Grève générale dans la ville de Sfax en ce jeudi 16 juin 2022. Depuis ce matin, une grande partie des administrations publiques et privées, commerces, grandes surfaces etc. ont fermé leurs portes prenant part à cette journée de colère annoncée par l'UGTT.
Sous un soleil de plomb et malgré des températures élevées, les militants syndicalistes se sont rassemblés en masse devant les locaux de l’Union régionale de Sfax.
Se protégant du soleil sous de grands chapeaux et s'abritant dans l'ombre du haut bâtiment de l'UGTT au centre ville de Sfax, quelques milliers de personnes ont répondu présentes scandant des slogans en faveur du développement de la ville, de la résolution de la crise sanitaire et dénonçant la marginalisation de la ville. "Sfax est une ville oubliée", ont scandé plusieurs manifestants.
En ce jour de grève générale, le dossier environnemental a été évoqué en premier, la ville croulant sous les ordures depuis l'année dernière. Une situation qui a empiré ces dernières semaines malgré la nomination, récente, d'un nouveau gouverneur.
Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Samir Cheffi, présent à Sfax, a prononcé un discours qui a galvanisé la foule, rappelant le rôle national de l’Union et ses luttes pour la classe ouvrière et contre l’oppression et la corruption.
« Cette grève nous a été imposée, nous n’avons pas cherché cela mais quelle issue quand tous les processus sont bloqués ? Ils ont refusé de concrétiser les accords malgré notre flexibilité et nous leur avons donné plus de dix mois mais rien n’a été fait » a-t-il lancé. « Nous refusons que Sfax continue à servir de bouc-émissaire ».
Dans une déclaration aux médias, Samir Cheffi a affirmé que les militants de l'UGTT subissent aujourd'hui une campagne de dénigrement et de diabolisation sans précédent menaçant leur sécurité et notamment celle de son secrétaire général. « Après les mouches bleues [en référence à Ennahdha], aujourd'hui, ce sont les mouches jaunes qui nous attaquent », a-t-il dit.
« Nous avons soutenu et continuons à soutenir le 25-Juillet, conscients que la Tunisie a besoin de sauvetage. Mais, nous avons des conditions, celles du respect des libertés et de la participation afin de mieux parvenir à résoudre les problèmes des citoyens », a-t-il dit ajoutant que l'UGTT refuse « "l'assassinat" des partis politiques». « Les partis politiques et les organisations ne sont pas tous corrompus et ne sont pas tous impliqués dans le terrorisme, la violence et le financement étranger ».
« Nous avons donné au gouvernement le temps nécessaire pour qu'il revoit sa copie [...] Cette grève n'a pas été un choix, nous avons été poussés à la tenir » a-t-il ajouté.
Samir Cheffi a aussi réagi au premier ébauche du chapitre premier de la nouvelle Constitution le qualifiant de « triangle des bermudes » des droits et libertés et menaçant sérieusement le droit à la grève.
De son côté, Youssef Adouani, secrétaire général de l'UGTT de Sfax, a qualifié la grève d'aujourd'hui de « grande réussite ».
S.T