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Des syndicats internationaux adressent une lettre ouverte au président de la République
06/03/2023 | 16:48
5 min
Des syndicats internationaux adressent une lettre ouverte au président de la République

 

Dans un contexte de tensions entre la centrale syndicale tunisienne et le régime en place et alors que le pouvoir a empêché des délégations de syndicalistes d’assister aux manifestations organisées par l’UGTT, plus d’une vingtaine de syndicats de différents pays ont adressé une lettre ouverte au président de la République, Kaïs Saïed exprimant leur solidarité avec l’UGTT.

 

« Monsieur le président de la République tunisienne,

Nous, leaders d’organisations syndicales de plusieurs pays, sommes solidaires avec l’Union générale tunisienne du travail et condamnons sans réserve les campagnes de dénigrement contre l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) ainsi que la répression et les attaques dont les responsables syndicaux font l’objet en Tunisie.

Notre solidarité, comme celle exprimée par Esther Lynch lors de sa visite en Tunisie, dans un contexte de régression des droits économiques et sociaux, de recule du dialogue social et d’érosion des droits et libertés pour les travailleuses et travailleurs tunisiens, est un devoir.

Notre solidarité, comme celle communiquée par la Confédération syndicale internationale, alors qu’une vague de répression sans précédent s’abat sur l’UGTT qui se voit empêchée d’agir, est une obligation. Alors que la situation économique et sociale en Tunisie se mue en crise aggravée par vos choix politiques exige l’implication de tous, vous avez fait le choix de suspendre le dialogue social et de ne pas respecter les accords signés par votre gouvernement.

Notre solidarité, comme celle transmise par des organisations syndicales à travers le monde, est en cohérence avec notre histoire et celle du mouvement syndical mondial, dont la solidarité est une valeur intrinsèque qui ne reconnaît fort heureusement pas les frontières. Nous étions solidaires de l’UGTT en 1952 après le lâche assassinat du leader syndical Farhat Hached puis tout au long du combat que l’organisation a mené pour l’indépendance de la Tunisie. Nous l’étions aussi en 1978 lors des évènements du jeudi noir et la répression qui s’en est suivie, puis en 1985 et en 2008 avec les révoltes du bassin minier et jusqu’à la révolution de 2011.

De même, l’UGTT dont l’histoire est riche de son internationalisme a toujours répondu présente lorsque sa solidarité était requise. L’UGTT était à nos côtés lors de conflits sociaux, dans les luttes contre les gouvernements ou mouvements d’extrême-droite et pour un nombre d’entre nous dans les combats pour la démocratie ou pour la libération des peuples.

Monsieur le président, vous ne disqualifierez pas notre solidarité avec les syndicalistes tunisiens en la désignant comme une ingérence dans les affaires tunisiennes. Le respect des droits humains, dont le droit de réunion pacifique, le droit à la liberté d’expression et le droit de faire grève pour ne citer que ceux-là, sont des droits universels garantis par les instruments internationaux.

Nous n’avons que trop souvent vu, lors de dérives autocratiques, des dirigeants se cacher derrière l’argument de la souveraineté pour isoler et museler les voix dissonantes brisant au passage les forces vives de leur pays. C’est parce que nous souhaitons les que les droits des travailleuses et travailleurs tunisiens soient garantis que nous ne fermerons les yeux sur aucune violation et que nous réaffirmons notre inconditionnelle solidarité de l’UGTT.

Monsieur le président, la révolution tunisienne est la seule dans la région à avoir accouché d’une démocratie en devenir. Vos dernières attaques contre les syndicalistes et les journalistes mettent à mal tous les acquis de la révolution et risquent d’enterrer toute lueur d’espoir, non seulement pour les Tunisiens, mais pour tous les peuples de la région qui aspirent à la démocratie, la justice et la liberté.

Monsieur le président, nul ne peut gouverner seul. Le dialogue, qui a valu au Quartet le prix Nobel de la paix en 2015 et à la Tunisie un processus démocratique pacifique, est la seule voie de sortie de la crise. L’UGTT est une organisation qui a beaucoup apporté à la Tunisie tout au long de son histoire moderne et c’est une chance pour le pays et pour ses citoyens. Vous ne pouvez pas rester sourd aux revendications et propositions légitimes des partenaires sociaux pour une sortie de la crise respectueuse des Tunisiennes et des Tunisiens ».

 

Shaher Saed :

Président de la Confédération arabe des syndicats

Secrétaire général PGFTU - Palestine

Laurent Berger :

Président de la Confédération européenne des Syndicats

Secrétaire général de la CFDT – France

Rafael Freire :

Secrétaire général de la Confédération syndicale des Amériques

Antonio Lisboa :

Vice-président de la Confédération syndicale internationale

Yasmin Fahimi :

Présidente DGB – Allemagne

Hugo Godoy :

Secrétaire général de la CTA Autonoma – Argentine

Thierry Bodson :

Président FGTB – Belgique

Anselme Amoussou :

Secrétaire général CSA – Bénin

Thusang Butale :

Secrétaire général BFTU- Botswana

Sergio Nobre :

Président CUT – Brésil

Francisco Maltès :

Président CUT - Colombie

Kyeung-soo Yang :

Président KCTU, Corée du Sud

Mamadou Soro :

Secrétaire Général CSH – Côte d’Ivoire

Unai Sordo :

Secrétaire général CC.OO – Espagne

Pépé Álvarez :

Secrétaire général UGT – Espagne

Philippe Martinez :

Secrétaire général CGT - France

Maurizio Landini :

Secrétaire général CGIL – Italie

Joe Ajaero :

Président NLC - Nigéria

Peggy Hessen Følsvik :

Présidente LO – Norvège

Magali Picard :

Présidente FTQ – Québec

Beene Joy :

Secrétaire général ZCTU - Zambie

06/03/2023 | 16:48
5 min
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Commentaires
Ombrax
Je parie...
a posté le 07-03-2023 à 09:06
Que la majorité des " soutiens" qui ont envoyé cette lettre, ne savait pas il ya quelques temps où est située la Tunisie. Quand on voit les signataires de cette lettre tels que les leaders français on leur dit vous voulez mettre la France à genoux faites-le, la Tunisie n'est pas la France. Pour certains syndicats des pays " amis" africains, je leur dis" vous ne pouvez pas manifester dans vos pays respectifs, vous n'existez même pas, vu vos régimes politiques, alors pourquoi faire semblant d'exister ailleurs?
Naim
Le jeux de rôles.
a posté le 06-03-2023 à 23:50
C'est pathétique. Les syndicats français sont entrain de mettre leur pays à genoux. Les syndicats internationaux ne trouvent mieux que de s'occuper d'un petit pays qui, cette fois, ce sont ses propres " politiciens " qui ont mis le pays à genoux et l'ugtt est demeuré spectateurs sinon complices.
Houcine
Syndicaliste, oui.
a posté le 06-03-2023 à 19:47
Dans le rappel des faits, il semble qu'on ait négligé deux dates février 2012 et surtout le 4 décembre 2012.
Deux circonstances qui auraient mérité un rappel clair, car il s'agit d'attaques violentes commises par les LPR contre l'UGTT.
Avec dégradations importantes, blessés dont un responsable encore en exercice.
J'admire les solidarités.
J'ai une longue histoire en partage.
Il faut bien faire attention de ne point se laisser tordre le bras contre "son plein gré".
Par exemple, rappeler que madame Brahmi a dénoncé en la déclaration de Taboubi une sorte de collusion manifestée clairement avec "nos militants politiques" dont Laarayedh.
Deux raisons pour l'évoquer ici.
On se souvient qu'il était ministre de l'intérieur au moment du saccage du siège de L'UGTT.
Certains ont écrit qu'il avait laissé aux casseurs assez de temps avant d'ordonner aux forces de l'ordre d'intervenir.
Mais, beaucoup mieux dans le cas de l'assassinat de Brahmi, il aurait saboté, empêché les enquêteurs....
Ces anecdotes assez sérieuses pour interroger sur les choix de Taboubi. Sur les solidarités levées urbi et orbi.
'?tre syndicaliste n'implique pas le soutien aveugle, encore moins de voisiner avec les ennemis, les commanditaires, les copains des terroristes.
On peut se tromper.
On n'a pas le droit de tromper les militants.
L'UGTT n'est pas réductible à Taboubi.
Et refuser de cautionner ses choix, c'est demeurer fidèle aux mandants.
Il se sent des accointances avec les ennemis de L'UGTT, c'est une révolution.
La lune, aussi, fait une révolution toutes les 24 heures.