
Le ministre américain des Transports, Sean Duffy, doit annoncer jeudi 8 mai 2025 en début d'après-midi une refonte du système de contrôle aérien (ATC) des États-Unis, après avoir critiqué une infrastructure vieillissante, marquée par de multiples incidents et par une pénurie de personnel dans les tours.
« Ce plan fait partie de l'engagement de l'administration Trump à sécuriser notre espace aérien et à lancer un âge d'or des transports », a expliqué le ministère.
L'objectif est de refondre entièrement le dispositif, au prix de dizaines de milliards de dollars, ce qui nécessiterait l'approbation du Congrès, alors que la Maison-Blanche procède à des coupes budgétaires drastiques pour réduire les dépenses fédérales.
Les problèmes du trafic aérien aux États-Unis ne sont pas nouveaux, tant au niveau de l'infrastructure que de la pénurie de main-d'œuvre, amplifiée par la pandémie de Covid-19.
Le régulateur de l’aviation, la FAA, mène depuis plusieurs années des actions pour accélérer la formation de contrôleurs aériens, notamment en accordant des subventions à des établissements de formation et en lançant des campagnes de recrutement.
En septembre 2023, l’organisation du trafic aérien et le syndicat national des contrôleurs aériens (NATCA) évaluaient à plus de 3.000 le nombre de contrôleurs manquants dans les tours des aéroports américains.
Ils étaient environ 10.800 fin 2024. La FAA en a recruté 1.500 en 2023, plus de 1.800 en 2024, et l’objectif était d’en embaucher 2.000 supplémentaires en 2025, indiquait le ministère des Transports en décembre, lorsque le président démocrate Joe Biden était encore en poste.
Face à ce déficit, le régulateur a demandé à l’été 2023 aux compagnies aériennes de réduire de 20% le nombre de vols aux trois aéroports de New York (JFK, LaGuardia et Newark) ainsi qu’à celui de Ronald-Reagan, qui dessert la capitale Washington. Cette requête a été reconduite au moins jusqu’en octobre 2025.
Collision mortelle
Mais une collision, le 29 janvier, entre un avion de ligne en approche finale à l’aéroport Ronald-Reagan et un hélicoptère militaire Sikorsky Black Hawk, qui a fait 67 morts au total, a propulsé le problème sur le devant de la scène. L’incident a aussi donné l’opportunité au président Donald Trump de dénoncer l’inaptitude, selon lui, de son prédécesseur à régler cette situation.
« Les problèmes du contrôle aérien sont la faute de l’incompétente administration Biden, sous la direction, dans le cas présent, du complet novice et arnaque politique Pete B. Je vais les résoudre », a-t-il publié jeudi matin sur Truth Social, faisant référence à l’ex-ministre des Transports Pete Buttigieg.
« Nous apprécions l’efficacité au ministère des Transports, mais la sécurité de la population américaine est notre priorité première, tandis que nous mettons en place notre nouveau système ATC », a publié Sean Duffy mercredi sur X, où il multiplie depuis plusieurs jours les critiques envers son prédécesseur.
Cette nouvelle salve fait suite à un incident survenu le 28 avril à l’aéroport de Newark Liberty International, l’un des plus fréquentés des États-Unis, lorsque le système de contrôle aérien a été coupé pendant 90 secondes.
D’après des médias américains, les contrôleurs aériens — stationnés à l’aéroport de Philadelphie et gérant les vols en approche à Newark, situé à 160 km au nord-est — n’ont pu communiquer avec les avions en raison d’une interruption du radar et des communications radio.
Aucun détail n’a été fourni par les autorités ; la FAA a simplement évoqué mercredi des « problèmes d’effectifs et technologiques » au centre de contrôle TRACON de Philadelphie.
« La FAA prend des mesures immédiates pour améliorer la fiabilité des opérations » à Newark, notamment par « l’accélération des améliorations technologiques et logistiques » et « l’accroissement du personnel de contrôle aérien », a-t-elle indiqué.
Le syndicat des contrôleurs aériens a, de son côté, déploré des bâtiments en piteux état, abritant des radars technologiquement obsolètes et des ordinateurs fonctionnant encore avec des disquettes.
Le régulateur est actuellement dirigé par un administrateur par intérim, Chris Rocheleau, après la démission de Mike Whitaker. Ce dernier avait annoncé en décembre qu’il quitterait ses fonctions le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump.
Bryan Bedford, patron de la compagnie aérienne régionale Republic Airways, a été désigné le 17 mars par Donald Trump pour diriger la FAA, mais son audition de confirmation par le Sénat n’a toujours pas été fixée.
© Agence France-Presse

