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Les TRE, futures vaches à lait du gouvernement ?
14/05/2025 | 11:09
6 min
Les TRE, futures vaches à lait du gouvernement ?
Service IA, Business News


C’est un véritable sentiment de persécution qui est ressenti par les Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) ces derniers temps, à cause d’informations ou de rumeurs relatives à des mesures gouvernementales les ciblant. Certains disent qu’ils risquent d’être arrêtés parce qu’ils n’avaient pas accompli le service militaire, d’autres parce qu’ils ne se sont pas acquittés d’un arriéré fiscal dont ils n’avaient pas connaissance.

 

C’est une phrase qui en dit long sur l’esprit du gouvernement, et elle a été prononcée récemment par le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouhair Nouri. Lors d’un atelier international sur la contribution des diasporas à la promotion de l’investissement et à la réalisation du développement durable, M. Nouri a révélé que les TRE effectuent en moyenne des transferts de 120 dollars par mois et par personne, contre une moyenne mondiale de 200 dollars.

Le Tunisien de l’étranger est donc réduit à un simple montant par le gouverneur, et il est jugé radin, comparativement aux autres expatriés du monde. Le TRE serait-il un Tunisien de seconde zone pour qu’il soit ainsi stigmatisé par un haut commis de l’État, qui le considère comme une vache à lait ?

 

Rumeurs en cascade et silence officiel

Ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, les interrogations se multiplient, sur fond de rumeurs insistantes et très peu d’informations fiables et officielles. Ainsi, on rapporte que certains étudiants tunisiens à l’étranger auraient été arrêtés à leur retour en Tunisie pour être traduits devant une juridiction militaire, parce qu’ils n’auraient pas accompli leur service militaire obligatoire. Qu’elle soit vraie ou pas, cette donnée a jeté un vent de panique aussi bien chez les jeunes étudiants que chez les jeunes binationaux et expatriés.

La rumeur a disparu quelque temps avant d’être remplacée par une autre, visant cette fois de prétendus évadés fiscaux parmi nos TRE. Dans le viseur de l’administration fiscale, paraît-il selon la rumeur, ces Tunisiens qui envoient de l’argent en Tunisie et qui devraient prouver que leur argent a été imposé à l’étranger. À défaut, ils seraient tenus de payer leurs impôts en Tunisie.

 

Autre catégorie ciblée : les TRE qui possèdent des biens immobiliers en Tunisie loués à des tiers. Ces loyers, considérés comme revenus générés en Tunisie, sont imposables. Les propriétaires doivent donc prouver qu’ils se sont bien acquittés de leurs dettes fiscales.

Mais là où la colère est montée d’un cran, c’est avec les virements opérés par les TRE à leurs familles restées en Tunisie. Ces transferts seraient considérés comme des revenus imposables par l’administration fiscale.

 

Une fiscalité universelle… mal expliquée

Théoriquement, tout revenu généré en Tunisie est imposable et doit être déclaré. Cette déclaration est annuelle et concerne 100 % des actifs, y compris ceux qui vivent grâce à une rente immobilière. La Tunisie appliquant un système de retenue à la source, très peu de Tunisiens font cette déclaration annuelle. Ce n’est que lors de l’achat d’un bien immobilier ou d’une voiture, quand il faut présenter le quitus fiscal, que l’on se rappelle de cette obligation. Cela concerne aussi bien les autochtones que les TRE.

Les revenus immobiliers étant des revenus comme les autres, leur imposition est donc légitime aux yeux de l’administration fiscale. Cela n’a rien d’exclusivement tunisien, c’est une pratique quasi universelle.

À ce stade, il n’y aurait pas lieu de parler de discrimination. Sauf que voilà : les rumeurs ont enflé… et les autorités observent un silence total. Aucune déclaration officielle pour calmer les esprits, aucune explication pour rappeler à tous les citoyens leurs obligations fiscales, qu’ils soient en Tunisie ou à l’étranger.

L’effervescence, la panique et la colère sur les réseaux sociaux s’expliquent par ce manque de communication, mais aussi par l’état d’esprit du régime, qui semble considérer les TRE comme une catégorie à part.

 

Une Constitution et un code électoral discriminatoires

Bien avant la déclaration malheureuse de Fethi Zouhair Nouri, le régime de Kaïs Saïed manifestait déjà ses réserves vis-à-vis des TRE, notamment envers les binationaux.

 

Dans l’article 89 de la Constitution de 2022, rédigée par Kaïs Saïed, la candidature à la présidence est réservée aux seuls Tunisiens sans double nationalité, nés de père et de mère, de grands-pères paternel et maternel tunisiens, demeurés tous de nationalité tunisienne sans discontinuité. En clair, si l’un des parents ou grands-parents est étranger, ce Tunisien est inapte à se porter candidat à la magistrature suprême.

Cet article 89 contredit pourtant l’article 23 de la même Constitution, qui dispose que tous les citoyens et citoyennes sont égaux en droits et en devoirs.

Autre contradiction : l’article 49bis du code électoral de 2023 exige que les candidats aux conseils municipaux soient de nationalité tunisienne exclusive.

L’article 19 du code électoral de 2022, quant à lui, interdit aux binationaux de candidater aux législatives dans les circonscriptions tunisiennes.

De plus, les dispositions du Code électoral, comme le fait de devoir présenter 400 parrainages répartis à égalité entre hommes et femmes, sont totalement inapplicables dans plusieurs circonscriptions de l’étranger. Par conséquent, des milliers de Tunisiens résidant à l’étranger n’ont pas de représentant au Bardo. D’ailleurs, l’Assemblée des représentants du peuple est toujours amputée de près de sept membres, car personne n’a réussi à être élu sur ces circonscriptions.

 

Une stigmatisation d’État

Quel est le tort de ce Tunisien né d’un père ou d’une mère étrangère ? Pourquoi n’a-t-il pas les mêmes droits que son compatriote ? Cette discrimination inscrite dans les textes officiels, adoptés sous l’ère de Kaïs Saïed, résume tout l’état d’esprit du régime.

Cette discrimination est blessante pour des centaines de milliers de TRE. Il est donc logique qu’ils se sentent visés ou persécutés à chaque rumeur de poursuite judiciaire, de service militaire non accompli ou d’impôt impayé.

Comment leur expliquer, dans ces conditions, que ces mesures concernent tous les Tunisiens, pas seulement les TRE ? Entre des textes discriminatoires d’un côté et une absence totale de communication gouvernementale — sauf pour leur reprocher de ne pas contribuer assez à l’économie nationale —, le régime a ouvert une autoroute à la rumeur, à l’incompréhension et à la colère.

 

Une confiance rompue, difficile à réparer

En choisissant de multiplier les signaux de défiance à l’égard des Tunisiens résidant à l’étranger, le régime en place compromet une relation déjà fragile. Les TRE ne réclament ni privilèges ni exonérations : ils veulent simplement être traités avec respect, transparence et égalité. Mais lorsque l’État multiplie les obstacles administratifs, les ambiguïtés fiscales et les exclusions politiques, il finit par transformer des citoyens engagés en exilés désabusés.

Ce n’est pas avec la stigmatisation ni le silence que l’on incite une diaspora à contribuer davantage. C’est par la reconnaissance, la clarté des lois et une communication loyale. Faute de quoi, les transferts baisseront, la colère montera… et la fracture s’élargira.

 

Raouf Ben Hédi

14/05/2025 | 11:09
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Commentaires
********
La France demande et exigé et la Tunisie demande et exige
a posté le 14-05-2025 à 14:36
C'est pour cette raison que je l'avais jamais demandé cette nationalité, le cul sur 2 chaises c'est une souffrance avec nationalitéou sans.
Qu'est-ce que c'est dure cette vie de zmigri, une calamité cette vie, avoir le cul sur 2 chaises c'est horrible et c'était très dure à gérer pour un vieillard ou une vieille, on a tout le temps l'envi de partir de côté ou l'autre côté.
C'est une souffrance pas de tout repos. Et maintenant on est comme une balle chaque pays veut imposer sa loi.
Investir dans son pays d'origine se priver toute sa vie pour construire chez soi pour finalement pas pouvoir en profiter. Que ce soit par la loi des pays ou la loi de la nature une famille dispersée de toute les façons que ce soit d'un côté ou lautre.
C'est bien ça le zmigri
Khelifa
Accusé
a posté le 14-05-2025 à 14:15
Nombreux tunisiens partis par hégémonie de l'administration et ne veulent plus de problème
Le Numide
Les TRE, notamment les bi-nationaux sont mieux considérés en Europe
a posté le 14-05-2025 à 14:11
Le bi-nationale en France par exemple, que les autres français.
En France et en Europe, même les étrangers réguliers ont exactement, à l'exception des droits civiques, le même droit que tous leurs citoyens.
Vive la France, vive l'Europe !
skabens
double nationalité en conflit
a posté le 14-05-2025 à 13:19
Je me pose toujours la question de la double nationalité pour quelqu'un qui se trouve en face d'une décision strategique engageant ses 2 pays.
Par exemple une guerre.
Sa mere est dans un pays et son pere est dans l'autre, par exemple
Il va bombarder qui ? (metaphore bien sur)
Adil
Et beh quand on est binational, on aime les deux pays, ces derniers s'il devait se faire la guerre, il faut tout faire afin de l'éviter
a posté le à 14:19
En fait, comme les enfants des parents divorcés. Théoriquement, l'enfant aime ses deux parents, intervient, quand il est grand, pour les dissuader de se séparer. Dans le cas contraire, il doit rester NEUTRE.
riri
n'importe quoi, parole de ceux qui n'y connaissent rien
a posté le à 13:53
il sera celui qui tentera d'empêcher une guerre par tout moyen.
Cette obsession pour les guerres pfff... un bi national ne combattra ni l'un ni l'autre, il augmente les chances de paix, de commerce, de lien au contraire.
Mehdi
tre
a posté le 14-05-2025 à 13:11
Il est difficile de comprendre pourquoi on doit payer des impôts sur de l'argent qu'on ne peut même pas utiliser librement à l'étranger.
Et quand on essaie de passer par les banques tunisiennes, ce sont encore des commissions qui s'ajoutent, sans vraie transparence.
Ce système manque de clarté et pénalise ceux qui veulent rester en règle.
J'espère que ce post ne sera pas supprimé ' il est temps qu'on parle ouvertement des pratiques bancaires et des blocages que subissent les citoyens, notamment ceux de la diaspora.
Abir
Suite
a posté le 14-05-2025 à 12:11
Même nos habits vous voulez les compter , on ne peut pas prendre des cadeaux, on doit payer des taxes sur nos habits alors qu'on paye au poids ! C'est quoi hadha eljahel et cette humiliation?!
veritas
il ne faut pas abuser '?'
a posté le 14-05-2025 à 12:07
Les non résidents qui font des bénéfices suite à une activité ou à un bien locatif doivent payer les taxes et ne paieront aucune taxe sur leur revenus à l'étranger '?'la france par exemple va soumettre les étrangers qui paient dans leur pays d'origine moins de 50% de taxes par apport aux barèmes d'impôts français ils doivent payer la différence en France '?'tout les plumes leur résidents pour récupérer l'argent dépensé dans des guerres inutiles c'est Mr tout le monde qui paye les pots cassés car les riches sont intouchables et souvent proches du pouvoir .
Abir
Silence officiel ?
a posté le 14-05-2025 à 12:00
Le ou les responsables de ce massacre aux TRE, c'est pour sonder à tel point ils vont l'accepter, comme on dit : dezz ta5taf , non ça ne doit pas passer, La Tunisie nous appartient et de nos droit de rentrer avec notre argent 7alel en plus pourquoi vous nous compliquez la vie et la vie à nos enfants nés à l'Etranger, personnellement j'ai 3 enfants nés à l'Etranger, ont réussit leur vie et il veulent rentrer régulièrement pour investir en Tunisie, ils me demande maman : qu'est ce qu'il se passe, je leur réponds, si je vous explique ce massacre envers les Travailleurs à l'Etranger, vous allez vous dégoûter ! Et là: je peux dire ce dicton : 9alou èche karhek ya yatim 9alou bi ejehed wa el mou3ine Allah ! A bon entendeur!