Afin de récompenser ses actionnaires pour leur attachement et leur fidélité, le Conseil d’administration de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) a proposé une augmentation de capital par incorporation de réserves décidée et une assemblée a entériné cette décision.
C’est ce qui ressort de l’assemblée générale extraordinaire (AGE) tenue, vendredi 1er novembre 2024 au siège de la banque, sous la présidence Mohamed Agrebi, membre du Conseil d’administration, et d’Elyes Jebir, directeur général de la banque.
Mohamed Agrebi a expliqué au démarrage de la séance que cette augmentation de capital intervient en réponse à une revendication des petits porteurs et en y cédant la banque veut récompenser ses actionnaires pour leur attachement et leur fidélité.
Ainsi, le Conseil d’administration propose une augmentation de capital par incorporation de réserves ordinaires d’un montant de 25,5 millions de dinars. Cette augmentation de capital donne lieu à l’émission de 5.100.000 actions nouvelles, d’une valeur nominale de cinq dinars chacune, à attribuer gratuitement aux anciens actionnaires, à raison d’une action nouvelle gratuite pour sept anciennes. Le capital social passerait ainsi de 178,5 millions de dinars à 204 millions de dinars et les nouvelles actions porteront jouissance à partir du 1er janvier 2024.
Lors du débat, l’actionnaire Habib Bouzouita a indiqué que les petits porteurs s’attendaient à une augmentation de capital « plus ambitieuse que celle proposée », surtout que les capitaux propres de la banque sont de l’ordre les deux milliards de dinars, donc dix fois le nominal. Pour lui, l’augmentation proposée est « dérisoire » et il a réclamé qu’elle passe à une action nouvelle gratuite pour cinq anciennes. Une revendication appuyée par l’actionnaire Mohamed Atrous.
Pour sa part, l’actionnaire Abdelaziz Ben Youssef s’est inquiété de la stagnation enregistrée par la banque pour son résultat semestriel à fin juin 2024, communiquée dans ses états financiers semestriels. Il s’est interrogé sur la situation bancaire, sachant que la Biat en est le leader et en exprimant son appréhension pour la proposition d’augmenter l’impôt sur le bénéfice à 40% pour les sociétés financières. Ainsi, il ne partage pas l’avis des autres petits porteurs sur une augmentation plus importante du capital, estimant que dans ce cas la banque ne pourra pas préserver le niveau de dividendes distribués.
En outre, M. Ben Youssef a regretté le manque de communication et de visibilité de la banque lors de l’inauguration de la piscine du Belvédère, un projet qui avait été financé par la banque.
En réponse, Mohamed Agrebi a expliqué que la Biat a fait de gros efforts envers ses actionnaires pour les satisfaire. Il a rappelé que cette augmentation a été précédée par une augmentation de capital par incorporation de réserves en 2020 qui a permis au capital social de la Biat de passer de 170 millions de dinars à 178,5 millions de dinars, à raison d’une action nouvelle gratuite pour vingt anciennes. Et en 2021, la valeur nominale de l’action a été réduite de dix dinars à cinq dinars. Le nombre d’actions Biat est passé de 17.850.000 à 35.700.000. « Cette dernière opération a été importante et rentable aux actionnaires », a noté le président de la séance.
Mohamed Agrebi a, en outre, remarqué que certes les fonds propres de la banque sont de deux milliards de dinars, mais ils ne sont pas tous utilisables pour cette augmentation : il y a des réserves légales, des réserves constituées pour le régime fiscal comme les investissements exonérés. Ainsi, seules les réserves facultatives peuvent être utilisées pour cette opération et sur un montant de 47 millions de dinars, 25,5 millions de dinars ont été utilisés dans cette opération.
En réponse à Abdelaziz Ben Youssef, le responsable a tenu à rassurer les actionnaires : « La Biat restera leader du secteur, malgré une conjoncture qui n’est pas favorable ». Et d’ajouter que la banque sera au niveau des attentes et des prévisions présentées lors de l’AGO statuant sur le résultat de 2023.
« Notre responsabilité devient plus lourde et nos engagements plus importants, chaque fois que nous augmentons le capital de la société (…). Mais, j’ai confiance dans la direction », a-t-il avoué.
S’agissant de la hausse du taux d’imposition, M. Agrebi a indiqué qu’il s’agit d’une politique générale. « C’est notre devoir en tant qu’entreprise de soutenir l’État pour qu’il ait des ressources supplémentaires », a-t-il affirmé. Cela dit, il a rassuré les actionnaires sur le fait que le management va déployer des efforts supplémentaires pour rattraper cette hausse d’impôt.
S’agissant des activités sociétales opérées par la banque, le responsable a expliqué que la Biat a été toujours discrète ne parlant pas beaucoup de ce qu’elle fait. Il a indiqué dans ce cadre qu’outre la piscine du Belvédère, l’établissement bancaire est en train de financer les travaux de réaménagement et de restauration du Centre culturel Ibn Khladoun. Et que lors d’une rencontre la semaine dernière, le président de la République a demandé à Mohamed Agrebi que cette restauration soit du même standing que celle de la piscine du Belvédère.
Face à l’insistance de certains actionnaires pour que l’augmentation de capital passe à une action nouvelle gratuite pour cinq anciennes, Mohamed Agrebi a expliqué que le conseil cède à cette revendication, il ne pourra pas maintenir le dividende à son niveau actuel. Et de rappeler les défis auxquels la banque fait face, en termes de respect des fondamentaux, des contraintes réglementaires basées sur les fonds propres et la prochaine entrée en vigueur des normes IFRS.
Son point de vue sur l’augmentation de capital est partagé par Abdelaziz Ben Youssef qui pense que distribuer une action nouvelle gratuite pour cinq anciennes, va augmenter le flottant ce qui va impacter à la baisse le prix de l’action.
Au final, les résolutions proposées ont été adoptées à l’unanimité, approuvant de ce fait l’augmentation de capital proposée.
I.N.