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Étude "Réflexions" : l'enseignement public garde la confiance des Tunisiens, malgré la déception !
12/09/2023 | 09:21
12 min
Étude


La question de la concurrence entre l’enseignement public et l’enseignement privé ne cesse d’être abordée par le ministère de l’Éducation et les syndicats. En collaboration avec le bureau d'études et de conseil en Marketing "Réflexions", Business News a tenté d'apporter à la question un regard scientifique. Mais, qu’en pensent les parents d’élèves ? Comment évaluent-ils ces secteurs et les établissements scolaires concernés ?


Afin de répondre à ces questions, le bureau de recherche, études et conseil en marketing "Réflexions" a conduit une étude sur « L'image et la perception de l'enseignement public et de l’enseignement privé en Tunisie » pour le compte de Business News. Cette étude a porté sur deux systèmes éducatifs distincts coexistant dans notre société. « Chacun ayant ses caractéristiques spécifiques pour répondre aux besoins et aux préférences des parents et des élèves. L'enseignement public, qui est un système historique financé par l'État, vise à offrir un enseignement accessible à tous tandis que l'enseignement privé, système tendance financé par des ressources privées, propose une deuxième alternative qui a ses spécificités », lit-on dans l’étude.

L’étude s’est penchée sur le poids réel de chacun d’entre eux à travers la réalisation d'une enquête portant sur un échantillon de 500 parents d’élèves âgés de 25 ans. 91,2% de leurs enfants sont inscrits à l’école publique, soit 456 ménages. Ce chiffre nous donne déjà une idée sur le véritable poids de l’enseignement public. Il s’agit d’un bref rappel de la réalité. L’école publique demeure la composante centrale, voire majoritaire du système éducatif tunisien. Interrogés sur les raisons du choix du système public, 55,7% des ménages ayant des enfants inscrits dans des établissements publics ont évoqué comme principales raisons les faibles coûts et frais de scolarisation. 42,1% d’entre eux ont cité l’accessibilité pour tous et 21,9% l’acquisition d’un bon niveau d’étude affirmant que le système public reflétait le véritable niveau des élèves.




De l'autre côté du classement, les raisons les moins évoquées sont la confiance dans le système public et l’épanouissement des enfants avec chacun 0,7%. L’aspect commercial de l’enseignement privé, la bonne préparation à la vie à l’étranger et la bonne préparation à la vie sociale récoltent chacun 0,4%. Enfin, la raison la moins évoquée est la question de la volonté avec 0,2%.

On remarquera que dans l’ensemble, la question de la garantie d’une bonne formation scolaire a été évoquée malgré les nombreuses critiques visant le système public et les innombrables débats et autres prestations médiatiques s’attaquant directement à l’école publique. Les parents ayant inscrit leurs enfants dans des établissements étatiques croient encore en l’efficacité de ces institutions. Ils expriment une nostalgie envers l’école qu’ils ont fréquenté.

Paradoxalement, les parents, majoritairement évoquant la question du niveau scolaire et l’accessibilité, ont exprimé de l’insatisfaction envers leur expérience dans l’enseignement de leurs enfants. Seulement 5% se disent extrêmement satisfaits, 5,7% très satisfaits et 18,6% satisfaits. Ces taux représentent un total de 29,3%. En contrepartie, 14,7% ont dit être extrêmement insatisfaits, 10,1% très insatisfaits et 28,1% insatisfaits, soit un total de taux d’insatisfaction de 52,9%. Les 17,8% restants ont indiqué être ni satisfaits ni insatisfaits.

On remarquera que le taux de personnes insatisfaites est considérable. 41,5% des personnes insatisfaites ont évoqué l’incompétence et l’inefficacité des enseignants. 40,7% sont revenus sur les interruptions récurrentes des cours et les grèves répétitives et 39% ont cité le niveau académique moyen. Plusieurs raisons se trouvent en bas du classement représentant chacune 0,4% de l’échantillon. On peut citer la violence, la taille des classes, le système corrompu ou encore la discrimination entre les élèves.




Concernant les personnes extrêmement insatisfaites, 55,2% des parents d’élèves d’établissements publics ont, également, évoqué l’incompétence et l’inefficacité des enseignants, 40,3% le niveau académique très moyen et 37,3% la suspension récurrente des cours et les grèves répétitives. Cet élément se trouve dans le Top 3 des causes d’insatisfaction et d’insatisfaction extrême. Il semble être sur toutes les langues lorsque le débat autour de l’enseignement public est ouvert.




Néanmoins, et malgré les critiques et l’insatisfaction, 86,2% des parents d’élèves de l’enseignement public n’envisagent pas de transférer leurs enfants dans des établissements privés. Seulement 6,1% disent être de 76% à 100% prêts à switcher, c’est-à-dire, à transférer leurs enfants vers un établissement de l’enseignement privé. Ils évoquent comme principale cause la qualité de l’enseignement dans le privé (39,7%), la garantie d’un environnement plus sécurisé et d’un soutien permanent aux élèves (38,1%), des infrastructures modernes et des ressources pédagogiques riches (20,6%) et une approche pédagogique très avancée et la possibilité de progresser (20,6%).




Pour ce qui est de l’enseignement privé, les ménages ayant des enfants inscrits dans ce genre d’établissements représentent 13% de l’échantillon, soit 65 ménages. Ce chiffre confirme le constat au sujet des véritables poids de l’enseignement public et privé. Ce dernier, souvent évoqué et faisant l’objet de controverses, reste négligeable. Interrogés sur les raisons du choix du système privé, 44,6% des ménages ayant des enfants inscrits dans des établissements privés ont évoqué comme principales raisons le bon niveau d’études. 36,9% d’entre eux ont cité la discipline et 27,7% la compétence et l’engagement des enseignants.




De l'autre côté du classement, les raisons les moins évoquées sont la bonne préparation à la vie professionnelle (4,6%). Le choix des élèves, la bonne préparation aux concours nationaux et la taille des classes réduites récoltent chacun 3,1%. Enfin, la difficulté d’accéder au choix d’orientation dans le secteur public, la proximité géographique et l’accessibilité pour tous occupent les dernières places du classement avec respectivement 1,5% des avis.

De même que pour le secteur public, ce qui préoccupe le plus les parents est la garantie d’un bon niveau de formation. Cette question fait partie du Top 3 des raisons ayant poussé les parents à opter pour le système privé. Par contre, la discipline apparaissant en 2e place du classement pour le secteur privé se trouve reléguée à la 9e place pour l’enseignement public. Les parents ayant des enfants dans des établissements privés semblent être convaincus de la rigueur au sein de ces institutions. D’ailleurs, les autres raisons justifiant le choix du système privé sont fortement liées à cet élément. Nous pouvons citer à titre d’exemple le bon encadrement des élèves, les programmes et méthodes pédagogiques riches ou encore une bonne préparation à la vie professionnelle dans le futur. 

L’étude indique que 36,9% des parents d’élèves de l’enseignement privé sont satisfaits, 9,2% très satisfaits et 20% extrêmement satisfaits. Ces chiffres cumulent un total de taux de parents satisfaits de 66,1%. Ce taux est très proche des deux tiers des parents d’élèves de l’enseignement privé. 12,3% disent être ni satisfaits ni insatisfaits. 9,2% se disent être insatisfaits, 6,2% se disent être très insatisfaits et 6,2% extrêmement insatisfaits. Ainsi, et dans l’ensemble, la question de l’insatisfaction des parents d’élèves de l’enseignement privé représentent 21,6%.




Le taux d’insatisfaction n’est pas élevé mais reste remarquable. Il s’agit de plus d’un parent sur cinq d'élèves inscrits dans des établissements privés. 74% des parents d’élèves de l’enseignement privé se disant être insatisfaits ont évoqué un niveau académique très moyen, 57,1% des programmes et des approches pédagogiques pas assez riches, 35,7% des coûts assez conséquents, 21,4% des enseignants inefficaces et manquant de compétences et 7% une pression académique. À noter que cette catégorie comporte quatorze ménages.



Du côté des parents d’élèves de l'enseignement privé satisfaits, le nombre s’élève à 43 ménages. 69,8% d’entre eux évoquent comme raison de leur satisfaction l’acquisition d’un bon niveau d’étude, 46,5% le bon rapport qualité de l’enseignement et de l’accessibilité et 34,9% l’enseignement de qualité. De l'autre côté du classement, se trouvent la sécurité des enfants et la bonne base aux concours nationaux avec chacun 11,6%. La proximité géographique, quant à elle, représente 4,7%. La non-comptabilisation des mois sans cours, les méthodes et les programmes pertinents, la discipline et l’absence de rigueur lors de l’évaluation du niveau des élèves représentent chacun 2,3%.

 

 

Ces chiffres montrent, encore une fois, l’idée selon laquelle les établissements privés garantissent à la fois une meilleure qualité d’éducation et un espace sécurisé pour les enfants. Même si des parents d'élèves du système privé se disent être insatisfaits de l’enseignement privé, 81,5% d’entre eux ne considèrent pas la possibilité de transférer leurs enfants du privé vers l’étatique. Au total, 18,5% se disent prêts à opérer ce changement. Seulement 10,8% se disent être de 76% à 100% prêts à cela. Les 18,5% prêts à opérer le switch, c’est-à-dire passer du privé à l’étatique évoquent comme principal motif la haute qualité de l’enseignement (41,7%), les coûts assez conséquents du privé (33,3%) et la faiblesse des programmes et des méthodes pédagogiques et leur inadéquation (33,3%).




L’étude sur « L'image et la perception de l'enseignement public et de l’enseignement privé en Tunisie » nous révèle plusieurs choses. Elle rappelle le véritable poids de l’enseignement public et ce qu’il représente vraiment. Il ne s’agit pas seulement d’un nombre considérable d’élèves ou d’enseignants, mais, pour l’opinion publique, d’une véritable institution. Les réponses des parents d’élèves, notamment de ceux inscrits dans l’école publique, mettent en avant un attachement au système étatique. Un système offrant en quelque sorte le même accès à l’enseignement.

Les parents participant à l’étude ont évoqué la question de la suspension récurrente des cours et les grèves ayant considérablement porté atteinte à l’image de ce secteur. Il s'agit, en plus de la question de la formation des enseignants et de leur niveau, de la principale critique adressée à l’enseignement public. Ce secteur est assimilé, depuis la révolution, à la situation générale désastreuse du pays. Cette étude, ainsi que les différents débats, mettent en avant l’aspect chaotique souvent associé à une désintégration du système éducatif.

Néanmoins, et malgré toutes ces critiques, l’école publique persiste et continue à séduire. Elle est de loin l’institution accueillant le plus d'élèves, mais aussi la plus accessible de par le nombre d’établissements scolaires déployés sur l’intégralité du territoire en plus du faible coût de scolarité. En revanche, l’enseignement privé reste associé à un traitement luxueux. Les parents d’élèves optent pour ces établissements afin de garantir un enseignement de qualité et un environnement sain.


Sofiene Ghoubantini

12/09/2023 | 09:21
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Commentaires
Mohamed Obey
Il faut protéger l'acquis: cette école publique!
a posté le 12-09-2023 à 20:05
En me basant sur ma modeste expérience de quelqu'un qui passé sa vie active dans l'école publique et eu l'occasion de côtoyer des enseignants dans le privé, j'ose dire avec une quasi-certitude que le phénomène de l'engouement de certains parents financièrement capables pour l'école privée ne veut aucunement signifier que celle-ci est la panacée pour nos problèmes éducationnels de tout genre. Or, la réalité n'en est pas ainsi. Dans le secteur privé, les écoles ne se valent pas. Il y certaines où on offre un enseignement sérieux en contrepartie des montants exorbitants déboursés par les parents; mais, malheureusement d'autres écoles sont adeptes de l'arnaque pure et simple. Dans cette catégorie d'écoles privées, la pédagogie laisse à désirer et le personnel éducatif est tenu de tout faire, c'est à dire animer les séances d'apprentissage et, quand les circonstances l'exigent, remplir la fonction de "femme de ménage", etc... Protégeons l'école publique!!


Petit x
Cette étude est passée à côté du fléau de l'école publique...
a posté le 12-09-2023 à 11:09
Vous dites en conclusion que " l'école publique est de loin l'institution accueillant le plus d'élèves.... de par le nombre d'établissements scolaires déployés sur l'intégralité du territoire en plus du faible coût de scolarité. "

De quel coût de scolarité vous parlez ?

Est-ce le coût lié aux fournitures scolaires, aux tenues vestimentaires à l'entrée et aux diverses charges annuelles comme le transport, les frais de garderies...?

Si c'est le cas, d'accord l'école publique est certainement de loin la moins coûteuse et théoriquementl la plus intéressante.

Mais détrompez vous, depuis les années 90, la réalité est devenue toute autre.

L'école publique bourguibienne, réellement gratuite où l'ascenseur social à bien fonctionné est devenue le fonds de commerce des enseignants charognards; de par les cours particuliers et les études dispensés au noir dans les garages et salons de leurs grosses baraques bâties sur le dos des pauvres parents des élèves.

Le résultat de ce détournement de la vocation noble de l'école publique, à des fins personnelles, par ces enseignants cupides est la sortie prématurée de centaines de milliers d'enfants de parents déshérités notamment des quartiers pauvres et des régions interieures du pays dans la rue avec ses multiples lots de délinquance et de criminalité auxquels il faut ajouter le niveau très bas de la majorité des diplômés de l'université tunienne ().

Une étude comme ce que vous venez de nous exposer qui ne va pas au fond des choses n'est que de la maturation de l'esprit à des fins autres que celles de l'intérêt de l'éducation nationale.

A bon entendeur salut.
kimpark
échantillon représentative
a posté le 12-09-2023 à 09:30
"...portant sur un échantillon de 500 parents d'élèves âgés de 25 ans." Il est bizarre cet échantillon c'est la parents qui ont 25 ans ou c'est les élèves.