2023 a été une année charnière de refonte pour la société Magasin Général qui a revu son modèle économique pour sortir du déficit. Un assainissement qui a été très coûteux pour l’enseigne avec la disparition de Founa, mais qui sera bénéfique pour son avenir afin de renouer avec le bénéfice à partir de 2025.
C’est ce qui ressort de l’assemblée générale ordinaire, tenue vendredi 14 juin 2024 à l'Institut arabe des chefs d'entreprises, sous l’égide du président du Conseil d’administration, Ahmed Ben Ghazi, de l’administrateur et représentant de l’actionnaire de référence groupe Bayahi, Taieb Bayahi, et du directeur général, Fahd Chaouch.
2023 a été une année difficile au niveau national et international : avec une sécheresse qui a impacté les parcelles plantées et par extension les prix des fruits et légumes qui ont augmenté, une pénurie de boissons gazeuses et une limitation de vente de l’eau minérale en pleine saison estivale, une pénurie de lait et de certains dérivés, une hausse du prix du fret international qui a impacté certains produits outre une inflation galopante et un pouvoir d’achat en berne. Tout cela a impacté la grande distribution et poussé les dirigeants à prendre des décisions dont certaines douloureuses.
Ainsi, la société a opéré une augmentation de capital de 43 millions de dinars pour améliorer sa structure financière en renforçant ses fonds propres et sa trésorerie. Autre point important, le Conseil d’administration a décidé l’arrêt de l’activité de Founa en novembre 2023, le modèle de vente de produits alimentaires en ligne se révélant non rentable. « Une décision difficile mais nécessaire, pour mettre fin à l’hémorragie », a expliqué le DG.
En parallèle, le management a mis en place un plan de relance 2023-2026, basé sur quatre axes : une meilleure offre, une meilleure expérience client, simplification et digitalisation de l’organisation centrale et modernisation du parc (qui a été suspendue à cause de l’endettement de la société et qui reprendra à partir de 2025, ndlr). En outre, la société s’est attelée à faire baisser son endettement. « La grande distribution ne supporte pas l’endettement », a indiqué le DG en expliquant que la société s’est endettée pour l’acquisition de terrains pour la construction de trois hypermarchés Auchan, mais qu’elle s’est rendue compte, notamment en observant la concurrence, que le pays n’était pas prêt actuellement pour accueillir ce genre de structure. Ainsi, le DGA a précisé que l’endettement net de la société a baissé de 85 MD en 2023.
Côté performances, l’enseigne a réalisé un chiffre d’affaires hors taxes en hausse de 7,3% passant de 916,98 MD fin 2022 à 984,55 MD fin 2023. L’EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) est en hausse de 10%. Par ailleurs, le résultat net a été plombé par l’augmentation des provisions, notamment 13,3 MD pour Founa, un impôt de 2,2 MD et des charges financières de 28,25 MD. Rappelons aussi qu’en 2022, la société avait enregistré des plus-values sur cession d’immobilisations de 38,46 MD, ce qui n’a pas été le cas en 2023.
Ainsi, le résultat net société Magasin Général (MG) est passé d’un bénéfice de 4,17 MD à un déficit de 34,01 MD.
Côté consolidé, le déficit s’est aggravé de 8,12% passant de -39,19 MD fin 2022 à 42,37 MD fin 2023. Et cela malgré la hausse des produits d’exploitation du groupe de 7,6% pour atteindre 1,11 milliard de dinars fin 2023.
Malgré ce résultat, Taieb Bayahi s’est montré très confiant en l’avenir de la société, mettant en relief les efforts consentis par la Direction générale.
« L’arrière-boutique est très bien tenue et l’activité est bonne. Malgré les difficultés, le chiffre d’affaires augmente favorablement. L’exploitation opérationnelle de la société va de mieux en mieux. Nous sommes en train de sortir des mauvaises valeurs comme celle de Founa (qui était une activité très pro lors de la pandémie, ndlr) car il vaut mieux se couper le doigt que le bras. Les pertes sont réelles mais nous allons continuer à assainir. Nous avons une capacité de résilience assez extraordinaire malgré les provisions qui ont dû être faites courageusement pour aller de l’avant », a-t-il affirmé, en soulignant qu’« il y a une très belle équipe à la tête de Magasin Général : elle sait où elle va et quels sont les axes à développer ».
Et de marteler : « Nous sommes vraiment optimistes pour l’avenir, même si le présent n’est pas très facile ! ».
Pour sa part, Ahmed Ben Ghazi a rappelé que la société traîne un poids historique et que la conjoncture est très difficile. Il a aussi assuré que la réflexion pour le redressement de la situation s’est faite il y a quelques années et que le meilleur exemple est la gamme de produits de marques de distributeur (MDD) : une gamme élargie, de bonne qualité et à des prix abordables.
Il a aussi rappelé que le monde de la distribution alimentaire est ardu et que le plus important est de savoir sonner l’alarme quand cela est nécessaire, comme cela a été le cas pour Founa.
Fahd Chaouch, quant à lui, a estimé que le plan de relance est en train de porter ses fruits, vu les résultats probants réalisés. S’agissant de leurs marques de distributeur, point de mire de leur stratégie, le DG a indiqué que la gamme de produits sera élargie de 650 produits en 2023, à mille en 2024 puis à 1.500 en 2025. En outre, l’enseigne a misé sur le digital pour être connecté à ses clients et avoir leur feedback en temps réel pour améliorer leur expérience outre un travail qui est fait sur le service après-vente (SAV), un autre point stratégique de leur plan de relance.
MG a aussi conclu plusieurs partenariats pour son développement, notamment avec Yassir pour la livraison de courses et garder un pied dans l’e-commerce, avec Ooredoo et récemment avec Traveltodo.
La société a aussi œuvré pour baisser son stock. Un jour de stock équivaut à environ deux millions de dinars, et entre 2022 et 2023, la société a gagné neuf jours de stock ce qui équivaut à 16,25 MD.
Capitalisant sur la flotte de Founa et son système d’information, la société s’apprête à lancer le site marchand de Batam, car il y a des marges plus confortables dans le non-alimentaire. Elle ambitionne de devenir le concurrent d’enseignes comme MyTek et Tunisianet, l’objectif étant de renforcer la rentabilité du groupe Magasin Général. Une aventure dans laquelle ils y croient.
Interrogé par Business News sur la chute de l’action de près de 50% en un an et pour quand est prévu le retour au bénéfice, M. Ben Ghazi a souligné que ce point est fondamental pour tous les actionnaires, mais que le conseil d’administration ne veut pas créer des mouvements artificiels sur le cours de l’action.
Pour lui, il faut investir maintenant dans Magasin général, car l’action va se redresser, avec le renouement avec les bénéfices et qui se fera à partir de 2025. Le plan de transformation est en train de donner ses fruits, selon lui, et le cours finira par se redresser, surtout que la société se dirige vers un endettement plus tolérable.
Pour sa part, M. Bayahi a expliqué que les actionnaires de référence ont été le plus lésés par la baisse du cours de l’action, ayant injecté 42 MD en 2023.
« Nous y croyons réellement et nous voulons sauver la société », a-t-il affirmé, en ajoutant : « Nous sommes toujours optimistes. Tant que nous n’avons pas vendu, nous n’avons pas perdu et nous n’allons pas vendre ! ». Pour lui, la bourse exagère les tendances. Ainsi, il a recommandé aux petits porteurs de ne pas céder leurs actions MG et de patienter. Certes, 2023 n’a pas été un bon cru, 2024 sera une année de transition et un point d’inflexion avec un éventuel équilibre, alors que 2025 sera l’année où la société va renouer avec des bénéfices à la hauteur de la taille et des enjeux de l’enseigne.
Et de s’adresser aux petits porteurs en ces termes : « Nous voulons que nos partenaires et associés gagnent avec nous. Nous leur demandons de rester car ça vaut le coup, ayant une super équipe et un super projet ». Et de souligner qu’avec ses marques de distributeurs, MG engage sa responsabilité. C’est un volet sur lequel elle travaille beaucoup, pour qu’elles soient de plus en plus importantes dans son chiffre d’affaires (en France, les MDD représentent 40% du chiffre d’affaires d’une enseigne, ndlr).
2023 a été une année difficile pour Magasin Général et les efforts d’assainissement vont se poursuivre en 2024, l’objectif étant de renouer avec un cycle vertueux et avec le bénéfice à partir de 2025.
Imen NOUIRA
-->
oui, mais les terrains on peut les revendre à un prix encore plus cher que lors de l'achat (faire un gain positif). --> On ne peut pas injecter des millions de dinars pour l'achat de terrains pour la construction de 3 supermarchés puis nous dire "mais [la société] s'est rendue compte, notamment en observant la concurrence, que le pays n'était pas prêt actuellement pour accueillir ce genre de structure [de réseaux de grandes distributions]"
-->
Il ne faut pas seulement observer, il fallait faire des études auparavant.
Puis, c'est complètement absurde de dire "mais [la société] s'est rendue compte, notamment en observant la concurrence, que la Tunisie "n'était pas prête pour accueillir ce genre de structure [de réseaux de grandes distributions]"
-->
non et non et non. En effet la Tunisie a besoin de la grande distribution afin de mieux gérer l'inflation et la Pénurie alimentaire et neutraliser les spéculations, il faudrait augmenter le nombre des grandes surfaces qui est actuellement de 450. --> Le jour où plus de 90% des Tunisiens feraient leurs achats dans les grandes surfaces, on aurait de meilleures statistiques et on pourrait ainsi mieux gérer les crises alimentaires --> ce qui permettrait aussi de mieux contrôler les paiements de la TVA et d'asphyxier les spéculations...
Je cite: "selon les dernières données de la Chambre syndicale des grandes surfaces relevant de l'UTICA, le nombre des grandes surfaces est passé de 200 en 2010 à 450 fin 2019. La Grande distribution réalise, d'après la chambre, un chiffre d'affaires annuel de 7 milliards de dinars soit 6,7% du PIB et représente 22% du commerce des produits de détail en Tunisie. Plus de 60% des habitants de la capitale et ses périphéries (environ 4,5 millions d'habitants) effectuent leurs achats dans les grandes surfaces et hypermarchés. Il s'agit d'un taux fort."
voir le lien web
**
-->
Et voilà que l'on vient nous dire que la Tunisie "n'était pas prête pour accueillir ce genre de structure [de réseaux de grandes distributions] ":))
Franchement, je ne sais plus quoi-dire...
bonne journée
PS: c'est la grande distribution qui a sauvé l'Allemagne d'un collapse socio-économique durant la pandémie (Aldi, LIEdl, EDIKA, Norma, etc., etc., etc.) C'est la grande distribution qui a freiné les spéculations alimentaires en Allemagne durant la pandémie, c'est la grande distribution qui ne triche pas au niveau de la TVA en Allemagne...