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Turquie : Erdogan arrête son principal adversaire, l'opposition dénonce un « coup d'État »
19/03/2025 | 12:57
4 min
Turquie : Erdogan arrête son principal adversaire, l'opposition dénonce un « coup d'État »
Des policiers se tiennent dans une rue autour du siège de la police provinciale où le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, est détenu après son arrestation, à Istanbul, le 19 mars 2025 (Photo de Kemal Aslan / AFP)

 

Le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, a été interpellé mercredi 19 mars 2025, et des mandats d'arrêt ont été émis contre plus d'une centaine de ses collaborateurs et d'élus et membres de son parti qui dénoncent « un coup d'État » contre l'opposition.

Populaire et charismatique, le maire de 53 ans qui croule sous les procédures judiciaires, est accusé cette fois de « corruption » et, selon l'agence officielle Anadolu, de « terrorisme ».

Ekrem Imamoglu, pressenti par le CHP, le Parti républicain du peuple (social-démocrate), principale formation d'opposition au Parlement, pour être son candidat à la prochaine élection présidentielle, a été emmené dans les locaux de la police protégée par des barrières. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant elles aux cris de « Gouvernement démission » et « Imamoglu, tu n'es pas seul ! ».

Le président du CHP, Özgur Özel, chargé d'Ankara, doit prendre la parole en début d'après-midi (11H00 GMT). Il a déclaré « un coup de force pour entraver la volonté du peuple » et « contre le prochain président » de la Turquie.

Cette arrestation est « un grave revers pour la démocratie » en Turquie, a déclaré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.

Dans une vidéo sur X, M. Imamoglu, en train de s'habiller, dénonce la fouille de son domicile : « des centaines de policiers sont arrivés à ma porte. La police fait irruption chez moi et frappe à ma porte. Je m'en remets à ma nation ».

Son épouse Dilek Imamoglu a témoigné sur la chaîne privée NTV : « les policiers sont arrivés juste après le sahur (le repas avant le lever du jour en cette période de ramadan, ndlr). Ekrem Bey a commencé à se préparer. (...) Ils ont quitté la maison vers 7h30 », a-t-elle signalé, précisant que leur fille de 13 ans était présente.

Son arrestation a provoqué une chute immédiate de la livre turque qui a atteint le record de 40 livres pour un dollar et de 42 livres pour un euro, obligeant la Banque centrale à intervenir pour freiner le plongeon.

 

Revers pour la démocratie

Selon le communiqué du bureau du procureur d'Istanbul, M. Imamoglu est accusé de corruption et d'extorsion et désigné comme le chef d'une « organisation criminelle à but lucratif ».

Egalement des arrêtés pour « corruption » figurent le conseiller du maire, Ertan Yildiz, le maire du district de Sisli, le président d'un club de sport, le directeur d'une agence de publicité ainsi que des hommes d'affaires, un journaliste en vue et un producteur de cinéma.

L'agence étatique Anadolu évoque également des accusations de « terrorisme » et « d'aide au PKK », le Parti des Travailleurs du Kurdistan (interdit), à la rencontre de sept suspects, dont le maire.

Tous les rassemblements et manifestations ont été interdits jusqu'à dimanche par le gouverneur d'Istanbul mais de nombreux partisans du maire, qui avaient initialement prévu de les rassembler mercredi, convergeaient vers la municipalité cernée de barrières, selon les photographes de l'AFP.

L'emblématique place Taksim, au centre d'Istanbul, haut lieu traditionnel des manifestations, a été également fermée : « On est dans une dictature », lâche un commerçant identifié par son seul prénom, Kuzey. « Ce gars et sa vente bande nous haïssent. Dès qu'ils ont affaire à quelqu'un de fort, ils font quelque chose d'illégal, ils paniquent », lance-t-il à propos du chef de l'Etat.

 

Vers l'autocratie

« Ce qui s'est passé ce matin n'est rien d'autre qu'un coup d'Etat contre le principal parti d'opposition, avec des conséquences considérables pour l'avenir politique du pays », a estimé Berk Esen, politiste de l'université Sabanci d'Istanbul, joint par l'AFP. « Cette décision pousse la Turquie plus loin vers l'autocratie, à l'instar du Venezuela, de la Russie et de la Biélorussie ».

M. Imamoglu est seul en lice pour représenter son parti à la prochaine présidentielle prévue en 2028 et devait être désigné dimanche au cours d'une primaire au sein du CHP.

L'université d'Istanbul avait annulé mardi son diplôme, ajoutant un obstacle supplémentaire à son éventuelle candidature : la Constitution exige un diplôme de l'enseignement supérieur pour toute candidature aux fonctions de chef de l'Etat.

L'édile avait décrété une décision « illégale » qu'il entendait contester en justice : « les droits acquis de chacun dans ce pays sont menacés », avait-il accusé.

Figure du CHP, Ekrem Imamoglu est visé par cinq autres procédures judiciaires, dont deux ouvertes en janvier.

En 2023, il avait déjà été empêché de facto de se présenter à la présidence, en raison d'une condamnation en suspens pour « insulte » aux responsables du comité électoral turc.

Opposant véhément au président Erdogan, M. Imamoglu a déclaré fin janvier le « harcèlement » de la justice. Il sortait alors d'un tribunal d'Istanbul où il était entendu dans le cadre d'une enquête ouverte après des critiques contre le procureur général de cette ville.

 

© Agence France-Presse

19/03/2025 | 12:57
4 min
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Commentaires
Chelbi
C'est du plagiat
a posté le 19-03-2025 à 15:25
Dans cette situation de pleine décadence et destruction sans arrêt, on arrive à exporter quelque chose quand meme!
Chelbi
C'est du plagiat ca
a posté le 19-03-2025 à 15:24
Dans cette situation de pleine décadence et destruction préméditée de notre pays, on arrive à exporter quelque chose quand même!
naceur fah
Déjà vu
a posté le 19-03-2025 à 13:39
J'ai une vague impression de déjà vu.
DHEJ
Qui copie qui...
a posté le 19-03-2025 à 13:37
Ah cet appareil judiciaire quand il se déchaîne...
Agatacriztiz
Le début de la fin...
a posté le 19-03-2025 à 13:36
Si il agit de la sorte, c'est qu'il perd de plus en plus son sang-froid et qu'il va donc bientôt disparaître de la scène politique.
C'est inéluctable, ils finissent tous comme ça...
Ganz Erdogaga...
"Coup paré, Son " n est pas raison antidémocratique !
a posté le 19-03-2025 à 13:24
Un exemplaire quasi sans-faute démocratique au demeurant mais qui s'entête (de Turc) toujours à fun(Ist)ambuler sur le fil du (AK)caPotage antidémocratique final...