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Comment expliquer l'arrestation de Abderrazek Kilani
03/03/2022 | 11:43
6 min
Comment expliquer l'arrestation de Abderrazek Kilani

 

L’ancien bâtonnier, Abderrazek Kilani, a fait l’objet, hier 2 mars 2022, d’un mandat de dépôt émis par le juge d’instruction près du tribunal militaire de Tunis. Il est accusé de « participer à un groupe qui trouble l’ordre public dans l'intention de s’opposer à l'application de la loi ou pour porter atteinte à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, en proférant des menaces verbales et en usant de menaces et de bobards pour empêcher un individu ou un groupe de travailler ». Dans les faits, l’ancien ministre et ambassadeur avait fait un scandale devant l’hôpital régional de Bizerte quand il a été empêché par les forces de l’ordre de rendre visite au leader d’Ennahdha, Noureddine Bhiri, qui est toujours en résidence surveillée à l’hôpital.

 

Business News s’est procurée une copie du procès-verbal établi par la police et adressé au procureur de la République près du tribunal militaire de Tunis. Voici, selon la police, les propos proférés par Abderrazek Kilani à l’endroit des sécuritaires présents sur place et qui lui valent de passer la nuit en prison : « Vous vous exposez au danger ainsi que votre avenir et vos familles. Monsieur Charfeddine (ministre de l’Intérieur, ndlr) vous défendra ? Qui, malheureusement, ne comprend rien à la loi ? Et Kaïs Saied vous défendra-t-il ? Il n’y a que la loi qui puisse vous défendre. Regardez vos chefs, aujourd’hui ils font pitié. Vos chefs sont déférés devant des chambres spécialisées avec leurs familles, leurs enfants et leurs réputations. Pourquoi vous vous exposez ainsi aux poursuites ? Nous avons fait la meilleure constitution du monde et il en a fait un torchon. Elle stipule que la police est républicaine, que l’armée est républicaine et que la police doit être à égale distance de tout le monde…Selon la loi, vous ne pouvez pas empêcher un citoyen d’entrer à l’hôpital sauf si c’est le directeur de l’hôpital qui le demande ».

Sur la base de ces propos, Abderrazek Kilani a été déféré devant le tribunal militaire de Tunis. Le juge d’instruction a estimé qu’il représentait une menace telle qu’il fallait émettre un mandat de dépôt à son encontre.

 

Pour rappel, selon la justice tunisienne, l’emprisonnement est l’exception et le maintien en liberté est la règle. Trois cas, uniquement, peuvent justifier l’émission d’un mandat de dépôt : menace sur le déroulement de l’enquête, le risque de récidive et le risque de fuite. Aucune de ses trois possibilités ne s’applique à Abderrazek Kilani qui s’est présenté spontanément devant le tribunal dès qu’il a été convoqué. Il est vrai que son statut d’ancien bâtonnier, d’ancien ministre et ambassadeur, ne lui confère aucun égard supplémentaire au regard de la loi. Toutefois, son activisme ne doit pas, non plus, faire qu’il soit jugé différemment de n’importe quel citoyen tunisien.

Les adversaires de Kaïs Saïed ont vite fait le lien entre l’émission d’un mandat de dépôt contre un ancien bâtonnier et le fait qu’il ait procédé à la dissolution du conseil supérieur de la magistrature. La nouvelle formule proposée par le président pour ce conseil comporte des nominations directes de sa part. Beaucoup y ont vu une mainmise totale sur la justice et interprètent la décision du juge d’instruction près du tribunal militaire de Tunis comme la matérialisation de cette hégémonie. Les opposants de Kaïs Saïed, particulièrement ceux qui sont proches des cercles islamistes, estiment que la justice, particulièrement militaire, est désormais une arme entre les mains du président de la République qui va l’utiliser pour « liquider » ses opposants.

 

Ahmed Néjib Chebbi a évoqué, à ce propos, dans un post Facebook, des souvenirs datant de dizaines d’années, où le tribunal militaire est mobilisé à des fins politiques. Si cela est avéré, la Tunisie aura, en effet, fait un saut dans le passé à l’époque des tribunaux spéciaux et du harcèlement judiciaire des opposants et des dissidents. En plus, cette théorie semble cohérente si l’on regarde comment Kaïs Saïed a gelé le parlement et mis la main sur le gouvernement. Il n’est pas interdit de penser, dans cette configuration, que le juge, craignant d’être happé par la machine Kaïs Saïed, a choisi d’exécuter les ordres et de faire ce que l’autorité apprécierait.

 

Cependant, un autre son de cloche existe dans les cercles proches, cette fois, de Kaïs Saïed et de la présidence de la République.L’émission de ce mandat de dépôt serait une peau de banane jetée par les juges sur le chemin que Kaïs Saïed s’est tracé. Le juge serait parfaitement conscient du caractère impopulaire et menaçant pour les droits et les libertés d’une telle décision. Il l’aurait prise pour porter atteinte au président de la République et faire en sorte qu’il apparaisse dans l’habit du dictateur qui s’ingère dans la justice pour mettre ses opposants derrière les barreaux. On pourrait même aller jusqu’à dire que la justice se défende de l’hégémonique Kaïs Saïed en lui balançant une décision impopulaire dans les pieds. Une décision judiciaire dont le président paiera le prix politique aux niveaux nationale et international. C’est aussi une décision qui enlève toute crédibilité aux propos du chef de l’Etat selon lesquels il ne s’ingérerait pas dans le travail de la justice et continuerait à préserver les droits et libertés des citoyens. Si cela est avéré, il serait clair que Kaïs Saïed ne maitrise pas son sujet et qu’il peine à imposer ses volontés et ses directives. Ce serait là un grave aveu d’incompétence, en tout état de cause.

 

Sommes-nous devant un président dictateur qui n’hésite pas à instrumentaliser la justice pour mettre ses opposants en prison ou sommes-nous devant un président isolé et victime de manipulations qui lui font porter le chapeau de l’impopularité ? Que ce soit l’une ou l’autre, la Tunisie n’a pas besoin de cela aujourd’hui. Aussi important que puisse être la défense des droits et des libertés, la Tunisie n’avait pas besoin, en ce moment, d’une affaire Abderrazek Kilani. Le dossier économique, en premier lieu, et son corollaire social, sont actuellement la vraie menace qui plane sur la Tunisie. Des sujets qui n’ont jamais été qualifiés de « péril imminent » alors que si la Tunisie devait sombrer, ce serait par cette brèche-là.

 

Marouen Achouri

03/03/2022 | 11:43
6 min
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Commentaires
OUI
Comment expliquer l'arrestation de Abderrazek Kilani ?
a posté le 04-03-2022 à 13:30
La réponse est à lire dans les commentaire des "Klugschiesser", Harkis et Hefteric dans ce forum ..
AR
" Vous vous présentez au danger vous et vos familles " ?!!!
a posté le 04-03-2022 à 11:53
Rien que ça !
Et rien que pour ça, une incitation sans équivoque, à la rebellion et à la haine.
Et quand il s'agit d'une personne publique, le traitement est autre, le traitement devrait être particulier ?
Dans quel cadre ?
C'est pour deffendre quel principe, quel droit ?
( Sacrés principes et sacrés droits ! ) .
Le principe de dénoncer toute injustice ? Le droit des libertés ?
J'essaie de comprendre Mr Achouri, le but de votre article, je ne peux même pas saisir le bout
Vous vous souvenez Mr Achouri de ce garçon de Sidi Hassine, dénudé par les sécuritaires et agressé gratuitement ?
Vous l'avez dénoncé dans plusieurs de vos articles, c'est dans les oubliettes !
Quel rapport avec le sujet ?
C'est l'humanité qui a été piétinée, le droit bafoué, la dignité humaine humiliée !
Et aucune mobilisation, aucune condamnation, aucune protestation , aucun mot, aucun demi-mot, de la part de ces héros de deffenseurs de droit : Chebbi, Bochra, cet armada d'avocats de la secte, ce parti traître des " travailleurs " ....
Un leader de la secte a déclaré :
" J'ai pleuré en visitant Karoui dans la prison " , mais en même temps, l'affaire de ce gosse ? Qu'il aille au diable !
Ce n'est qu'un petit exemple parmi d'autres, pour vous rappeler qu'ils s'en foutent du droit, de la cause humaine.
Ce qui compte c'est leur misérable existance, leurs misérable intérêts et je pense qu'ils possèdent une machine bien huilée pour ça, observez les propagandes sur leurs pages et vous allez vous en rendre compte .
Alors épargner votre crayon, pour le consacrer à d'autres causes plus justes, faire l'avocat du diable, c'est pas du tout votre
" Tissu " .
Daoudaou
C'estt fini le banditisme.
a posté le 04-03-2022 à 11:24
Il n'a plus ni Bhiri ni ghanouchi pour le soutenir ni lui octroyer des postes pour qu'il leur servent de machachou.
zozo Zohra
La Tunisie
a posté le 04-03-2022 à 09:49
Ce petit pays si agréable, et ce peuple si gentil hélas devenu depuis quelques années méconnaissable.

Cette société a vraiment besoin d'un coaching :

- Gérer ses impulsions : insultes, agressivité.... dans tous les milieux

- gérer ses impulsions du pouvoir et de l'argent

- Le vol et la corruption sont des maladies mentales faisant partie des troubles du contrôle des impulsions. Elle est liée au trouble obsessionnel compulsif.

Rabi maak ya tounes
Mustang
Citoyen
a posté le 04-03-2022 à 00:27
C'est un citoyen comme un autre, arrêté de sucer les personnes connues, la justice sociale doit prévaloir. BN média colabo ça change pas
Ajoula
Un petit minable à la solde des nahdhaouis
a posté le 03-03-2022 à 23:52
Il n'a que ce qu'il mérite, c'est un vagmestre à la solde des nahdhaouis, un minable lècheur qui se prend pour une grosse m....
hourcq
Une justice aux ordres?
a posté le 03-03-2022 à 22:04
Un bâtonnier n'est pas un juge mais le représentant élu des avocats. A ce titre, il est tout à fait en droit d'intervenir pour prendre la défense d'un accusé et pour cela de pouvoir le rencontrer. Je doute que la Constitution tunisienne soit la "meilleure" Constitution du monde car trop imprécise mais il vaut mieux une Constitution imparfaite que pas de Constitution du tout comme le démontre un Président qui s'assoit dessus. Dans tout pays démocratique , le pire des criminels a droit à un avocat. Pourquoi donc M. Biri en serait-il privé ?
Et pourquoi déférer M. Kilani devant un tribunal militaire alors que ce dernier devrait par définition s'occuper des affaires internes à l'armée? Cela relève de l'arbitraire d'un pouvoir autocratique qui ne règle en rien les problèmes de la Tunisie avant tout économiques et sociaux mais veut museler toute opposition.
Je n'ai aucune sympathie pour les islamistes et leurs alliés mais essayer de les bâillonner est contreproductif. Le meilleur moyen est de dénoncer leur idéologie et montrer leurs méfaits.
Les urnes parleront d'elles-mêmes.
KEF
QUI SI FROTTE SE PIQUE
a posté le 03-03-2022 à 21:46
Celui qui va à la chasse des problèmes pour montrer ces griffes n'a qu'à faire très attention au résultat.
Ce n'est pas parce que on est juge, que l'on se permet de dénigrer l'autre.
Il ne faudrait pas oublier une chose que Bhiri n'était pas en villégiature dans cet hôpital.
Ce Monsieur était arrêter par la justice ou la police pour répondre à des actes pour lesquelles il doit être jugé.
Que Mr Kilani veuille rendre visite à son collègue sous les prétextes que .....aujourd'hui il doit s'en prendre qu'à lui même.
Voilà maintenant que toute la smala politique se déchaîne pour défendre l'indéfendable ...haro sur la comète.
Quant à l'autre N.Chabi il ne sait plus dans quelle court il est, il commence à perdre le nord.
La cocotte bou jusqu'à quand dieu seul le dira....
cavalero
aucun n'est au dessus de la loi
a posté le 03-03-2022 à 19:42
un juge doit etre poli et n'expose ses idées partisane au vu et au su du public et il n'as pas le droit d'intimider la police parce qu'il s juge
Hamza Nouira
@cavalero
a posté le à 08:29
Et KS n'a pas le droit d'intimider l'opposition ou le peuple parce qu'ils ne partagent pas ses idées. KS lui les emprisonne et s'assoit sur les loi de notre pays.

'?a va aussi dans l'autre sens....

Et c'est quoi cette manie d'envoyer tout le monde au tribunal militaire.... On se croirait en Birmanie!
veritas
une nouvelle cause du proche orient '?'
a posté le 03-03-2022 à 18:54
Une arrestation d'une personne qui a dépasser les limites dans le cadre est devenu une nouvelle cause du proche orient (kadiyit echark el awasat) '?'vous êtes capable de tout seulement quand il s'agit du pire .
Hager
C est la loi
a posté le 03-03-2022 à 17:25
C est la loi
jilani
De quel opposant vous parlez
a posté le 03-03-2022 à 17:23
Kilani, un opposant, c'est un petit coursier du parti des islamistes, on n'a jamais entendu entendu un discours ou une position de ce type. Il a été poussé par les islamistes pour devenir bâtonnier. BN veut une double justice, une pour les riches et soi-disant élites et une les citoyens normaux et peut être une pour les pauvres.
Nephentes
Obscenite
a posté le 03-03-2022 à 14:35
Quelle honte de rabaisser la justice militaire a de si basses besognes
ABC
Ceci dit les propos sont incitent à la révolte
a posté le 03-03-2022 à 14:15
Qu'elle vienne d'un ex batonier ou d'une autre personne il faut l'avouer .... Les propos tenus comportent des menaces ... des insultes et incitent à la révolte.
Pour beaucoup moins un citoyen Lamdda aurait eu à faire aux policiers eux-même et sur place avant de se retrouver devant le juge.
Encore une fois en Tunisie pauvre le petit qui n'a personne pour le défendre ... !!!
Tn
Seulement, les lèches bottes, de ce tiers monde trouveront une explication...un peuple servile qui a grandi sous la dictature et l'état voyou...
a posté le 03-03-2022 à 13:47
...la Tunisie mérite mieux que cette médiocrité..
hadou
question de cons...
a posté le 03-03-2022 à 13:33
c'est quoi cette question de cons et à la con?
c'est une affaire de justice et d'application de la loi......
décidément,businessnews n'en finit pas de toucher le fond
Tounsi
BN est une de mes plus grandes déceptions post-25 juillet
a posté le à 08:13
Oui effectivement ça devient de plus en plus affligeant. Comme quoi dans ce pays il ne faut jamais se fier à personne. BN est finalement comme les autres ...