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Stafim Industrie, de l’export vers l’Afrique
01/09/2019 | 15:59
7 min
Stafim Industrie, de l’export vers l’Afrique

 

Des industriels tunisiens l’ont rêvé et Stafim Industrie l’a fait : la société vient de réussir sa première opération d’export d’un véhicule assemblé en Tunisie, le Peugeot Pick up. Ce sont plus de 900 véhicules qui seront acheminés d’ici fin 2019 vers plusieurs pays africains, une réussite qu’a voulu partager le ministre du Commerce Omar Béhi, en donnant le coup d’envoi vendredi 23 août 2019. Une extension du projet actuel est même prévue d’ici un an pour devenir une usine d’envergure, unique en son genre en Afrique et 3ème au monde avec celles de la Chine et de l’Uruguay, étant spécialisée dans le montage de Pickup. 

 

Le 25 juillet 2018, Stafim Peugeot célébrait l’inauguration de sa nouvelle unité de montage et de filiale industrielle, en présence du chef du gouvernement Youssef Chahed.

«C’était un rêve, c’était une idée, aujourd’hui c’est une réalité», avait déclaré Abderrahim Zouari, vice-président de la Stafim et PDG de Stafim Industrie ce jour-là. Il évoquait déjà l’export, notamment vers l’Afrique : «Pour une fête nationale, il faut un produit national et on l’a habillé avec le drapeau national. Maintenant, il s’agit de l’exporter et il faut que le gouvernement nous aide».

 

 

Aujourd’hui, c’est du concret. 67 véhicules sont en route vers la Côte d’Ivoire, 130 autres seront envoyés bientôt vers le Nigéria et 27 vers Madagascar. Au total, la société a reçu 930 commandes fermes à l’export jusqu’à fin 2019 outre les 600 véhicules vendus localement depuis le début de l’année. Elle table sur des ventes à l’export d'au moins 1.000 véhicules d’ici la fin de cette année. Des indicateurs de bon augure pour Stafim Industrie, qui est en train de développer sa cadence de production de 6 véhicules par jour actuellement à 8 véhicules par jour en septembre pour atteindre les 12 véhicules par jour en décembre. Le taux d’intégration passera à 43%. La société emploie 50 personnes pour un taux d’encadrement de 25%.

En effet et selon les accords conclus entre les deux partenaires, la Stafim se charge de la commercialisation du Peugeot Pick up en Tunisie, et PSA de sa commercialisation hors Tunisie.

 

 

Ayant pris part à l’évènement et profitant de l’occasion pour visiter l’unité de montage, le ministre du Commerce Omar Béhi a expliqué : «J’ai voulu être présent dans cette première opération d’export de véhicules vers le marché africain pour l’encourager. (…) Une première importante pour la société, pour le partenaire et pour la Tunisie. C’est un projet important et avant-gardiste et qui entre dans le cadre de notre vision pour développer l’économie tunisienne».

Le ministre a souligné l’importance du marché africain pour la Tunisie dans le cadre de la diversification de ses marchés et a noté que ce pas est important pour encourager l’industrie tunisienne et démontrer qu’on est capable de réussir le montage de véhicules, de faire une usine de montage et d’exporter le produit tunisien. «Ce qui ne peut qu’être encouragé de notre part», a-t-il déclaré, en mettant en relief l’impact positif de ce genre d’initiative sur l’écosystème : «Pour améliorer les taux d’intégration, il faut que les composants montés soient fabriqués en Tunisie, créant de ce fait de l’emploi dans d’autres entreprises».

 

 

Pour sa part, Abderrahim Zouari a affirmé dans une déclaration à Business News : «Nous sommes fiers de démarrer la première opération d’export sur et vers l’Afrique. Ceci a un sens particulier : c’est notre première opération d’export et c’est la première fois que Peugeot et des véhicules montés en Tunisie, avec un taux d’intégration qui va avoisiner les 40%, sont exportés à partir de la Tunisie».

Abderrahim Zouari ajoute: «C’est un signal très fort de la confiance placée dans les compétences et les cadres tunisiens, puisque la conformité avec les standards internationaux est respectée. Je peux vous dire et être très fier d'annoncer que les jeunes (diplômés, ingénieurs et techniciens) sont à la hauteur et cette usine est appelée officiellement par PSA "L’usine excellence", parce que c’est leur première expérience réussie. Le constructeur a d'ailleurs décidé de faire une extension : non seulement nous produisons des 4X4 et 4X2 quatre portes, mais à l’avenir dans 10 mois à un an maximum, nous aurons le Pick Up deux portes en essence et diesel. Des signaux très forts qui font, qu’en Tunisie lorsque tout le monde s’y met, les défis peuvent être relevés. Comme disait feu Béji Caïd Essebsi, la Tunisie est comme un roseau. Il plie, il plie mais il ne se casse pas et on sait relever les défis».

 

 

Interrogé par Business News, Omar Béhi a affirmé que l’objectif final est effectivement de créer un pôle automobile comme le Parc aéronautique de Mghira et qui fournit des parties entières de certains de ces modèles emblématiques. «En Tunisie, nous sommes connus par la fabrication de composants automobiles. La Tunisie est à l’avant-garde en la matière. Le plus important poste d’export c'est les composants automobiles. Il est évident donc qu’on peut monter des véhicules, ayant les pièces nécessaires en Tunisie», a-t-il dit.

Ainsi, le gouvernement nourrit de grandes ambitions pour l’impulsion et la mise en place d’une industrie de montage de véhicules avec tout l’écosystème qui va avec en termes de nouveaux métiers, expansions et création d’emplois. Chose qui ne peut se faire malheureusement que s’il met la main à la pâte et offre des avantages concrets pour soutenir cette industrie naissante et la rendre concurrentielle.

Ce qui a été confirmé par M. Zouari, qui a confié à Business News : «Nous sommes en pourparlers, nous avons de bonnes perspectives. L’essentiel c’est de trouver l’encouragement voulu de la part de l’Etat tunisien».

 

 

Il précise : « De point de vue transport maritime, il faut que le gouvernement soit au rendez-vous comme d’autres pays dans le monde (Maroc, Algérie, Chine, …) et qu’une partie soit prise en charge pour l’export. Il y a un an et demi, le ministre du Commerce a annoncé que sur certains pays africains, le gouvernement allait prendre en charge 50% du transport maritime. Avec cette mesure, nous devenons compétitifs ».

 

Le taux d’intégration actuel est de plus de 30%, mais devrait dépasser rapidement la barre des 40%, l’objectif étant d’obtenir le certificat d’origine Tunisie pour ne pas payer de taxes et douanes dans les pays avec lesquels la Tunisie a signé des accords bilatéraux. Si la benne est déjà faite en Tunisie, dans la prochaine étape qui vient de démarrer, c’est la cabine et le châssis qui seront faits ici également.

A terme, Stafim Industrie ambitionne de faire en sorte que 30% de sa production soit destinée au marché local et 70% à l’export. Des études réalisées par PSA démontrant que la côte de ce genre de véhicule étant en hausse à cause de sa polyvalence (utilitaire, familial, loisir, agricole,…).

 

 

Stafim Industrie est une unité de montage du Peugeot Pick Up en SKD (montage complet du véhicule). L’investissement global est de l’ordre de 32 millions de dinars. Il devra générer, à terme, 400 emplois directs et indirects. L’usine s’étend sur 2 hectares dont 5.600 m2 couverts. Elle a été classée référente en montage SKD par PSA. Sa capacité de production annuelle est de 7.000 unités, pouvant doubler, et elle table sur un taux d’intégration locale avoisinant les 43%, grâce à un partenariat avec une vingtaine de fournisseurs industriels locaux. Affaire à suivre...

 

Imen NOUIRA

01/09/2019 | 15:59
7 min
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Commentaires (5)

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Kamel Dridi
| 02-09-2019 21:49
BBHY, c'est juste pour informer que cette voiture est de conception française (MR René BOESH) pour un utilisation et assemblage en Tunisie (avec les frères Omar et Zied Guiga) , sur une base châssis et moteur Peugeot Partner et comme le pickup Peugeot ça carrosserie fabriqué en Tunisie !!!
L'ingénieur concepteur Français Mr René BOESHC à vendu en 2005/2006 la marque aux deux frères Guiga. Après 10 ans d'exploitation le taux de composants « Made in Tunisie » et de 44% à 57% contre 43% pour le Nouveau Pickup Peugeot en seulement 2 ans d'exploitation !!!
On espère que dans les prochaines années que le taux augmentera...
Ce qui compte aujourd'hui sont les emplois créés, ainsi que les compétences acquises...

BBHY
| 02-09-2019 17:17
Cela me rappelle l'inauguration d'une salle de sport par un ministre il y a quelque temps.Il faudrait être un peu plus ambitieux. Au lieu de s'émerveiller sur l'expansion de Peugeot entreprise française en Afrique , qui n'est pas une entreprise tunisienne , l'état devrait soutenir les entreprises véritablement tunisiennes et leur donner les moyens d'exporter vers l'Afrique comme l'entreprise d'automobile WALLYS créée durant les années 90 par les courageux frères Guiga. L'état lui même pourrait s'équiper auprès de WALLYS ou des entreprise similaires tunisiennes, sans pour autant cesser de favoriser l'attrait des investisseurs français ou autres qui sont créateurs d'emploi, mais qui au final ne font que créer de l'emploi, sans pour autant transmettre la technologie avancée, et rapatrient final le produit de leurs ventes en devises vers l'étranger. Leurs délocalisation vers la tunisienne sont généralement en leur avantage à tous les niveau fiscal, salaires etc. , tout ce qu'on peut en tirer c'est la création d'emploi et un peu de savoir faire au niveau du montage.

Zba
| 02-09-2019 16:17
Que stafim ne trouve pas mieux que abderahhim zouari pour parler en son nom.
Une personnalité pas crédible.
Je ne lui fait pas confiance

Dr. Jamel Tazarki
| 01-09-2019 19:34
D'abord, Bravo Stafim Industrie,

Je donne une idée générale de l'avantage comparatif:
Je cite un texte d'un commentaire de @Rafik de Jendouba: "basé sur le principe des avantages comparatifs le néolibéralisme sous couvert de mondialisation est censé être générateur de richesses pour tous , chaque pays excelle dans le domaine qu'il maitrise et fait bénéficier l'humanité de sa maitrise c'est la notion de l'avantage comparatif développée au XIX ème siècle"

L'avion Airbus n'est pas un avion à 100% européen. En effet, Il se compose de plus de 30000 pièces qui peuvent être fabriquées de façon autonome les unes des autres et partout dans tous les pays du monde. Ces composants sont graduellement réunis en sous-ensembles qui sont associés lors de l'assemblage final à Toulouse, en France.

Les éléments de la brosse à dents électrique de la firme allemande Braun sont fabriqués dans tous les coins du monde où les prix de production sont minimaux: Manille (l'électronique); Japon (cellules d'énergie); Chine (bobines de cuivre); Malaisie (platine); USA (boîtier en plastique) et Allemagne (assemblage)'

Ainsi, la décomposition d'un produit permet la fabrication des différentes pièces dans des pays différents en fonction de leurs avantages comparatifs. La production est décomposée internationalement d'où le nom de "décomposition internationale du processus productif". Ce que l'on appelle en allemand: "Internationale Arbeitsteilung".

La théorie associée à l'avantage comparatif explique que, dans un contexte de libre-échange, chaque pays, s'il se spécialise dans la production pour laquelle il a la productivité la plus forte, comparativement à ses partenaires, il accroîtra sa richesse nationale. Cette production est celle pour laquelle il possède un avantage comparatif.

Le problème de la Tunisie et des Tunisiens c'est que si on voulait produire des machines, on voudrait les produire à 100% par nous-même et en Tunisie.

La libéralisation des échanges à l'échelle internationale ne peut fonctionner en Tunisie que si nos "hommes d'affaires" appliquent le principe associée à l'avantage comparatif. Nous avons intérêt à nous spécialiser dans la production pour laquelle nous possédons un avantage absolu, c'est-à-dire pour laquelle nous sommes plus compétitif que nos partenaires commerciaux, et à utiliser le surplus de notre production pour l'échanger contre les biens qu'on a renoncés à produire par nous-même.

Nous avons un avantage comparatif à nous engager, entre autres, dans le domaine du modélisme radiocommandé (Model RC), comme les hélicoptères, les avions, les voitures, les bateaux, les trains et les drones radiocommandés. Il s'agit d'un travail manuel qui fait beaucoup de plaisir. Oui, nous avons un avantage comparatif à nous engager dans le domaine du modélisme, si on accepte d'importer les radiocommandes ou les télécommandes (ensemble composé de l'émetteur, du récepteur, du servos, etc.). Il est absurde de nous engager dans la fabrication des télécommandes, si on veut se spécialiser dans le modélisme.

Encore des exemples: nous avons un avantage comparatif à utiliser l'énergie solaire que fossile, et vous savez pourquoi! Nous avons un avantage comparatif à développer l'aquaculture sur toute la côte méditerranéenne. Nous avons un avantage comparatif à développer l'hydro-culture, nous avons un avantage comparatif à produire des logiciels en utilisant les standards et le open source déjà existant sur le marché (les Tunisiens sont de très bon mathématiciens capables de la logique informatique) .

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien

Rubinstein-Chopin-Piano Concerto No.2
https://www.youtube.com/watch?v=T_GecdMywPw

Dr. Jamel Tazarki
| 01-09-2019 19:23
D'abord, Bravo Stafim Industrie,

Je résume (par manque de temps), qu'est ce qui a permis la mondialisation des échanges?
1) l'abaissement du coût des transports et notamment le transport maritime et aérien, le coût de transport maritime et aérien a diminué de 75% en comparaison aux années 50. Les porte-conteneurs ont des capacités de transport jusqu'à 15000 conteneurs. La valeur de la marchandise transportée par un seul porte-conteneur peut atteindre les 1,3 milliards de dollars en moyenne.
2) l'accroissement de la puissance de calcul et l'apparition d'Internet ont réduit énormément les coûts du traitement et de la transmission de l'information, ce qui a facilité en conséquence les transactions et les échanges internationaux.
3) La baisse pour les communications internationales, le prix d'une communication de trois minutes entre New York et Londres est tombé de 80$ en 1950 à 0.10$ en 2015.
4) des services longtemps considérés comme étant de nature locale sont désormais fournis par-delà les frontières via internet.

Fazit: si on voulait faire sortir la Tunisie de la crise socio-économique, je suis de l'avis de Mr. déclaré Abderrahim Zouari dans l'article ci-dessus: il faut investir et créer de l'emploi plutôt en Tunisie et exporter notre surplus partout en Afrique et ailleurs dans le monde. ==> Pour cela Il faut améliorer le niveau d'équipement et le rendement de nos ports et de nos aéroports. Sans une très bonne logistique de la Tunisie, il n'y aura jamais de développement socio-économique en notre pays. ==> Il est complètement absurde pour le moment d'exporter nos capitaux vers l'Afrique subsaharienne ou ailleurs, il faut plutôt produire et créer de l'emploi en Tunisie et exporter notre production locale là où nous sommes plus compétitifs (étant donné que le coût de transport maritime et aérien est négligeable)

Tout le malheur de la Tunisien vient de ce clan de malheur qui a dirigé la Tunisie entre 2011 et 2015, qui a gaspillé 25 Milliards d'euros et qui n'a rien investi en logistique et en infrastructure! Il est temps que tous ces vieux qui stagnent encore dans les années 60 de l'ancien millénaire laissent la place aux plus jeunes...