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Péril en la demeure d’Ennahdha !
23/07/2019 | 19:59
6 min
Péril en la demeure d’Ennahdha !

 

Ennahdha, modèle en matière d’organisation et de discipline, vient de rejoindre les rangs des partis fragilisés par les conflits internes. Derrière la récente crise, Rached Ghannouchi et sa modification des listes électorales pour les législatives. Qu’il s’agisse de tumultes passagers ou d’une crise profonde, la tension au sein d’Ennahdha aura, inévitablement, un effet déstabilisateur pouvant compromettre sa performance aux législatives.

 

Depuis hier, 1er jour de dépôt des listes électorales législatives, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a commencé à recevoir les dossiers de candidature. C’est aujourd’hui, lors d’une conférence de presse, que la liste définitive des candidats d’Ennahdha a été dévoilée avec le chef du parti islamiste, Rached Ghannouchi, tête de liste sur Tunis 1.

Une position qui avait été initialement accordée à Abdellatif Mekki, rapidement substitué par Rached Ghannouchi dont la candidature était incertaine jusqu’à la dernière minute. Le chef d’Ennahdha avait, d’ailleurs, barré les noms de plusieurs dirigeants nahdhaouis et les avait remplacés par d’autres éléments de la composition des listes électorales.

Une décision du bureau exécutif qui a déclenché une vague de mécontentement et d’indignation dans les rangs des dirigeants du parti islamisten du côté notamment de Mohamed Ben Salem, Abdelhamid Jelassi, Hatem Boulabiar ainsi que Lotfi Zitoun.

Abdellatif Mekki a, par la suite, été nommé tête de liste du Kef. Un changement destructeur de la bonne ambiance et de la démocratie interne selon Mekki qui avait rejeté cette nomination qu’il a qualifiée d’« injuste »  et de « despotique ».  Ainsi, c’est Mokhtar Lamouchi qui a été désigné tête de liste du Kef.

 

Visiblement, Abdellatif Mekki n’a pas été la seule « victime » de Rached Ghannouchi. Le même problème s’est reproduit également pour Abdelhamid Jelassi, élu, lors des primaires, tête de liste sur Tunis 2 puis remplacé par Tarek Dhiab. Rached Ghannouchi avait, en effet, barré son nom pour le placer à la tête de la liste électorale de Nabeul 1, revenue aujourd’hui à Moez Belhadj Rhouma.

La mutation a été catégoriquement réfutée par Jelassi qui a, donc, décidé de ne pas se présenter aux législatives étant donné que sa nouvelle nomination allait « à l’encontre de la volonté des électeurs » ainsi que de ceux qui ne l’ont pas élu puisqu’il s’imposerait où il était indésirable, selon ses dires.

Abdelhamid Jelassi n’a pas manqué, de ce fait, de relever les tensions existant au sein d’Ennahdha affirmant que ces différends n’étaient pas inhabituels et qu’ils ne dataient pas d’hier. Il a ainsi exhorté les membres du parti à appeler le bureau exécutif à revoir ses décisions et prendre en considération l’appel des adhérents du parti islamiste.

 

Réagissant à ces remous, le député d’Ennahdha, Mohamed Ben Salem, avait indiqué qu’une pétition a été signée par des membres du Conseil de la Choura. Une pétition qui appelle à la tenue d’une réunion exceptionnelle destinée à examiner les dépassements du bureau exécutif du parti islamiste.

Ben Salem ajoute que la direction d’Ennahdha avait outrepassé ses prérogatives en modifiant ses listes électorales. Il a ainsi dénoncé l’éviction de certaines personnalités du parti élues têtes de liste puis remplacées unilatéralement par Rached Ghannouchi qualifiant cette exclusion d’éthiquement inadmissible.

 

Ces modifications auxquelles Rached Ghannouchi avait procédé n’étaient pas particulièrement appréciées par Lotfi Zitoun. Rached Ghannouchi avait proposé à Lotfi Zitoun de figurer sur sa liste pour Tunis 1 sauf que ce dernier a décliné l'offre assurant qu’il ne se portera pas candidat sur les listes d’Ennahdha et qu’il préfère se mettre à l’écart des tiraillements engendrés par l’ingérence du bureau exécutif du parti islamiste dans la formation des listes législatives partisanes. Des listes dont l’organisation, d’après l’ancien conseiller politique auprès du président d’Ennahdha, se base sur des calculs politiques, des règlements de comptes ainsi que sur la loyauté à la direction du parti.

 

La candidature de Rached Ghannouchi a, de surcroît, été mal accueillie par le membre du Conseil de la Choura d’Ennahdha, Hatem Boulabiar qui avait indiqué qu’il s’opposait à cette candidature et que la Tunisie avait besoin d’alternance au pouvoir. Il avait, par ailleurs, prédit un putsch si le chef islamiste brigue un autre mandat de présidence d’Ennahdha en 2020.

Contestant aussi les modifications qu’avaient apportées Rached Ghannouchi aux têtes de liste élues par 5000 votants, Boulabiar a déclaré que le règlement d’Ennahdha accorde à son président la prérogative de modifier 10% des têtes de liste. Toutefois, Rached Ghannouchi avait modifié 30 parmi 33 têtes de liste.

Des listes qui étaient, selon Hatem Boulabiar « parfaites », respectant le principe de la parité et de la démocratie. Ainsi, il s’agissait d’un « carnage » éliminant les personnalités qui ont bâti Ennahdha et éjectant des dirigeants majeurs à l’instar de Abdellatif Mekki, Samir Dilou et Abdelhamid Jelassi.

 

Néanmoins, la vague d’indignation ne semblait pas toucher l’ancien ministre de l’Intérieur nahdhaoui, Ali Laârayedh dont le frère et député, Ameur Laârayedh est désigné tête de liste sur Médenine.

Ali Laârayedh a, en effet, pris la défense de Rached Ghannouchi justifiant ses décisions par le fait que le président d'Ennahdha connait mieux que le reste des dirigeants nahdhaouis les intérêts du parti. Laârayedh s’était, ainsi, montré contrarié par l’indiscipline de Mekki et Jelassi, les exhortant à se conformer aux directives du bureau exécutif.

 

Avec 15% des intentions de vote selon le dernier sondage de Sigma Conseil, un taux devancé remarquablement par « Au cœur de la Tunisie » de Nabil Karoui qui risque de le détrôner, Ennahdha est appelé aujourd’hui, plus que jamais, à unir ses rangs s’il souhaite poursuivre sa détention du pouvoir.

En proposant des indépendants sur les différentes listes législatives,  Ennahdha recourt aux mêmes choix stratégiques faits à maintes reprises en 2011, 2014 et 2018. Le parti islamiste a placé, en effet, la militante de la société civile Tasnim Gazbar, bien qu’elle ait refusé cette nomination pour divergence de visions, à la place de Safa Mediani élue aux primaires sur Tunis 1, et Faycel Derbel, conseiller auprès du chef du gouvernement chargé de la réforme fiscale en tant que tête de liste sur Sfax 2.

Cependant, cette mesure sera plus qu’inutile si Ennahdha ne réussira pas à apaiser les tensions internes. Il reviendra certes aux différents dirigeants nahdhaouis de faire entendre raison à Rached Ghannouchi afin qu’il revienne sur sa décision et instaure une véritable démocratie au sein de son parti.

 

Boutheïna Laâtar

 

23/07/2019 | 19:59
6 min
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Commentaires (7)

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Microbio
| 24-07-2019 15:03
Un membre du de l´ARP vient chez le médecin car il a une éruption cutanée sur son meilleur morceau. "D'où ça vient?" Demande-t-il. "C'est pourquoi", répond le médecin, "que votre immunité politique n'est pas efficace dans la vie privée!"

Adnène
| 24-07-2019 13:52
Il ne faut pas croire dans ses bruits discordants venant des nadhdhaouis. C'est pure théâtralité, Ghannouchi tient fermement chacun des membres de ce parti .... les écarts sont faux comme beaucoup de leurs positions. Ils sont forcés d'être solidaire, celui qui s'écarte à un triste sort., même Jebali qui fait le fanfaron recevra une baffe monumentale ....Ghannouchi le tient ne serait-ce que par ces gaffes avec les libyens....et il peut l'envoyer mordre la poussière et l'ambiance des cachots du jour au lendemain. Et Jebali le sait!

Abir
| 24-07-2019 10:52
Comme la majorité de membres ont du sang dans leurs mains direct ou indirect , ils ne peuvent pas être tous au parlement pour se protéger et surtout que leur nombre sera beucoup moins qu'on 2014

SOUSSI
| 24-07-2019 08:20
Il faut jamais vendre la peau de l ours avant de l avoir tuer
Les Nahdhaouis sont solidaires
ils vont arranger leurs problèmes internes

Trançonneuse
| 24-07-2019 07:59
Les chèvres peuvent-elles se rebeller contre le bouc? Pas crédible... elles attendront la disparition du bouc c'est plus simple.

A4
| 23-07-2019 21:45
LA PIEUVRE
Ecrit par A4 - Tunis, le 05 Novembre 2017

La pieuvre noire est moribonde
Elle n'en a plus du tout pour longtemps
Elle est gluante, nauséabonde
Comme l'eau fétide d'un étang

Elle est obligée pour survivre
De s'amputer quelques tentacules
De jeter au feu tous ses livres
Et mettre à l'heure ses vieilles pendules

Mais ses horloges usées sont rouillées
Bloquées dans des époques anciennes
Et rien ne sert de les chatouiller
Il n'y a plus d'aiguilles qui tiennent

Elle suffoque dans son marécage
Et ça fait longtemps qu'il n'a pas plu
Qu'il n'y a plus perles ni coquillages
Que les eaux du golfe n'arrivent plus

De temps à autre elle rejette un doigt
Le plus malade ou le plus pourri
Cela n'empêche qu'elle est aux abois
Les yeux tristes et la peau flétrie

Elle est même rejetée par les siens
Par ses amis et ses grands maîtres
Elle n'a plus presque aucun soutien
Pour la sortir de son mal-être

Vous la voyez étalée à terre
Répugnante comme un vieux torchon
Faisant en cachette des prières
Pour invoquer diables et démons

Son mal incurable la dévore
Va la jeter un jour dans le trou
Avec ses doigts assassins, ses cors
Et sa sale tête de gourou

Forza
| 23-07-2019 20:31
a savoir d'être un parti qui applique la démocratie dans ses structures. Les tetes de listes sont pratiquement tous les supporteurs de Ghanbouchi qui ne disent que oui, des Beni oui-oui. Les militants avec force et caractère comme Mekki et jelassi ont ete degagés. Ennahdha va payer ça lourdement, ces résultats le prouveront. Une défaite massive est peut-être une Chance pour le parti pour dégager Ghanouchi, rajeunir le leadership et pratiquer vraiment la démocratie. La démocratie commence au sein des partis. '?a n'a aucun sens d'organiser des élections internes pour voir après Ghanouhcui arriver et dicter les tetes de liste-