
« La situation de la Tunisie est difficile, sa politique diplomatique a toujours été basée sur la neutralité et aujourd’hui je ne sais pas à quel point le vote d’hier était la bonne position ou si on aurait pu nous abstenir » a déclaré ce matin du jeudi 3 mars 2022, l’universitaire spécialiste du droit constitutionnel, Salsabil Klibi, sur Shems FM.
Mme Klibi commentait ainsi le vote de la Tunisie en faveur de la résolution adoptée hier par l’assemblée générale des Nations Unies exigeant le retrait des forces russes de l’Ukraine.
« Il est vrai qu’on a tendance à évoquer une souveraineté, ce qui est logique et normal, mais je ne sais pas si la situation économique et financière de la Tunisie lui donne ce privilège et jusqu’à quel point on peut parler de notre souveraineté. Tout cela est compliqué. Nous sommes en pleines négociations pour demander des fonds et des subventions, alors quelque part cette position n’a pas du tout été une surprise pour moi » a-t-elle poursuivi.
Revenant sur le mandat de dépôt émis hier contre Abderrazek Kilani, l’universitaire a estimé qu’appréhender la question sous l’angle d’un « ancien bâtonnier » ou « ancien ministre » est déplacé. « Ce problème n’a pas été posé aujourd’hui et n’a rien à avoir avec qui sont ces gens, le problème est que ces citoyens sont traduits devant le Tribunal militaire. Les postes de Abderrazak Kilani ne lui donnent pas de privilèges devant la justice mais à mon avis les déclarations qu’on lui reproche ne constituent pas une menace sur la sûreté de l’Etat. Cette notion a d’ailleurs toujours posé problème et constitué un outil pour viser certaines personnes. La loi permet aujourd’hui ce type de poursuites, notre loi permet aujourd’hui que des civils soient traduits devant le Tribunal militaire, il faut revoir la loi pour que cela ne soit plus possible. Depuis 2014 rien n’a été fait dans ce sens, aucune initiative n’a été engagée, on voulait peut-être garder cette carte sous la main et voilà, l’arroseur a été arrosé » a-t-elle ajouté.
Mme Klibi a estimé que le président de la République, qui est aussi spécialiste en droit constitutionnel et qui a toujours affirmé qu’il lui tient à cœur de respecter la constitution, devrait abroger les articles qui font que des civils peuvent être jugés par le Tribunal militaire. « Le Parquet militaire aurait aussi pu ne pas engager les poursuites. On peut tout dire sur l’arrestation de Abderrazek Kilani, qu’il est peut-être responsable de ce qui lui arrive mais il faut contextualiser, cette affaire on aurait pu s’en passer. La dissolution du Conseil supérieur de la magistrature a suscité une vive inquiétude chez les Tunisiens et pas que les adversaires politiques du président, c’est une décision inopportune, c’est un coup porté à une institution de l’Etat et c’est grave, c’est ce qui lui vaut et lui vaudra d’être accusé de tout, à tort et à raison » a-t-elle conclu.
M.B.Z
Ce Kilani était au pouvoir avec la maudite secte alors pourquoi il ne l'avait pas fait?!

