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Pénurie de gaz en Tunisie : des files d’attente aux scènes de chaos
23/01/2025 | 10:27
5 min
Pénurie de gaz en Tunisie : des files d’attente aux scènes de chaos
Service IA, Business News

 

La vague de froid qui frappe la Tunisie depuis plusieurs semaines a plongé des millions de citoyens dans une crise sans précédent. Dans un pays où les températures hivernales avoisinent parfois les -2 degrés Celsius dans le nord-ouest, le gaz domestique, indispensable pour se chauffer et cuisiner, est devenu une ressource aussi rare qu’essentielle. La pénurie qui dure depuis décembre 2024 a transformé le quotidien des Tunisiens en un véritable calvaire, exposant l’échec flagrant des pouvoirs publics à gérer une situation prévisible et récurrente.

 

 

« Nous avons tout essayé : attendre des heures devant les camions, appeler les centres de distribution, mais rien ne change. Le froid est insoutenable », confie Lamia, une ménagère vivant à Aïn Draham, une des régions les plus touchées par la pénurie. Dans cette partie de la Tunisie, où les températures sont souvent proches de zéro, les familles dépendent entièrement des bonbonnes de gaz pour survivre. Les longues files d’attente devant les centres de remplissage ou les points de vente sont devenues le symbole de cette crise qui met à nu la vulnérabilité du système d’approvisionnement.

Les perturbations ont commencé en décembre, lorsque le navire de livraison de gaz liquéfié destiné au centre de remplissage de Bizerte a été retardé en raison de conditions climatiques défavorables. Cet incident a entraîné une cascade de conséquences : fermeture temporaire des centres de remplissage, augmentation de la pression sur les installations de Radès et Gabès, et multiplication des files d’attente. Le président de la Chambre syndicale des distributeurs de bonbonnes de gaz domestique, Mohamed Mnif, a alors tenté de rassurer : « Nous faisons de notre mieux pour éviter une pénurie. » Une promesse qui, un mois plus tard, reste lettre morte.

 

Des engagements non tenus et une gestion inefficace

Face à la colère montante, Mohamed Mnif avait annoncé le 13 janvier 2025 que la pénurie serait résolue dans la semaine. Pourtant, les scènes de désarroi se poursuivent. L’arrivée tardive de navires de gaz liquéfié, couplée à l’incapacité des centres de remplissage à répondre à la demande, a prolongé la crise bien au-delà de ce qui avait été promis. Mnif a une nouvelle fois dû prendre la parole le 22 janvier pour annoncer l’arrivée de nouveaux navires, appelant les citoyens à être patients.

Les excuses répétées et les promesses non tenues ont suscité frustration et incrédulité. Pendant ce temps, les responsables gouvernementaux restent silencieux. Ni la ministre de l’Énergie ni celui du Commerce n’ont publiquement commenté la situation. Seul Khaled Bettin, PDG de la SNDP (Société nationale de distribution des pétroles – Agil), a tenté d’éclaircir la situation en affirmant que les livraisons de gaz continuaient, mais que la vague de froid avait été un facteur déstabilisant. « Nos centres de remplissage travaillent jour et nuit, mais la demande dépasse largement les capacités », a-t-il déclaré, reconnaissant implicitement l’absence de préparation à cette crise.

 

L’inaction des pouvoirs publics

Malgré les directives présidentielles exhortant les autorités à agir, la gestion de la crise reste largement chaotique. Le président Kaïs Saïed avait ordonné, le 17 janvier, une mobilisation totale des autorités locales pour garantir l’approvisionnement en gaz et soutenir les populations affectées par la vague de froid. Cependant, ces injonctions semblent être restées lettre morte. Dans les faits, les régions les plus touchées, comme le Kef ou Siliana, continuent de souffrir du manque de gaz, obligeant les citoyens à recourir à des solutions de fortune comme le bois ou le charbon.

Le mutisme des ministres concernés par cette crise contraste avec l’ampleur du problème. L’absence de communication officielle accentue l’angoisse des citoyens, laissés sans information claire ni perspective de résolution rapide. Cette situation reflète une gestion de crise défaillante, marquée par un manque d’anticipation et de coordination entre les différents acteurs impliqués.

 

L’indécence des porte-voix du pouvoir

Dans ce contexte de détresse, les interventions publiques de certains proches du pouvoir ont suscité l’indignation générale. Le chroniqueur Bilel Missaoui, connu pour son alignement sur le discours officiel, a déclaré sur Telvza TV : « Les gens pourraient tout aussi bien chauffer leurs plats avec du bois. » Une remarque qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, où les internautes ont fustigé l’arrogance et le déni de la réalité des élites.

Certains responsables régionaux ont évoqué la frénésie des citoyens pour expliquer, au moins en partie, la pénurie de bonbonnes de gaz. Avancer un tel argument révèle une méconnaissance totale du secteur et de ses pratiques. Cela pourrait être envisageable pour des denrées comme le sucre ou la farine que certains ont stocké à la maison, mais ne peut en aucune manière s’appliquer aux bonbonnes de gaz. Ces suggestions, loin de résoudre la crise, ont exacerbé le sentiment de déconnexion des responsables face aux besoins réels des citoyens. Elles témoignent de l’écart croissant entre une classe dirigeante déconnectée et un peuple confronté à une crise qui menace sa dignité.

 

Des scènes de chaos et de désespoir

La pénurie de gaz a donné lieu à des scènes surréalistes, devenues virales sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo largement partagée, un camion de distribution de gaz est poursuivi par des citoyens à moto et en voiture, bloquant finalement son passage pour accéder à la cargaison. Dans une autre, une violente altercation éclate entre un vieil homme et plusieurs individus à proximité d’un camion, illustrant l’état de désespoir de la population.

Ces scènes reflètent une réalité où les citoyens doivent se battre, littéralement, pour accéder à des biens de première nécessité. Les images de bagarres et de braquages de camions sont venues renforcer la colère populaire et mettre en lumière l’échec des autorités à gérer une crise de cette ampleur.

 

Vers une sortie de crise ?

Alors que la pénurie persiste, les responsables tentent d’éteindre l’incendie. Mohamed Mnif a annoncé l’arrivée de nouveaux navires transportant du gaz liquéfié, assurant que l’approvisionnement reviendrait à la normale d’ici quelques jours. Mais après des semaines de promesses non tenues, la confiance des citoyens est érodée.

Cette crise révèle les failles structurelles du système tunisien, incapacité à anticiper et à gérer des situations prévisibles. Au-delà du gaz, c’est une question de dignité qui est en jeu, dans un pays où les citoyens se battent pour un droit aussi fondamental que celui de se chauffer en hiver.

 

Maya Bouallégui

23/01/2025 | 10:27
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Commentaires
Kamel
Subvention du gpl
a posté le 27-01-2025 à 22:16
Les restaurants ,les taxis , ...utilisent les boureilles de gaz fortement subventionnes .est ce normal .?
Kamel
Penurie degas
a posté le 26-01-2025 à 20:46
On n est pas creatif .il ya les fours solaires utilise au maroc et en Afrique .on peut cuire grace a des miriors cylindrique qui concentre les rayons solaires sur un point ou on peut cuire notre repas.ca nous evite d importer le gaz de boiteille (gpl) tres cher et fortement subventionne par l etat. Installer des panneaux solaire et cuire avec l energie electique et une autre solution . Il faut encourget ces formes de cuissons .le GPL importe coute cher
Morjane
Honte à vous
a posté le 25-01-2025 à 10:07
C'est une honte pour l'image du pays. Ce spectacle fait jouir nos voisins qui prennent un plaisir sadique à le voir .
Alexandre
AI
a posté le 24-01-2025 à 13:57
@BN, on en a eu notre dose pour ces images générées par l'IA. On peut comprendre que vous êtes encore au stade de l'euphorie mais trop c'est trop... La Tunisie de 2025 n'est pas l'arabie du siècle passé, on ne porte ni turban ni kamis et ces ruelles n'ont rien en commun avec les notre
********
Allah ghalib
a posté le 24-01-2025 à 08:46
Allez vous battre face à des gens dont le métier est de corrompre et des gens que leur vie dépend de la dépense publique.
Il faut s'attendre à plus que ca. A chaque fois ils changent de tactic
welles
@.....
a posté le à 16:57
En quoi allah vient faire dans cet affaire ? Toujours l'obscurantisme.
*******
Welles
a posté le à 18:00
Wallah houwa illi khalakani wa khalaka, raghman a3n anfek.
Abir
Tant que ça beigne chez eux, où est le problème!!!
a posté le 23-01-2025 à 13:47
Il faut que cette pénurie touche les hauts "responsables pour qu'ils bougent enfin pour bouger , ils bougent mais pour vendre le vent aux citoyens!
AI
Photos générées
a posté le 23-01-2025 à 13:13
C'est photos générées par l'intelligence artificielles sont catastrophiques et chaotiques. Cette "intelligence" qui donne une image trop occidentale de nos cités avec des ordures, de l'anarchie dans les rues des tenues vestimentaires non réalistes..
Pour le gaz, un peu de patience ça viendra..
Juan
suis d'accord ...
a posté le à 19:51
c'est de la réalité artificielle
DHEJ
Il a bien dit
a posté le 23-01-2025 à 12:34
« l'importance de lever définitivement l'injustice envers les victimes de décennies d'exclusion et de pauvreté ». Selon lui, « les approches adoptées doivent être globales, en adoptant une nouvelle vision et de nouveaux concepts ».
anti chlayeks
mezelt deyekh ghadi enti?
a posté le à 16:25
Brassommok mel marzouki tu n'as pas aligne deux phrases avec un raisonnement logique. relis toi c'est du vent que tu ecris
DHEJ
Tout à fait
a posté le à 19:18
Mais ce sont deux phrases citées du par le Président de la République lors de sa rencontre avec son Chef du Gouvernement!


Sont-ils des chlayeks?
LMT
'?chec
a posté le 23-01-2025 à 11:56
Il en est ainsi dans tous les domaines. Les pénuries touchent tous les secteurs et compliquent la vie du citoyen. L'indispensable et le nécessaire à la vie de tous les jours devient un luxe impossible à atteindre, ce qui témoigne de l'incompétence, de l'inefficacité et de l'échec de l'équipe "dirigeante". Bravo.
stuc
felicitations pour l AI !
a posté le 23-01-2025 à 10:41
BN ,je trouve que vous usez et abusez de L A I !
le financier
on va jouer a un jeu
a posté le 23-01-2025 à 10:39
Vu que le pays est quasi en faillite , il ne peut se permettre de stocker une energie qui est subventionné et parfois detourné par les chauffeur de taxi.

Vu que ce pays est dirigé par des incompetents , quel est le prochain produit qui va manquer en Tunisie ( antibiotique ? Medicament pour soigner cancer diabete ? Café ? Sucre ?... ?)
A qui le tour ...

La ministre de l energie que je critique depuis des mois aurait dû etre viré .
Ils sont payés par nos impots , ce n est pas une faveur d avoir lr minimum vital dans ce pays
Rebel
Alerte complot
a posté le à 15:08
Mr le financier, vos analyses et commentaires sont fines et abouties, mais le vrai problème ce n est pas l' incompétence et le blocage de l institution! Il faudrait voir côté complotistes qui veulent détruire cette jeune démocratie, et ce beau pays où le soleil brille 360jrs , 7/7 , 24/24, et dans l obscurité de la nuit, le c'?ur est illuminé par un lendemain qui chante.