Le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables pouvait-il prévoir que sa décision de baisse du prix des carburants à la vente allait faire l’objet d’une aussi large frustration ? Les commentaires ont fusé à travers la toile.
Certains estiment amèrement que cette baisse est dérisoire compte tenu de l’évolution, surtout actuelle, du cours du baril de pétrole et des projections budgétaires se basant sur une moyenne annuelle du cours du pétrole à 65 dollars le baril. Or, celui-ci a perdu plus de 65% de sa valeur depuis le début de l’année 2020. Début janvier 2020, le cours affichait environ 69 dollars le baril. Au 30 mars, le baril de Brent se négociait autour de 22 dollars. A l’évidence, la baisse de 1,5% du prix du litre de carburant à la pompe est dérisoire.
D’autres considèrent la décision comme « insensée ». Alors que l’Etat a tant besoin de ressources pour lutter contre l’épidémie du coronavirus et réduire autant que faire se peut son impact – un tsunami annoncé – socioéconomique, pourquoi baisser les prix à la pompe ?
Face aux critiques, c’est le chargé de l’information et de la communication au sein du cabinet du ministre qui est monté au créneau à travers un post sur la page officielle Facebook, et non sur le site officiel du ministère, pour plaider une telle décision.
Cependant, il convient de remonter de quelques jours auparavant pour en saisir la genèse. En effet, dans un entretien accordé le 31 mars 2020 à la chaîne de radio RTCI, Mongi Marzouk, ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, annonçait la tenue imminente de la commission technique, chargée en vertu de l’article 17 de la loi 91-45 du 1er juillet 1991 relative aux produits pétroliers, de fixer, par référence aux prix d’importation, « les prix de cession à la raffinerie de pétrole brut appartenant à l’Etat et les prix de cession des produits finis à la sortie de la raffinerie ». Depuis octobre 2017, cette commission ne s’est réunie qu’une seule fois alors que des ajustements des prix des produits pétroliers ont été opérés à plusieurs reprises par le gouvernement (voir tableau de suivi de l’activité de la commission).
Remettre les compteurs à zéro en termes de subvention à l’énergie
Visiblement, Mongi Marzouk a voulu remettre les pendules à l’heure dès sa prise de fonction, en réactivant cette commission tout en décidant que ses réunions seraient désormais mensuelles et non plus trimestrielles. Il expliquera d’ailleurs à travers un post publié le 3 avril 2020 sur la page officielle du ministère que le mécanisme d’ajustement des prix ne se fondera plus sur le prix moyen du baril mais sur la base de la valeur des importations du gas oil et du pétrole raffiné, ajoutant que l’ajustement mensuel évoluera dans un couloir de +/- 1,5 % alors qu’il était de l’ordre de 5% trimestriellement. De plus, l’augmentation ou la diminution en année pleine des prix à la pompe ne pourrait désormais dépasser 18%, contre 20% auparavant. De plus, la décision d’ajustement sera du seul ressort de la commission technique c’est-à-dire que le ministère ne fera que se soumettre à ses recommandations.
Réunie le 6 avril 2020, la commission technique aurait décidé cette maigre baisse des prix du carburant compte tenu des paramètres précités ainsi que du stock stratégique en produits pétroliers du pays et nullement du contexte de l’épidémie. Selon le ministère, il faudra s’attendre à une baisse des prix à la pompe au mois de mai et même de juin prochain compte tenu de l’effondrement des cours constatés au mois de mars et probablement au mois d’avril 2020.
Cela étant, il convient de souligner que la démarche adoptée par le ministère va avoir un impact évident sur la politique de subvention à l’énergie. Pour la première fois, le ministère a décidé de mettre les compteurs à zéro en matière de subvention à l’énergie. Dorénavant, ce sera en fonction de la valeur mensuelle de nos importations énergétiques que seront fixés les prix publics de l’énergie. « La démarche vers une vérité des prix [de l’énergie] participe à la réussite du développement des énergies renouvelables, des énergies propres et à la réussite de la transition énergétique », a plaidé en substance Mongi Marzouk dans son post.
Il est clair que cette nouvelle règle du jeu intervient dans un contexte extrêmement favorable, à l’occasion d’une baisse des prix à la pompe. Qu’en sera-t-il lorsque les importations d’énergies repartiront à la hausse et qu’il s’agira d’augmenter les prix du carburant ? En tout cas, il est fort probable que l’enveloppe allouée à la subvention de l’énergie va désormais connaître une relative stabilité, permettant à l’Etat d’établir des prévisions solides en termes budgétaire de subvention à l’énergie et surtout de s’en tenir.
Cela ne manquera pas d’être visible à l’occasion du cadrage budgétaire qu’effectuerait le gouvernement à travers l’élaboration d’un projet de loi de finances complémentaire. L’enveloppe de subvention de l’énergie d’un montant de 1,9 milliard de dinars inscrite dans le budget de l’Etat 2020 devrait enregistrer une baisse remarquable au profit, on l’espère, de vastes programmes d’investissement dans le secteur de la santé et de l’éducation, mais avant tout, pour le moment, à répondre aux attentes économiques et sociales nées de l’épidémie du coronavirus.
Houcine Ben Achour
Je suis passionné par les voitures et je détient une grosse cylindrée et voila combien je paie en taxe.
Vignette : 1950 TND par an
Frais de douane : 300% du prix de la voiture
Frais d'immatriculation 6500 tnd
Voiture 4 cv
Vignette : 60 TND
Frais de douane 100%
Frais d'immatriculation : 120 TND
Avoir une voiture 16 cv sur 10 ans acheté a un prix de 60000 Euro sur 5 ans coûte (10 000 vignette + 200 000 Douane avec FCR, 6500 TND frais d'immatriculation soit 216 500 TND.
Et vous voulez ajouter encore des taxes! Sachant que le carburant rapporte des taxes et n'a jamais été subventionné en Tunisie