
L’actualité de cette semaine ressemble à ses précédentes. Inflation galopante, croissance en berne, communication nulle du gouvernement et déni total du président de la République.
Comme l’indique un dicton tunisien, « le gouvernement est dans un oued, le président est dans un autre ».
D’un côté, on a un gouvernement qui impose les augmentations toutes les semaines et de l’autre on a un président qui jure ses grands dieux de s’en prendre à tous ceux qui menacent le portefeuille du citoyen.
D’un côté, on a un gouvernement qui use de tous les synonymes possibles des mots « austérité », « privatisation » et « levée de la compensation » et de l’autre on a un président qui rejette catégoriquement ces trois options.
D’un côté, on a un journaliste condamné à un an de prison ferme (pour un travail purement journalistique) suite à une autosaisie du parquet et un journal trainé en justice par la ministre de la Justice en personne et de l’autre, on a un président qui jure ses grands dieux respecter la liberté d’expression et la démocratie.
D’un côté, on a un gouvernement prêt à se prostituer pour plaire au FMI et de l’autre on a un président qui dit, matin et soir, refuser catégoriquement les anciennes méthodes qui appauvrissent les peuples.
D’un côté, on a un président qui limoge un maire démocratiquement élu et de l’autre, on a le même président qui dit respecter la démocratie et les résultats des urnes.
Qui du gouvernement ou du président est en train de tergiverser avec le FMI et le peuple tunisien ? L’un des deux est en train de mentir, c’est évident. Dire lequel expose désormais, au décret 54 liberticide (dix ans de prison). Devinez donc tous seuls qui est le menteur, vous êtes assez grands. Une fois le menteur deviné, gardez l’info pour vous, le décret 54 s’applique sur tout le monde.
Pendant que le pouvoir se morfond dans ses confusions, la vie continue dans le pays avec son lot d’inflations et de pénuries.
Les pharmaciens grossistes entament ce 5 décembre une grève générale privant ainsi les officines (et les citoyens) de médicaments. Les 70 entreprises constituant ce secteur pourraient faire faillite.
La raison ? Le ministère des Finances a refusé de leur renouveler l’attestation d’exonération de retenue à la source sur les ventes de médicaments au titre de 2022, alors que c’était le cas depuis 2006. Clairement, ils démontrent preuve à l’appui que les impôts et taxes dont ils sont redevables immédiatement sont supérieurs aux marges que l’État lui-même leur impose. En termes plus simples, l’État les oblige à vendre à perte et réclame son dû avant même que les pharmaciens n’encaissent un millime !
À cause de ce gouvernement incapable, nous sommes aujourd’hui menacés dans notre santé ! Notre vie est en danger. Ce n’est plus une question de carburant qui nous empêche d’aller travailler ou de pain à manger, ça devient une question de vie et de mort.
Ce que subissent les pharmaciens est subi, depuis des décennies, par 100% des chefs d’entreprise à qui on demande de payer une TVA à la facturation, alors que celle-ci n’est pas encore collectée ! Nous sommes peut-être l’unique pays au monde à appliquer ce vol manifeste de l’État.
Techniquement, face au despotisme du pouvoir, les pharmaciens grossistes devraient être défendus par leur centrale patronale Utica.
Qu’a-t-elle fait pour défendre les patrons pharmaciens et les patrons tout court ? Rien de concret. Nada !
Disons-le tout de suite, l’Utica de Samir Majoul n’a rien à voir avec celle de Wided Bouchamaoui. Excusez la vulgarité (le contexte s’y prête), mais la dame avait plus de couilles que le monsieur.
Le successeur s’illustre par sa tête baissée ! Le pays a beau souffrir, les libertés ont beau être bafouées, les opposants ont beau être intimidés, il ne dit aucun mot. Même pas un communiqué de langue de bois !
Qu’a-t-il fait face aux pénuries et l’inflation ? Rien !
A-t-il réagi aux discours enflammés du président s’en prenant aux chefs d’entreprise les qualifiant de corrompus et de spéculateurs ? Non ! Il les a laissés tous seuls face aux brigades policières et celles du commerce.
Silence total face aux libertés bafouées et politique de l’autruche après l’arrestation injuste de dizaines de chefs d’entreprise. Aussi bien les victimes de la volonté politique (le cas de Mehdi Ben Gharbia à titre d’exemple) que les victimes des factures non honorées de l’État.
Les boulangers entament mercredi 7 décembre une énième grève pour réclamer leurs dus impayés auprès de l’État. Qu’a fait l’Utica pour eux ? Rien !
Les Tunisiens souffrent depuis des semaines de pénurie de lait. Qu’a fait l’Utica pour l’industrie laitière ? Ce n’est pas son problème, c’est celui de l’Utap.
Alors que l’UGTT ne recule jamais devant une injustice frappant l’un de ses syndiqués, l’Utica ne bouge jamais le petit doigt pour défendre ses patrons.
Sur les six dernières actualités de la centrale patronale, quatre sont consacrées à de la propagande (visite du premier ministre libyen), une relative aux condoléances suite au décès de Hammadi Bousbiâa et une dernière actualité, représentant un « copier-coller » du communiqué de la chambre des pharmaciens grossistes, publiée longtemps après les médias nationaux (après Business News en tout cas).
Nous sommes sous une dictature, c’est clair. Le pays manque d’opposants politiques, c’est flagrant. Le citoyen est mené en bateau par le pouvoir, c’est évident. Le gouvernement mène un train de vie onéreux, nous vole notre argent et endette nos enfants, c’est manifeste.
Devant tout ce marasme, le pays a besoin de contrepouvoirs pour être sauvé. Qui doit jouer ce rôle ?
Du côté des médias, quelques privés jouent (encore) leur rôle. Les médias publics se sont déculottés totalement. Ces derniers sont redevenus des outils de propagande du régime.
L’UGTT est en train de jouer pleinement son rôle et Noureddine Taboubi est en train de frapper du poing sur la table quand il faut.
L’Ordre des avocats s’est débarrassé, aux dernières élections, de son bâtonnier laudateur Brahim Bouderbala. Son successeur Hatem Meziou devrait redonner aux avocats leur prestige de 2014.
Idem pour la Ligue qui s’est débarrassée de Jamel Msallem et qui devrait retrouver, elle aussi, son prestige avec son nouveau président Bassem Trifi. Les premiers jours de MM. Trifi et Meziou autorisent l’optimisme.
L’Utica, en tant que récipiendaire du Prix Nobel de la Paix, fait partie de ces organisations nationales sur qui la Tunisie devrait pouvoir compter.
Or, elle brille par son absence, sa lâcheté et son inefficacité depuis l’élection de Samir Majoul.
Refusant de s’opposer au pouvoir despotique, laissant filer l’inflation et multiplier les pénuries, sans broncher, ne sachant pas comment défendre les patrons lésés et les citoyens abusés, la présidence actuelle de l’Utica fait honte.
Samir Majoul doit se rappeler cette vérité historique,les jours d’une dictature sont toujours comptés. Les siens aussi. Il est temps qu’il se rattrape avant que l’Histoire ne le retienne comme un collaborateur du régime.




Le texte du FMI est il signé par le président comme on l'entend?
Si oui, vous avez votre réponse.
Qu'a-t-il fait cet ordre aux architectes en Tunisie? Qu'a-t-il apporté aux architectes du secteur privé? Rien! Nada, comme vous le dites..
Je dis ça car vous semblez attendre beaucoup des syndicats, ordre et ligue.. ces gens là ne font et ne feront que servir leurs intérêts, basta!
Et comment ne pas désespérer face à un électorat qui vote majoritairement pour les assassins et les débiles mentaux ?

