
Ancien ministre et commis de l’État tunisien, Habib Ammar est le candidat de la Tunisie au poste de secrétaire général de l’ONU-Tourisme. Il fait partie d’une lignée qui a dédié ses efforts au service de l’État, à commencer par son père, Abdelhamid Ammar, qui a notamment été ambassadeur. Sa candidature représente une opportunité pour la Tunisie, pays touristique par excellence. La décision finale devrait être connue les 29 et 30 mai prochains à Madrid, lors de l’Assemblée générale de l’organisation.
Habib Ammar : un parcours dédié au service du tourisme tunisien
Le nom de Habib Ammar est solidement associé au secteur du tourisme en Tunisie. Figure discrète mais influente, il s’est forgé une carrière riche et cohérente, marquée par un engagement constant pour le développement du tourisme durable, responsable et structurant.
Diplômé de l’École nationale d’administration (ENA), Habib Ammar a très tôt intégré l’appareil public, se spécialisant dans le développement du secteur touristique. Son parcours débute réellement au sein de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), où il a gravi les échelons jusqu’à en devenir directeur général. Ce poste stratégique lui a permis d’affiner sa connaissance des enjeux structurels du tourisme tunisien, tout en bâtissant des réseaux solides à l’échelle régionale et internationale.
Son passage à la tête de l’ONTT a été marqué par une volonté de modernisation. Il a notamment œuvré à repositionner la destination Tunisie sur les marchés traditionnels européens, tout en explorant de nouveaux marchés à fort potentiel, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie. Il a également impulsé une dynamique de diversification de l’offre touristique tunisienne, au-delà du balnéaire, en valorisant le tourisme culturel, saharien et écologique.
En 2020, en pleine pandémie de Covid-19, Habib Ammar est nommé ministre du Tourisme dans le gouvernement de Hichem Mechichi. Cette période critique a mis à l’épreuve la résilience du secteur et la capacité du ministre à gérer une crise sans précédent. Il a alors mis en place plusieurs mécanismes d’appui aux professionnels du tourisme, notamment des lignes de crédits, des moratoires fiscaux et des campagnes de communication ciblées pour maintenir l’intérêt des marchés émetteurs.
En parallèle, il a plaidé avec fermeté pour une meilleure intégration du tourisme dans les politiques publiques de développement, convaincu que ce secteur pouvait jouer un rôle moteur dans la relance économique post-Covid. Sous sa houlette, le tourisme tunisien a entamé une lente mais réelle mutation vers plus de durabilité, de gouvernance locale et d’innovation.
Une candidature pour l’ONU-Tourisme portée par une vision stratégique
En 2025, Habib Ammar franchit une nouvelle étape dans sa carrière en posant sa candidature au poste de Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour le tourisme (ONU-Tourisme). Une ambition qui s’inscrit dans la continuité de son engagement pour un tourisme éthique, résilient et au service du développement durable.
Dans les entretiens qu’il a accordés récemment à L’Économiste Maghrébin et à la TAP, Habib Ammar développe une vision structurée et ambitieuse pour le tourisme mondial. Il défend un tourisme responsable, inclusif et résilient, centré sur l’humain et enraciné dans les réalités locales. « Il est temps que le tourisme cesse d’être vu comme un simple secteur de loisirs. Il est un véritable levier de développement et de paix », affirme-t-il.
Sa vision s’articule autour de trois axes majeurs : la transition durable, l’innovation et la coopération régionale. Il plaide pour une meilleure intégration des préoccupations climatiques dans les politiques touristiques, en mettant l’accent sur les énergies renouvelables, la gestion raisonnée des ressources et la lutte contre la surfréquentation. Pour lui, « il n’y a pas de tourisme possible sur une planète dévastée ».
Une autre dimension essentielle de son programme concerne la place des femmes dans l’industrie touristique, encore trop souvent marginales malgré leur rôle prépondérant sur le terrain. Habib Ammar propose des mesures concrètes pour renforcer leur accès aux postes de décision, soutenir l’entrepreneuriat féminin et garantir des conditions de travail décentes. « Les femmes doivent être au cœur des transformations à venir. Elles ne doivent pas seulement participer, elles doivent diriger », souligne-t-il.
Sur le plan économique, il insiste sur la nécessité de soutenir les petites entreprises touristiques, notamment dans les pays en développement, qui constituent l’épine dorsale du secteur. Il propose la création de mécanismes financiers spécifiques et l’accès facilité à l’expertise technique. L’innovation numérique fait également partie de ses priorités : digitalisation des services, gestion intelligente des flux touristiques, plateformes de visibilité pour les prestataires locaux.
Habib Ammar défend également une approche fondée sur la coopération Sud-Sud. Il estime que les pays du Sud, longtemps cantonnés au rôle de simples destinations, doivent devenir des acteurs à part entière dans la gouvernance mondiale du tourisme. « Le Sud a des idées, des expériences, des réussites à partager. Le monde a besoin d’écouter ces voix », martèle-t-il.
Sa candidature à l’ONU Tourisme, soutenue officiellement par l’État tunisien, s’inscrit donc dans un projet global : porter une voix nouvelle au sein d’une institution internationale clé, dans un contexte où les crises climatiques, sanitaires et géopolitiques redessinent les contours du tourisme mondial. La décision finale du Conseil exécutif est attendue courant mai à Madrid.
Raouf Ben Hédi
Il a voulu redorer l'image de ce port touristique mais on en l'a empêché.
Idem et pire avec le ministre actuel.
De nombreux copropriétaires de Port El Kantaoui se sont plaints à lui et aux autorités locales à plusieurs reprises, de ce qui se passe dans ce joyau du Sahel, mais que des réactions superficielles et médiatiques.
C'est dommage pour cet ancien fleuron du tourisme tunisien.

