
La séance plénière exceptionnelle consacrée au renouvellement de confiance au gouvernement Essid a démarré, aujourd’hui, samedi 30 juillet 2016 à 9h42. A cet effet 186 députés ont été présents au début de la plénière.
Alors que le gouvernement est donné pour partant, les députés recouriront au vote aujourd'hui pour déterminer s'ils renouvellent, ou non, leur confiance dans l'équipe ministérielle de Habib Essid. Une plénière qui se fera sans grande surprise étant donné que les quatre membres de la coalition au pouvoir ont déjà annoncé qu'ils ne voteront pas en faveur du gouvernement Essid.
A 21h55, les élus votent contre le maintien du gouvernement Essid
118 députés parmi les 191 finalement présents à la plénière ont décidé de ne pas renouveler la confiance au gouvernement de Habib Essid. En effet, le résultat du vote a été : 3 voix pour, 27 abstentions et 118 voix contre. 43 élus parmi les présents n'ont pas participé au vote.
Il est à noter, par ailleurs, que les élus du Front Populaire ont annoncé leur intention de ne pas participer au vote s'estimant "non concernés par ce vote", selon les propos du député Ahmed Seddik. Les élus du Bloc Social Démocrate ont, eux aussi, décidé de boycotter le vote, sauf Iyed Dahmani et Mehdi Ben Gharbia. La séance a été levée à 22h.
Habib Essid : On m'a poussé à démissionner
Lors de cette plénière, Habib Essid qui avait, auparavant, évoqué des pressions visant à l'éjecter, a réitéré cette déclaration. Il a affirmé qu’il se présente à l’ARP par respect à la Constitution et à la démocratie. « On doit donner une bonne image de la Tunisie, même si j’ai subi plusieurs pressions dés le départ et si je suis là, c'est grâce à la majorité parlementaire et au président de la République », a-t-il déclaré.
Conformément au programme stipulé dans le règlement intérieur de l’ARP, le chef du gouvernement a pris la parole pour formuler sa demande. Il, a rappelé, dans un premier temps, les circonstances ayant mené à sa désignation à la tête du gouvernement, dont notamment, «la peur de l'hégémonie».
Par ailleurs, il a indiqué que ce gouvernement avait bien un programme, rappelant que, parmi ses objectifs, figure la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la hausse des prix, l’instauration de la paix sociale et le déblocage des projets en attente.
« Tous ses objectifs ont été réalisés. D’ailleurs, j’ai accepté cette mission parce que j’ai cru que ce gouvernement allait durer dans le temps. La Tunisie avait besoin de cette stabilité ».
Et d’ajouter que « la lutte contre la corruption fait aussi partie des objectifs de ce gouvernement et a été entamée», précisant que « le problème de l’emploi ne peut être résolu en l’espace d’une année, et ce n’est pas en changeant le gouvernement, tous les ans, qu’on trouvera une solution pour la problématique de l’emploi qui demeure l’une des principales revendications de la révolution ».
Lors de son allocution devant les députés de l'ARP, Habib Essid a tenu à émettre quelques remarques. D'abord en faisant remarquer que « la Constitution tunisienne n'est pas compatible avec la réalité du pays et la mentalité au niveau du pouvoir » et de préciser : « Je ne suis pas contre cette initiative [l'initiative de la présidence de la République], ma seule objection était contre le timing. La Tunisie a besoin de continuité ».
D'un autre côté, il a évoqué les conflits avec Nidaa Tounes affirmant que « ceci n’est pas vrai. Même si les conflits sont tout à fait normaux. Cela arrive dans les plus grandes démocraties ».
Concernant les indicateurs économiques, il a affirmé que « certes, la situation est difficile, mais elle n’est pas insurmontable. Certains disent que la Tunisie a reçu 20 crédits, je dis que c’est un bon signe puisque cela prouve que les instances internationales croient en la solvabilité de la Tunisie ».
Et de conclure, qu’il est certain de ne pas obtenir la confiance des députés, mais qu’il se présente quand même par respect à la Constitution.
Si l'issue du vote est sans grande surprise aujourd'hui, le chef du gouvernement est accusé de «molesse» et d'«inefficacité» par les élus dont nombreux ne contestent, cependant nullement, « son honnêteté et intégrité ».
Les élus s'expriment et demandent des comptes
L'élu d'Ennahdha, Sahbi Atig, s'est exprimé en premier affirmant qu'il s'agit « d'une pratique purement démocratique et que la présence du chef du gouvernement est un couronnement de l’initiative présidentielle qui se retrouve embellie par cette démarche de M. Essid».
Hatem Ferjani, élu de Nidaa Tounes, a affirmé de son côté que « bien que la démarche de Habib Essid soit fort louable, le gouvernement n'a pas réalisé les objectifs de Nidaa qui aurait dû désigner un chef de gouvernement lui appartenant ». D’ailleurs, il note que « tous les indicateurs témoignent de l’échec de la politique économique et sociale du gouvernement ».
Zied Lakhdher, député du Front Populaire, s'ext exprimé en ces termes : « nous n’avons pas voté pour ce gouvernement, mais nous avons souhaité son succès, et il a échoué ! Ce gouvernement n’a pas trouvé la solution à la hausse des prix et n’a pas réussi à dévoiler les vérités sur ce qui s’est passé au niveau du ministère de l’Intérieur entre 2012 et 2013 ».
Mehdi Ben Gharbia, de l'Alliance Démocratique, a d'abord remercié le gouvernement « pour tout le travail accompli et pour les réussites sécuritaires». Il a toutefois souligné que : « M. Essid aurait dû démissionner dès la signature du document de Carthage, d’autant plus que le gouvernement a échoué sur tous les plans ».
Sahbi Ben Fraj député d'Al Horra a affirmé ne pas avoir « voté pour le gouvernement parce qu' [il] étai[t] persuadé de son échec ». Toutefois, il a tenu à saluer « les efforts du gouvernement ainsi que la démarche historique de M. Essid ».
Riadh Mouakher, élu sur les listes d'Afek Tounes a dit que « nul ne peut contester le sérieux et l’intégrité de Habib Essid, sauf que le développement économique est resté très faible ».
Salem Labiadh, du Mouvement du Peuple, s'est dit étonné de voir que « des ministres signent le document de Carthage et puis regagnent leurs postes et poursuivent leur travail au sein de leurs ministères ». «S’il y a retrait de confiance, aujourd’hui, il doit s’appliquer à toute l’équipe gouvernementale et non seulement à Habib Essid », a-t-il souligné.
Bochra Belhaj Hamida, députée d'Al Horra, a affirmé que «le recours à l’ARP dénote d’un respect de la démocratie et de la Constitution, et ne fait que reluire l’image de la Tunisie». «Quant à la réussite sécuritaire, fait-elle remarquer, elle résulte des efforts déployés par toutes les parties».
Ammar Amroussia, du Front Populaire, estime que « ceux qui l’ont [Habib Essid] désigné, veulent son départ et puis l’applaudissent ici. Quelle hypocrisie ! Cinq ministres de votre équipe attendent votre départ pour occuper votre poste ! » . Tout en affirmant que l'échec d'aujourd'hui n'est pas seulement celui de la présidence du gouvernement, mais aussi du gouvernement tout entier, Ammar Amoussia a aussi tancé le président de la République Béji Caïd Essebsi et son initiative.
«Le président de la République se fout de l’Etat et de l’administration […] Votre fils, c’est à la maison ou dans le parti, réglez vos problèmes ! [Ceci ne doit pas toucher] l’Etat ou les institutions, car nous savons ce qui s’y trame », s’est-il écrié reprochant au président de vouloir mêler les affaires de son fils Hafedh Caïd Essebsi aux préoccupations de l’Etat.
Pour Mbaraka Aouinia, élue du Front Populaire, « l’échec de ce gouvernement était prévisible. Le retrait de confiance est applicable à toute l’équipe gouvernementale. Il faut des solutions radicales. Un dialogue national peut-être organisé à cet effet. Le problème c’est que les promesses électorales faites aux familles des martyrs et aux plus démunis n’ont pas été tenues ».
Le député Nidaa, Abdelaziz Kotti, a réagi aux accusations selon lesquelles certains partis politiques seraient « antipatriotiques », en appelant le président de l’ARP à intervenir. Mohamed Ennaceur lui a signifié que son intervention ne peut constituer un point d’ordre et que l’heure n’est pas aux accrochages entre les élus, ce qui a énervé davantage Kotti qui s'est insurgé contre l'interruption de son discours.
Par ailleurs, Abdelaziz Kotti a émis certaines reserves par rapport à l’allocution de Habib Essid. « Il parle de céder sa place, alors qu’elle est déjà vide ! », s'est-il exclamé. Et d ajouter que malgré le fait que le chef du gouvernement soit connu pour son patriotisme, les défaillances du gouvernement et son incapacité à faire face à la situation font l’unanimité. « En démissionnant, M. Essid aurait pu quitter par la grande porte, mais il a choisi de sortir par la petite en s’adressant à l’ARP ».
Houcine Jaziri, d'Ennahdha, a affirmé que le gouvernement actuel « a joué son rôle et ne pouvait mieux faire». Et d’ajouter que la désignation de Habib Essid s’est faite d’une manière consensuelle, «sauf que la phase actuelle nécessite un gouvernement politisé», soulignant que cette décision a été prise calmement et sans précipitation.
De son côté, le député Iyed Dahmani a estimé que le chef du gouvernement aurait dû démissioner dès qu'il n'a plus bénéficié du soutien de la majorité parlementaire. « La démission est une pratique d’usage, même dans les plus grandes démocraties. Il ne s’agit en aucun cas d’abandon de responsabilité ». Et d’ajouter qu’aucune décision urgente n’a été prise outre la persistance de la hausse des prix.
Abeda Kéfi d’Al Horra a affirmé que son bloc s’abstiendra lors du vote de confiance, « ce qui est étonnant dans cette démarche, c’est que le résultat est connu d’avance. Encore plus étonnant, ce sont ces ministres qui ne soutiennent pas le gouvernement dont ils font partie ».
Mohamed Fadhel Ben Omrane, de Nidaa Tounes, a indiqué qu’au départ il a refusé la nomination de Habib Essid en tant que chef du gouvernement. « La personne qui accepte de se présenter, aujourd'hui, devant l’Assemblée est une personne intègre et qui n’a rien à se reprocher», a-t-il cependant souligné. « Certains syndicats hors la loi sont en train de faire chanter l’Etat et M. Essid était seul face à eux. Nous avons une grande part de responsabilité et nous nous devons de l’assumer ».
Samia Abbou, élue du Courant démocratique, a affirmé que toute cette séance est une pièce de théâtre, vu que le retrait de confiance de Habib Essid a eu lieu depuis déjà deux mois. Selon Mme Abbou, Habib a été écarté parce qu’il n’est plus « aussi obéissant que le voudraient les deux Cheikhs [Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi] ». « D’ailleurs, le successeur de M. Essid doit, avant tout, avoir leur bénédiction, sinon le sort du prochain gouvernement sera comme celui de l’actuel».
Imed Daïmi, député du CPR, a tenu à remercier le chef du gouvernement pour avoir « respecté la Constitution et endurer toutes sortes de pressions». « Le problème c’est que le président de la République veut un chef qui soit sous sa coupe. Ce gouvernement a échoué malgré le climat propice pour sa réussite. Il y a une manœuvre visible et un véritable complot contre la République », a-t-il déclaré.
Habib Essid assume la responsabilité des éventuels manquements
A la fin des interventions, le chef du gouvernement a repris la parole pour s’adresser aux députés et répondre aux principales questions soulevées. « Je tiens à applaudir le débat enrichissant qui a eu lieu, aujourd’hui, sous l’hémicycle de l’Assemblée. Notre passage devant l’ARP est une consécration des principes démocratiques », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter que la Tunisie vit une situation difficile qui nécessite une mobilisation spécifique, précisant qu’il y a certains dossiers qui n’ont pas été résolus au bout d’un an et demi, tenant compte de la situation critique dans laquelle se trouvait le pays lors de la mise en place du gouvernement. « Toutefois, s’il y a eu un manquement, j’en assume l’entière responsabilité ».
Et de conclure que la Tunisie vit, certes une situation pénible, mais qu'elle surmontera toutes les difficultés grâce à ses compétences. « Il faut poursuivre les efforts, déjà, entamés notamment en matière de lutte contre le terrorisme », souligne Habib Essid dans une allocution applaudie par les élus du Parlement.
Commentaires (51)
CommenterIl aurait fallu
le prochain chef de gouvernement ,il faut qu'il ait lu :KALILA WA DIMNA ,d' ibn el mouçaffa"
Dommage qu'il aie sorti ses griffes trop tard
Dommage qu'il aie sorti ses griffes un peu tard et qu'il aie travaillé dans le silence!
BCE va nommer une marionnette (Chaker ou autre c'est pareil) à sa solde et à la solde de son médiocre rejeton soumis à des Jarraya , Karroui... ou des clans sudistes laaradeyens ou bhihiriens ou USAiensou FMIstes.... qui vont pourrir encore plus la situation de notre pauvre pays!
Alors que souhaiter? que BCE "parte" le plus vite possible avant que la gangrène HCE ne s'installe définitivement est mon v'u le plus cher!
La fosse aux lions ?
L'ère de de la Combinazione à l'italienne
No comment
Merci Mr Essid pour votre intégrité
Trois voix pour
Finie l'arrogance des ministres. La manipulation des données, le mensonge des Aidi, Ben Romdhane, Elloumi and Co
Dessous de table
Selma Elloumi a été le seul ministre de tous le gouvernement à être flattée nommément pour son bilan et pour cause, c'est l'amie intime de Mohamed Rejeb qui a été le mentor de Essid. Bref un monde qui a de drôles de moeurs. Essid a été proposé par Ben Rejeb.
El Kotti et certains députés de Nida sur instruction de HCE ont été d'une vulgarité inqualifiable.
Mediocratie

