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La politique migratoire est un échec à tous les niveaux
Par Synda Tajine
18/03/2025 | 16:00
4 min
La politique migratoire est un échec à tous les niveaux

Certaines images restent gravées dans les mémoires. Parmi elles, celle de Fati, cette jeune Camerounaise, et de sa fille Marie, six ans, toutes deux mortes en tentant la traversée périlleuse vers l'Europe via la Tunisie. Le père, Pato, raconte avoir perdu tout goût de vivre après leur décès. Mais Fati, Marie et Pato ne sont pas seuls. Ils sont des milliers à se retrouver coincés ici, contraints de passer par notre pays pour rejoindre l’Europe, profitant malgré eux de notre « hospitalité légendaire ».

Alors que les images de Gaza, l’an dernier, ont profondément choqué les Tunisiens, celles prises sous nos cieux ont suscité moins d’émotion. Des corps échoués sur nos plages ou dans notre désert. Des familles entières, enfants compris, réduites à mendier à chaque feu rouge pour survivre. Ce n'est que lorsque ces Subsahariens, de toutes nationalités, ont envahi les rues, érigé des camps de fortune à Tunis et à Sfax, que la situation est devenue enfin visible à tous. Ce n'est qu’alors que les Tunisiens ont pris conscience de l’urgence.

On nous dit que le Tunisien n’est pas raciste, non. Mais Sonia Dahmani en prison en témoigne : elle l’a dénoncé, et elle a prouvé ce qu’il en est. Si ce n’est pas le cas, alors il est dans le déni, l’ignorance, le dédain…tant que ces étrangers sont les « siens », non ceux des autres.

Le pouvoir, lui, continue de brandir l’épouvantail du « complot démographique », malgré son échec évident.

 

Aujourd’hui, il est impossible de prétendre que la gestion de la question migratoire a été un succès. Même les plus fervents partisans du président ne pourraient le soutenir sans une mauvaise foi flagrante. Alors, pour détourner l'attention, ils diabolisent ces migrants livrés à eux-mêmes et, par-là, sombrent dans un racisme à peine caché.

Les « Africains », comme beaucoup – trop – aiment les appeler, feignant d’ignorer que la Tunisie se trouve elle-même en Afrique, sont les tristes conséquences d'un accord signé entre les autorités tunisiennes et italiennes. Mais vendre ces migrants contre quelques euros ne suffisait pas. Le pouvoir va jusqu’à traquer ceux qui osent leur venir en aide. Des militants, des dirigeants d’associations sont encore en prison, simplement pour avoir voulu aider ces migrants dont plus personne ne semble se soucier.

Le manque de transparence du pouvoir nourrit les théories les plus farfelues. Chacun y va de ses propres rumeurs. Les députés, eux, alimentent la tension. Fatma Mseddi appelle à « traduire en justice toute personne coupable de manipulation de la sécurité nationale sous couvert de défense des droits humains », tandis qu’Ahmed Bannour tombe dans les clichés les plus basiques, affirmant que « Mamadou prend ses aises au café », profitant de « l’hospitalité légendaire des Tunisiens ».

 

En attendant, le président, seul maître à bord, garde le silence. Après ses déclarations sur le « grand remplacement » et ses démentis soutenant « le traitement correct réservé aux migrants », il n’annonce aucun plan pour l'avenir, bien que la situation se détériore.

La question se pose : est-ce la continuité d’une stratégie ou l’échec d’une politique sans vision à long terme ? Qui croire ? Quand l’ancien ministre de l’Intérieur assure que la situation a toujours été sous contrôle et que les migrants installés dans les oliveraies ne seraient qu'un plan stratégique de l’État, le pouvoir se dérobe de toute responsabilité face à l’aggravation de la situation.

Qu’en est-il des 612 migrants en situation irrégulière ramenés en Tunisie hier ? Personne ne dit rien.

En 2023, la Tunisie et l’Union européenne signaient un accord pour « collaborer face à la montée de la migration irrégulière ». Lors de la signature de ce mémorandum d’entente entre Kaïs Saïed, Giorgia Meloni, Ursula Von der Leyen et Mark Rutte, le président, tout sourire, ne semblait rien prévoir pour l’avenir. Deux ans après, les critiques pleuvent. L’État tunisien est accusé de ne pas protéger les intérêts nationaux et de n’être qu’un « hotspot » pour l’Europe, comme le souhaitait Meloni dans son programme électoral. Ce piège, le pouvoir l’a-t-il laissé se refermer sur lui ?

 

La réalité est là : la politique migratoire de l’État est un échec à tous les niveaux. Les migrants sont traités inhumainement, dans des conditions dégradantes, sans respect des minima d’hygiène et de dignité. Que va-t-on récolter de ce chaos ? Du ressentiment, de l’instabilité, de la criminalité. Peu importe leur nationalité, ce no man’s land créé par les autorités ne peut rien produire de bon.

Et, en attendant, le discours officiel oscille entre théories vides et racisme parfaitement assumé…

 

Par Synda Tajine
18/03/2025 | 16:00
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Commentaires
Gg
Du rêve à la réalité
a posté le 20-03-2025 à 16:28
Peut-être faut il parler de la réalité, bien loin du rêve.
Il y a 2 ou 3 mois, ma femme a rencontré une jeune tunisienne de 29 ans, sans papiers, en France. D'après ce que j'ai compris, elle est venue par l'Italie. Une histoire d'amour qui aurait mal tourné...
Un soir, ma femme me dit 'je vais chez une copine'. Bien sûr, puis elle me demande de venir avec elle chercher à manger au KFC du coin. Il pleuvait, c'était plus facile. Tu as encore faim, je lui demande. Non, c'est pour ma copine, elle n'a pas un rond et elle n'a pas mangé depuis deux jours. Nous passons prendre à manger, le lendemain ma femme revient chez nous. Le soir, rebelotte, elle prend de quoi manger et retourne chez cette jeune femme. Cette fois je la dépose en voiture devant la maison où vit sa copine. Peu à peu, jour après jour, les mots viennent. Cette copine loue au noir un cagibi sans salle de bain, toilette dans le couloir, 450e par mois. C'est sous loué par un algérien ! On n'a pas le droit de louer ce truc. Mais le mec est tranquille, elle n'a pas de papiers et n'ira pas porter plainte.
Elle travaille, aussi. Autour de 600e par mois, des ménages pour l'essentiel, au noir, sans cotisations sociales ni rien.
Elle se fait payer en espèces, parce que pas de compte bancaire. Ma femme a ouvert un compte pour elle, dans une néo-banque, afin d' avoir un RIB et pouvoir payer par CB. Le compte est au nom de ma femme, s'il faut que la copine sorte une preuve d'identité, c'est raté.
Dernièrement elle a été malade. Pas de carte vitale, ma femme est allée chez son toubib avec elle, et a été franche : c'est pour ma copine, elle est sans papiers. Le toubib l'a auscultée, ordonnance au nom de ma femme, merci docteur. Mais si demain elle a un truc grave ? Elle sera soignée à l'hôpital, mais comment cela peut il finir ?
Depuis 10 jours, ma femme est partie en Tunisie voir la famille. Sa copine ne peut pas rentrer voir les siens, elle serait coincée par les contrôles de police au départ, et à l'arrivée.
De toutes façons elle ne veut pas retourner en Tunisie, pour des raisons que j'ignore. Je ne pose pas de questions, je lui ai juste dit bonjour une fois, je voulais l'inviter chez nous. Non, elle a peur de moi !
Alors c'est quoi cette vie ? Quel avenir a t-elle ? Côté formation, d'après ce que j'ai compris elle n'a pas le niveau collège. Elle espère se marier pour avoir des papiers ? Mais même si elle trouve un maire qui les marie sans papiers, elle ne pourra pas inscrire le mariage au registre national d'identité puisqu'elle n'a pas de papiers.
Je lui souhaite de s'en sortir, mais ce n'est pas gagné. Le mieux que je pourrais lui conseiller est de trouver une femme qui lui ressemble et qui a deux passeports, français et tunisien. Alors elle pourrait tenter de rentrer chez elle avec le passeport tunisien. Mais nom de dieu, quel risque !
De retour chez elle, elle pourrait demander un visa.
Elle doit faire gaffe aux associations d'aide, qui promettent beaucoup et utilisent les personnes en difficulté pour vivre des subventions. Il y a du bon parfois, mais beaucoup de pire !
Et nous en connaissons d'autres qui sont dans ce genre de situation.
On aimerait aider ces personnes, qui ne demandent qu'à vivre normalement, à l'inverse de beaucoup d'immigrés.

Une politique globale de régularisation ? Cela a déjà été tenté, par Francois Mitterand. En 1982 je crois, il avait régularisé tous les sans papiers, 450.000. Quatre ou cinq ans plus tard, ils étaient un million ! Et aujourd'hui il faut tenir compte des indésirables, revendicatifs, fanatiques et/ou violents, et qui n'ont pas l'intention de s'intégrer, très nombreux.
Moufida
Pas que les africains
a posté le 18-03-2025 à 23:59
Les dégât de kais said ont touché les tunisiens les plus démunis cette année. Ce dicta... a ordonné la fermeture de plusieurs restaurants qui offraient le Iftar aux pauvres comme celui de la Kabbaria. Pour quelles raisons ks empêchent les pauvres de manger? Qu'a t il offert en contrepartie, des visites ridicules dans certains quartiers de Tunis. Réveillez vous.
Gg
Curieux raisonnement
a posté le 18-03-2025 à 20:54
Dans cet article, comme dans la plupart sur ce sujet,
il semble acquis que tous ces gens qui quittent leur pays ne puissent faire autrement.
Ce serait ainsi, il faudrait l'accepter et les prendre en charge. Les nourrir, les soigner, les habiller, les loger, et leur donner des loisirs.
N'est-il donc pas envisageable que ces pays se prennent en main, cessent leurs guerres tribales et se décident à la stabilité politique? Et construisent enfin leurs économies?
Les solutions ne peuvent être italienne, francaise, allemande... car ce ne sont pas les mêmes cultures. Et ce sont ces cultures, au sens global, qui font que des pays fonctionnent, d'autres pas.
Riri
Oui mais
a posté le à 14:01
Oui bien sûr, sauf qu il y a des solutions à long terme, des solutions à moyen terme et des solutions à court terme.
En Europe comme en Tunisie, c est le dernier qui semble avoir gagné, et on le paiera tous à long terme.
Pas compliqué en fait'?'
Gg
Si, c'est compliqué
a posté le à 20:08
On est capable de lettre des milliers de millards dans l'armement, mais on n'est pas capable de mettre 10% de ces sommes pour stabiliser et développer les pays les plus pauvres.
Comment changer cela?
Nephentes
Un '?tat décrédibilise
a posté le 18-03-2025 à 20:15
Cet '?tat ment ! Il ne fait que mentir sur ce sujet comme sur d'autres
Ces malheureux en quête d'un avenir meilleur n'ont pas été parachutés ,ils ont été acheminés jusqu'aux côtes tunisiennes via une organisation extrêmement bien structurée et bénéficiant de complicités opérationnelles et anciennes

Prenons le cas des Sénégalais Maliens et Burkinabés

Ils contactent des Touaregs a la frontière nord du Nigeria a Arlit
Dans cette oasis le passeur leur explique que leur voyage se fera de nuit sur trois jours a bord de pick up et que leur trajet sera sécurisé par de bonnes fees en uniforme

Direction Touggourt Negrine puis Bir El Ater avant de franchir la frontière tunisienne a l'aube le surlendemain

Les migrants au nombre parfois d'une centaine franchissent sans encombres a bord des pickups la frontière tunisienne a un point de transit utilise depuis des lustres par les mafias de la contrebande
Au lieux dits Oued Echeikh côté Algérien et Om Laksab côté tunisien

Pas ame qui vive tant du côté Algérien que du côté Tunisien; ce qui pose de très graves questions

A Om Laksab si vous êtes un lève tôt vous pourrez apercevoir vers 5 h du matin plusieurs estafettes se faufiler a travers les champs d'oliviers direction Sidi Boubaker puis la RN122 direction Jadour gouvernorat de Kasserine
Les estafettes empruntent ensuite une série de pistes via Souk Ejdid Bir Ali Ben Khelifa pour finir leur trajet aux alentours d El Agareb vers 15 h où ils demandent aux migrants de s'éparpiller en groupes de deux à trois

Il s'agit d'une logistique précise et éprouvée spécifique aux flux de contrebande de la frontière algérienne vers Sfax

Pas la peine de vous faire un dessin : l'?tat Tunisien dans ce trafic comme dans d'autres est infiltré de manière très importante par des mafias hors de son contrôle

Il n'a donc aucune crédibilité
Mohsen
Corruption
a posté le à 22:35
Pas la peine de vous faire un dessin : l'?tat Tunisien dans ce trafic comme dans d'autres est infiltré de manière très importante par des mafias hors de son contrôle.

Si cette information est confirmée, la situation est très grave. Est ce que le régime de l'autre n'est pas au courant (incompétence grave) ou est il au courant (complicité avec les bandes de passeurs). Dans les deux cas, il faudra dégager ce régime menteur.
DHEJ
Non ils ne sont pas des migrants...
a posté le 18-03-2025 à 19:51
Ils sont dans leur pays d'ailleurs Kaies SAÏED est le président de l'Afrique!
Chelbi
On connait bien le premier responsable
a posté le 18-03-2025 à 19:44
Il faut pas trop interpoler ou extrapoler dans les analyses: cette crise est la responsabilité exclusive d'une seule personne: le 'créateur du bonheur brut'?' et aucun autre.

Alors que le vrai responsable derrière cette crise jouit encore de l'immunité et continue chaque jour à rajouter aux malheurs de ce pays, des innocents qui n'ont rien à voir avec l'arrivée des migrants ou leur retention sur notre territoire croupissent en prison. Et ce n'est qu'un exemple des multiples injustices qu'on peut voir a l'oeil nu ces-jours ci.

Pire encore, il se soulève parfois dans les minuits pour accuser les autres de complot et traîtrise contre la nation!!!! C'est meme trop pour les shows de science fiction!
Mohsen
Un piètre président
a posté le à 22:25
Le pire président dans l'histoire de la Tunisie. Maintenant il faut travailler pour sortir de cette situation tous ensemble et le plus rapidement possible. Les tunisiens méritent bien un vrai président. Trêve de cloweneries et de charlatanisme ça en déplaise à ceux qui en profitent.
Chaabane
Une affaire italienne
a posté le 18-03-2025 à 18:05
Le régime ne fait qu'executer des ordres pour quelques euros.
Ben Mansour
Peu importent les arguments
a posté le 18-03-2025 à 16:58
Peu importent les arguments, la faute incombe toujours à ces étrangers qui resident actuellement en Tunisie de façon IRREGULIERE et que chaque pays dans le monde combat ces tels actes et CE, quels que soient leur intention d'origine résider durablement en Tunisie ou transiter vers l'Europe .
Le citoyen tunisien -- à part le fait d'observer ces malheureux dans leurs situations précaires n'a rien à voir avec ce problème et ces étrangers en assument les conséquences .
Les habitants d'El Amra et de Jebiniana constatent que certains de ces résidants ne cessent de ravager tout et d'en causer des pires ennuis aux humains par des agressions permanentes et aussi à l'agriculture .
Tout ceci sans compter les difficultés à l'état de fournir les moyens nécessaires de subsistances à ce nombre faramineux d'étrangers.
En lui même, ce nombre lui faut une gestion à part de l'état tunisien ce qui représente un fardeau supplémentaire à l'économie de la Tunisie.
En conclusion, à l'instar de la réaction de tous les pays, ces résidents irréguliers devront quitter le plus rapidement possible la Tunisie ....C'est la loi universelle, c'est la règle et c'est la formule appliquées partout dans le monde et chaque "" irrégulier clandestin dans ce cas "" devrait comprendre ces préliminaires.
Chelbi
Pas tout à fait
a posté le à 19:32
Sauf que vous oubliez une chose importante: ils n'ont jamais pris la Tunisie pour une destination finale. Il y a un seul coupable - celui qui souriait à la blonde italienne - qui les empêche de quitter le pays en échange de quelques baqchich en euros.
SAM53
ON NE PEUT PAS ACCUEILLIR LA MISERE DES AUTRES
a posté le à 17:53
Excellente mise au point Mr Ben Mansour.
riri
sans parler de notre image et diplomatie
a posté le 18-03-2025 à 16:57
Sans parler de nos relations diplomatiques avec les autres pays africains comme la Guinée oula cote d'Ivoire qui commencent à nous reprocher de plus en plus notre attitude vis à vis de leurs ressortissants...

Ca se paiera je le crains.
SAM53
QUE LES PAYS DE CES IRREGULIERS LES RAPATRIENT
a posté le à 17:51
Et pourquoi dans ce cas les responsables ivoiriens et guinéens ne rapatrient pas leurs compatriotes au lieu d'en vouloir à la Tunisie qui veut faire respecter la loi contre ces IRREGULIERS ?
riri
en quoi être humain s'oppose avec être ferme?
a posté le à 18:08
Il n'y à aucun problème à rapatrier, nous devons bien sûr le faire.

Nous pouvons aussi traiter ces personnes come des êtres humains et conformément aux conventions internationales pour leur protection.

L'un ne s'oppose pas à l'autre et personne en nous reproche des expulsions ou des refus de papiers. On nous reproche de le faire de manière inhumaine. Il a une grosse différence que vous ne semblez pas voir!

Il y a une marge entre le lynchage et l'abandon total, et une politique migratoire digne d'un pays civilisé comme la Tunisie qui oui, doit rapatrier aussi en grande parties les clandestin.