
Le Tunisien a cette incroyable faculté à tout gober et à tout croire. Tant qu’il s’agit de lui faire voir un avantage ou un gain personnel sans qu’il ne fournisse le moindre effort, le Tunisien vous donnera son vote. En 2011, on a voulu surfer sur la vague de l’Islam, en 2014 sur une forme de restauration, ensuite, en 2019, des Tunisiens sont allés voter parce qu’on leur a promis du sel et du pétrole et d’autres parce qu’on leur a fourni des pâtes et de l’huile. Malgré tout cela, le Tunisien semble encore capable de croire tout et n’importe quoi.
Des contes et légendes sont entretenus et alimentés depuis des années pour le bien du populisme et surtout, pour alimenter la populace au besoin. L’un de ces contes concerne l’homme d’affaires Kamel Letaïef. Depuis les années troïka, jusqu’aux charlatans de la coalition Al Karama, Kamel Letaïef est dépeint comme un magna des affaires et du lobbying capable de faire arrêter des gens ou de détruire des réputations par un simple coup de fil. On dit qu’il a des affiliés en peu partout au sein de l’État tunisien et particulièrement dans le bâtiment gris de l’avenue Habib Bourguiba. Selon certains, il fait et défait les ministres et il serait inconcevable qu’un chef du gouvernement soit nommé sans son approbation. Kamel Letaïef aurait aussi plusieurs relais dans tous les médias tunisiens qu’il paierait grassement pour défendre ses intérêts.
Aujourd’hui, les faits montrent que tout cela est faux. L’homme supposé être le plus informé de Tunisie a été arrêté chez lui un certain samedi 11 février 2023. Après deux mois, il croupit toujours en prison. Un homme aussi puissant que l’on nous l’a décrit aurait pu éviter cela. A la limite, après son arrestation, nous verrions des personnalités et des médias se mettre en quatre pour le défendre et pour tenter de le faire libérer. Il bénéficierait au moins d’un traitement de faveur pendant son incarcération. Il n’est rien de tout cela, c’est même l’inverse. Kamel Letaïef a été arrêté dans la même affaire de complot contre la sûreté de l’État que plusieurs personnalités politiques à l’instar de Ghazi Chaouachi ou de Issam Chebbi. Pourtant, ce sont les politiciens et leur comité de défense qui bénéficient de la couverture médiatique, personne ne parle de Kamel Letaïef. Il n’y a eu aucune mobilisation en sa faveur et l’on n’évoque même pas son nom quand on parle de cette affaire. Étrange pour un supposé super magna de l’influence et du lobbying.
Le parti Ennahdha était aussi décrit comme une dangereuse pieuvre dont les tentacules ont infiltré toutes les strates de l’État et même du pays. Lors de la fermeture, par un char militaire, du siège de l’assemblée et jusqu’à l’arrestation, le 17 avril, du président du parti, Rached Ghannouchi, certains craignaient des affrontements. Beaucoup pensaient, et pensent toujours, que le parti islamiste pouvait mobiliser des gens par centaines pour commettre des troubles. Pourtant, l’appel lancé par le chef islamiste Rached Ghannouchi le 26 juillet 2021, au lendemain du coup d’État, est resté lettre morte et à peine quelques dizaines de personnes se sont déplacées. En termes de nombre d’électeurs, la logique est la même puisque le parti islamiste est passé de près de 1,5 million d’électeurs en 2011 à un peu plus de 400 mille en 2019. Alors quel est cet ogre islamiste capable de déstabiliser le pays et même d’avoir un niveau d’organisation assez élevé pour provoquer des pénuries de produits alimentaires ou pour mettre en place un coup d’État ? Les faits, malheureusement pour beaucoup, sont têtus et il s’avère qu’aujourd’hui, tout cela est faux.
Tout cela ne nie pas l’existence, malgré tout, d’une pieuvre réelle au sein de notre société, de notre État et de nos établissements. Elle est composée de milliers de personnes qui ne se connaissent pas forcément, mais qui agissent de manière coordonnée. Ce sont ces milliers d’arrivistes et d’opportunistes qui cherchent à conserver ou à acquérir des petits avantages en rapport avec le pouvoir en place. Ce sont ces personnes qui, en 2012 et 2013, se sont découvert un lien indéfectible avec la religion et qui se précipitaient, de manière voyante et ostentatoire, dans les mosquées. Certains étaient des membres actifs au sein du défunt RCD et sont subitement devenus des barbus vertueux, prêts à toutes les acrobaties pour se rapprocher du parti Ennahdha. Les mêmes ont, par la suite, sauté pour rejoindre la nouvelle ère initiée par feu Béji Caïd Essebsi et Nidaa Tounes en 2014. Ils parlaient déjà, à l’époque, du désastreux pouvoir islamiste. Les barbes ont été rapidement rasées et l’on tentait aussi de trouver quelque avantage en prétendant une proximité avec la famille Caïd Essebsi. Ce régime là avait également ses porte-voix médiatiques à qui l’on inculquait ce qu’il fallait dire en rabâchant des lieux communs comme « la femme tunisienne libérée » ou encore les « trois mille ans d’histoire » de la Tunisie, le tout sur fond de bourguibisme mal recyclé.
Si vous regardez bien, vous verrez qu’une grande partie de ces opportunistes font aujourd’hui l’éloge du pouvoir de Kaïs Saïed et sont les premiers à parler de décennie noire. Ce sont eux qui laissent éclater leur rage et leur haine contre tous ceux qui oseraient critiquer ou refuser les agissements du pouvoir en place. Le même schéma se répète, y compris concernant les relais médiatiques. Parmi ces derniers, certains faisaient les éloges de feu Béji Caïd Essebsi avant de vanter Kaïs Saïed à longueur de chroniques. Parmi ces milliers d’arrivistes, certains ont soutenu publiquement d’autres candidats à la présidentielle de 2019, avant de découvrir soudainement qu’ils sont pro-Saïed.
Ces caméléons sans foi ni loi sont le vrai danger et la vraie pieuvre qui porte atteinte à la Tunisie. Cette pieuvre n’a pas intérêt à ce que les choses changent. Contrairement à leurs discours, il leur est nécessaire que la corruption continue à être la règle pour percevoir leurs avantages, il leur est nécessaire que la méritocratie reste un rêve éloigné pour pouvoir lorgner sur des postes importants. Ne nous laissons pas berner, encore une fois, par les agissements de ces gens-là car au final, si le pays s’effondre, ils trouveront toujours un maitre à adorer. Mais nous, nous aurons perdu un pays.



soit ........
Un coup d'état selon wiki : "Action qui décide de quelque chose d'important pour le bien de l'?tat " .... c'est ce qu'il fallait !
Pour le portrait du Tunisien , oui , je suis encore plus sévère que ça et je mets tout le monde dans le même sac , et sans exception .
Les vandales ont souffert d'une mauvaise réputation perpétrée par les catholiques. Ceux qui ont peuplé l'Afrique du Nord pendant un siècle ne demandaient que de vivre en paix et pratiquer leur religion, l'arianisme. Les béni Hillal ont causé plus de tort. Les berbères étaient aussi connus pour leur opportunisme et leurs alliances louches avec et contre les différents conquérants de la Tunisie. Les tunisiens contemporains sont connus par leurs sourires mielleux de tunisiens. Bref, on mérite toute cette merde.
Alors n'en attend pas grand chose!
Dans la grande majorité.
"Il n'y a pas de peuple plus bienveillant, mais aussi plus crédule que le peuple allemand. Je n'ai jamais eu besoin de semer la discorde parmi eux. Il me suffisait de tendre mes filets pour qu'ils s'y engouffrent comme un gibier timide. Ils se sont battus entre eux, et ils pensaient faire leur devoir. Il n'y a pas de peuple plus insensé sur terre. Aucun mensonge ne peut être assez grossier : les Allemands y croient. Pour un mot d'ordre qu'on leur donnait, ils persécutaient leurs compatriotes avec plus d'acharnement que leurs véritables ennemis". (Napoléon Bonaparte)
Nous sommes de la même famille des vandales aussi, n'est-ce pas ?
Ils n'ont pas laissé pour le musée de Bardo mais ils ont laissé leurs gènes, Sobhèn Rabbi!
Ceux qui sont dangereux, ce sont les hommes ordinaires prêts à croire et à obeir sans discuter."
Primo Levi, survivant d'Auschwitz.
Les hommes ordinaires, nous en avons hélas beaucoup en Tunisie; dans les administrations, au sein de la nébuleuse islamiste, dans les mosquées, prêts à tout pour obtenir les bonnes grâces de leur gourou.
Que le ciel nous en préserve