
Une réunion ministérielle présidée par le chef de l’État, Kaïs Saïed et avec la participation des ministres de l’Agriculture, Abdelmonem Belati, du Commerce, Kalthoum Ben Rejeb, du PDG de l'Office national de l'Huile, Hamed Dali et même du ministère de l’Intérieur, Kamel Feki pour trouver une solution à ces satanés spéculateurs ayant causé une hausse du prix de l’huile d’olive.
La hausse du prix de l’huile d’olive n’a cessé d’être abordée durant les derniers mois. Un grand flou entourait la question. Certains affirment que le prix de vente dépassera les trente dinars. D’autres ont indiqué qu’il sera de près de 24 dinars. Bien évidemment, au beau milieu de ces débats, rares sont ceux qui ont pris la peine d’expliquer que le prix était fixé au kilo et non au litre et d’éclairer l’opinion publique quant à la réalité de la situation et les raisons de cette hausse.
Tout d’abord, il nous faut préciser qu’un litre d'huile d’olive pèse de 0,85 kilo à 0,9 kilo du même produit. Le poids varie en fonction de la qualité du produit, des olives pressées, mais aussi de la température de transformation ou de stockage. Ainsi, un prix de vente de 24 dinars le kilo correspond à un prix allant de 20,4 dinars le litre (pour 0,85 kilo) à 21,6 dinars le litre (pour 0,9 kilo). Bien évidemment, il s’agit d’estimations remontant à septembre et octobre 2023. Actuellement, en novembre 2023, les prix sont passés à 7,83 euros le kilo, soit 26,3 dinars le kilo, c’est-à-dire, un prix de 22,36 dinars le litre (pour 0,85 kilo) à 23,67 dinars le litre (pour 0,9 kilo).
Il ne s’agit pas d’une estimation ou d’une simple déclaration relayée par les médias, mais d’un chiffre annoncé par l’Office national de l'Huile. Dans une publication Facebook du 15 novembre 2023, l’office a affirmé que le prix de vente était de 8,23 euros le kilo à la date du 26 octobre 2023 et était passé à 7,83 euros le kilo à la date du 2 novembre 2023. À la date du 18 novembre 2023, le PDG de l’office Hamed Dali a assisté à la réunion tenue au palais de Carthage et présidée par le chef de l’État, Kaïs Saïed. Depuis, l’office n’a rien publié au sujet des prix. L’Office national de l’Huile a été créé en 1962. Il s’agit d’un établissement public à caractère industriel et commercial. Pour ce qui est de l'huile d'olive, l'office a pour responsabilités d'encadrer les oléiculteurs, de promouvoir l'huile d'olive tunisienne, de développer l'exportation et de réguler le marché.
L’expression « réguler le marché » suffit, à elle seule, d'expliquer a priori certaines choses. Le gouvernement, par le biais de l’office, ne contrôle pas le marché ! Il régule, c’est-à-dire, mettre en place des règles et des normes de contrôle afin d’assurer le bon fonctionnement du secteur et de favoriser la concurrence équitable. Ni le gouvernement, ni l’office ne contrôlent le prix. Le secteur d’huile d’olive est soumis à l’un des plus anciens, des plus simples et des plus connus des concepts économiques : la règle de l’offre et de la demande. De plus, les prix ne sont pas fixés à l’échelle nationale et indépendamment de ce qui se passe dans le reste du globe.
L’huile d’olive est un véritable marché mondial. On a estimé la consommation mondiale annuelle à trois millions de tonnes. Il a dépassé, selon certains experts, la barre des 14,5 milliards de dollars et la possibilité d’atteindre 20,5 milliards de dollars en 2023. Cette progression notable résulterait principalement d’une baisse de l’offre, c’est-à-dire, de la production. Ce recul résulte des conditions météorologiques et des changements climatiques. Tout d’abord, les perturbations météorologiques et le manque ou l’irrégularité des précipitations impactent la croissance des olives. Mais, une vague de sécheresse a frappé de plein fouet plusieurs régions de la planète, y compris la Tunisie. L'année dernière, soit pour la saison 2022/2023, on a remarqué des olives plus petites donnant moins d'huile. La saison suivante, 2023/2024 a été marquée par une vague de chaleur encore plus significative. Il est, donc, tout à fait normal de constater une baisse de la production mondiale et par conséquent une hausse des prix. La quantité d’huile disponible est inférieure à la demande. Or, qui dit offre inférieure à la demande dit prix à la hausse.
La récolte en Espagne, premier producteur mondial, est passée de 1,49 million de tonnes à 0,66 million de tonnes pour la saison 2022/2023. La pire des dix dernières années, d’après les données disponibles. Pour la saison 2023/2024, les choses ne semblent pas s’être améliorées. On avance une estimation de seulement 0,85 million de tonnes. Les prix ont réalisé un véritable bond en avant devenant faisant dans certains cas de l'huile d'olive un produit inaccessible. L'huile d'olive extra-vierge se vend jusqu'à 14,5 euros, selon le média français « Capital ». Les supermarchés espagnols ont même décidé d'exposer l'huile d'olive dans des vitrines fermées en raison des vols à l’étalage. En Grèce, la production n'a pas dépassé 0,4 million de tonnes en 2022/2023. La saison 2023/2024, quant à elle, s'annonce catastrophique puisqu'on estime une production annuelle de 0,17 million de tonnes. L'Italie, de son côté, la production est passée de 0,315 million de tonnes en 2022 à 0,29 million de tonnes en 2023.
D’autres facteurs sont à évoquer : le coût de la transformation et du transport. Ils dépendent, directement, des fluctuations observées au niveau du prix du baril de pétrole. Ce dernier a atteint, durant les semaines précédentes, sa plus haute valeur annuelle avec un prix de vente de 94 dollars l’unité. Ce chiffre a été enregistré à la fin du mois de septembre. Durant le mois d’octobre et jusqu’aux premiers jours de la récolte, soit les premiers jours de novembre, il n’est pas passé sous la barre des 80 dollars l’unité.
Ainsi, la production d’huile d’olive a été victime d’une hausse des coûts de production parallèlement à une détérioration, voire pour certains un crash, de la récolte. L’intégralité de ces éléments ne peut que conduire à une seule conclusion : une hausse, pour ne pas dire, une flambée des prix de vente. Mais, pour revenir à la situation en Tunisie, on remarquera que la production d'huile d'olive a été estimée par l'Office national de l'huile à 0,22 million de tonnes pour la saison 2023/2024. Or, il s'agit d'une estimation supérieure aux chiffres de la saison 2022/2023 de 0,18 million de tonnes.
Expliquer la hausse des prix en Tunisie est simple et ne dépend pas seulement de la hausse des prix au niveau du marché international. L’impact de la situation internationale est bien évidemment le principal élément à retenir, mais, nous devons, aussi, nous interroger sur la gestion de la production nationale d’huile d’olive. En effet, près de 80% de cette quantité finira à l’étranger, puisque nous misons sérieusement sur l’export. C'est ce qu’avait affirmé le PDG de l’office en personne lors d’une intervention téléphonique durant l’épisode du 20 novembre 2023 de l’émission « Men Tounes Al Yawm » de Myriam Belkadhi sur Telvza TV. D’ailleurs, et depuis plusieurs années, les entreprises du commerce international ont été autorisées à exporter l’huile d’olive vers l’étrange. Le ministre de l’Agriculture Abdelmonem Belati n’a fait que soutenir cette approche puisqu’il a indiqué lors d’une rencontre avec l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Marcus Cornaro, qu’il comptait renforcer le partenariat économique avec cette entité en développant l’exportation de l’huile d’olive tunisienne.
Tous ces éléments nous amènent à nous interroger quant à l’authenticité et à la véracité des informations apportées par le communiqué de presse publié par la présidence de la République à la date du 18 novembre 2023. On y parle de spéculateur et de complot visant à augmenter les prix de l’huile d’olive. La présidence de la République n’était pas dans l’obligation de convoquer une réunion en présence de ministres y compris celui de l’Intérieur, sauf si on prévoit d’arrêter les exportateurs travaillant dans le cadre de la loi. Le chef de l’État, Kaïs Saïed, aurait tout simplement pu adresser un courrier ou s’entretenir directement avec le PDG de l’Office qui lui aurait raconté la fabuleuse histoire de l’huile d’olive en Tunisie. Il ne suffirait plus qu’à faire un choix : continuer à exporter afin d’avoir des rentrées d’argent et de couvrir les dépenses de l’État ou choisir de s’isoler encore plus et de se priver d’une importante source de revenus afin d’offrir l’huile d’olive aux Tunisiens à un prix abordable.
Sofiene Ghoubantini


Plutôt que d'importer des huiles frelatées ou de véritables poisons tels que l'huile de soja qui finiront par endetté un peu plus les services de santé publique...
Seule l'inflation qui peut impacter les prix au marché local
Il faut retrouver progressivement une parité égale entre le dinars et l'euro comme dans beaucoup de pays. Ca n'a aucune incidence vu qu'on paye nos engagements étrangers en devises et non en dinars.
Passons-y une bonne couche d'huile d'olive en pansement!
Deux noms différents cités dans cet article !
Cela dépend de la température
@BN: toujours entrain de de que KS se trompe etc...? il ne pleut pas...c la faute à Kais Saied aussi je présume?
Je serais d'accord avec votre raisonnement mais à une condition: que cette règle soit appliquée chaque année sans exception. Et fixons par exemple un prix à 15 DT? (je pense que c'est un prix équitable pour tous).
C'est à dire que si à l'avenir, nous avons de nouveau une récolte comme celle de 2019/2020, ou l'on a du vendre notre huile à perte à 3.8 DT le KG, vous nous l'achetez à 15 DT.
L'agriculteur a toujours été la tête de turc depuis l'indépendance.
95% des agriculteurs ont moins de 5 hectares. Nous enchainons les années de sécheresses et l'augmentation de tous nos coûts sans jamais nous plaindre...
Et par la même occasion, fixons le prix des voitures qui deviennent inabordables...
Des appartements aussi, le moindre appartement est à 200 000 dt.
Je pense qu'il serait plus utile à notre cher peuple de commencer à réfléchir à comment créer de la richesses et augmenter les salaires...au lieu de s'embourber dans des raisonnement d'un autre temps...
J'ajouterais que l'Etat s'est toujours planté (exprès ou par mégarde) à propos de l'agriculture...il aurait dû depuis des décennies investir dans l'agriculture, sachant que toutes nos régions peuvent produire de quoi nous nourrir et exporter (céréales, fruit, huile, légumes..) et nous épargner ainsi des milliards de dinars d'importation et par la même occasion agrandir la surface des terres cultivées..au lieu de ça, nos gouvernements investissent dans le tourisme de masse, gros polluant, consommateurs de ressources et surtout très dépendant du contexte géopolitique.