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Zied Laâdhari : l'enfant prodige claque la porte !
01/12/2019 | 15:43
5 min
Zied Laâdhari : l'enfant prodige claque la porte !

La démission de Zied Laâdhari, secrétaire général d’Ennahdha, de toutes ses structures a été le point marquant de la semaine. Elu à son poste depuis juillet 2016, M. Laâdhari s’est dit en désaccord avec les choix de la direction du parti, notamment du chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi, quant à la proposition de Habib Jamli à la tête du gouvernement.

Ennahdha, premier aux législatives avec un bloc parlementaire constitué de 52 députés au Parlement (un nombre qui s’élève à 54 à présent), vient de perdre son secrétaire général et membre de son bureau exécutif.

Zied Laâdhari, ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale avait annoncé, jeudi, sa démission de l’ensemble de ses fonctions au sein du parti à savoir le secrétariat général et le bureau exécutif.

Il avait, également, exprimé son refus de tout éventuel portefeuille au sein du prochain gouvernement assurant qu’il avait informé le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, de sa décision depuis le début de la semaine dernière.

Dans un post Facebook publié ce jour-là, l’ex-ministre avait expliqué les motifs derrière sa démission détaillant les raisons pour lesquelles il avait opté pour le retrait. Des raisons qui peuvent se résumer en une seule : un désaccord fondamental avec les grandes décisions prises par le parti islamiste en ces derniers temps, notamment celles inhérentes à la désignation de l’ancien secrétaire d’Etat à l’Agriculture, Habib Jamli, chargé désormais de la constitution du gouvernement.

Zied Laâdhari n’a pas dissimulé son rejet de cette nomination dont il n’était pas convaincu et qui selon lui, ne correspond pas aux aspirations des Tunisiens. Il avait, ainsi, déploré son échec à persuader les instances du parti sur certaines questions décisives ainsi que d’éviter des alternatives nuisibles au pays.

Soucieux de la reproduction des mêmes erreurs du passé, il s’est attaché à ce que le prochain gouvernement apporte de réelles réformes loin de l’amateurisme et des quotas partisans tout en relevant la nécessité d’une connaissance précise des dossiers, des défis, et des priorités du pays.

Pour ce qui est de la nomination de Habib Jamli, l’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle s’opposait clairement à ce choix ayant exprimé son point de vue lors des dernières réunions du bureau exécutif et du Conseil de la Choura du parti islamiste.

Zied Laâdhari était pour la désignation d’une personnalité plutôt indépendante, compétente, intègre et audacieuse. Une personnalité fédératrice, selon lui, et qui serait capable de redonner la confiance en la classe politique et appuyer le rayonnement de la Tunisie à l’étranger.

Ainsi et face au différend avec le Conseil de la Choura qui en avait décidé autrement, l’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce s’est dit incapable de poursuivre sa mission dans le cadre d’un processus dangereux et compromettant et dont les répercussions sur le pays sont imprévues. Renoncer à toutes ses responsabilités au sein d’Ennahdha était, désormais, inéluctable.

La position de Zied Laâdhari vis-à-vis de Habib Jamli s’est éclaircie davantage lorsqu’il avait jugé, lors de son passage télévisé à Attessia TV, que le choix de M. Jamli à la tête du gouvernement était erroné, imprudent et risqué. Un choix qui, de surcroît, n’était pas judicieux qu’il s’agisse d’indépendance ou de compétence, selon M. Laâdhari, vu que Habib Jamli était très proche du parti islamiste sans pour autant avoir eu d’activité partisane au sein du Mouvement.

En ce qui concerne la compétence, M. Laâdhari avait estimé que la scène regorgeait de compétences économiques bien plus reconnues que Habib Jamli, même parmi les noms initialement proposés à la primature lors du Conseil de la Choura d’Ennahdha. Des noms qui seraient plus expérimentés, plus opérationnels et qui seraient au courant de tous les dossiers en vue d’aboutir à des résultats concrets, tangibles et immédiats.

Certes, Zied Laâdhari n’était pas le premier dirigeant d’Ennahdha à contester les choix de son parti notamment ceux de Rached Ghannouchi. Avant lui, c’était Mohamed Ben Salem, Abdelhamid Jelassi, Abdellatif Mekki, Hatem Boulabiar et Lotfi Zitoun qui avaient contesté l’ingérence flagrante de M. Ghannouchi dans la désignation des têtes de listes électorales d’Ennahdha aux législatives de cette année et dénoncé ses décisions unilatérales ainsi que les dépassements du bureau exécutif dans ce sens.

Ainsi, la démission de M. Laâdhari, aussi inattendue soit-elle, n’avait pas l’air de déstabiliser le parti islamiste. Indéniablement et contrairement à la majorité des partis de la famille moderniste et progressiste, Ennahdha a toujours réussi à garder sa cohérence et sa consistance en dépit de ces conflits.

En effet, Ennahdha n’a pas encore communiqué publiquement sur cette démission bien que le chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi ait appelé Zied Laâdhari à revoir sa décision.

Néanmoins et pour ceux qui se sont exprimés sur l’affaire à savoir Abdellatif Mekki et le député Fathi Ayadi, il existe de multiples points de vue, parfois convergents, au sein d’Ennahdha. Toutefois, cette diversité ne doit pas engendrer la démission et que se conformer aux décisions des institutions du parti était crucial, selon M. Ayadi.

Quant à M. Mekki, l’ancien ministre de la Santé a assuré que le choix de Habib Jamli à la tête du gouvernement était déterminé par un vote au sein du Conseil de la Choura et que le candidat d’Ennahdha avait obtenu un taux de vote très élevé.

De plus, M. Mekki n’a pas manqué de souligner que la position de Zied Laâdhari n’engageait que lui et qu’il était probable qu’elle avait été prise sous la pression du moment. Il a, d’ailleurs, affirmé que la constitution du gouvernement ne sera affectée par aucun retrait, indépendamment du démissionnaire.

Bien que Habib Jamli ait réitéré son indépendance à maintes reprises et nié tout éventuel traitement de faveur qui profiterait à Ennahdha, sa désignation à la tête du gouvernement n’était pas arbitraire. Rached Ghannouchi s’était attaché, lui aussi, à ce que le candidat d’Ennahdha soit proche du mouvement islamiste dans l’objectif de mettre en place son programme et exécuter ses directives.

Même si à un certain stade, la proposition du nahdhaoui Zied Laâdhari à la Kasbah était mise sur la table, il n’est pas improbable que Rached Ghannouchi se soit opposé à sa candidature. Les positions de M. Laâdhari rimant avec le courant réformateur au sein du parti islamiste, en contradiction avec les choix de gouvernance de Rached Ghannouchi.

 

Boutheïna Laâtar

 

 

  

 

01/12/2019 | 15:43
5 min
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Commentaires (13)

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Grégoire
| 02-12-2019 17:24
Wait and SEE. Rien n'est plus CR'?DIBLE.

observator
| 02-12-2019 17:22
Devenu gâteux.

Il démontre qu il servait ses intérêts au lieu de son parti

rayma
| 02-12-2019 11:12
Personne n'a pu arrêter les dérives des islamistes ni l'état ni la justice ni l'administration. Les dénonciations de l'intérieur peuvent-ils limiter les dépassements et les dérives?

ntc
| 02-12-2019 08:44
Incontestablement le meilleur element d ' ennahdha . Ce parti va s ' éclater meme durant le règne de l'empereur ghannouchi . l'aile dur du parti est entrain de prendre le dessus et va directement vers la cession . Que Dieu les aide à aller droit vers l'abîme .

sam
| 02-12-2019 07:36
et si tout ce rififi n est q une distribution de roles dans un scenario que seuls le...ou les instigateurs pensent qu ils maitrisent la situation.

Houcine
| 02-12-2019 02:55
Toutes ces bonnes têtes pensantes qui glosent à propos du départ de leur collègue procèdent par légitimisme n'ayant pas sa clairvoyance et pas davantage son courage.
Tout ce cénacle avait montré son incurie en dirigeant des ministères. Cela aurait dû en faire les premiers sur la liste des pressentis au poste de chef de gouvernement.
Il se peut que dans les calculs du gourou, il ne faudrait pas laisser aux poulains trop d'espace afin qu'ils se tiennent tranquilles. Et, comme tout procède de lui, chacun est sommé de respecter ses décisions en interne... et de les défendre en externe.
La guerre des ambitions a déjà fait sa première victime. Preuve que la maison brûle.
Le plus courageux tire sa révérence. Mais, je persiste à soutenir qu'il est et reste dangereux. Il n'a pas quitté la secte en abjurant ses croyances.
Il peut même servir la Cause bien plus opportunément, maintenant qu'il est auréolé de cette rupture.
Voir Ghannouchi à la tête de l'ARP devient l'emblème et la caricature de la séquence historique.
Ici, nous avons touché les abysses. Il convient de rien y ajouter.

Be zen
| 01-12-2019 23:20
"Ghanouchi est comme Bourguiba un stratège", dites-vous.
Oui, il fallait oser !
Oser comparer le GRAND BOURGUIBA au petit et minable frèriste ghannouchi.
Votre commentaire est une insulte au GRAND HOMME qu'était notre ZaÏm.
Comment pouvez-vous affirmer que Bourguiba a épousé Wassila pour pactiser avec ce vous appelez les "beldiyas".
Vous prenez Bourguiba pour un demeuré !
Révisez un peu vos classiques sans aucun parti pris Forza sinon l'Histoire se chargera de le faire à votre place.

rzouga
| 01-12-2019 21:33
Ce type a fait beaucoup de mal au pays et vous dites prodige.

Nephentes
| 01-12-2019 20:24
Selon précisément Borhen BSAIS et Lotfi LAAMERI Mr Laadheri a bel et bien été écarté suite à des pressions régionalistes de la part de certain dirigeants d'Ennahdha (vendredi 31 novembre)

Au demeurant je pense que nous sommes d'accord que prendre en considération l'origine la religion ou la région de tout être humain dans le cadre d'une évaluation des compétences et/ou d'aptitudes est une ignominie un comportement de rat

Forza
| 01-12-2019 19:35
Laadhari n'est pas parti car il est sahélien et qu'ennahdha n'a pas de place pour les sahéliens. Lui-même a déclaré sur attassia que Ghanouhci était contre la nomination de Jamli et le choix de Jamli était par élection par le majless achoura, donc une élection démocratique. Laadhari en partant démontre qu'il n'accepte pas un vote démocratique et n'est pas patient pour attendre le moment opportun. En plus il sous-estime Jamli et donne trop d'importance aux diplômes.
Parmi les candidats, il y'avait Mongi Marzouk de Matmata, polytechnicien et tout le monde parle de sa compétence donc si Ghanouchi voulait installer quelqu'un du sud, il aurait pu choisir Marzouk et personne n'aurait présenter des critiques. Ghanouchi est comme Bourguiba un stratège du pourvoir. Bourguiba pour éviter la résistance des beldiyas de Tunis, a épousé Wassila Ben Ammar et a partgaer le pouvoir avec eux. Ghanouchi pour neutraliser la résistance des sahéliens, a donné les postes du pouvoir aux sahéliens, d'habord Jbali et après Laadhari. C'est Ghanouchi qui l'a imposé comme secrétaire général du mouvement malgré qu'il soit un poids léger politiquement si on le compare a un Jlassi ou un Mekki.
Sinon l'homme moderne est un bédouin. L'homo-sapiens était un bédouin et a conquis le monde, les entreprises modernes cherchent aujourd'hui les bédouins, on palle alors de mobilité comme la mobilité des turques qui ont quitté l'Anatolie il y'a des siècles pour venir s'installer à Tunis par exemple.