Le conseil de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a tenu une réunion à la date du 27 mai 2022 afin de débattre d’une nouvelle proposition du calendrier électoral dans le cadre de la tenue du référendum du 25 juillet 2022 tel que décidé par le chef de l’Etat, Kaïs Saïed.
Les premières minutes de cette réunion étaient assez calmes et routinières. On y a eu droit à une petite présentation en couleur démontrant les efforts fournis par l’Isie afin de garantir la réussite du référendum.
La clôture de la présentation et l’ouverture des débats a représenté un point de départ d’échanges chaotiques et insensés. Les interventions et remarques des membres du conseil ont reflété une grande divergence et un manque conséquent d’homogénéité. Les dires de Mohamed Tlili Mansri ont, par exemple, démontré les limites techniques et logistiques de l’Isie puisqu’il avait affirmé l’impossibilité de transporter les urnes et le matériel nécessaire au déroulement du référendum en l’espace de cinq jours, vers l’étranger ! La Tunisie n’est donc pas capable, en l’an 2022, de transporter le matériel vers les bureaux de vote en moins de neuf jours tel que prévu dans le calendrier initial.
La même personne ne semblait pas savoir que la loi interdisait l’enregistrement à distance des électeurs se trouvant sur le territoire tunisien. Pour rappel, l’article sept de la loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014, relatif aux élections et aux référendums stipule : « L'Instance peut procéder à l'inscription à distance pour les électeurs résidents à l'étranger. Elle peut recourir à des bureaux d'inscription mobiles ».
D’ailleurs, l’essentiel des débats tournaient autour de la question de l’inscription des électeurs. Sami Ben Slama, s’est empressé d’exploiter le sujet et d’étaler son implication et son patriotisme dans ce processus. Il a proposé de maintenir l’inscription ouverte même durant la période consacrée aux recours contre la liste des électeurs après sa publication. Bien évidemment, personne n’a compris cette démarche. Ainsi, nous avons pu assister à un membre de l’Isie appelant ouvertement et devant tous au non-respect de la loi électorale.
« Défendez l’inscription des électeurs ! Défendez là ! Il ne s’agit pas d’une question d’ordre personnel », avait déclaré Sami Ben Slama devant les caméras en essayant de passer pour le bon samaritain. Il a tenu à préciser qu’il s’abstenait de voter en faveur de la proposition de calendrier présentée et a tenu bon à démontrer son opposition à l’actuel président de l’Isie, Farouk Bouasker. On sentait même une certaine rivalité entre les deux hommes.
Sami Bel Slama et certains autres membres du conseil de l’Isie ont même insisté sur l’importance d’un entretien entre le président de la République et l’ensemble des membres du conseil. Réagissant à cette remarque, Farouk Bouasker a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une question au sujet de laquelle il pouvait trancher. Il a affirmé avoir communiqué à la présidence de la République la volonté de tenir des réunions avec l’ensemble des membres du conseil de l’Isie et qu’il n’y avait pas de retour de la part du chef de l’Etat. Ceci démontre que l’Isie n’a aucun pouvoir et n’est même pas capable de tenir une réunion avec le président.
Que dire alors des dépassements et des infractions ? L’Isie, aura-t-elle la possibilité de s’opposer à une possible ingérence de la présidence de la République ou à un non-respect des procédures et de la législation en vigueur ? Des questions auxquelles personne ne peut répondre puisque le président de la République nous a habitués à ce genre d’interrogation et avait choisi à plusieurs reprises une fuite en avant. Certains membres de l’instance semblent avoir adopté cette mauvaise habitude.
Après un petit « Défendez le droit des électeurs de s’inscrire », lancé et bien préparé par Sami Ben Slama, la tension est montée d’un cran. Ayant abandonné l’envie d’enfreindre la loi en ne respectant pas les délais accordés aux recours, Sami Ben Slama s’est interrogé sur la possibilité de renforcer les effectifs de l’Isie afin d’enregistrer plus d’électeurs. C’est alors que nous avons découvert que l’Isie ne s’était tout simplement pas préparée au référendum annoncé depuis le 13 décembre 2021. L’absence d’avancement à ce sujet ne résulte que d’une seule cause : la non-promulgation d’un texte juridique officialisant la tenue d’un référendum à la date du 25 juillet 2022. L’Isie était tout simplement paralysée par la passivité du président de la République à ce sujet.
Pour ce qui est du matériel utilisé à l’occasion des élections précédentes, le directeur exécutif de l’instance, Ridha Missaoui, a indiqué que les tablettes servant à inscrire les électeurs n’étaient pas en sa possession. Elles avaient été livrées au ministère de la Santé afin de permettre l’inscription des citoyens et le suivi de la vaccination contre le Coronavirus dans le cadre du programme Evax. Il semblerait que ces tablettes auraient été données sous la forme de dons puisque la question de leur récupération n’a pas été abordée ! Ceci a poussé le président de l’Isie, Farouk Bouasker à proposer l’une des solutions les plus archaïques : l’inscription manuelle.
La Tunisie, voulant développer le secteur du digital et usant de plusieurs slogans portant sur la numérisation et le numérique, déploiera donc des centaines et des centaines d’agents d’inscription munis d’une rame de papier et d’un stylo ! Ils devront passer la journée à écrire des noms et des numéros et retourner par la suite aux locaux des instances régionales pour saisir les informations collectées sur ordinateurs et les ajouter à la liste des électeurs. Une méthode qui a permis à certains électeurs en 2011 de voyager gratuitement ! En effet, rappelez-vous ces citoyens de Grombalia qui se sont retrouvés inscrits sur la liste des électeurs de Grenoble ! Rien de surprenant, puisque nous avions demandé à des citoyens de sillonner les rues, les marchés, les cafés et les grandes places à coup de " Bonjour, Êtes-vous inscrit aux élections ?" Durant toute la journée. Certains travaillaient de 8h du matin à 20h du soir puis procédaient, durant le reste de la soirée, à la saisie des données. Une méthode révoltante et qui reflète l’écart entre la réalité et les pseudo-solutions proposées par des personnes en costume cravate, convaincues d’être en train de construire un nouveau monde.
Cet écart s’est fait ressentir à la clôture de la réunion du conseil de l’Isie. Les membres n’ont voté ni en faveur ni contre le calendrier. Ils n’ont pas eu la possibilité de décider puisqu’à chaque fois, une seule conclusion était faite : nous devrions consulter le président de la République à ce sujet et lui demander de promulguer un décret à ce sujet. Attitude d’une instance pas aussi indépendante que ça au final ! Le comportement et les remarque contradictoires des membres du conseil et les tensions qui étaient claires nous amènent à nous interroger sur leur capacité de travailler en équipe et de garantir le bon déroulement du référendum et des élections prévus pour cette année (si cela reste encore possible).
Sofiene Ghoubantini
On peut révoquer en suspicion d'insuffisance et de parti-pris sans le moindre recul ce qui y est avancé.
En effet, les critiques de tous les partisans portaient sur une sorte d' homogénéité des membres et leur ibfeidation au Président.
Du coup, par ce qui est avancé, ici, cet argument est démenti et c'est le contraire qui apparaît.
La fameuse homogénéité, aussi.
Alors, on pourrait imaginer que cela aurait satisfait au requiisit de pluralisme, ce n'est pas ce qu'on nous montre.
L'hétérogénéité en devient le défaut, et on argue d'une zizanie imaginaire là où on aurait pu voir du débat.
D'où il peut être dit que tout est fait du point de la mauvaise foi, d'une perversion qui se ment.
Ce n'est pas surprenant, car tout ce qui meut certains semble dicté par l'impératif de trouver injuste, autoritaire, dictatorial tout processus dès lors qu'il émane d'un cercle concurrent à la mouvance.
Et, il semble que dans cet exercice excellent des ralliés, des insoupçonnables parés de toutes les vertus capables de se donner à peu de frais le beau rôle.
Merci de nous fournir encore des éléments.
Vouloir fouiller dans les poubelles de l'Isie pour crier au scandale, vouloir fouiller dans les toilettes de l'Isie pour crier au scandale, je trouve que cela reflète une misère intellectuelle flagrante.
Foutez-leur la paix, laissez-les travailler sereinement, ils ont une mission assez lourde, ils doivent la réussir et ils peuvent la réussir.
Notre dictateur et son pion Bouasker ont tout fait pour rendre cette institution une marionnette à la main de dictateur et après on veut parler des élections libres et démocratiques. Quelle mensonges et quelle gâchis de l'argent de l'état sur un référendum bafoué même avant de commencer.