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Tunisie - Les réponses non convaincantes et hautaines du PDG de lâEUR(TM)UBCI - BNP Paribas

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Les actionnaires l’attendaient cette assemblée générale de l’UBCI tenue vendredi 25 juin 2010 à la Maison de l’Entreprise. Les résultats de la banque sont en baisse, ses cadres démissionnent par dizaines et la direction générale demeure muette. Même pas de communication financière !
Les réponses de Slah-Eddine Bouguerra, PDG de l’UBCI, devaient donc rassurer les actionnaires présents. Était-ce le cas ? Il faudrait un sondage pour le savoir, mais elles ne nous ont certainement pas convaincus. Pas toutes du moins.
Vendredi 25 juin 2010, Maison de l’Entreprise. Nous nous présentons pour assister à l’AG de l’UBCI. Les sbires de la banque nous opposent une interdiction formelle et sans appel : pas d’accès aux journalistes. L’interdiction ne nous surprend guère et, à vrai dire, nous nous y étions préparés puisqu’elle était on ne peut plus légale. Il faut posséder dix actions pour assister à l’AG. Le coût des dix actions est de 750 dinars et nous n’avons pas hésité un instant à les débourser, quelques jours avant le jour J, pour pouvoir être présents et faire notre travail. Cerise sur le gâteau, ces dix actions nous donnaient également droit de poser des questions au PDG comme tout autre actionnaire. Il fallait bien trouver un moyen pour faire sortir M. Bouguerra de son mutisme et chercher l’entourloupette légale pour déjouer son interdiction d’accès que plus aucun autre PDG de la place ne pratique.
Après lecture du rapport d’activité, où tout est beau tout est joli, et la lecture des rapports des commissaires aux comptes, place aux questions des actionnaires. Elles n’étaient pas nombreuses et ont tourné essentiellement autour de la chute vertigineuse des résultats.
Le PNB de la banque est en chute de 0,65%, son RBE est en baisse de 10,61% et son résultat net a diminué de 6,73%. En dépit de ces résultats en baisse, la banque a pu augmenter le montant de ses dividendes de 6%, tandis que le cours de son action s’est apprécié de 10,64%.
Comment expliquer ces chutes ? Slah-Eddine Bouguerra relativise et se cache derrière la crise financière pour les justifier. D’autant plus que les baisses n’ont touché que la partie entreprises de son activité. Celle dédiée aux particuliers est en hausse.
Il rappelle que la croissance de la Tunisie, en 2009, a été obtenue grâce à trois secteurs : agriculture, immobilier et services. « Trois secteurs desquels l’UBCI est, soit absente soit présente de manière marginale, fait observer le PDG notant que ce qui génère le PNB de la banque a été touché par la crise. » Le hic, c’est que les autres banques de la place ont été également touchées par la crise, pourquoi donc il n’y a que l’UBCI qui fut pénalisée ? Il posera lui-même la question et rappelle que l’UBCI est en phase d’investissement avec l’augmentation considérable de son réseau qui a coûté 4,8 MDT à la banque. La rentabilité de ce réseau viendra les prochaines années. Incontestable.
Et M. Bouguerra d’enfoncer le clou en rappelant que sur les cinq ans, tous les chiffres sont en hausse et bien en hausse : 61 millions de dinars de dividendes distribués, rendement annuel moyen de 27,5% de l’action, distribution de 9 actions gratuites pour 6 détenues, etc.
En bref, le PDG fait valoir son résultat sur la durée et non sur l’année. Tout à fait légitime et il serait malhonnête de remettre ces réponses en question.
Sauf que le hic n’est pas dans ces chiffres auxquels on peut tout faire dire, mais dans le comparatif qu’il a ensuite établi en déclarant haut et fort devant une assistance ébahie que l’UBCI est la meilleure, a les meilleurs résultats dans le secteur et présente un des meilleurs rendements pour son action ! « Si vous trouvez que ces résultats signifient une chute libre, désolé de vous dire que c’est plutôt une chute vers le haut ! On a été les meilleurs ! », commentera-t-il. Texto.
Le comparatif ne s’arrêtera pas là et Slah-Eddine Bouguerra continuera, plus tard, à voir de haut les autres banques de la place et même de la région.
Interrogé par nos soins sur le départ de 55 salariés au cours de la seule année 2009, le PDG répond que parmi les 55 départs figurent des retraités, des décès et des fins de stage. Selon lui, il n’y a eu « que » 35 démissions de personnes parties vers la concurrence qui leur a offert une rémunération supérieure de 30-35%. « C’est un turn-over de 3% et ce n’est rien ! Que doit-on faire ? Les retenir, alors que certains parmi eux étaient à la veille de leur retraite ? Leur présenter une contre-offre au risque de pénaliser ceux qui font preuve de fidélité ?
Le turn-over de l’UBCI est faible comparativement à celui de BNP-Paribas qui est de 8% au sein du groupe, de 8% au Maroc, de 45% en Algérie ! ». Il oublie juste de dire que, là aussi, il aurait pu être le meilleur en Tunisie, puisque les autres banques n’ont pas du tout ces taux de turn-over.
N’empêche. Le PDG trouve, en ces départs, une contribution de l’UBCI, une banque internationale, au pays et aux banques locales.
Il ne nous manquerait donc plus que de remercier le PDG de cette banque multinationale, comme il la décrit. Que seraient les BTS, BIAT, Zitouna et autres sans l’UBCI ! Avis donc au gouverneur qui se chargera de cette missive de remerciements pour services rendus à la "patrie financière".
Interrogé par un actionnaire sur la lettre anonyme reprise dans un article de Business News, Slah-Eddine Bouguerra a déclaré qu’il est facile de se mettre dans un coin et de calomnier avant de rappeler l’adage : « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. »
S’interrogeant sur le rôle du journaliste qui se devait de vérifier l’authenticité des contre-vérités contenues dans cette lettre anonyme, le PDG a déclaré qu’il s’est refusé de porter plainte pour diffamation préférant ne pas rentrer dans la polémique et rester calme le temps que passe la tempête.
Faut-il remercier M. Bouguerra de ne pas avoir porté plainte contre nous ? Il aurait été plus simple, et c’est prévu par le code de la presse et notamment dans ce type de plaintes, de répondre à cette lettre qui n’a pas été cautionnée par notre journal. Nous n’avons fait que reprendre son contenu en utilisant le conditionnel et en citant ses rédacteurs anonymes. Cela s’appelle un droit de réponse et M. Bouguerra, quand il l’a voulu, a su le faire valoir l’année dernière. Passons.
Mais pourquoi faire simple et prévoir une communication ordinaire comme toute entreprise internationale ordinaire ? Ou plutôt une multinationale, comme il l’a dit puisque le PDG considère l’UBCI comme une locomotive pour tout le secteur.
Justement, nous l’avons interrogé sur sa communication et sur son site internet. Pour répondre au sujet de la communication, le PDG nous présente les chiffres investis dans la publicité (700.000 dinars, soit des pacotilles). Extraordinaire confusion entre deux métiers totalement différents, la communication et l’investissement publicitaire. Peut-être faudrait-il lui rappeler l’autre adage : « communiquez, communiquez, il en restera toujours quelque chose. »
A propos du site internet, et dans l’incapacité de donner de bonnes réponses, il demandera à Laurent Romanet de répondre à sa place. Le secrétaire général de l’UBCI donnera, lui, des réponses claires et convaincantes. Plusieurs projets sont en cours d’exécution et qui verront le jour en 2010. Merci !
A propos de son salaire (684 mille dinars par an), Slah-Eddine Bouguerra a précisé qu’il ne s’auto-octroie pas de rémunération et que celle-ci est fixée par un comité de rémunération en ligne avec les salaires du groupe et des banques du pays. Ah bon ?! Le deuxième salaire le plus élevé de la place est tout simplement rémunéré dix fois plus que d’autres banques publiques qui font des résultats nettement meilleurs que lui. Il est bien mieux rémunéré que les PDG de la BT (le double) et de la BIAT, deux banques privées dont les résultats (sur un an et sur cinq ans) sont bien meilleurs que ceux de sa banque arrimée au groupe international ! Passons !
L’année dernière, un grand actionnaire s’est écrié : « Il faut que l’UBCI descende de sa tour d’ivoire. » Une année plus tard, de descente nous n’avons vu que les résultats et l’image.
Faut-il se risquer, comme Slah-Eddine Bouguerra, sur le terrain du comparatif ? Prenons le risque. L’image de l’UBCI est, hélas, à des années lumière de celles de la BIAT de Slah Ladjimi (et Ismail Mabrouk), d’Attijari de Hassen Bertal ou de la BT de Alia Abdallah.
Que faut-il conclure, par quelle idée doit-on sortir de cette AG, et quel avenir s’attendre pour cette UBCI que les Tunisiens, ses actionnaires et son personnel aiment tant ?
C’est fort dommage pour cette banque portant, malgré tout, un nom si prestigieux et arrimée à un groupe encore plus prestigieux.
Les réponses de Slah-Eddine Bouguerra, PDG de l’UBCI, devaient donc rassurer les actionnaires présents. Était-ce le cas ? Il faudrait un sondage pour le savoir, mais elles ne nous ont certainement pas convaincus. Pas toutes du moins.
Vendredi 25 juin 2010, Maison de l’Entreprise. Nous nous présentons pour assister à l’AG de l’UBCI. Les sbires de la banque nous opposent une interdiction formelle et sans appel : pas d’accès aux journalistes. L’interdiction ne nous surprend guère et, à vrai dire, nous nous y étions préparés puisqu’elle était on ne peut plus légale. Il faut posséder dix actions pour assister à l’AG. Le coût des dix actions est de 750 dinars et nous n’avons pas hésité un instant à les débourser, quelques jours avant le jour J, pour pouvoir être présents et faire notre travail. Cerise sur le gâteau, ces dix actions nous donnaient également droit de poser des questions au PDG comme tout autre actionnaire. Il fallait bien trouver un moyen pour faire sortir M. Bouguerra de son mutisme et chercher l’entourloupette légale pour déjouer son interdiction d’accès que plus aucun autre PDG de la place ne pratique.
Après lecture du rapport d’activité, où tout est beau tout est joli, et la lecture des rapports des commissaires aux comptes, place aux questions des actionnaires. Elles n’étaient pas nombreuses et ont tourné essentiellement autour de la chute vertigineuse des résultats.
Le PNB de la banque est en chute de 0,65%, son RBE est en baisse de 10,61% et son résultat net a diminué de 6,73%. En dépit de ces résultats en baisse, la banque a pu augmenter le montant de ses dividendes de 6%, tandis que le cours de son action s’est apprécié de 10,64%.
Comment expliquer ces chutes ? Slah-Eddine Bouguerra relativise et se cache derrière la crise financière pour les justifier. D’autant plus que les baisses n’ont touché que la partie entreprises de son activité. Celle dédiée aux particuliers est en hausse.
Il rappelle que la croissance de la Tunisie, en 2009, a été obtenue grâce à trois secteurs : agriculture, immobilier et services. « Trois secteurs desquels l’UBCI est, soit absente soit présente de manière marginale, fait observer le PDG notant que ce qui génère le PNB de la banque a été touché par la crise. » Le hic, c’est que les autres banques de la place ont été également touchées par la crise, pourquoi donc il n’y a que l’UBCI qui fut pénalisée ? Il posera lui-même la question et rappelle que l’UBCI est en phase d’investissement avec l’augmentation considérable de son réseau qui a coûté 4,8 MDT à la banque. La rentabilité de ce réseau viendra les prochaines années. Incontestable.
Et M. Bouguerra d’enfoncer le clou en rappelant que sur les cinq ans, tous les chiffres sont en hausse et bien en hausse : 61 millions de dinars de dividendes distribués, rendement annuel moyen de 27,5% de l’action, distribution de 9 actions gratuites pour 6 détenues, etc.
En bref, le PDG fait valoir son résultat sur la durée et non sur l’année. Tout à fait légitime et il serait malhonnête de remettre ces réponses en question.
Sauf que le hic n’est pas dans ces chiffres auxquels on peut tout faire dire, mais dans le comparatif qu’il a ensuite établi en déclarant haut et fort devant une assistance ébahie que l’UBCI est la meilleure, a les meilleurs résultats dans le secteur et présente un des meilleurs rendements pour son action ! « Si vous trouvez que ces résultats signifient une chute libre, désolé de vous dire que c’est plutôt une chute vers le haut ! On a été les meilleurs ! », commentera-t-il. Texto.
Le comparatif ne s’arrêtera pas là et Slah-Eddine Bouguerra continuera, plus tard, à voir de haut les autres banques de la place et même de la région.
Interrogé par nos soins sur le départ de 55 salariés au cours de la seule année 2009, le PDG répond que parmi les 55 départs figurent des retraités, des décès et des fins de stage. Selon lui, il n’y a eu « que » 35 démissions de personnes parties vers la concurrence qui leur a offert une rémunération supérieure de 30-35%. « C’est un turn-over de 3% et ce n’est rien ! Que doit-on faire ? Les retenir, alors que certains parmi eux étaient à la veille de leur retraite ? Leur présenter une contre-offre au risque de pénaliser ceux qui font preuve de fidélité ?
Le turn-over de l’UBCI est faible comparativement à celui de BNP-Paribas qui est de 8% au sein du groupe, de 8% au Maroc, de 45% en Algérie ! ». Il oublie juste de dire que, là aussi, il aurait pu être le meilleur en Tunisie, puisque les autres banques n’ont pas du tout ces taux de turn-over.
N’empêche. Le PDG trouve, en ces départs, une contribution de l’UBCI, une banque internationale, au pays et aux banques locales.
Il ne nous manquerait donc plus que de remercier le PDG de cette banque multinationale, comme il la décrit. Que seraient les BTS, BIAT, Zitouna et autres sans l’UBCI ! Avis donc au gouverneur qui se chargera de cette missive de remerciements pour services rendus à la "patrie financière".
Interrogé par un actionnaire sur la lettre anonyme reprise dans un article de Business News, Slah-Eddine Bouguerra a déclaré qu’il est facile de se mettre dans un coin et de calomnier avant de rappeler l’adage : « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. »
S’interrogeant sur le rôle du journaliste qui se devait de vérifier l’authenticité des contre-vérités contenues dans cette lettre anonyme, le PDG a déclaré qu’il s’est refusé de porter plainte pour diffamation préférant ne pas rentrer dans la polémique et rester calme le temps que passe la tempête.
Faut-il remercier M. Bouguerra de ne pas avoir porté plainte contre nous ? Il aurait été plus simple, et c’est prévu par le code de la presse et notamment dans ce type de plaintes, de répondre à cette lettre qui n’a pas été cautionnée par notre journal. Nous n’avons fait que reprendre son contenu en utilisant le conditionnel et en citant ses rédacteurs anonymes. Cela s’appelle un droit de réponse et M. Bouguerra, quand il l’a voulu, a su le faire valoir l’année dernière. Passons.
Mais pourquoi faire simple et prévoir une communication ordinaire comme toute entreprise internationale ordinaire ? Ou plutôt une multinationale, comme il l’a dit puisque le PDG considère l’UBCI comme une locomotive pour tout le secteur.
Justement, nous l’avons interrogé sur sa communication et sur son site internet. Pour répondre au sujet de la communication, le PDG nous présente les chiffres investis dans la publicité (700.000 dinars, soit des pacotilles). Extraordinaire confusion entre deux métiers totalement différents, la communication et l’investissement publicitaire. Peut-être faudrait-il lui rappeler l’autre adage : « communiquez, communiquez, il en restera toujours quelque chose. »
A propos du site internet, et dans l’incapacité de donner de bonnes réponses, il demandera à Laurent Romanet de répondre à sa place. Le secrétaire général de l’UBCI donnera, lui, des réponses claires et convaincantes. Plusieurs projets sont en cours d’exécution et qui verront le jour en 2010. Merci !
A propos de son salaire (684 mille dinars par an), Slah-Eddine Bouguerra a précisé qu’il ne s’auto-octroie pas de rémunération et que celle-ci est fixée par un comité de rémunération en ligne avec les salaires du groupe et des banques du pays. Ah bon ?! Le deuxième salaire le plus élevé de la place est tout simplement rémunéré dix fois plus que d’autres banques publiques qui font des résultats nettement meilleurs que lui. Il est bien mieux rémunéré que les PDG de la BT (le double) et de la BIAT, deux banques privées dont les résultats (sur un an et sur cinq ans) sont bien meilleurs que ceux de sa banque arrimée au groupe international ! Passons !
L’année dernière, un grand actionnaire s’est écrié : « Il faut que l’UBCI descende de sa tour d’ivoire. » Une année plus tard, de descente nous n’avons vu que les résultats et l’image.
Faut-il se risquer, comme Slah-Eddine Bouguerra, sur le terrain du comparatif ? Prenons le risque. L’image de l’UBCI est, hélas, à des années lumière de celles de la BIAT de Slah Ladjimi (et Ismail Mabrouk), d’Attijari de Hassen Bertal ou de la BT de Alia Abdallah.
Que faut-il conclure, par quelle idée doit-on sortir de cette AG, et quel avenir s’attendre pour cette UBCI que les Tunisiens, ses actionnaires et son personnel aiment tant ?
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