
Dans un contexte de tensions entre la centrale syndicale tunisienne et le régime en place et alors que le pouvoir a empêché des délégations de syndicalistes d’assister aux manifestations organisées par l’UGTT, plus d’une vingtaine de syndicats de différents pays ont adressé une lettre ouverte au président de la République, Kaïs Saïed exprimant leur solidarité avec l’UGTT.
« Monsieur le président de la République tunisienne,
Nous, leaders d’organisations syndicales de plusieurs pays, sommes solidaires avec l’Union générale tunisienne du travail et condamnons sans réserve les campagnes de dénigrement contre l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) ainsi que la répression et les attaques dont les responsables syndicaux font l’objet en Tunisie.
Notre solidarité, comme celle exprimée par Esther Lynch lors de sa visite en Tunisie, dans un contexte de régression des droits économiques et sociaux, de recule du dialogue social et d’érosion des droits et libertés pour les travailleuses et travailleurs tunisiens, est un devoir.
Notre solidarité, comme celle communiquée par la Confédération syndicale internationale, alors qu’une vague de répression sans précédent s’abat sur l’UGTT qui se voit empêchée d’agir, est une obligation. Alors que la situation économique et sociale en Tunisie se mue en crise aggravée par vos choix politiques exige l’implication de tous, vous avez fait le choix de suspendre le dialogue social et de ne pas respecter les accords signés par votre gouvernement.
Notre solidarité, comme celle transmise par des organisations syndicales à travers le monde, est en cohérence avec notre histoire et celle du mouvement syndical mondial, dont la solidarité est une valeur intrinsèque qui ne reconnaît fort heureusement pas les frontières. Nous étions solidaires de l’UGTT en 1952 après le lâche assassinat du leader syndical Farhat Hached puis tout au long du combat que l’organisation a mené pour l’indépendance de la Tunisie. Nous l’étions aussi en 1978 lors des évènements du jeudi noir et la répression qui s’en est suivie, puis en 1985 et en 2008 avec les révoltes du bassin minier et jusqu’à la révolution de 2011.
De même, l’UGTT dont l’histoire est riche de son internationalisme a toujours répondu présente lorsque sa solidarité était requise. L’UGTT était à nos côtés lors de conflits sociaux, dans les luttes contre les gouvernements ou mouvements d’extrême-droite et pour un nombre d’entre nous dans les combats pour la démocratie ou pour la libération des peuples.
Monsieur le président, vous ne disqualifierez pas notre solidarité avec les syndicalistes tunisiens en la désignant comme une ingérence dans les affaires tunisiennes. Le respect des droits humains, dont le droit de réunion pacifique, le droit à la liberté d’expression et le droit de faire grève pour ne citer que ceux-là, sont des droits universels garantis par les instruments internationaux.
Nous n’avons que trop souvent vu, lors de dérives autocratiques, des dirigeants se cacher derrière l’argument de la souveraineté pour isoler et museler les voix dissonantes brisant au passage les forces vives de leur pays. C’est parce que nous souhaitons les que les droits des travailleuses et travailleurs tunisiens soient garantis que nous ne fermerons les yeux sur aucune violation et que nous réaffirmons notre inconditionnelle solidarité de l’UGTT.
Monsieur le président, la révolution tunisienne est la seule dans la région à avoir accouché d’une démocratie en devenir. Vos dernières attaques contre les syndicalistes et les journalistes mettent à mal tous les acquis de la révolution et risquent d’enterrer toute lueur d’espoir, non seulement pour les Tunisiens, mais pour tous les peuples de la région qui aspirent à la démocratie, la justice et la liberté.
Monsieur le président, nul ne peut gouverner seul. Le dialogue, qui a valu au Quartet le prix Nobel de la paix en 2015 et à la Tunisie un processus démocratique pacifique, est la seule voie de sortie de la crise. L’UGTT est une organisation qui a beaucoup apporté à la Tunisie tout au long de son histoire moderne et c’est une chance pour le pays et pour ses citoyens. Vous ne pouvez pas rester sourd aux revendications et propositions légitimes des partenaires sociaux pour une sortie de la crise respectueuse des Tunisiennes et des Tunisiens ».
Shaher Saed :
Président de la Confédération arabe des syndicats
Secrétaire général PGFTU - Palestine
Laurent Berger :
Président de la Confédération européenne des Syndicats
Secrétaire général de la CFDT – France
Rafael Freire :
Secrétaire général de la Confédération syndicale des Amériques
Antonio Lisboa :
Vice-président de la Confédération syndicale internationale
Yasmin Fahimi :
Présidente DGB – Allemagne
Hugo Godoy :
Secrétaire général de la CTA Autonoma – Argentine
Thierry Bodson :
Président FGTB – Belgique
Anselme Amoussou :
Secrétaire général CSA – Bénin
Thusang Butale :
Secrétaire général BFTU- Botswana
Sergio Nobre :
Président CUT – Brésil
Francisco Maltès :
Président CUT - Colombie
Kyeung-soo Yang :
Président KCTU, Corée du Sud
Mamadou Soro :
Secrétaire Général CSH – Côte d’Ivoire
Unai Sordo :
Secrétaire général CC.OO – Espagne
Pépé Álvarez :
Secrétaire général UGT – Espagne
Philippe Martinez :
Secrétaire général CGT - France
Maurizio Landini :
Secrétaire général CGIL – Italie
Joe Ajaero :
Président NLC - Nigéria
Peggy Hessen Følsvik :
Présidente LO – Norvège
Magali Picard :
Présidente FTQ – Québec
Beene Joy :
Secrétaire général ZCTU - Zambie
Deux circonstances qui auraient mérité un rappel clair, car il s'agit d'attaques violentes commises par les LPR contre l'UGTT.
Avec dégradations importantes, blessés dont un responsable encore en exercice.
J'admire les solidarités.
J'ai une longue histoire en partage.
Il faut bien faire attention de ne point se laisser tordre le bras contre "son plein gré".
Par exemple, rappeler que madame Brahmi a dénoncé en la déclaration de Taboubi une sorte de collusion manifestée clairement avec "nos militants politiques" dont Laarayedh.
Deux raisons pour l'évoquer ici.
On se souvient qu'il était ministre de l'intérieur au moment du saccage du siège de L'UGTT.
Certains ont écrit qu'il avait laissé aux casseurs assez de temps avant d'ordonner aux forces de l'ordre d'intervenir.
Mais, beaucoup mieux dans le cas de l'assassinat de Brahmi, il aurait saboté, empêché les enquêteurs....
Ces anecdotes assez sérieuses pour interroger sur les choix de Taboubi. Sur les solidarités levées urbi et orbi.
'?tre syndicaliste n'implique pas le soutien aveugle, encore moins de voisiner avec les ennemis, les commanditaires, les copains des terroristes.
On peut se tromper.
On n'a pas le droit de tromper les militants.
L'UGTT n'est pas réductible à Taboubi.
Et refuser de cautionner ses choix, c'est demeurer fidèle aux mandants.
Il se sent des accointances avec les ennemis de L'UGTT, c'est une révolution.
La lune, aussi, fait une révolution toutes les 24 heures.