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Chroniques
Le 7-Novembre, parlons-en !
07/11/2017 | 15:59
4 min

Ben Ali n’est plus là depuis bientôt 6 ans et pourtant, on ne parle que de lui aujourd’hui.

Le hashtag « 7-Novembre » pullule sur la toile. Des internautes nostalgiques d’une époque où ils n’avaient pas à s’en faire pour leur sécurité, pour leur porte-monnaie, pour l’éducation de leurs enfants et pour la valeur de leur dinar lorsqu’ils quittent le pays. Des citoyens qui vivaient paisiblement et ne se posaient pas les questions existentielles de savoir s’ils pourront payer leurs factures, remplir leur caddie au supermarché, si leurs jeunes enfants devaient intégrer une école publique ou privée et comment faire passer à leurs adolescents l’envie d’aller se faire exploser sur des territoires inconnus ou de mourir en mer, dévorés par les poissons.

 

Ben Ali est aujourd’hui, pour beaucoup, synonyme de stabilité, de sécurité, d’une économie florissante et d’une image glorieuse de la Tunisie à l’étranger. Du temps où le pays avait encore des dirigeants dignes de ce nom, des ministres bien habillés, des compétences avérées et reconnues internationalement et une image que rien ne pouvait ternir.

Beaucoup de gens sont aujourd’hui nostalgiques de cette époque et espèrent, de moins en moins secrètement, son retour. Un dirigeant à poigne, qui saura mener le pays d’une main de fer, un dictateur éclairé, un despote guidé par de nobles missions et qui voudra le bien du pays. Un retour à la sécurité et à la stabilité, à une vie politique moins rocambolesque et où les minus et les arrivistes n’auront pas droit à la parole. Un homme tout puissant qui saura nous guider, condamner tous les terroristes à la peine capitale et rendre les rues propres et sûres de nouveau.

 

Autant de formules mielleuses pour maquiller un retour à la dictature politique et à la répression policière. Ceux qui sont aujourd’hui nostalgiques de l’époque Ben Ali oublient que, si nous en sommes là aujourd’hui, c’est à cause justement de cette période. Ils oublient que si le dictateur a pris la fuite, ce n’est pas à cause des milliers de révolutionnaires qui sont sortis manifester dans la rue, mais  du laisser-aller, et de la répression qui a fleuri et de la corruption qui a atteint des sommets astronomiques.

 

Les chiffres sont aujourd’hui en faveur de Ben Ali. L’économie se portait mieux, le pays était plus sûr, les investisseurs venaient et les touristes réservaient en masse. Tout est bon pour alimenter les arguments primaires des citoyens qui préfèrent qu’on leur serve tout sur un plateau que de mettre la main à la pâte. Ces mêmes citoyens qui préfèrent fermer les yeux sur de lourds dépassements afin de ne pas avoir à s’inquiéter des petites choses de la vie. On dit que la corruption est pire aujourd’hui que ce qu’elle était, que l’enseignement ne vaut plus rien, que les diplômés et les compétences ne retrouvent plus de travail et que les puissances internationales nous regardent désormais avec mépris et dédain.

 

Qu’on se le dise, aujourd’hui, le pays se porte plus mal que ce qu’il était sous Ben Ali. Mais s’il est ce qu’il est aujourd’hui, ce n’est pas parce que Ben Ali a été chassé. C’est parce qu’il a, contribué, 30 années durant, à construire cet équilibre précaire qui ne pouvait durer plus longtemps et dont la fin était plus que prévisible. C’est aussi, et surtout, parce que nous l’y avons aidé et parce que les Tunisiens se sont tellement complu dans la stabilité et la sécurité qu’ils en récoltent les fruits aujourd’hui.

 

Il y a 30 ans, c’était soit Ben Ali, soit les islamistes. Ben Ali avait gouverné le pays par la peur, à coup de slogans mensongers, et de promesses de changement.  Aujourd’hui, les islamistes détiennent le pouvoir grâce, justement, à Ben Ali.

30 ans après, si le pays n’est plus ce qu’il était, les islamistes eux n’ont pas vraiment changé. Les mêmes méthodes pernicieuses et sournoises sont de rigueur. Méthodes revigorées par un discours de victimisation dont ils peuvent se prévaloir. Jetés en prison et malmenés pour avoir été « des opposants politiques », entendez par là takfiristes et même terroristes pour certains, les islamistes détiennent enfin un avantage.

 

Aujourd’hui, nombreuses personnes voient un nouveau 7-Novembre pointer le bout de leur nez. Un retour à la dictature qui sera applaudi par ceux qui n’hésitent pas encore à dépoussiérer de vieilles méthodes, à aduler les dirigeants et à les accueillir en fanfare. Par ceux qui en ont marre que le changement tant espéré ne vienne pas. Par ceux qui n’en ont que faire des libertés si chèrement acquises et par ceux que trop de libertés exaspèrent au plus haut point. Vous y croyez, vous ?

 

 

07/11/2017 | 15:59
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Commentaires (45)

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Bob
| 14-11-2017 03:11
C'est quand même curieux de constater qu'il existe encore au 21 siècle des citoyens qui appelle au rétablissement de la dictature, alors que dans le monde, et à travers les siècles, des hommes et des femmes ont donné leur vie pour instaurer la démocratie. C'est cette démocratie instaurée qui a permis aux pays occidentaux de progresser dans tous les domaines. Inversement, les pays en retard sont les pays qui n'ont pas connu la démocratie. Il suffit de regarder les pays arabes(riches ou pauvres), les pays africains et certains pays asiatiques, pour constater que leur absence de démocratie séculaire s'accompagne systématiquement d'un sous-développement aussi ancien. La Tunisie a connu la colonisation pendant 3/4 de siècle puis, plus de 50 ans de dictature, elle lutte depuis seulement 6 ans, contre vents et marées, pour sortir de ces périodes sombres, elle ne pourra pas échapper au désordres de toute sorte qui accompagnent la première période de la sortie du tunnel. Tout bouleversement important crée une période de transition chaotique. Toutes les nations anciennement ou nouvellement démocratiques ont connu cette période difficile. Je reproche à l'auteur de cet article Synda Tajine, d'évoquer un anniversaire aussi traumatisant pour la majorité des tunisiens. Il est indispensable de laisser les historiens faire un travail d'investigations long et documenté quand les passions auront baissé. L'article de S.Tajine, ne peut apporter le moindre intérêt, sinon celui de semer la zizanie et donner une importance à un ''anniversaire'' -un triste accident de l'Histoire- qui appuie sur les plaies encore vives des générations qui ont subi la dictature la plus abjecte. Il suffit de lire les commentaires pour se convaincre de la maladresse de l'auteur de l'article. Il reste à parler de l'avenir. Si la démocratie s'installe de façon réelle et tangible, le progrès suivra... sinon nous continuerons à patiner (on a patiné pendant plus d'un demi siècle, et cela arrangeait les esclaves-esclavagistes, les profiteurs, les parasites qui suçaient le sang du peuple et qui appelle de leurs v'ux le retour d'un dictateur) et nous faire distancer irrémédiablement par les pays démocratiques. Le choix est simple, il est crucial.

Fdaoui
| 10-11-2017 08:33
Si des élections présidentielles se réaliseraient aujourd'hui,parmi les personnalités suivantes, pour qui les tunisiens auraient t-ils voté?
1: Béji Caïed Essebsi
2: Moncef Marzouki
3: Rached Ghannouchi
4: Zine El Abidine Ben Ali
5: Samia Abou

Est ce que Sigma Conseil a t'elle la réponse?

Abdel2.
| 10-11-2017 06:38
Je doute que toutes ces cartouches ramassées n'étaient pas l''uvre de la 'police' de Ben Ali.
De toute façon, complot ou pas, aucun Tunisien ne serait sorti manifester si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Complot ou pas, la troïka ne serait jamais arrivée au pouvoir si les abstentionnistes s'étaient donné la peine d'aller voter contre, ne serait-ce qu'en choisissant le moindre mal.
Complot ou pas, si seuls les islamistes ont la discipline d'aller voter en bloc en 2019, ils gagneront hélas les élections.
Désolé, mais le c'ur des problèmes tunisiens n'est pas à l'autre bout du monde.
Cordialement.

Kameleon78
| 09-11-2017 11:29
Il a été démontré que les snippers ont été armés et financés par les qataris. Le 14 janvier est un complot islamo-sioniste fomenté par les américains.

Abdel2.
| 09-11-2017 07:04
Des Tunisiens sont morts sous les balles des snipers de Ben Ali, allah yarhamhom, pour que nous puissions enfin nous exprimer et voter librement et surtout ne plus avoir à subir un nouveau Ben Ali ou un nouveau 7 novembre.
Un gros merci leur est dû.

Joan
| 08-11-2017 23:05
Sous BA les boutiques étaient pleines de touristes les femmes tunisiennes etaient élégantes après le passage d'encules de frères musulmans plus de touristes le voile est revenus le dinar vaut 3 cacahuètes en un mot vous êtes dans la merde

Larry
| 08-11-2017 19:22
On sait qui va bientôt se faire virer .... mais quand ?

- 07 novembre
- 14 janvier
- ???

.... La pression monte et le peuple commence à gronder !

Zohra
| 08-11-2017 19:05
Bonsoir,

Je suis perdue moi, donc pas sissi, les gens ne sont pas digne de la démocratie. Pour franche moi je souhaiterais un Bouguiba bis comme n'y aura jamais dans l'autre monde peut être.

Merci je beaucoup d'enfants j'ai une fille et un garçon ça suffit amplement.

Amicalement

TeTeM
| 08-11-2017 18:28
Effectivement, on ne peut pas tout mettre sur le dos de Ben Ali. Il a fait de mauvaises choses et de très bonnes. Sa plus grande erreur et de ne pas avoir compris à temps qu'il fallait passer la main.

Des élites qui roulent dans de grosse voiture, les écoles préstigieuses? Rien de nouveau. Il ne me semble pas que le clan Ben Ali se pavanait à Carthage à bord d'une sayara chaabiya".

Le terrorisme? Est-ce vraiment un problème propre à la Tunisie? On est certes au coeur du problème mais si ça pete chez nous c'est que notre mode de vie "à l'européenne" dérange les barbus : Paris, Nice, Berlin, New York, Londres, Barcelone.... Voilà aussi des villes dans des nations développée où il y a du terrorisme. Par ailleurs, la propagande de ZABA vous a fait oublier que les terroristes pouvaient aussi passer à l'acte sous ZABA. Avez-vous déjà oublié le camion citerne qui a visé la synagogue de la Ghriba.

TeTeM
| 08-11-2017 18:23
Quand le Sissi Tunisien fera mettre en prison vos fils ou vos filles, vous regretterez le temps des libertés. Sissi n'a rien d'un dictateur éclairé. C'est un tyran de la pire espèce.