
Par Sofiene Ben Hamida
Le ministère de l’Intérieur a dévoilé au cours de la semaine dernière un gros dossier de préparatifs de déstabilisation du régime impliquant le frère d’un ancien candidat à l'élection présidentielle et le fils d’un ancien président du parlement. Paradoxalement, malgré sa gravité, cette information n’a pas accaparé l’attention de l’opinion publique plus soucieuse en ces temps difficiles de trouver du carburant, de l’huile, de la farine et même du pain. Les affaires qui touchent l’Etat n’intéressent plus les citoyens qui se sont mis en désaccord profond et définitif avec le monde politique. Un grand merci à tous ceux qui se sont acharnés durant plus d’une décennie à donner à la politique l’image défigurée et insalubre afin de repousser les citoyens de la sphère publique.
Pourtant le dossier était d’une gravité certaine. Pour une démocratie, confirmée ou en devenir, il n’existe pas d’actes plus graves que les tentatives de déstabilisation du régime politique, soit par la violence, soit par l’agitation de rue. Il se trouve malheureusement que les acteurs politiques du moment, au pouvoir comme dans l’opposition, font de l’instabilité un argument majeur pour continuer de s’ignorer les uns les autres. Le résultat immédiat de cette attitude est le fossé qui ne cesse de s’élargir entre les Tunisiens et le monde politique.
Il est probable aussi que ce manque d’intérêt accordé à cette information divulguée la semaine dernière par le ministère de l’Intérieur est dû au fait que cette dernière annonce de tentative de déstabilisation du régime politique ait été précédée par d’autres annonces similaires restées sans suite. L’équipe de l’actuel président Kaïs Saïed avait déclaré à plusieurs reprises avoir déjoué des tentatives d’assassinat du président ou de déstabilisation de son régime. Le président lui-même avait annoncé aux Tunisiens, à des occasions multiples que des « parties » se réunissaient dans des « chambres obscures » pour préparer des projets contre le pays et la volonté du peuple. Malheureusement, le président de la République n’a jamais daigné donner l’identité de ces parties. Le ministère public de son côté se refuse toujours de communiquer aux Tunisiens des informations sur ces faits gravissimes.
A l’annonce du décès de l’ancien président Béji Caïed Essebsi, des bruits persistants ont couru concernant une tentative islamiste de putsch, ce qui a poussé le président du parlement Mohamed Ennaceur à sortir de son lit et à rallier l’hémicycle du Bardo en urgence. Malheureusement encore, nous sommes toujours dans l’attente de nous fournir les détails de cet épisode émouvant de la vie politique dans notre pays.
Ce manque flagrant et permanent de transparence sert, bien entendu, les opposants du pouvoir en place qui se sont donné à cœur joie pour dénigrer et banaliser les informations données par le ministère de l’Intérieur. Les islamistes ont vite fait de nier tout en bloc et de dénoncer la volonté du pouvoir de souiller la réputation de leur chef ainsi que celle des membres de sa famille.
En réalité, les islamistes profitent des maladresses du pouvoir. Mais il n’y a rien de surprenant dans le fait que Moadh (parce que c’est de lui qu’il s’agit) fils de Rached Ghannouchi, aujourd’hui en fuite entre Istanbul et Londres, soit impliqué dans une tentative de coup d’Etat. Les islamistes en la matière, ont derrière eux un long passé sanguinaire et traumatisant.
De son côté, le fan club du président de la République accuse l’opposition de fomenter des tentatives de déstabilisation du régime pour perturber les élections législatives prévues le 17 décembre prochain.
En conclusion, un dossier grave et dangereux, qui porte préjudice à la stabilité du pays, est en train d’être escamoté honteusement par la faute d’un pouvoir incompétent et d’une opposition haineuse et revancharde sous le regard des Tunisiens dépités.



Prétendre que les manifestations des citoyens ne sont que des complots organisés par les fameux "homm" n'est que sottise.
Continuez à prendre les gens pour des idiots.
Digage.
Tout laisse penser que, comme d'habitude, on a l'annonce, puis rien.
Le Gouvernement semble déjà passer à autre chose, l'affaire est banale, on l'a oubliée, comme on a oublié des dizaines d'autres.
J'aurais tout de même souhaité un langage plus dur et plus ferme de la part du journaliste Ben Hmida, les mots tendres ne marchent pas avec un gouvernement timide, hésitant et aux mains tremblantes.


