
La société Carthage Cement vient de publier ses états financiers arrêtés au 31 décembre 2024, et ils sont au vert.
Son résultat net a augmenté de 27,29 %, évoluant de 55,19 millions de dinars fin 2023 à 70,26 millions de dinars fin 2024, et cela malgré un impôt sur les sociétés de 988 202 dinars (-2,2 %). Le résultat de la société a été plombé par des charges financières, certes en baisse de 7,18 %, mais qui demeurent conséquentes, de l’ordre de 45,93 millions de dinars.
Les produits financiers affichent en 2024 un total de 5,02 millions de dinars contre un total de 3,89 millions de dinars en 2023. Ils présentent des intérêts générés sur le compte courant de Bina Corp. Les produits des placements ont atteint, quant à eux, 2,05 millions de dinars fin 2024 contre 20 090 dinars fin 2023.
Notons que la société a réalisé un total produits d’exploitation de 428,83 millions de dinars (-3,03 %), alors que le total des charges d’exploitation s’est situé à 319,58 millions de dinars (-5,89 %). De ce fait, le résultat d’exploitation a atteint 109,25 millions de dinars (+6,43 %).
Notons que dans leur rapport, les commissaires aux comptes ont émis une opinion avec réserve, n’ayant pas reçu toutes les réponses à leurs lettres de circularisation adressées aux banques (lettres demandant un extrait de sa comptabilité, ndlr).
Le même document précise que « la société est actuellement impliquée dans plusieurs litiges juridiques significatifs. L’issue de ces affaires est intrinsèquement incertaine et pourrait avoir un impact important sur les états financiers. À la date de clôture des états financiers, la direction, les membres de la gouvernance, avec le cas échéant l’appui des conseillers juridiques, font preuve de jugement significatif pour évaluer la probabilité des résultats et estimer les effets financiers potentiels, y compris la reconnaissance et la mesure de leur impact sur les états financiers et les informations connexes ».
Dans ce cadre, le rapport a précisé que « l’affaire de surfacturation intentée par Carthage Cement contre les représentants des constructeurs de la cimenterie (FLsmidth, Prokon, Ekon), ainsi que les actionnaires fondateurs et membres du conseil d’administration Lazhar STA et Belahassen Trabelsi, et deux intermédiaires (représentants de la société FLsmidth en Tunisie) et d’autre part, l’affaire intentée par Carthage Cement concernant un soupçon d’une commission illégale se rapportant au contrat d’exploitation de la cimenterie. Un accord à l’amiable a été conclu avec certaines parties, à savoir FLSmidth, FLSmidth Global, NLS, Prokon et Ekon, aboutissant à l’encaissement en juillet 2024 d’un montant de 40,35 millions de dinars (comptabilisé au niveau des états financiers). Les procédures judiciaires liées à ces affaires contre les autres parties sont toujours en cours ».
En outre, le même document a ajouté que « les états financiers indiquent les contrôles fiscaux subis par la société au cours des exercices antérieurs et qui demeurent non clôturés à la date du présent rapport. La provision constatée au niveau des états financiers arrêtés au 31 décembre 2024 pour couvrir ces contrôles s’élève à 2,77 millions de dinars. Carthage Cement estime qu’il n’est pas nécessaire de constater une provision supplémentaire pour ces deux contrôles (ainsi que pour l’extrapolation des résultats de ces contrôles sur les exercices non prescrits) ».
Le rapport des commissaires aux comptes a également affirmé que « compte tenu du résultat bénéficiaire de 2024, la société Carthage Cement a accumulé des pertes reportées de 169 millions de dinars au 31 décembre 2024. Pour faire face à cette situation difficile, la société a notamment entrepris depuis 2019 :
– Une restructuration financière ayant abouti à une opération d’augmentation du capital de 171 millions de dinars (en plus d’une prime d’émission de 35 millions de dinars) et une restructuration des emprunts bancaires avec le pool bancaire (une période de grâce de 18 mois a été accordée, baisse du taux d’intérêt à TMM +1,5 %) ;
– Une restructuration opérationnelle par un plan de départ volontaire ayant contribué à la réduction de l’effectif de la société ;
– Et une rupture du contrat NLS et la reprise de la production du clinker par les moyens de la société, ce qui a donné lieu à d’importantes économies de coûts.
Le management de la société a également établi un business plan pour la période 2025-2029 et sur lequel il estime que la société serait en mesure d’honorer ses engagements ».
Et de soutenir : « Ainsi, et en tenant compte de la performance financière réalisée courant les trois derniers exercices et du plan de restructuration, la société a pu surmonter les difficultés d’exploitation et de trésorerie qu’elle a connues durant les années précédentes ».
I.N.