
Les Nations Unies se sont dit très inquiètes, jeudi 15 mai 2025, face à une trêve fragile en Libye après trois jours de violents combats à Tripoli entre les forces fidèles au gouvernement et de puissants groupes armés que cette dernière tente de démanteler.
« Alarmée par l'escalade de la violence à Tripoli », l'agence de l'ONU pour les migrations (OIM) a dit redouter « un risque grave de déplacement massif et de danger pour les civils ». La Turquie, soutien du gouvernement en place à Tripoli, a de son côté annoncé préparer l'évacuation des ressortissants qui le souhaitent.
Jeudi, la capitale connaissait une accalmie mais les établissements scolaires restaient fermés tout comme l'aéroport desservant la capitale. De nombreux commerces gardaient leurs rideaux baissés hormis quelques rares épiceries et boulangeries, selon des journalistes de l'AFP.
De premiers affrontements ont éclaté lundi soir au cœur de Tripoli après l'annonce de la mort brutale du chef du groupe armé SSA (Autorité de soutien à la stabilité), Abdelghani "Gheniwa" el-Kikli, dont la puissance était devenue, selon les analystes, une menace pour le chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah.
Des combats qui ont continué jusqu'à mardi entre le SSA et des groupes fidèles à M. Dbeibah, ont fait au moins six morts, selon un bilan officiel.
Malgré l'arrêt de ces affrontements, les partisans du SSA ont averti jeudi dans un communiqué que la mort de leur chef « ne fait qu'ancrer (leur) détermination à poursuivre sans relâcher les personnes impliquées où qu'elles se trouvent ». Selon sa famille, "Gheniwa" a été abattu dans une « embuscade » lorsqu'il s'est rendu dans une caserne d'un groupe fidèle au gouvernement, la Brigade 444.
Minée par les combats fratricides depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux : celui de M. Dbeibah dans l'ouest reconnu par l'ONU, et un autre dans l'est, contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar.
Après la mort de "Gheniwa", M. Dbeibah a dissous des organes sécuritaires qui lui étaient affiliés et a parlé d'une « étape décisive vers l'élimination des groupes irréguliers » à Tripoli.
Pour les experts, M. Dbeibah tente une reprise en main après des années de tolérance de son gouvernement à l'égard de la myriade de groupes armés qui se partagent la capitale et ses institutions clés.
Signe de fortes tensions, des habitants du quartier d'Abou Salim (sud de Tripoli), fief du SSA, qui manifestaient devant le quartier général du groupe pour exiger le départ de ses affidés de cette zone, ont essuyé des tirs mercredi soir. Aucun bilan n’a été communiqué.
De mardi à mercredi en fin d'après-midi, de nouveaux affrontements violents ont opposé un puissant groupe armé appelé Radaa (dissuasion) à la Brigade 444, rattachée au gouvernement Dbeibah, après l'annonce par le Premier ministre d'une dissolution de Radaa.
Pas de bilan officiel mais le Croissant rouge libyen a dit avoir récupéré un corps dans une voiture.
La dissolution de Radaa a provoqué des remous dans son fief de Souq el-Joumaa (est de Tripoli) où une manifestation a réuni plus de 500 personnes mercredi soir, qui ont crié des slogans contre Dbeibah.
Contrairement au SSA dont des responsables sont recherchés par la Cour pénale internationale pour des exactions, le groupe Radaa est relativement respecté, même s'il gère des prisons considérées comme illégales. Ses membres salafistes exercent des fonctions de police contre le trafic de drogue ou le terrorisme jihadiste.
La Mission de l'ONU en Libye (Manul) a multiplié les appels au calme, se disant inquiète d'une « situation qui pourrait rapidement devenir incontrôlable ».
Au moins six ambassades dont celles des Etats-Unis et de l'Union européenne ont exprimé leur préoccupation. La Turquie a réclamé un « cessez-le-feu » et appelé au « dialogue ».
« Que ces affrontements visant à saper ou à consolider l'autorité de Dbeibah restent une question ouverte », selon Claudia Gazzini de l'International Crisis Group.
« L'incertitude a beaucoup augmenté, notamment en ce qui concerne le maintien au pouvoir de Dbeibah, moins sûr qu'il ya une semaine », a indiqué à l'AFP Jalel Harchaoui un autre spécialiste.
La situation est, selon lui, la « plus dangereuse » des 14 dernières années en raison de l'arrivée à Tripoli de renforts de troupes massifs : venus de l'ouest pour la Force Radaa et de Misrata (200 km à l'est de la capitale) pour le gouvernement Dbeibah.
© Agence France-Presse

BHL, Sarkozizi, mais ou êtes-vous donc passés
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