Il ne s’est pas écoulé quelques heures, Monsieur le Premier Ministre, que votre discours d’aujourd’hui a eu toutes sortes de réactions, la plupart positives. En tout cas dans les cercles dont je fais partie.
Dans ce discours, j’ai entendu beaucoup de choses à propos de la situation économique et sociale en Tunisie, et cela, vous conviendrez, n’est rien de nouveau : coût de la vie, inflation, balance commerciale, chômage, crise de l’investissement, le problème des Caisses, la sécurité et le terrorisme, le manque de propreté dans les rues et ailleurs,…
Oui nous sommes tous (plus ou moins coupables) et oui il faut sauver la Tunisie. Mais combien avant vous ont tenu le même langage ? « More of the same » diront certains.
Voyez-vous, Monsieur le Premier Ministre, vous et moi sommes nés dans un pays où personne ne fait confiance à personne. Et par dessus tout, personne ne fait confiance à cette « chose », le « on », le « houma », les « autres », ce « power that be » qui décident tout et de tout, une sorte de main invisible qui détient la science infuse de ce qui explique l’inexpliqué en Tunisie.
« On » a décidé, « on » a fait, « on » a légiféré, ce « on » inodore, incolore, immatériel, sans corps ni ossature et visqueux à souhait, existe semble-t-il du côté du gouvernement auquel personne ne fait plus confiance.
La priorité pour vous,Monsieur le Premier Ministre, est de rétablir cette confiance et d’appeler un chat un chat. Que ce « on » disparaisse. On nous parle beaucoup de corruption mais jamais un responsable n’ira nommer le « on ». On ne sait jamais comment une affaire de corruption se termine. L’affaire du conteneur du Belge et la manière dont elle a été résolue n’a rien fait pour augmenter la confiance dans ce « on ». La Tunisie a ce quelque chose d’inscriptible qui la tient loin de la vraie information. On nous parle beaucoup d’hommes d’affaires véreux, de capitaines d’industries sans foi ni loi, de mafias intouchables, pourtant le commerce parallèle et la contrebande continuent de plus belle avec photos et vidéos à l’appui.
Les Tunisiens qui n’ont pas confiance hésiteront à payer leurs impôts. Pourquoi le feraient-ils, pour que les « autres » en profitent ? Les Tunisiens qui n’ont pas confiance trichent. Pourquoi pas, sachant que s’ils ne le font pas, d’autres le feront. Les Tunisiens qui n’ont pas confiance ne balaieront pas devant leur porte, c’est le travail des « autres ». Et c’est ainsi que la corruption a franchi les portes de nos écoles et universités !
Pour rétablir cette confiance, il suffit d’avoir quelques scandales. Un ou deux feront l’affaire. Démasquez ceux-là qui sont derrière les actes de corruption. Pratiquez ce que vous prêchez, combattez la corruption de front, comme d’autres ailleurs l’ont fait avec la mafia, récréez une antimafia tunisienne.
Vous avez dit que le Tunisien mérite de savoir la vérité.
Le Tunisien veut savoir la vérité !
* PhD, Professeur de l’Enseignement Supérieur, "Organizational Information Systems and Technologies", Institut Supérieur de Gestion
Commentaires (34)
CommenterEt voilà! Enfin.
ndhif ena ndhif
Avec tout le respect dû à l'auteur
Confiance
on
@LOUADI
Directeur
@ Professeur de droit
La lutte contre la corruption et le commerce parallele est une priorite
aux commerce parallele...Appliquez la loi.
La Tunisie, un pays «civilisé » !
Cette phrase du professeur résume tout. Dans un pays où il n'y a ni confiance entre ses habitants ni solidarité s'appelle un pays « civilisé » à l'image des sociétés occidentales que les dirigeants politiques et les membres de l'élite se vantent d'être bien « intégrés » dans tous les sens. Et si les dirigeants occidentaux arrivent à dissimuler l'inexistence de ces éléments essentiels dans une société humaine par l'intoxication tous azimuts et des moyens gigantesques de propagande en faveur de leur « génie créateur » et surtout de leurs minorités de milliardaires ce n'est pas le cas dans un pays comme la Tunisie ou n'importe lequel des pays arabes, africains, asiatiques ou sud-américains. En plus, les occidentaux ont aussi d'autres instruments pour camoufler le caractère atroce, barbare et inhumain de leur « Way of Life » ils n'ont jamais hésité à envahir des pays partout dans le monde pour leur voler leurs richesses. Sinon au lieu d'aller chez l'un ou l'autre des « Think Tank » à New York ou à Washington pour recevoir un « Prix » quelconque de vilénie et de honte allez-y faire un tour du côté des Bronx, des Harlem, des Brooklyn autour de toutes les villes usaméricaines. Il est fort possible qu'on s'en sortira jamais vivant. Ce sont les équivalents des Ettadhamen autour de toutes les villes tunisiennes.
Deux journalistes européennes s'étaient dernièrement rendues à Tunis pour faire un reportage et sont allées voir le quartier Ettadhamen. Le chauffeur de taxi qui va les transporter les a bien mises en garde en ces termes : « Je ne vais pas m'arrêter à tout point que je considère dangereux ! » Effectivement il a refusé de s'arrêter à plusieurs endroits. Et le reste du reportage est tout simplement hallucinant, ahurissant et terrifiant.
Evidemment dans les villes usaméricaines ou européennes les «forces de l'ordre » sont de plus en plus sophistiquées et armées jusqu'aux dents et ont carte blanche pour tirer à vue sur n'importe qui qu'on considère « dangereux délinquant armé » ou probable « terroriste » bourré d'explosifs.
Par conséquent la Tunisie n'a pas les mêmes moyens pour dissimuler les « poudrières » que constituent les quartiers Ettadhamen, mais les dirigeants tunisiens ont le même esprit ou état d'âme impitoyable que leurs homologues occidentaux et ça leur suffit. Et quand les choses prennent des tournures menaçantes, ils savent que l'OTAN, cette organisation de terreur mondiale, les forces spéciales françaises, allemandes oui allemandes, et certainement d'autres du même hémisphère sont prêtes à intervenir et leur donner un coup de main'