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UGTT-UTICA : Le prix Nobel de la paix sur fond d'une guerre acharnée
09/12/2015 | 19:59
6 min
UGTT-UTICA : Le prix Nobel de la paix sur fond d'une guerre acharnée

Le Quartet du dialogue national tunisien se rendra demain 10 décembre à Oslo pour recevoir le prix Nobel de la Paix qui lui a été décerné en octobre. Le 10 décembre, les membres des quatre organisations seront de voyage à Oslo où une énième cérémonie internationale sera tenue en leur honneur. Un avion baptisé au nom du leader national et syndical Farhat Hached les emmènera à la capitale norvégienne. L’avion portera les couleurs de la Tunisie, mais aussi celles du prix Nobel et sera orné du drapeau national et de l’inscription : « Tunisie, la volonté de la paix », peinte en or, couleur de la médaille du Nobel de la Paix.


Le 9 novembre, le tapis rouge a été déroulé pour les représentants du Quartet au palais de Carthage où le président de la République et les cadres de la Garde présidentielle les ont accueillis en grande pompe. Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, Abdessattar Ben Moussa, président de la LTDH, Mohamed Fadhel Mahfoudh, bâtonnier de l’Ordre des avocats, et Houcine Abassi, secrétaire général de l’UGTT, ont alors exprimé leur fierté et l’honneur d’avoir reçu ce prix au nom des citoyens tunisiens de tous bords qui ont rendu cet exploit possible.

Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait alors rappelé dans son allocution, la symbolique profonde de ce prix Nobel de la Paix, « attribué pour la première fois à un groupe constitué de différentes organisations nationales qui ont joint leurs efforts et épargné au pays une guerre civile certaine ». Il avait souligné que « cet hommage mondial implique aussi une responsabilité d’ordre éthique, politique et civilisationnel et qu’il faut continuer à emprunter le chemin du dialogue et de l’union, dans le respect des libertés et de la pluralité, pour que la Tunisie, petit pays mais grande nation, puisse donner l’exemple au monde et être à la hauteur de sa confiance ».

Béji Caïd Essebsi avait déclaré que le prix Nobel de la Paix vient couronner des efforts considérables et que le peuple tunisien, pacifiste et mûr, qui sait distinguer la démocratie authentique de l’anarchie, mérite amplement ce prix. « Le monde nous admire et nous respecte, nous devons œuvrer nous-mêmes pour relever nos défis et nous comptons aussi sur l’aide de nos amis, sur plus de soutien et de solidarité, car les menaces n’ont pas de frontières » a-t-il rappelé.

 

Houcine Abassi avait précisé, quant à lui, dans une  allocution donnée devant un panel de personnalités politiques et publiques et diffusée en direct à la télé, que « le dialogue et l’unité et le fait d’avoir fait primer l’intérêt national sur tout intérêt personnel est une prouesse qu’il va falloir démonter à Oslo le 10 décembre ». Ne perdant jamais le nord, il a profité de l’occasion pour adresser une petite torpille à l’UTICA et déclarer que « l’humeur n’est pas à la fête » et que les négociations sur les augmentations salariales dans le secteur privé, qui allaient avoir lieu le jour même, le préoccupent.

La présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, avait  indiqué, pour sa part, dans son discours au palais de Carthage, que « ce prix est un témoignage de confiance et que la Tunisie n’a cessé de surprendre le monde depuis 2011 ». Elle avait ajouté qu’il s’agit là d’une « opportunité à saisir pour briller aux yeux du monde, pour attirer les investisseurs et relancer l’économie». Idée partagée par Mohamed Fadhel Mahfoudh, bâtonnier de l’Ordre des avocats, qui avait exprimé sa fierté d’être Tunisien et d’appartenir à l’ordre des avocats tunisiens. Il avait souligné « l’importance de multiplier les efforts pour une relance économique et culturelle qui fera que ce succès puisse être ressenti par les Tunisiens dans leur vie quotidienne ». Abdessattar Ben Moussa, président de la LTDH, avait donné, quant à lui, un discours en prose, pour exprimer « [sa] fierté et rendre hommage à la Tunisie et aux Tunisiens ».

 

Un mois à peine après ces vibrants hommages, les négociations entre l’UGTT et l’UTICA se sont soldées par un échec. En effet, la séance de négociation qui s’est tenue le 2 décembre 2015 entre l’UGTT et l’UTICA n’a pas abouti, avait annoncé l’UGTT dans un communiqué, expliquant cela par le fait que « les propositions présentées étaient en divergence ». La délégation de l’UGTT a précisé avoir noté un immense écart entre les déclarations de bonnes intentions formulées par l’UTICA et ses propositions qui ne reflètent pas la volonté qu’elle exprime.

Ce discours a été réitéré avant-hier quand le Quartet a été invité à l’émission Paris Direct sur France 24. Houcine Abassi est revenu sur l’échec des négociations entre le Syndicat et le patronat précisant que le Quartet aurait pu se rendre à Oslo le 10 décembre, pour recevoir le prix Nobel de la Paix qui lui a été décerné, en ayant trouvé un accord sur les salaires du secteur privé.

Le secrétaire général de l’UGTT a attribué cet échec à l’UTICA qui a refusé la proposition du chef du gouvernement, pourtant inférieure à celle du syndicat en termes de demandes. Il a ajouté que le syndicat ne demande pas l’impossible et nié toute relation entre l’augmentation des salaires et les opportunités de travail.

Wided Bouchamaoui, a estimé, pour sa part, que l’échec des négociations avant le 10 décembre, « n’est pas la fin du monde » surtout que le patronat n’a pas fermé la porte aux négociations précisant que le refus de la proposition du chef du gouvernement est dû au fait qu’il a adopté celle du syndicat.

La présidente de l’UTICA a souligné que les entreprises du secteur privé traversent un contexte difficile surtout que la plupart sont des PME qui participent à l’investissement interne qui n’a pas baissé entre 2010 et 2014. Elle a nié, dans un autre contexte, la responsabilité du secteur privé dans la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen.

 

 

Ce bras de fer entre l’UGTT et l’UTICA, fait couler de l’encre depuis quelques mois. Chacune des deux parties, syndicat et patronat, campe sur ses positions. L’UGTT en demande beaucoup trop : une augmentation des salaires de 15%. Requête inacceptable vue la crise économique, s’indigne le patronat. L’UTICA ne propose rien de sérieux : une hausse estimée à 17 dinars. Cela ne répond pas aux attentes des employés, rétorque le syndicat. 

Les deux parties se livrent une bataille médiatique, à chaque occasion qui se présente. Pendant les cérémonies organisées en leur honneur, sur les plateaux télés et autour de la table des négociations, forcément.

Ironie du sort ou clin d’œil pour rappeler l’importance de l’union, Houcine Abassi et Wided Bouchamaoui s’envoleront pour Oslo, demain 10 décembre 2015 pour recevoir le prestigieux prix Nobel de la paix 2015. Après un passage remarqué hier à Paris où les membres du Quartet ont été décorés d’une médaille de la légion d’honneur par le président Français, François Hollande, tous seront sous les feux des projecteurs du monde entier demain en Norvège.

 

Devant les caméras des médias internationaux, les membres du Quartet, qui symbolisent désormais la démocratie naissante et la réussite par le dialogue et le consensus, devront ranger les couteaux, afficher une entente parfaite et leurs plus beaux sourires. Au retour au pays, ils se remettront sans doute sur la table des négociations, avec peut être accrochée quelque part la médaille qui leur donnera la motivation et la volonté nécessaires pour débloquer la situation et trouver enfin un accord qui leur permettra de fêter dans la joie et la sérénité leur prix tant mérité.

 

 

09/12/2015 | 19:59
6 min
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Commentaires (7)

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BADOU
| 10-12-2015 16:07
on dit:"ils se remettront autour de la table de negociations"et non"sur la table de negociations".merci

BN: Merci d'avoir attiré notre attention.

nazou
| 10-12-2015 12:49
C'est la diversité de ce forum, qui fait son succès !!
Faut pas dénigrer ceux qui ne partagent votre opinion, au point de les traiter de pollueurs !
Ou alors vous êtes partisan de la pensée unique !

Mansour Lahyani
| 10-12-2015 11:44
Rappels très utiles !
Mansour Lahyni
| 09-12-2015 14:39
Est-il utile de le rappeler encore une fois ? Rappelons donc que le Nobel de la Paix n'a été attribué à aucun membre du Quartet individuellement, mais qu'il a consacré une invention due au génie tunisien, qui a fait de ce Quartet un instrument de règlement pacifique des situations de crise politique nationales. Donc, ni Me Mahfoudh, ni Abdessatar Ben Moussa, ni encore moins W. Bouchamaoui et H. Abassi ne sont les véritables récipiendaires de ce prix trop prestigieux pour consacrer des individus qui n'ont rien apporté individuellement ! Il y a certaines vérités qu'on ne clamera jamais suffisamment haut pour que les égo n'en prennent pas un sale coup !!!
Et, à lire certains commentaires, je conclus qu'il est urgent de le dire et de le répéter : je suis fier du Quartet, tout comme je suis fier de cette Tunisie qui l'a inventé ex-nihilo: une bien belle invention pour la résolution des problèmes politiques qui auraient pu bloquer ce pauvre pays ! Ma belle et pauvre Tunisie aurait dû avoir droit à son tour à une belle médaille dans une sorte de Concours Lépine pour la consécration de la Démocratie, n'en déplaise à certains esprits chagrins qui polluent ce forum !

Lotfi B
| 10-12-2015 09:38
Regardez moi ces gueux avec le vide et une tenue vestimentaire qui laisse à désirer .Aucune classe aucun style.Allez voir un couturier pour vous raccourcir les mâches de votre veste bande de sous développé .

Tuesday
| 10-12-2015 08:39
Bien que tout est à honneur de notre pays, on voit que le quartet n'en revient pas tellement ils sont assommés par les prix: légion d'honneur, Oslo, représentation prochaine dans toute les villes étrangères, etc.

Le plus désolant (voire absurde et paradoxale), c'est qu'ils sont unis...mais dans la divergence, je parle bien sur de Bouchamaoui et de Abbassi, qui continuent à s'afficher las bas , en dédaignant les sentiments des tunisiens qui les voient désunis, pour les représenter aux yeux du monde, une scène et une attitude des plus mesquine, qui ternit en fin de compte ce trophée et cette distinction, d'ailleurs malgré la bonne nouvelle et le tapage médiatique, on le ressent à mon avis et le constate aux yeux des tunisiens, dont les intérêts nationaux priment d'abord sur les enjeux internationaux.

le berbère
| 09-12-2015 22:54
si on appelle la soumission ,l'éscalvage ,et la traîtrise un prix Nobel ,alors je refuse catégoriquement ce cadeau empoisonné de l'oncle Sam et du sionisme .