
« Quand on est un petit pays, il ne suffit pas d’être bon il faut être excellent ! », a déclaré lundi 27 mars 2017, Magyar Levente, secrétaire d’Etat Hongrois aux Affaires étrangères chargé de la diplomatie économique lors d’une conférence organisée au chef-lieu de la diplomatie Tunisienne. Le jeune trentenaire Hongrois y a passé en revue les avantages tirés de l’intégration de la politique étrangère classique à la diplomatie économique, une nouveauté mise en place dans son pays il y a trois ans. Un système institutionnel précurseur qui a permis à la Hongrie de tirer largement son épingle du jeu et que la Tunisie aurait grand intérêt à suivre….
C’est au siège du ministère tunisien des Affaires étrangères (MAE) que la conférence intitulée « Harmonisation de la politique étrangère et de la diplomatie économique » s’est tenue ce vendredi. Co-présidée par l’hôte Hongrois, Magyar Levente ; le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, Sabri Bachtobji ; le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de l’immigration et des Tunisiens à l’étranger, Radhouane Ayara et le ministre plénipotentiaire hors classe, chargé de mission au cabinet du ministre des Affaires étrangères, Tarek Azouz. La conférence a également réuni de nombreux ambassadeurs tel que l’ambassadeur de Hongrie en Tunisie, Zoltan Szent-Gyorgyi.
Une ambiance studieuse pour un évènement porteur, durant lequel la notion de diplomatie économique a été exposée tout en faisant collaborer l’audience présente et particulièrement les jeunes diplomates de l’Institut Diplomatique pour la Formation et les Etudes (IDFE).
Définie comme étant « l'ensemble des actions promotionnelles menées par les pouvoirs publics dans le but d’attirer davantage d’investisseurs étrangers et de les convaincre de venir investir sur un territoire économique », la diplomatie économique permet de promouvoir le label d’un pays en mixant l’action publique et l’initiative privée.
Il s’agit d’une diplomatie d’influence qui ne se limite pas aux seuls acteurs économiques, elle mobilise également les services scientifiques, techniques et culturels, les services responsables des politiques de développement, les migrations, le commerce, la sécurité économique, le tourisme… Cette notion s’éloigne de la notion classique de diplomatie régalienne traditionnelle dans le sens où elle ingère des négociations économiques et commerciales en créant une sorte de diplomatie non gouvernementale.
Une définition complexe que Sabri Bachtobji a clarifiée davantage en déclarant que pour la Tunisie « la diplomatie économique est une destinée » et aussi « un véritable levier pour l’économie tunisienne ». Les premiers pas de la Tunisie vers la diplomatie économique ont été franchis le 3 novembre 2016. Trois accords de coopération ont été conclus à la capitale Hongroise, Budapest, entre le ministre des Affaires étrangères, Khemaïes Jhinaoui et son homologue hongrois, Péter Szijjártó. Des accords relatifs à la diplomatie économique et qui concernent les domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, du tourisme et du sport et de la jeunesse. Dans la même lignée, le 30 novembre 2016, une délégation hongroise de haut niveau a participé à la Conférence sur l’investissement Tunisia 2020 et dont l’objectif était la promotion du tourisme tunisien pour en faire une destination de prédilection des Hongrois. Sur ce sujet, Magyar Levente a annoncé durant son allocution, que des discussions imminentes sont en cours pour qu’un vol direct reliant la Tunisie à la Hongrie soit établi au plus tôt. « Les Hongrois qui connaissent la Tunisie ont une très belle image de votre pays », a assuré le secrétaire d’Etat Hongrois.
La Hongrie est par ailleurs le seul pays à disposer d’un ministère de la diplomatie économique. La gouvernance de ce ministère se fonde sur trois piliers principaux comme expliqué par le secrétaire d’Etat Hongrois.
Il y a tout d’abord la HIPA, une agence chargée d’attirer les capitaux étrangers. Puis la Maison de commerce national Hongroise, sa mission est de promouvoir et d’encourager les PME Hongroises via les Offices de la Maison de commerce national Hongroise qui se déploient dans plusieurs autres pays.
La 3ème institution qui est considérée comme la « colonne vertébrale » de la diplomatie économique est la banque l’EXIM. Une banque publique qui soutient les exportations du pays et a d’autres missions telles que le maintien du contact avec les acteurs du monde des affaires, l’octroi de crédits et de garanties d’assurances et la mise en place de programmes professionnels.
Un système bien rodé qui a fait ses preuves comme en a témoigné Sabri Bachtobji qui a déclaré : « Ce nouveau modèle mis en place il y a 3 ans, montre que cela fonctionne. Les chiffres sont promoteurs et les décisions qui ont été prises sont courageuses. Pour la Tunisie, il s’agit de poser les jalons d’une coopération fructueuse avec un pays qui se porte bien».
Concernant les personnes qui exercent la diplomatie économique hongroise, elles sont au nombre de 3000 comme en a attesté le secrétaire d’Etat Hongrois. Il s’agit avant tout des ambassadeurs et des consuls, des chefs de missions diplomatiques ainsi que des attachés économiques et culturels. Ces personnes travaillent « pour le succès de la diplomatie économique et des activités diplomatiques classiques de la Hongrie », a déclaré Magyar Levente qui a également souligné que grâce à cette entreprise la Hongrie dispose « d’une présence globale indépendante dans le monde ». Une mission vitale qui ne doit pas se réduire à de simples échanges classiques bureaucratiques, comme l’a précisé le secrétaire d’Etat Hongrois.
Suivre ce modèle de diplomatie économique pourrait être tentant pour la Tunisie au vue des répercussions économiques avantageuses drainées par la Hongrie, grâce à la mise en place de ce système institutionnel.
Les 29 et 30 novembre 2016 s’était aussi avec brio que la Tunisie avait organisé la Conférence sur l’investissement Tunisia 2020, et qu’elle a accueilli des délégations économiques de par le monde. La diplomatie économique est donc d’ores et déjà appliquée, manque le cadre institutionnel.
Khawla Hamed


Commentaires (5)
CommenterTant qu'à choisir...
Tunisie vs. Hongrie: Vous comparez l'incomparable....
Pour info la Hongrie est dirigée par le fachiste Victor Orban
- la Hongrie est dirigée par un fachiste limite dictateur, il déteste par ailleurs les musulmans et les Arabes
- l'impôt sur les sociétés a été réduit à 9%
- la Hongrie fait partie de l'union Européenne
La Tunisie veut-elle copier le modèle hongrois?
Honteux de se faire toujours petit

