Unité de montage du Peugeot Pick Up en Tunisie : Promesse tenue !
Il y a moins d’un an, la presse internationale était réunie à Hammamet pour essayer le nouveau Pick Up Peugeot qui signait son grand retour . A cette occasion, Abderrahim Zouari, vice-président de Stafim Peugeot, avait indiqué que l’inauguration de l’usine de montage tunisienne aura lieu à la date du 25 juillet 2018. Aujourd’hui, c’est chose faite. Reportage.
«C’était un rêve, c’était une idée, aujourd’hui c’est une réalité», a déclaré M. Zouari ce matin à l’inauguration du site en présence du chef du gouvernement, de deux ministres, d’un secrétaire d’Etat et des chefs du patronat et du syndicat. Et d’ajouter : «Pour une fête nationale, il faut un produit national et on l’a habillé avec le drapeau national. Maintenant, il s’agit de l’exporter et il faut que le gouvernement nous aide».
«Le choix de cette date est une merveilleuse idée et annonciateur d’une grande réussite», a estimé, pour sa part, Jean Christophe Quémard, directeur de la région Moyen-Orient et Afrique au sein du Groupe PSA.

Conscient de l’importance de ce genre de projets pour l’économie nationale et sa relance, Youssef Chahed était présent. «Nous saluons ce type de projets, et s’il est une chose dont il est la preuve c’est la reprise économique et la confiance retrouvée des investisseurs étrangers. Nous pouvons en faire plus à condition de garantir une stabilité sécuritaire et politique. Les indicateurs sont au vert et l’avenir sera meilleur si nous gardons foi en nous et en nos compétences», a-t-il souligné.
Un avis partagé par Samir Majoul, patron des patrons qui s’est dit «très heureux d’être là». Pour lui, «ça prouve que l’investissement privé continue avec les partenaires internationaux. Ça prouve aussi que la Tunisie est sur la voie de la relance. Ce qui est important pour nous, c’est de continuer sur cette lancée, de faire en sorte que notre site soit de plus en plus compétitif et attractif par les pratiques et par les lois. Il faudrait aussi qu’on soit compétitif en matière de logistique. En matière sociale, il y a d’excellentes relations en Tunisie entre les partenaires sociaux UGTT et Utica, ce qui conforte les investisseurs». En outre, il estime que : «La Tunisie doit réfléchir pour confirmer sa position en tant que hub pour l’Afrique, les accords d’intégration du Comesa est une excellente initiative, mais il faut aussi encourager nos industriels à l’investissement à l’étranger. Aujourd’hui, nos concessionnaires automobiles peuvent se développer en Afrique et y ouvrir des concessions et être aussi une plateforme de distribution de la production tunisienne. Il y a aussi tout un secteur de composantes, qui honore l’économie nationale, qui a fait ses preuves un peu partout dans le monde et qui doit être justement développé et encouragé pour maintenir sa performances et peut-être l’améliorer».

Annoncé lors de la conférence internationale de l’investissement «Tunisia 2020», Stafim Industrie en est la concrétisation. «Nous nous sommes engagés devant le président de la République lors du sommet 2020 à la réalisation de ce projet industriel. Nous avons fait une promesse et œuvré à la concrétiser. Vous avez devant vous aujourd’hui un produit national, un produit tunisien et son taux d’intégration avoisinera les 43%. (…) plusieurs composants automobiles dans cette usine sont produits par l’industrie nationale», a affirmé Abderrahim Zouari. Et d’ajouter d’un air malicieux à Nourredine Taboubi : «Dans cette usine nous intégrons un bloc social : la cantine, le vestiaire et la douche pour que la productivité soit au rendez-vous».

Ce projet est aussi un coup de pouce du constructeur français à l’économie nationale après avoir senti la déception des Tunisiens suite à l’installation de l’usine PSA au Maroc, comme l’explique M. Quémard. «M. Zouari nous a challengé et d’une idée nous sommes arrivés en moins de 2 ans à ce site d’assemblage», précise-t-il. Mieux, le responsable PSA annonce un nouveau produit pour cette unité.
«Nous ne sommes pas là pour une opération one-shot. Nous réfléchissons à regarder plus loin et nous travaillons sur le prochain produit qui sera assemblé dans cette usine. Nous allons continuer à développer la base fournisseur et la Tunisie», a-t-il soutenu. Et de souligner : «Notre idée est de faire de ce site tunisien le point de départ de l’exportation de ce véhicule produit ici et à vocation de le rester». Il a rappelé les engagements du groupe PSA en Tunisie, il y a 3 ans, pour l’achat de 100 millions d’euros de composants supplémentaires. «Chose faite, l’année dernière nous avons importé pour 300 millions d’euros qui passeront à 350 millions d’euros cette année si tout va bien et d’ailleurs tout va bien», a-t-il précisé.

Stafim Industrie est une unité de montage du Peugeot Pick Up en SKD (montage complet du véhicule). L’investissement global est de l’ordre de 32 millions de dinars. Il devra générer à terme 400 emplois directs et indirects. L’usine s’étend sur 2 hectares dont 5.600 m2 c ouverts. Elle a été classée référente en montage SKD par PSA. Elle possède une capacité de production annuelle de 7000 unités qui peut doubler avec un taux d’intégration locale avoisinant les 43%, grâce à un partenariat avec une vingtaine de fournisseurs industriels locaux. Parmi eux, Carthage trailer, implanté à Zaghouan et qui fait les bennes et CEFER à Sfax qui est chargé du traitement cataphorèse benne.

Le vice-président de Stafim Peugeot ne cache pas ses ambitions : atteindre 13.000 unités produites et dont une grande partie sera destinée à l’export, notamment vers l’Afrique.
En effet, selon les accords entre les deux partenaires, la Stafim se charge de la commercialisation du produit en Tunisie, et PSA de sa commercialisation hors Tunisie. Mais avant cela, il faudrait dépasser le taux d’intégration de 40%. Une histoire de paperasserie, note M. Zouari, puisque le produit a effectivement dépassé les 43% de taux d’intégration et pourrait atteindre les 50% si les sièges étaient comptabilisés.
«Malgré les difficultés, on avance. Nos difficultés nationales se répercutent chez nous. On essaye de lutter contre ça», a-t-il martelé et d’ajouter : «Il faut croire en notre pays et son développement».

Pour Jean Christophe Quémard, il faudra surtout assurer la qualité et la capacité. Interrogé par Business News sur le fait que la Tunisie soit un terrain favorable pour le développement de cette unité, il a été direct : «Il y a un terrain favorable, mais il y a de gros challenge. Il ne faut pas se raconter des histoires : la stabilité du pays est une question, l’environnement social est une question, les infrastructures sont une question, la bureaucratie est une question, ce n’est pas si simple. Le terrain favorable s’est un tissu industriel qui existe et le personnel bien formé, mais il y a de réels challenges. Notre partenaire est là pour résoudre ces difficultés».
Le secteur automobile a toujours été stratégique pour la Tunisie. Il s’agit d’un secteur porteur qui capte les investissements, qui emploie une main d’œuvre qualifié et qui exporte énormément. Stafim Industrie en est une nouvelle concrétisation, la prochaine étape sera l’export.
Imen NOUIRA