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Chroniques
Ben Ali vole la vedette à la corruption
13/06/2016 | 15:59
6 min

 

L’actualité est débordante cette semaine grâce à ramadan. Mois du farniente par excellence, on peut dire que le Tunisien n’a pas dérogé à ses habitudes en s’intéressant à ce qui devrait l’intéresser le moins. Ainsi, les principales préoccupations entendues à travers les discussions de café et ce qui buzze sur les réseaux sociaux (c'est-à-dire ce qui fait du bruit), c’est la « caméra cachée » de Moez Ben Gharbia, consistant à piéger des invités en leur faisant croire qu’ils parlent avec Zine El Abidine Ben Ali, et cette histoire d’inauguration d’un café-resto aux Berges du Lac par plusieurs ministres et députés de Nidaa Tounes.

 

Scandale ! Moez Ben Gharbia veut faire revenir Ben Ali, Attessiaa blanchit l’ancien président, l’antichambre de la contrerévolution et de l’Etat profond fomentent une stratégie diabolique pour le retour de la dictature. Les autoproclamés démocrates respectueux de l’opinion différente ont multiplié les insultes et autres noms d’oiseaux à l’encontre de celles et ceux qui ont manifesté leur respect ou leur amour à l’ancien président de la République. Ce qui était supposé n’être qu’une émission télé de divertissement est devenu une affaire politique majeure.

Scandale ! Cinq ministres vont inaugurer un café au Lac. La corruption que l’on ne prend même plus la peine de camoufler, le retour du népotisme, ne devraient-ils pas s’occuper d’autre chose ? N’ont-ils pas mieux à faire ?

Ce qui était supposé n’être qu’une sortie nocturne privée chez un ami venant d’inaugurer son café est devenu un cauchemar pour ces ministres. A cause, notamment, de la présence de Selma Elloumi Rekik, la seule à être venue à titre officiel, bien que ce ne soit pas du tout la première fois qu'elle inaugure un restaurant/café touristique.

On nage en plein délire, mais estimons-nous heureux que nos problèmes majeurs soient devenus une fiction-divertissement qu’on assimile à la réalité et aux balades privées de nos ministres. Encore un peu et on va s’occuper de la couleur de leurs slips.

 

Ramadan 2012, on avait un gouvernement qui paralysait l’économie en allongeant la séance unique au 15 septembre, en décidant de faire du samedi un jour de repos hebdomadaire et en autorisant les terroristes d’Ansar Chariâa à faire ce qu’ils veulent. C’était l’époque où l’on combattait les Wajdi Ghenim et autres exciseurs venus du Golfe pendant que les autres nous chantaient les mérites de leur troïka, de leur démocratie, de leur Constituante et de leurs « intikhabet  neziha wa chaffefa ».

Ramadan 2013, on enterrait Mohamed Brahmi et des dépouilles de soldats égorgés et décapités à Châambi, après avoir enterré Chokri Belaïd. Les sorties nocturnes se faisaient au Bardo pour le sit-in d’Errahil où la police parallèle tabassait les députés et les militants pendant que les autres nous menaçaient d’échafauds et de potences si on mettait en cause leur « chareiya »  [légitimité].

Ramadan 2014, on continuait à enterrer des soldats en attendant impatiemment (voire en espérant) que les élections se fassent en octobre, pendant que le gouvernement de Mehdi Jomâa préparait une Loi de finances risible (rappelez-vous de la taxe sur le mariage ou celle de sortie du territoire) et injuste (la double imposition qu’on subit encore).

Ramadan 2015 était entaché par les attentats de Sousse avec son lot de dizaines de victimes pendant que les transfuges de la troïka refusaient jusqu’à donner des ambulances pour transporter les cadavres et juraient sur antenne qu’il n’y avait pas de « dawaech » en Tunisie.

Si au ramadan 2016, notre problème majeur est que des ministres et députés sortent le soir pour boire un café chez leur ami qui vient d’investir quelques millions de dinars et de créer une centaine d’emplois et que l’autre problème majeur est la présence de Zine El Abidine Ben Ali dans une émission de télé de troisième catégorie, je pense alors qu’on a le droit d’être optimiste.

 

Pendant que les uns s’occupent de l’emploi du temps privé des ministres et des députés, la vie continue avec son lot de vrais scandales. Des scandales qui auraient dû faire bouger à la fois le procureur de la République, les spécialistes des commissions d’enquête à l’ARP, ainsi que les chantres de la transparence et de « nadhafet el yed » (mains propres) comme Attayar, I Watch, Irada…

Le premier des scandales de la semaine est cette conférence de presse organisée par Jamel Tlili, jeudi dernier, dans laquelle il accuse le président de son ancien parti Slim Riahi de soutirer de l’argent aux hommes d’affaires. Il accuse nommément deux ministres d’être impliqués et dit posséder des preuves irréfutables qu’il présentera à la justice. A ce stade, il y a suffisamment de suspicions de corruption pour que l’on donne à cette affaire la priorité absolue. L’histoire n’a même pas fait le buzz.

Le deuxième des scandales de la semaine est ce nouveau verdict du Tribunal administratif désavouant Sihem Ben Sedrine, présidente de l’IVD et invalidant une autre de ses décisions. C’est suite à la plainte de deux membres de l’IVD que le Tribunal administratif a réagi pour invalider des élections internes. En dépit de la décision du tribunal, Sihem Ben Sedrine a continué à faire ce que bon lui semblait, sans pour autant que personne ne réagisse. C’est même le contraire, les chantres de « nadhafet el yed » se sont empressés d’aller lui rendre visite, comme pour la soutenir dans son mépris pour les décisions judiciaires. Précédemment, un autre membre de cette même IVD parlait de la corruption de sa présidente et parlait, lui aussi, de preuves irréfutables. En dépit de ces suspicions, personne n’a bougé pour créer une commission d’enquête, pour ouvrir une instruction, ni même pour crier au scandale.

Troisième scandale de la semaine, la nomination de Abdelkrim Harouni à la tête du majlis choura d’Ennahdha. C’est ce même Harouni qui, en 2011, appelait à la libération des terroristes de Soliman. Le même Harouni qui a ordonné l’ouverture d’une ligne aérienne Tunis-Erbil à quelques encablures des territoires occupés par les terroristes de Daech. Le même parti Ennahdha qui jurait ses grands dieux d’avoir séparé le politique du religieux et qui, quatre semaines après, nomme un de ses faucons à la tête de l’une de ses plus hautes instances.

 

En dépit de la gravité de ces scandales et de leurs incidences sur notre avenir et sur l’inflation, le fait le plus préoccupant de la semaine demeure incontestablement la chute vertigineuse du dinar.

 

Rien ne peut être résolu si l’on n’attaque pas de front ces trois problèmes majeurs : la corruption, la justice et l’économie. Tant que nous n’allons pas mesurer leur gravité, tant que la Tunisie ne va pas pouvoir avancer.

Ce n’est pas l’avis de tout le monde qui estiment que le plus grave est que Moez Ben Gharbia redonne une vie artificielle à Ben Ali et que quelques ministres sortent le soir boire un café ensemble chez un ami.

 

13/06/2016 | 15:59
6 min
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Commentaires (25)

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EL OUAFY avec Y à la fin
| 20-06-2016 20:34
Au contraire nous sommes honte devant l'actuelle situation qui devenait insupportable dans tous les secteurs mille fois la période de Ben Ali que l'actuelle situation nos rêve c'est l'actuel Président B C E qui se trouve otage devant des textes législatives qu'ils enchaînent et il ne peut pas prendre les masures qu'il juge utile pour sortir le pays de cette crise sans précédent .

zoracle
| 19-06-2016 04:20
c honteux de jouer et d'utiliser ses capacités d'imiter pour blanchir un système que toute la terre a condamner le 14 JANVIER 2011.

éta
| 16-06-2016 11:21
Bravo N.B. ! La prochaine fois, essayez de nous éclairer aussi sur le rôle du syndicat dans le pourrissement de la situation actuelle et l'impuissance des forces des hommes d'affaires tunisiens. Des hommes d'affaires qui devraient tenter le tout pour le tout, c'est-à-dire quitte à ce que leurs choix leur fassent tout perdre, pour se sortir de ce pétrin au lieu de se laisser berner par des politiciens qui n'ont de but que le pouvoir et le fric , ans le cas où ils réagissent ils auront alors une chance sur trois de s'en sortir.

Rafaat Mrad Dali
| 16-06-2016 09:46
L'IVD (Instance vérité dignité) et Sihem Ben Sedrine se sont fait piéger en se faisant laisser noyer sous le poids de dossiers des multiples et incessants dépôts venant d'organisations ou partis : UGTT, Ligues, associations, partis politiques, etc qui ont, pour la plupart, cautionné et collaboré un certain temps avec le régime mafieux et injuste de Zaba alors que la priorité, oui la première des priorités, devrait être donnée aux nombreuses victimes individuelles de sévices et d'injustice de tous genres (emprisonnement, tortures, éliminations, perte d'emploi etc'). On comprend alors que depuis 2014, 55 000 dossiers sont encore en instance et que les choses trainent en longueur, que rien d'important n'est achevé et que les dépenses exponentielles se conjuguent en fumée. . Ces organisations bousculant ainsi le droit des plus démunis devraient avoir honte de s'afficher ainsi avec leur demande dépôt sous projecteurs. Il est clair qu'encore une fois les « loubards véreux » de l'ex système et les naïfs politiques, à l'image du reste', ont gagné de vitesse Sihem Ben Sedrine en l'amenant à fouiller dans le même temps depuis l'indépendance noyant ainsi la période de la plus atroce dictature personnelle qu'ai connu la Tunisie sous Zaba ? Piégée, elle se contente de gagner du temps dans ses bureaux recevant en grande pompe ces organisations ou partis alors que les vraies victimes attendent. J'affirme haut et fort que L'IVD, à ce rythme est déjà un mort- né. Je demande aux instances nationales et internationales qui soutiennent l'IVD et Sihem Ben Sedrine de prendre en considération cet appel et de lui fixer, dans les meilleurs délais, une évaluation, une éthique, un délai et une stratégie claire et pragmatique. Ceci est un appel et une alerte.
Rafaat Mrad Dali
L'Appel républicain : observatoire vigilant

Elsa ben Amor
| 14-06-2016 13:14
A force de cumuler les déceptions le peuple tunisien semble de plus en plus indifférent aux vrais scandales cités dans votre article Mr. Nizar . On ressent une certaine amertume face aux différents problèmes qui secouent le pays surtout la paralysie totale du gouvernement qui tellement ne réagit pas à ces scandales que l'on croit qu'il est complice de ces malfaiteurs qui bafouent la loi et n'en font qu'à leurs tetes! Depuis les évènements dramatiques de 2011 les gouvernements se sont succedés et on espèrait à chaque fois que les choses allaient s'amèliorer et notamment après les élèctions de 2014. Tous ceux qui ont voté pour Béji ont tant esperé qu'il allait prendre les choses en main et mettre le pays dans le droit chemin. Mais rien n'y fait ce qui explique maintenant en partie l'indifference génèrale sachant d'avance qu'on y peut rien tant qu'il n y a pas de volonté politique à changer les choses . Les gens s'occupent plutot des banalités et laissent les choses sérieuses de coté . Mais qui blamer les gouvernants ou les gouvernés ?

okba
| 14-06-2016 11:57
Mille bravos NB . Si la médiocrité des gouvernants des partis et de la classe politique en général des syndicats et de la majorité des médias est bien etablie il faut dire aussi que la Magritte des tunisiens souffrent tragiquement de l absence totale de toute culture au sens large du terme . Donc tout se résume en ceci * kama takounou youalla alaikom * Mais les Tunisiens ne veulent plus entendre la vérité .

zrimri
| 14-06-2016 11:19
Bravo et bien dit Nizar.

Riadh
| 14-06-2016 08:50
Nizar tu doit rapidement changer tes lunettes car tout deviens flou chez toi.. tu ne voit pas tout parfois tu halucines ... mais le plus grave c'est que tu deviens sourd aussi... un conseil va voir un médecin au plus vite.

Mohamed Obey
| 14-06-2016 03:18
Peu de journalistes se soucient vraiment ces jours-ci de dire la vérité! A M. Nizar Bahloul doit être reconnu presque tout le crédit de dénoncer les déviations des codes éthiques qui caractérisent toutes les sphères de l'activité publique...Bravo M. Bahloul! Continuez à faire du bon travail_ l'histoire vous prouvera juste et patriote.

EL OUAFY avec Y à la fin
| 14-06-2016 02:43
Monsieur Nizar Bahloul je vous considère comme un intellect du pays à cet effet une personnalité comme vous devra réagit d'une façon scientifique ; réelle et de la neutralité qui vous constatez Moez Ben Gharbia,en train de blanchir notre chère ancien président SIDNA Ben Ali c'est quelque chose de normal et Ben Ali n'a pas besoin de quelqu'un de le blanchir l'homme est apprécier selon son histoire brillant il a réalisé beaucoup de joie et de bonheur pour son peuple et la vie était très digne que l'instant et surtout dans les deux secteurs important la sécurité (Sidna Amar 4x4 04 )et l'économie les nobles Sahaliens y compris les fils nobles de Si Mohamed Trablsi qui ont été détesté par certains parce qu'ils se sont des Libyens d'origine malgré leurs sacrifices en vers le peuple Tunisiens mais grâce à bon Dieux qu'il y a des plusieurs Tunisiens non politisés qui ont regretté l(absence de ces honnêtes hommes comme ils ont défendu la précarité et la pauvreté un bon moment .
Grosso au modo le président Ben Ali était mal traité par certains assoiffés de pouvoir pour mission (des agendas Etrangerers ) au premier priorité de facilité le déracinement du système du pays voisin la Libye Mouamar El Kaddafi Abou méniare et autres missions de facilité la démolition des pays voisins car la Tunisie est un point stratégique dans la région et la deuxième guerre mondialle l'éprouvera .
Et si Moez Ben Gharbia,reconnait les efforts de Ben Ali parce que il est Tunisien il a mare de cette situation miséreuse dont l'ambiance n'est plus .
Monsieur Nizar Bahlou ( Allah yahdik attaki allah kherou lak ) et dire que la réalité de l'actuelle situation et Ben Ali il viendra le jour ou il retourna à son patrie à tète haute soutenu par ceux qui aiment la paix ils sont nombreux dans le monde et même dans les pays les plus puissants .