
Selon une étude réalisée par l’Observatoire tunisien de l’économie, la part moyenne du budget d’investissement allouée à l’éducation entre 2016 et 2023 ne dépasse pas 5,5% du total des dépenses d’investissement public. Ce niveau limité de financement a entraîné un manque de développement et d’entretien des infrastructures éducatives.
L’étude, relayée par la TAP mercredi 21 mai 2025, souligne également que la part du budget de l’État dédiée à l’éducation a chuté de 15,9% en 2010 à seulement 10,2% en 2024, traduisant ainsi une baisse préoccupante de l’engagement gouvernemental envers ce secteur stratégique, notamment entre 2021 et 2024.
En tenant compte de l’inflation, les dépenses réelles consacrées à l’éducation ont reculé en moyenne de -2,3% sur cette même période. Ce recul met en lumière la nécessité de repenser les politiques de répartition des ressources afin de mieux répondre aux défis du secteur.
Les dépenses de l’État en faveur des établissements éducatifs ont connu un net repli, et le budget de l’éducation demeure insuffisant pour faire face aux besoins croissants. En dépit d’une légère augmentation des dépenses éducatives en valeur absolue ces dernières années, leur part relative dans le budget de l’État est tombée à 13,5% en 2023, et devrait encore baisser à 13,2% en 2024. Ces chiffres restent inférieurs aux recommandations de l’UNESCO, qui préconise d’y consacrer entre 15% et 20% des dépenses publiques.
L’étude rappelle qu’à une époque, la Tunisie figurait parmi les pays les plus investis dans l’éducation, consacrant plus d’un quart de son budget national à ce secteur. Une performance qui dépassait même les standards internationaux. Ce n’est désormais plus le cas, ce qui témoigne d’un déclin progressif de la priorité accordée à l’éducation dans les politiques publiques.
Par ailleurs, la répartition des dépenses du ministère de l’Éducation montre que 85% du budget est consacré aux salaires, tandis que les dépenses d’investissement ne représentent que 8 % du budget total prévu pour 2024.
L’étude met également en évidence de graves lacunes en matière d’infrastructure. À l’échelle nationale, seulement 30% des écoles sont connectées au réseau d’assainissement. De nombreuses installations et équipements sont vétustes, et 10% des écoles primaires n’ont pas accès à l’eau potable.
Pour l’année scolaire 2023-2024, on dénombre 128 écoles primaires dépourvues de sanitaires, dont 58% se situent dans les régions du Centre-Ouest, notamment à Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid. De plus, 541 écoles primaires, soit 12% du total, ne sont pas raccordées au réseau d’eau potable. Elles dépendent de citernes ou de réservoirs d’origine inconnue, non répertoriés par les sites officiels du ministère de l’Éducation ni par ses représentations régionales.
M.B.Z

