La conférence de clôture du projet Solid s'est tenue à Bruxelles le 14 mars 2018 et a permis de donner naissance à une charte pour la promotion du dialogue social. Ce projet pilote réunissant les syndicats, les organisations d'employeurs et de la société civile se veut être une « initiative unique en son genre dans les pays du sud de la méditerranée ».
C’est au siège du Comité économique et social européen (CESE) dans la ville de Bruxelles (Belgique) que s’est tenue la conférence de clôture du projet Solid. Le Solid - pour South mediterranen social dialogue - est un projet pilote pour la promotion du dialogue social dans le voisinage sud de la Méditerranée.
Cet événement, organisé par BusinessMed a réuni des personnalités politiques et économiques ainsi que des représentants de la société civile et des organisations d’employeurs des trois pays cibles, à savoir la Tunisie, la Jordanie et le Maroc, compte tenu des importants changements politiques vécus par ces pays depuis 2011. Le bal a été ouvert avec le mot de Jihane Boutiba, secrétaire générale de BusinessMed et modératrice de la séance, avant de donner la parole aux différents intervenants qui ont débattu des mécanismes à mettre en place afin de promouvoir le dialogue social dans le voisinage sud de la Méditerranée.
Le gouvernement tunisien a été représenté lors de cette séance de clôture par le ministre des Affaires sociales Mohamed Trabelsi. Dans son allocution, le ministre tunisien a affirmé que « cette charte représente un modèle de coopération réussi entre trois pays de la rive sud de la Méditerranée, à savoir la Tunisie, le Maroc et la Jordanie, et pourrait servir de point de départ pour étendre ce projet à d'autres pays de la région, soulignant qu'il servira de document de référence pour la promotion des politiques nationales dans les domaines du développement économique, social mais aussi politique ». Il a aussi souligné que ce projet « renforcera le dialogue social entre tous les partenaires pour l’instauration de la paix et de la stabilité sociale et économique ».
Dans une déclaration à Business News, le ministre tunisien a ajouté que cet accord « a fait participer les différents acteurs sociaux dans le pays et qu’il prend en compte toutes les problématiques pouvant être sujet à débat entre les acteurs sociaux ». En plus de ça, l’accord crée un véritable partenariat social entre les différents pays signataires. Un partenariat susceptible de se développer et d’englober d’autres domaines.
Le ministre marocain de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle, Mohamed Yatim, a indiqué que l’approche participative est également adoptée dans la gestion du dialogue social avec les différents partenaires affirmant que « cet accord permettra de repenser les nouvelles formes de couverture sociale et de contrats de travail et de mieux encadrer les revendications sociales » ajoutant : « nous ambitionnons d’élargir le dialogue à d’autres partenaires (avocats, magistrats, économistes…). Il sagit d'organisations qui ont leur poids mais qui ne participent pas suffisamment au dialogue social ».
Mustapha Tlili, secrétaire exécutif de l'Union arabe des syndicats et directeur du programme SOLID, a expliqué pour sa part que cet accord est « un engagement moral positif pour les pays signataires et pourrait être élargi à d’autres pays ».
Le projet Solid, financé par l’Union européenne, est un programme de 3 ans (2016-2019) qui vise à promouvoir un dialogue social dynamique, inclusif et renforcé à travers le développement des capacités des syndicats et de leurs homologues des organisations d’employeurs et de la société civile, ainsi que d’un dialogue civique et multipartite entre les partenaires sociaux dans les trois pays cibles.
Pendant 3 ans, les parties membres de cet accord ont pu discuter des stratégies à mettre en place sur le moyen et long terme, notamment en matière de développement. La charte du Solid comprend 12 axes à savoir : la restructuration des politiques économiques, commerciales et sociales ; la liberté syndicale, l’institutionnalisation du dialogue social ; les politiques fiscales, les salaires et les prix ; l’économie parallèle ; l’enseignement, la formation professionnelle et technique ; les régimes de sécurité sociale ; l’égalité et la lutte contre toutes les formes de discrimination touchant les femmes ; droits des travailleurs migrants ; la lutte contre la corruption ; la lutte contre la pauvreté et l’emploi précaire et pour la justice environnementale.
« L'adoption de cette charte est une initiative unique et historique dans la région », affirment les participants. « Un modèle de coopération réussi entre les trois pays cibles (Jordanie, Tunisie, Maroc), ouvrant les possibilités vers l’extension du projet à d’autres pays de la région Sud-Méditerranéenne et faisant du document une référence pour renforcer, dans un cadre participatif, les politiques nationales en ce qui concerne le développement économique et sociale ».
Les signataires affirment, par ailleurs, que l’accord permettra aux partenaires sociaux d’aller sur la voie de l’entente et de la stabilité. « Sa plus grande particularité a été son adéquation avec le lien entre le dialogue social et les libertés individuelles et collectives et la croissance...»
Synda Tajine