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Tunisie – L'armée et la sécurité sont-elles toujours garanties ?

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Après l’assassinat de Chokri Belaïd, l’opposition démocratique a cru en la présumée « sincérité » de Hamadi Jebali et a accepté de discuter avec les composantes de la Troïka d’un compromis dans le sens où elle n’exigeait plus un gouvernement de technocrates, mais se contentait d’une simple neutralité des ministères de souveraineté.
Et ces tractations avaient débouché sur un cabinet de la Troïka bis, mais pire que le premier, puisqu’on a eu droit à un Ali Laârayedh en tant que chef du gouvernement qui s’est vu récompenser pour ses multiples déboires et échecs à la tête du département de l’Intérieur.
Après l’assassinat de Mohamed Brahmi, cela fait un mois et demi que les différents protagonistes tournent en rond sans perspectives concrètes. D’un côté, l’opposition, réunie au sein du Front du salut, tient à son approche pour sortir de la crise, mais n’arrive pas trouver la formule efficace pour forcer la décision. La Troïka, de l’autre, tergiverse, multiplie les manœuvres et joue l’usure et le temps…
En effet, les diverses composantes du Front de salut national ont beau multiplier les approches et les actions : manifestations gigantesques, sit-in continu, retrait de l’Assemblée nationale constituante, contacts avec les principales organisations de la société civile, entretiens avec le chefs des missions diplomatiques accrédités auprès de la Tunisie ainsi qu’avec de hauts responsables de pays influents, notamment européens…
En face, la Troïka est passée maître dans l’art du double langage et les déclarations floues, équivoques et à double tranchant. Après une première période de refus catégorique de toute la démarche à suivre proposée par l’opposition, la Troïka est passée à l’étape du flou pour gagner du temps et noyer la crise.
Pire encore, en dépit de tout ce qui s’est passé et en dépit de la situation catastrophique, reconnue par tous les experts et les organismes internationaux spécialisés, à tous les niveaux, politique, économique, social et sécuritaire, Ennahdha and Co continuent à dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Rached Ghannouchi étant allé jusqu’à considérer le fait d’avoir de l’eau et de l’électricité comme des réalisations et des acquis de taille à mettre à l’actif de la Troïka !
L’essentiel, maintenant, est de ne pas se lamenter et d’attendre un miracle qui ne viendra jamais de lui-même, les temps de croire aux miracles et au « Père Noël » étant révolus. Autrement dit, les temps sont à l’action en vue de faire bouger les choses et de « sortir du statuquo » (sortir du « cou de la bouteille » comme diraient, littéralement, certains) qui serait fatal, en cas de persistance.
Mais selon sa logique, la Troïka n’a pas intérêt à avancer. Elle a intérêt, plutôt, à faire pourrir la situation avec des chances accrues de rester au pouvoir. Il faut dire que l’opposition n’a pas tellement les moyens matériels pour exercer une pression décisive, même si elle se plait à multiplier les « Journées » : une pour le départ, une autre pour la décision, une autre pour trancher, etc.
Mais aucune Journée n’est parvenue à faire plier le parti islamiste. Malgré les dizaines voire les centaines de milliers de manifestants, réunis, les 6 et le 13 août et le 7 septembre 2013, le gouvernement continue à gérer, de la même façon, les affaires du pays. Plus encore, il a continué à nommer les hauts responsables et à en limoger d’autres, sans parler de ses coups de force pour avoir la mainmise sur les médias. On dirait qu’il applique la règle de l’adage : « La caravane passe, …….. ».
Et c’est compréhensible du point de vue des islamistes, tant que « l’armée et la sécurité sont, désormais, garanties ». Cette « garantie », tant souhaitée par le guide des islamistes en Tunisie, est-elle durable ? Rien n’est moins sûr !...
Aux dernières nouvelles, il y a des remous feutrés au sein de l’institution militaire, notamment depuis le remue-ménage effectué par Moncef Marzouki, président de la République. Tout le monde sait que l’ancien chef d’état major de l’armée de l’air refuse de prendre ses nouvelles fonctions au sein du ministère de la Défense.
Tout le monde sait que sur les cinq membres, parmi les militaires, deux seulement ont accepté d’assister au Conseil de la sécurité nationale. Rien que ce fait est hautement significatif du nouvel état d’esprit au sein de l’armée dont de nombreux chefs, crient, en privé, qu’ils n’admettent pas l’autorité de Moncef Marzouki qui n’a aucune compétence dans le domaine militaire et sécuritaire !
D’autre part, sur le plan des services de sécurité, les remous sont plus que visibles. Ils sont, désormais, publics et criés sur les toits à coups de déclarations tonitruantes et de conférences de presse houleuses.
En effet, pas plus tard que vendredi 6 septembre 2013, l’Union des syndicats des forces de sûreté, a mis en garde, lors d’une conférence de presse, contre la reconversion de la Tunisie en terre de jihad. Le secrétaire général de l'Union des syndicats des forces de sécurité, Montassar Matri, a annoncé que la liste nominative ainsi que les dossiers de certains membres de parties politiques, juridiques, religieuses et de la société civile impliquées dans des actions terroristes, seront bientôt communiqués. Le syndicat des forces de sûreté a mis en garde les autorités nationales et surtout celles du parti au pouvoir qu’il considère responsable du retard pris par le dossier du terrorisme.
Il est bon à savoir que le gros de la bataille se déroule, effectivement, au niveau des services de sécurité, d’où l’acharnement d’Ennahdha à confier, dès le départ, le département de l’Intérieur à Ali Laârayedh, avant de nommer ce dernier à la tête du gouvernement de façon à lui permettre d’avoir le dernier mot sur les destinées de ce ministère quelque soit le nom de son titulaire.
Si des hauts responsables, réputés comme étant parmi les meilleurs techniciens en la matière, donnent des informations de la plus haute gravité quant à l’implication de personnalités politiques, juridiques, religieuses et de la société civile dans des affaires touchant au terrorisme, cela veut dire que les risques ont atteint des paliers intenables.
Or, étant donné que le pays se trouve à la croisée des chemins, l’opinion publique est en droit de réclamer toute la vérité sur la situation du pays, plus précisément sur le plan sécuritaire. Les Tunisiens en ont marre des accusations lancées en l’air avec des promesses de tout révéler ultérieurement. Ils veulent toute la vérité tout de suite.
Les responsables sécuritaires affirment détenir des données graves et des noms parmi ceux se trouvant au sein des autorités nationales et du parti islamiste au pouvoir et même au sein du corps de la magistrature et de l’armée. «L’union des syndicats des forces de sûreté disposerait de dossiers et de preuves impliquant des politiciens, des juristes et sécuritaires instigateurs et complices du terrorisme en Tunisie », selon les propres termes de ses responsables.
Des révélations précises, preuves à l’appui, comme l’affirment ces responsables, permettraient de délimiter les responsabilités à quelque niveau que ce soit, afin que l’image soit claire aux yeux de tous et afin que les accusations et les diffamations gratuites s’arrêtent une fois pour toutes.
Il est temps pour que l’armée et la sécurité sortent de leur torpeur. Il est clair qu’il est du devoir de ces deux institutions qu’elles soient neutres et se contentent de leur rôle de défense de la patrie, mais nombreux sont les observateurs, qui estiment que le sens du patriotisme leur dicte aussi de réagir face à ceux qui veulent mener la patrie vers l’inconnu et l’irréparable. Le sauvetage de la Tunisie étant l’œuvre de toutes les composantes du pays et non pas l’apanage de quelques partis politiques qui font privilégier leurs propres intérêts et enjeux…
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