
Mehrez Ghannouchi, ex-présentateur météo reconverti en influenceur climatique, s’est pris une déculottée mémorable aux élections législatives partielles à Bizerte-Nord. Quatrième sur sept avec 340 petites voix, soit à peine de quoi remplir une salle de fête, notre météorologue de salon a appris à ses dépens que la popularité Facebook ne fait pas un bulletin de vote.
Dans une circonscription où plus de 89.000 électeurs étaient inscrits, seuls 2.623 se sont donné la peine de voter. Mais même dans cette mer d’abstention, Mehrez Ghannouchi n’a pas réussi. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir tenté. À coups de posts dégoulinants d’allégeance au régime, de bulletins météo grandiloquents et de citations mystico-politiques l’homme espérait transformer sa page Facebook en rampe de lancement électorale. Raté.
Mehrez Ghannouchi s’était inventé un rôle de prophète climatique, lançant des alertes, appelant à des prières pour la pluie, et s’octroyant le monopole de l’annonce de la foudre céleste.
Le comble du grotesque fut atteint lorsqu’il se réjouit sur ses réseaux sociaux de l’arrivée de l’ouragan Milton sur la Floride, qualifiant la catastrophe naturelle de "réponse divine". Un moment de honte absolue, où la science météorologique a été crucifiée au nom d’un populisme indigent.
Mais derrière cette agitation numérique se cachait son ambition. Il a profité de sa position comme d’un tremplin politique. De quoi interroger sérieusement sur les frontières entre service public et ambition personnelle. D’autant plus que ses patrons, lassés de ses envolées extra-scientifiques, avaient fini par le ramener à l’ordre, l’éloignant des écrans. Une relégation vécue comme un drame personnel, à en croire les larmes numériques qu’il versa alors sur Facebook, mobilisant ses "fans" pour dénoncer un "complot" contre lui.
Hélas pour lui, la météo électorale ne pardonne pas. Et malgré des années passées à liker, commenter, dramatiser, la réalité est tombée : 340 voix.
Il pensait que le peuple allait le plébisciter comme il le "likait". Le peuple, lui, a juste zappé.
R.B.H

