cette impunité ! ! !
Oui monsieur le PR'?SIDENT KAIS SAÏED ils sont entrain de détruire la jeunesse de ce pays.
Ces cours particuliers doivent cesser une corruption manifeste dans le système udicatif de notre pays.
Zico
C'est le quotidien du systeme scolaire tunisien
a posté le 23-06-2025 à 15:31
Ce qu'elle a décrit n'est pas unique au lycée pilote de Sfax.
Des prof qui préférent les eleves qui prennent des cours privés avec eux j'en ai vu tout au long de mon parcours scolaire.
Des enseignants du primaires ou des prof du secondaires qui dértruisent psychologiquement des enfants et des adolescents par des phrases assassines, j'en ai vu et entendu presque tous les jours, c'etait devenu presque normal et amusant pour le reste de la classe.
C'est dans la culture populaire tunisienne, de se moquer, de mépriser et de détuire autrui.
Une chance que l'exception existe et que plusieurs prof, ont un grand sense pédagogique, un grand respect pour les eleves et une volonté authentique de faire le maxium pour la réussite de leurs eleves.
Lamjed
ce conseil supérieur de l'éducation, c'est pour quand ?
a posté le 23-06-2025 à 15:15
Ce conseil supérieur de l'éducation, c'est pour quand ? Ne nous dîtes pas que ce sont les conspirateurs et les corrompus qui en sont responsables de son retard ! C'est entre vos mains.
Lucky Luke
Si si des conspirateurs derrière
a posté le à 16:58
D'après les dernières infos, les livreurs de Pizza sous pression de leurs employeurs, la mafia italienne de la petite Sicile, ont décidé de ne pas livrer cette "entité" si jamais elle voyait le jour. Et pour cause, ces réformes tant attendues permettront aux tunisiens d'éviter l'échec scolaire et de garantir un avenir professionnel honorable quelque soit le QI ou/et le degré d'application et d'assiduité de l'individu concerné, ce qui de toute évidence affectera l'offre et la demande sur le marché des livreurs de pizza, nos amis italiens n'étant pas prédisposés à voir le prix de l'heure s'envoler ont préféré agir en tempo allegro sortant les grandes manoeuvres sans pour autant exposer leurs restaurants et modèle économique au péril d'une éventuelle réaction populaire. "Ce sont eux les livreurs, pas nous" dicono
Les "mou3atalines" devenus livreurs préfèrent eux s'accrocher à une paye de misère plutôt qu'à des promesses vides.
Quant au conseil supérieur il ne peut exister sans pizza.

Ils sont forts ces italiens !
Sondes
Lol
a posté le 23-06-2025 à 14:53
C'est quoi ces adolescents qui se prennent pour le centre du monde. Meurtrie car elle s'est rendu compte qu'elle n'était pas exceptionnelle dans un environnement d'élites ? C'est quoi ce narcissisme encouragé par cet article. La jeune fille n'a que 18 ans après tout ! Quel présomption !
Alya
Oui sonded
a posté le à 16:11
C est classique chez ces ado doués. Elle va bientôt renter en prépas ou en faculté de médecine et saura qu il y'a des étudiants plus fort Qu elle
momo
l'état des lieux est de plus mauvais.
a posté le à 15:57
Je ne sais ce que vous faites dans la vie ni votre itinéraire, or votre commentaire est déplacé, pour ne pas dire méchant, je ne pense pas que vous comprenez quelques choses à la psychologie des jeunes adultes.
L'appel au secours de cette élève est légitime, cela ne veut pas dire qu'elle a forcement raison, une chose est certaine : la qualité de l'école en Tunisie est mauvaise, son classement dans le monde est bien là pour le prouver, sans parler de la corruption à tout les étages donc l'état des lieux est de plus mauvais.
Lucky Luke
Si ça peut la consoler, elle ne doit pas se sentir seule !
a posté le 23-06-2025 à 14:25
Tous les tunisiens ou presque ont confronté ou confronteront un jour dans leur propre pays la ségrégation, l'injustice et l'ingratitude.

On ne dit pas Merci en Tunisie et si on le dit c'est suite à un calcul non spontané, où se mêlent hypocrisie, arrivisme et complaisance trompeuse.
Ainsi, c'est le "bagage" que chaque tunisien portera avec lui le long de son combat de la vie, face à des gens majoritairement malhonnêtes et égoïstes et où il a le devoir en tant que bon citoyen de s'apparenter et de se fondre à défaut d'être pointer du doigt comme brebis galeuse, sioniste, traître et j'en passe les meilleures !

En connaissance de cause, je peux volontiers en témoigner, étant un vétéran d'un lycée pilote* et autres choses.
Car en Tunisie, plus on gravit les échelons et plus la responsabilité grandit, plus l'échec de nos décideurs s'avère cuisant. Nos intellectuels, nos haut fonctionnaires, nos dirigeants, à l'image de cette misérable populace, pire, ils font bien pire. Eux qui ont le devoir de donner l'exemple.
Le monde des lycées pilotes en fait partie et ne diffère des autres lycées que par l'insolence et la prétention de cette corruption présente au plus haut sommet de la pyramide.

*à notre cher salim l'inquisiteur, qui rappelons-le incitait BN à lancer des investigations pour "démasquer" des commentateurs résistants à la ligne éditoriale qui lui a été dictée lui et ses semblables depuis Carthage, à notre cher mantou9 khobza, voici un autre indice. Le lycée en question se trouvait à proximité, à l'intérieur même d'un site archéologique qu'on pouvait admirer depuis nos lucarnes. En espérant que ceci te facilitera les recherches !
Bonne chance w Rabbi m3ak yal kho (ça c'est pour nos amis arabophobes).
Maher
Bravo
a posté le 23-06-2025 à 13:51
Felicitation pour bac et bravo pour le parcours aussi , je me rend compte que pas grand chose a changer ces annees moi meme a l epoque il fallais faire des cours particuliers pour avoir de bonnes note quel honte ce systeme ...
Abir
Courage ma chère
a posté le 23-06-2025 à 13:01
Il me reste que vous souhaiter cette phrase coranique : Allaho yo7iy el 3idama wahya ramim, je veux dire de ce souhait, que le défunt AZAIM BOURGUIBA reviendra en vie, pour vous donnez et aux autres fille et femmes en générale l'espoir de savourer vos réussites et de s'envoler où l'échelles éducatives vous emmène, lui qui a donné à la femme une place respectable qui ne se trouvait nul part au monde
ameur k
BRAVO pour cette lucidité et ce courage....
a posté le 23-06-2025 à 12:58
c est affligeant et triste pour tout un pays dont les cris de la jeunesse dans bcp de domaines ne trouvent pas de suites ..,.resultat : une perte d espoir tres dangereux pour l avenir..
Messieurs les responsbles , en tirer des leçons et faites qques choses de constructifs svp!!!!!