
Depuis quelques heures, une vidéo circule largement sur les réseaux sociaux, partagée vendredi 2 mai 2025 avec enthousiasme par plusieurs internautes proches du pouvoir, notamment parmi les soutiens du processus du 25-Juillet. Il s’agit d’une interview accordée par l’ancien président Moncef Marzouki à la chaîne qatarie Al Jazeera, dans laquelle il s’en prend vivement au leader de gauche Hamma Hammami.
Dans cet extrait, Moncef Marzouki accuse Hamma Hammami de lui avoir tourné le dos lors de l’élection présidentielle de 2014, insinuant que cette attitude aurait favorisé la victoire de Béji Caïd Essebsi et de Nidaa Tounes. Il va même jusqu’à évoquer des détails triviaux : « Je lui ai ouvert les portes du palais de Carthage, je lui ai servi des déjeuners et des petits déjeuners », déclare-t-il sur un ton acerbe et avec un mépris à peine voilé. Des propos indécents de la part d’un ancien chef d’État, révélant une conception très personnelle des institutions et des relations politiques.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Moncef Marzouki se distingue par ce genre de dérapages verbaux. L’ancien président est un habitué des déclarations intempestives et des règlements de comptes personnels, souvent en public, sans souci de la stature qu’impose son ancien rang. Ses sorties, parfois ponctuées d’insanités et d’accusations outrancières, ont fini par installer chez beaucoup l’image d’un homme plus enclin à régler ses rancunes qu’à défendre des principes. Une attitude qui, loin de servir la cause démocratique qu’il prétend incarner, l’affaiblit et jette le discrédit sur le camp qu’il défend.
Mais ce que les auteurs de cette manœuvre oublient, c’est que cette vidéo ne date pas d’hier. L’interview en question remonte à 2017. Il ne s’agit donc ni d’une prise de position récente, ni d’un développement politique nouveau. Pourtant, son exhumation n’a rien d’innocent.
Cette tentative de raviver une vieille rancune personnelle pour alimenter les divisions illustre une stratégie bien connue : détourner l’attention, attiser les querelles passées et affaiblir les voix critiques. En relayant massivement cette archive, les partisans du régime espèrent semer la discorde et frapper d’une pierre deux coups, discréditer les voix critiques et ternir l’image de Hamma Hammami.
S.H