
« Des parachutistes des forces spéciales ont débarqué dans le désert aride du nord du Sahara, déployant le croissant de lune et l’étoile du drapeau tunisien rouge et blanc » : par cette image frappante, la Force opérationnelle sud-européenne de l’armée américaine en Afrique, a salué la clôture de la phase tunisienne de l’exercice militaire African Lion 2025 (AL25). Un événement majeur qui a rassemblé, pendant près de deux semaines, plus de 1.700 militaires de plusieurs pays sur la zone d’entraînement de Ben Ghilouf, au sud du pays.
Le 30 avril, ce grand rendez-vous s’est achevé par un exercice interarmes de tir réel, sous les yeux de hauts responsables militaires américains et alliés. Le lieutenant-général John W. Brennan, commandant adjoint de l’USAFRICOM (le Commandement des États-Unis pour l’Afrique), a insisté sur la portée stratégique de cette démonstration de force : « La guerre moderne nous impose de ne jamais nous engager seuls. Cet exercice prouve que les États-Unis disposent de partenaires professionnels et pleinement compétents à leurs côtés ».
Pour la huitième année consécutive, la Tunisie a joué le rôle de pays hôte dans ce qui est devenu la plus grande manœuvre militaire multinationale sur le continent africain. Cette 21e édition de l’African Lion, dirigée par la Force opérationnelle sud-européenne de l’armée américaine (SETAF-AF) et supervisée par l’USAFRICOM, se poursuit en mai dans d’autres pays, notamment le Ghana, le Maroc et le Sénégal, avec au total plus de 10 000 militaires venus de plus de 40 nations, dont des alliés de l’OTAN.
Sur le sol tunisien, les États-Unis ont coordonné leurs opérations avec des contingents français, italiens, espagnols, mais aussi avec des troupes africaines en provenance du Ghana, du Kenya, de Libye, du Nigéria, du Sénégal, et bien sûr de la Tunisie. Au programme : lutte contre les engins explosifs improvisés, entraînement aux réponses face aux menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN), défense aérienne, opérations d’artillerie et parachutages.
« Travailler avec nos partenaires tunisiens, marocains et sénégalais ne se résume pas à une poignée de main. Il s’agit d’apprendre comment chacun combat, pense et s’adapte », a expliqué le major américain Daniel Dreyer, officier des opérations. De jour comme de nuit, des tirs réels ont validé l’usage d’une large gamme d’armements, des fusils de précision aux missiles sol-air Stinger, en passant par le système Avenger et les obusiers.
Au-delà des démonstrations militaires, des formations universitaires ont aussi été organisées, portant sur l’état de droit, les soins médicaux en contexte de combat, l’évacuation aéromédicale et le renseignement cybernétique. Une manière pour Washington de renforcer les capacités de ses partenaires tout en consolidant son influence sécuritaire en Afrique du Nord.
Pour l’ambassadeur américain, Joey Hood, cet engagement renouvelé de la Tunisie témoigne de son rôle croissant en tant que « fournisseur régional d’expertise en matière de sécurité ». « Nous sommes ravis que la Tunisie accueille l'exercice African Lion pour la huitième fois », a déclaré Joey Hood, ambassadeur des États-Unis en Tunisie. « Cela témoigne à la fois du leadership de la Tunisie et de notre solide partenariat bilatéral, qui remonte à plus de deux siècles. Le soutien de la Tunisie à l'exercice AL25 et à des exercices similaires, notamment Phoenix Express prévu plus tard cette année, est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles elle est devenue un fournisseur régional d'expertise en matière de sécurité ».
Mais derrière ces images de coopération et de camaraderie militaire, l’African Lion continue surtout de préparer le terrain à des conflits potentiels, en améliorant l’accès aux théâtres d’opérations, en renforçant les infrastructures et en consolidant l’alignement stratégique des pays partenaires face aux « menaces terroristes mondiales ».
R.B.H


