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Ces millions de dinars perdus par les banques à cause de la nouvelle réglementation
07/05/2025 | 10:21
4 min
Ces millions de dinars perdus par les banques à cause de la nouvelle réglementation
Service IA, Business News

 

L’article 412ter de la loi n°2024-41 impose aux banques de réduire les taux d’intérêt fixes appliqués aux crédits en cours de remboursement ou aux nouveaux crédits dont la durée initiale de remboursement dépasse sept ans. Quel a été l’impact de cette nouvelle réglementation sur les banques ? Business News a épluché leurs états financiers et l’impact se chiffre à des centaines de millions de dinars de manque à gagner.

 

Ce n’est un secret pour personne : les banques tunisiennes sont régulièrement prises à partie par le président de la République. Kaïs Saïed les accuse de ne pas participer à l’effort social national et les exhorte à ne pas « reprendre de la main gauche ce qui est donné de la main droite ». Il a martelé cette injonction à plusieurs reprises, notamment lors de ses nombreux entretiens avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouheir Nouri – au moins cinq fois depuis janvier, sans compter les échanges officieux.

Lors de l’un de ces entretiens, le 21 mars, le chef de l’État a souligné le paradoxe d’une dette dont le montant augmente malgré une baisse apparente des taux d’intérêt.

 

Des bénéfices stables… pour l’instant

À première vue, les banques tunisiennes, publiques comme privées, continuent à réaliser des bénéfices et à distribuer des dividendes. Cela semble aller à l’encontre du discours présidentiel. Mais c’est précisément parce que ces établissements bancaires parviennent encore à rester rentables que l’économie nationale tient bon. Un secteur bancaire sinistré entraînerait inévitablement une crise de liquidité, une contraction du crédit et, in fine, une récession généralisée.

Derrière cette façade de stabilité se cache toutefois un impact massif et différé, en grande partie lié à l’application de l’article 412 ter.

 

Le coût réel pour les banques… et pour l’État

Au 14 avril 2025, le Conseil bancaire et financier recense 89.026 demandes d’abattement d’intérêts. Parmi elles, 57.686 ont été traitées, 2.904 sont encore en cours, et 28.436 ont été rejetées pour non-éligibilité. L’analyse des rapports financiers met en lumière un manque à gagner considérable.

Ce tableau illustre l’ampleur des sommes sacrifiées, non seulement pour les établissements eux-mêmes, mais également pour l’État, privé de recettes fiscales issues de ces bénéfices non réalisés.

 


Des zones d’ombre et des interprétations opportunes

Certaines banques éprouvent des difficultés à estimer l’impact de cette réforme sur le long terme. Leurs commissaires aux comptes le précisent clairement dans leurs rapports.

D’autres, comme la banque Zitouna, tentent de se soustraire à l’obligation en invoquant leur statut islamique : selon elles, l’interdiction religieuse du taux d’intérêt les exonérerait de l’application de l’article 412 ter. Un raisonnement qui ne convainc pas la BCT, laquelle semble décidée à intervenir pour faire respecter la loi de manière uniforme.

Le rapport des commissaires aux comptes de Zitouna précise prudemment que « l’affaire n’a pas encore connu un dénouement définitif » et que l’impact potentiel sur la rentabilité est significatif. À l’inverse, la banque Wifak, également islamique, a chiffré très précisément les pertes attendues, démontrant ainsi qu’une telle évaluation est bel et bien possible.

 

Une réforme populiste, économiquement suicidaire

Ce que révèle cette nouvelle réglementation, c’est l’absurdité d’une politique qui prétend faire justice sociale en appauvrissant les banques et, au passage, l’État lui-même. Les clients, censés être les bénéficiaires de la mesure, n’ont gagné que quelques dinars sur leurs échéances mensuelles. En revanche, les établissements bancaires ont vu fondre leurs marges, ce qui risque d’entraîner des conséquences en cascade : restriction de l’octroi de crédit, durcissement des conditions d’accès aux prêts, baisse des investissements bancaires, et in fine, un ralentissement économique encore plus prononcé.

En voulant imposer un effort social à tout prix, le pouvoir politique a fait le choix d’une redistribution contre-productive, où l’image du président gagne quelques points, mais où les finances publiques et le tissu économique trinquent à long terme.

 

Un avenir bancaire sous tension

Cette réforme ne sera pas sans lendemain. En fragilisant les banques, on affaiblit leur rôle d’intermédiation financière, pierre angulaire de toute économie moderne. Si cette logique populiste se poursuit, le secteur pourrait :

 

Durcir sa politique de crédit pour compenser ses pertes ;

Accroître la pression sur les PME et les particuliers, paradoxalement les premiers à souffrir ;

Réduire drastiquement les dividendes versés et donc l’attractivité du secteur pour les investisseurs ;

Et à terme, entraîner une chute des recettes fiscales, privant l’État d’un levier budgétaire précieux.

Il est urgent de réévaluer les priorités politiques à l’aune des réalités économiques. Car sacrifier l’efficacité bancaire sur l’autel du populisme, c’est creuser un déficit de confiance bien plus difficile à combler que quelques points de taux d’intérêt.

 

Raouf Ben Hédi et Imen Nouira

07/05/2025 | 10:21
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Commentaires
Abidi
Perdu
a posté le 07-05-2025 à 19:24
Dites plutôt des millions de dinars que la loi a empêché les banques d'usurper aux pauvres citoyens qui payent jusqu'à deux fois la valeur des prêts contractés au près de nos chères banques
Foued
@abidi
a posté le à 21:36
Bien sur pour que le personnel des banques s amusent aux hôtels de luxe pendant les vacances et payé sur 18 mois ...........
Amin
Je ferme ma société une fois je récupère le max de mes crédits
a posté le 07-05-2025 à 13:25
Je me trouve face à des gens qui refusent de payer leurs dettes car la loi amandé leurs permettre de ne pas payer, que j'entame une procédure qui dure des mois puis il me dit je te paie 10% et le reste échéancier sur 2 ans et dans les cas de personnes morales, j'ai aucune chance d'être payé car la procédure va prendre 6 à 7 ans et le PDG de cette société s'offre une nouvelle Audi et rigole quand il me croise!
Pire encore, les frais des avocats et adel monafeth ne sont plus remboursable par l'émetteur du chèque, pour un chèque de 3000 DT je dois dépenser 1000dt pour le rembourser après 3 ans! En plus la perte du temps qu'il faut et le stress avec!

Beaucoup de sociétés ont fermé car il n'y a plus de confiance à personne, cela est lamentable!

Allah ****
Tichamenelkom!?
le financier
le pays est detruit economiquement
a posté le à 19:05
Combien de tps il faudra pour re eduquer le pays au bonnes conduites economique , combien de tps il faudra pour re creer la confiance entre les gens et acteurs economique
le financier
je trouve ca beau
a posté le 07-05-2025 à 12:23
comme qui disait , mashalllaaaahhh on a + de banque en tunisie pour 11 millions de milliardaire que NEW YORK a pour 19 millions d habitants et wallstreeet et la Fed .

On est trop riche...
La realité devrait etre une fusion de toutes ces banques , licenciement des employé en trop , vente des immeubles en trop et vous aurez plus de benefices pour l etat les banques et les particuliers emprunteur et meme les actionnaires privé ou etat
comme d hab ce pays toujours aussi mal dirigé
haykel ben azzouze
Perte et Manque à gagner
a posté le 07-05-2025 à 11:11
il y a une différence fondamentale entre perte et manque à gagner, et cette distinction est cruciale, notamment en droit, en comptabilité et en gestion des risques.
' 1. Perte :
La perte désigne une diminution effective et certaine du patrimoine. Elle correspond à quelque chose que l'on possédait réellement et que l'on a perdu (argent, matériel, biens, etc.).
' En droit :
C'est un dommage certain, que l'on peut chiffrer de façon précise.
' 2. Manque à gagner :
Le manque à gagner est un préjudice hypothétique. C'est ce qu'on aurait pu gagner, mais qu'on n'a pas pu réaliser à cause d'un événement.
' En droit :
C'est un préjudice futur mais probable. Il faut souvent prouver, par des données économiques ou des antécédents, que ce gain était vraisemblable et non spéculatif.
Yaakoub jebali
Ni pertes ni manque à gagner,
a posté le à 12:13
Merci de nous établir un commentaire ayant objectif le remboursement de fonds que les banques tunisiennes ont brassé au détriment des efforts de tous citoyens souscrivant de colos bancaires.
bilel ben aouicha
solution
a posté le 07-05-2025 à 10:35
"elles doivent se réinventer"

"elles doivent innover"

"elles doivent évoluer"

"elles doivent adopter l'innovation"