La compagnie aérienne nationale Tunisair vient de publier ses états financiers arrêtés au 31 décembre 2019. Et sans surprise, ils font ressortir un résultat net déficitaire. Il faut dire que depuis la révolution, les problèmes de Tunisair se sont accentués. Plusieurs plans de redressement ont été proposés mais aucun n’a été mis en place et la pandémie a aggravé le tout. L’été dernier, le chef de l’État avait reçu le ministre du Transport et le PDG de la compagnie pour évoquer un programme de sauvetage, mais jusqu’à cette heure, rien de concret n’a été annoncé.
Tunisair a publié ses chiffres pour 2019, qui font état d’un résultat déficitaire de 183,12 millions de dinars fin 2019 contre un résultat déficitaire de 234,38 millions de dinars fin 2018. Cela dit, le déficit a baissé de 21,87%, enregistrant une amélioration de 51,26 MD par rapport à un an auparavant.
Les revenus ont augmenté de +3,55%, évoluant de 1,64 milliard de dinars fin 2018 à 1,70 milliard de dinars fin 2019, grâce à une amélioration du coefficient de remplissage de 1,2 point de pourcentage, de la recette moyenne par passager des services réguliers (surcharge fuel comprise) de 23,5% ainsi que de la recette à l’heure de vol charter de 19,3%, a indiqué le même rapport.
Les charges d’exploitation ont augmenté, quant à elles, de 2,65% atteignant 1,89 milliard de dinars fin 2019 contre 1,85 milliard de dinars fin 2018. Cette hausse est causée par celle des dotations aux amortissements et aux provisions (+32,19%), de l’assistance fournie aux avions (+12,24%), des charges de personnel (+6,59%), des redevances aéronautiques (+2,53%). Notons dans ce cadre que la rubrique "loyers avions et réacteurs" a diminué de 27,70%, les loyers avion ayant diminué suite à la régression des heures de vol affrètements de 62%.
Ainsi, et toujours selon le même rapport, le résultat d’exploitation s’est légèrement amélioré de 0,54% pour se situer à -129,47 millions de dinars fin 2019 contre -130,18 millions de dinars fin 2018.
Cela dit, les charges financières nettes ont augmenté de 33,56%, atteignant 37,36 millions de dinars fin 2019. Mais en contrepartie, les produits des placements ont augmenté de +52,6% atteignant 28,68 millions de dinars fin 2019.
La société a payé un impôt sur les bénéfices de 2,02 millions de dinars fin 2019 (+6,53%).
Les commissaires aux comptes ont émis une opinion avec réserves pointant plusieurs lacunes. Ils ont aussi précisé que les capitaux propres de la société sont négatifs, situés à -742 millions de dinars, à cause des pertes cumulées qui ont atteint 1.315 millions de dinars, en raison des difficultés économiques, techniques et sociales qui ont perduré sur plusieurs années successives. Ils notent ainsi « l'existence d'une incertitude significative susceptible de jeter un doute important sur la capacité de la société à poursuivre son exploitation »
Au niveau consolidé, la situation n’est pas meilleure. Le groupe a enregistré un déficit de 199,03 millions de dinars fin 2019. Selon les commissaires aux comptes « les capitaux propres du groupe Tunisair sont négatifs, soit -864 millions de dinars, à cause des pertes cumulées qui ont atteint -970 millions de dinars ».
Or, cela n’est que la partie visible de l’iceberg, les chiffres publiés étant ceux de 2019 et entre temps le déficit s’est aggravé.
En effet, en mars 2021, le ministre du Transport de l’époque Moez Chakchouk avait indiqué que le déficit cumulé de Tunisair devait atteindre 1,8 milliard de dinars en 2020 alors que l’endettement global avait atteint 955 MD. Fin 2020, les fonds propres avaient atteint -870 MD.
Une situation qui a perduré, en se référant au rapport sur les entreprises publiques publié par le ministère des Finances. Les autorités de tutelle (vu que les derniers états financiers de la société publiés sont relatifs à l’exercice 2018) prévoient que le résultat net soit de 213,3 millions de dinars fin 2020 et de 361,8 millions de dinars fin 2021. L’endettement en 2020 aurait atteint 2.094,6 millions de dinars.
Selon M. Chakchouk jusqu’à 2010, les résultats de Tunisair étaient bénéficiaires avec une moyenne annuelle de 30 millions de dinars. En outre, la société disposait de réserves de 500 millions de dinars.
Ainsi, le gouffre est en train de s’élargir, sous le regard silencieux des autorités. Depuis la révolution, il était clair que la société avait besoin d’une restructuration. Or, cette décision n'a pas encore été prise sachant qu'en parallèle, le coût du sauvetage est en train de se multiplier. Pire, en se référant aux commissaires aux comptes, la pérennité de l’entreprise est engagée. En contrepartie silence radio des autorités de tutelle, il faut dire que les problèmes des finances publiques ne sont pas propices à une injection de fonds nécessaires pour la restructuration. En outre, le sujet d’une cession même partielle de la société demeure tabou, le président de la République s’étant positionné clairement contre la cession des entreprises publiques.
Certes, le 30 juin dernier, le chef de l’État Kaïs Saïed avait reçu le ministre du Transport Rabie El Majidi et le PDG de Tunisiair Khaled Chelly. Ils avaient évoqué le programme de sauvetage de cette entreprise publique « qui fut pendant de nombreuses années l'un des fleurons de ce genre d’établissements avant d'être rongée par la corruption, tout comme de nombreuses autres institutions », avait indiqué à cette époque un communiqué de Carthage.
Le chef de l’État avait souligné à cette occasion « la nécessité de rétablir son rayonnement d’antan et d'éliminer les causes qui ont conduit à son déclin, le tout en faisant porter la responsabilité totale à ceux qui ont voulu sa faillite afin de la céder ultérieurement, comme cela s'est produit pour un certain nombre d'institutions et d'entreprises publiques ». En outre, il a insisté sur le fait que « le ciel doit être ouvert aux avions tunisiens et non envahi par des avions qui ne laissent pas de place aux avions tunisiens dans leurs essaims ».
Le président Saïed s’était également penché sur la nécessité d'améliorer les services au sol et en l'air, rappelant que Tunisair était, pendant de nombreuses années après sa création, à la tête des compagnies aériennes mondiales. Il avait aussi noté la nécessité de renouveler la flotte de la compagnie et d'établir un programme pour l'acquisition de nouveaux appareils, ainsi qu'un plan de cession des appareils stationnés dans les aéroports ou de vente de leurs pièces détachées si elles ne sont plus réparables.
Mais, quatre mois après cette réunion, rien de concret n’a été annoncé. Et le dernier programme de sauvetage proposé par la société et présenté par Khaled Chelly lors de l’assemblée générale ordinaire pour l’exercice 2018, tenue le 6 mai 2022 à son siège à la Charguia, demeure lettre morte.
Rappelons qu’à cette époque, le PDG avait indiqué que le plan de restructuration avait été préparé au mois d’octobre 2021, qu’il a été soumis au Conseil d’administration, puis au ministre du Transport et par la suite à une commission interministérielle. Et d’ajouter qu’un conseil ministériel était prévu la semaine auparavant. Toutefois, le patron de Tunisair a été victime d'un malaise et a dû être hospitalisé, d’où le report de cette réunion importante.
Selon le PDG, le plan de restructuration s’articule autour de quatre piliers : une nouvelle stratégie commerciale, une restructuration financière et sociale et une refonte du mode de gouvernance.
La nouvelle stratégie commerciale est basée sur les réalisations de 2019. Ainsi, la compagnie a révisé ses lignes et dessertes : un classement de rentabilité de la période 2011-2019 a été établi et seules les lignes qui couvrent le coût d’exploitation ont été préservées, celles déficitaires ou potentiellement déficitaires ont été déprogrammées. Le management avait décidé, suite à cela, le redimensionnement de la flotte, selon les nouveaux besoins : quinze avions en 2022 qui seront portés à 17 avions en 2023 puis à 19 appareils en 2028.
En outre, le management avait opté pour une homogénéisation de la flotte avec deux A330 et le reste des A320 néo : ainsi les Boeing 737-600 seront cédés. L’objectif étant d’atteindre une moyenne de douze heures de vol par jour avec un gain de kérosène et effectuer des vols vers l’Afrique, toujours selon le PDG.
Au menu aussi un programme de digitalisation et de refonte totale du système dont une grande partie sera destinée aux passagers comme le Web check-in avec sélection des sièges & boarding pass : tout un projet en cours. La compagnie va aussi se focaliser sur le développement du fret, avec la création d’une société dédiée au fret d’ici 2024.
S’agissant de la restructuration financière, elle a commencé par le rééchelonnement des créances : 75% des crédits bancaires ont été rééchelonnés, à part certaines banques privées qui n’ont pas accepté. La SNDP, la CNSS et certains fournisseurs ont aussi accepté le rééchelonnement de leur dette.
Plusieurs représentations de Tunisair à l’étranger ont été fermées et la compagnie a baissé les charges afférentes.
En outre, la société compte opérer une augmentation de capital, après l’adoption du plan de restructuration par un conseil ministériel et consultation du conseil d’administration. Cette augmentation se fera en deux phases : La première phase sera une augmentation de capital par l’État avant de faire appel aux épargnants et actionnaires de la société dans une deuxième phase. Cette augmentation de capital devait être opérée en 2022. Or, nous sommes en juillet 2023 et rien n’a été encore fait.
Autre point important, selon le PDG, la compagnie est à la recherche d’un partenaire stratégique.
En ce qui concerne l’assainissement social, Khaled Chelly a rappelé qu’en 2012, la compagnie disposait de trente appareils et le groupe Tunisair employait 8.400 personnes. Il a rappelé qu’il y a un référentiel qui indique que les compagnies lowcost devraient avoir entre 80 à 100 employés par avion et que les compagnies normales devraient mobiliser 120 à 180 employés par avion. En 2013, on avait décidé d'un plan social concernant 1.700 employés, l’État avait accepté de donner un certain montant mais le litige concernait la prise en charge par l’État des cotisations CNSS, option refusée par la caisse sociale.
A la date de la tenue de l’AGO pour l’exercice 2018, le groupe Tunisair comptait 6.950 employés (1.450 employés étant partis à la retraite, ndlr), la société Tunisair-S.A compte 3.200 employés et dispose de quinze avions. Khaled Chelly a affirmé que la société veut parvenir à un ratio de 120 employés par avion. N’ayant pas voulu avancer de chiffre, le PDG avait spécifié que plusieurs employés dont l’âge dépasse les 55 ans veulent partir et que la société veut le départ de plus de 500 employés de la tranche d’âge entre 45 à 55 ans.
Ceci dit, il avait souligné que la société va poursuivre le développement de son capital humain avec des ingénieurs et avec des cadres hautement qualifiés et de noter que certains métiers vont disparaître.
Le plan comprend aussi une refonte du mode de gouvernance. Le responsable avait rappelé, dans ce cadre, que Tunisair est la seule entreprise publique qui fait face à une concurrence nationale et internationale, la majorité des autres étant carrément des monopoles.
Il a expliqué que la société doit avoir un mode de gouvernance adapté à son activité. L’État a ainsi donné son aval pour la simplification des procédures d’achat, le tout sous la supervision du conseil d’administration et son contrôle. Il y aura aussi une séparation entre les postes de président du Conseil d’administration et de directeur général outre un projet de nomination d’administrateur sur la base des compétences et par voie d’appel d’offres.
Fin 2019, Tunisair a enregistré des pertes cumulées de 1.315 millions de dinars. En l’absence d’un plan de sauvetage, le déficit cumulé s’est aggravé : il aurait atteint 1,8 milliard de dinars en 2020 avec un endettement global de 955 millions de dinars. Les fonds propres de la société auraient atteint -870 MD, fin 2020. Ainsi, la mise en place d’un plan de sauvetage devient une urgence.
Imen Nouira
Vivement l'Open -Sky et l'ouverture de notre ciel aux compagnies Low-Cost
Dites Amin, mes frères et s'?urs
Qui débarqua, l'année d'après
Qui prit les affaires de la NATION en main ?
Les criquets pèlerins de la maudite troika, si mes souvenirs sont exacts.
C'est à partir de là que l'Etat devrait commencer à creuser, s'il veut VRAIMENT connaitre, le ou les auteurs du carnage qui ravagea notre petite compagnie nationale.
99% des raisons sont localisées dans les rangs de la maudite terka et de ceux de l'UGTT le croque mort de tout ce qui a un lien qui s'apparente au terme : TRAVAIL !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Si l'ERP est effectivement opérationnel, les comptes 2020, 2021, 2022 devraient être publiés dans la foulée (avant la fin de l'année, et les comptes 2023 doivent être disponible début 2024.
On va rire (ou pleurer, c'est selon).
- Privatiser Tunisair car aucun état à travers le monde ne peut supporter des charges similaires à celles de Tunisair
- Mettre un plan d'accompagnement aux personnes qui vont quitter Tunisair pour cause d'incompétences et de redondance de poste
- Limiter le personnel au strict nécessaire
Tout cela a été proposé à maintes reprise par contre personne n'ose l'appliquer ou en parler
Continuez à laisser pourrir la situation comme dans tout le reste du pays... et votons pour le clown de Carthage pour un désastre total du pays....