
Depuis plusieurs mois, la Tunisie connaît une vague d’arrestations ciblant opposants, avocats, journalistes, élus locaux, militants associatifs et simples citoyens engagés. Cette campagne, menée au nom de la lutte contre la corruption ou de la sauvegarde de la sécurité nationale, suscite une inquiétude croissante quant au recul des libertés publiques et à la criminalisation de l'engagement civique.
Aujourd’hui, cela fait 365 jours qu’Imen Ouardani est privée de liberté. Un an jour pour jour que cette élue municipale, connue pour son engagement en faveur des plus vulnérables, est derrière les barreaux. Le sort a voulu que cette date tragique coïncide avec l’anniversaire de sa mère, Dalanda Eddous et le jour des visites en prison.
« Un an de trop, un an d’abus, un an de silence face à l’injustice, un an d’attente. Un an écoulé et toujours pas de justice ! 365 jours volés à sa vie, à sa famille, à ses droits. Nous pensons à elle, nous refusons de nous taire, nous continuons de nous battre pour qu’elle retrouve sa liberté », témoigne une proche dans un message publié mercredi 7 mai 2025.
Docteure en biologie, adjointe au maire de Sousse et responsable de la commission municipale de l’égalité des chances, Imen Ouardani a été arrêtée le 10 mai 2024. Durant la crise sanitaire liée au Covid-19, elle s’était particulièrement distinguée par son engagement auprès des populations vulnérables, notamment les migrants.
Accusée de blanchiment d'argent et d’abus de fonction, elle est en réalité visée pour sa participation à un projet de soutien aux migrants, conduit en partenariat entre la municipalité de Sousse et l’ONG Terre de Refuge. Son arrestation illustre la dérive actuelle, marquée par la criminalisation croissante de l’action humanitaire en Tunisie.
S.H