
Mardi 28 janvier à 9h du matin, le chef du gouvernement désigné par le président de la République, Elyes Fakhfakh, a entamé les rencontres prévues avec les commissions communes des partis politiques dans le cadre des concertations menées pour la formation de son gouvernement. Les négociations porteront notamment sur les bases de la « ceinture politique » qui doit soutenir le gouvernement et les priorités du nouveau gouvernement et sa structure. C’est sous la forme d’une « note contractuelle » qu’Elyes Fakhfakh a soumis sa vision du gouvernement « de la clarté et du rétablissement de la confiance »….
Lors de la conférence de presse donnée à l’issue de sa nomination, Elyes Fakhgfakh avait insisté sur la « nécessité de la restauration de la confiance entre les citoyens et la classe politique, mais aussi au sein de la classe politique elle-même », ainsi que sur « l’instauration d’une harmonie entre les deux têtes de l’exécutif ». Le chef du gouvernement désigné a annoncé « l’exclusion » du second parti à la présidentielle et aux légilstives, Qalb Tounes, expliquant que ses critères de choix ont porté sur « la symbolique du deuxième tour de l’élection présidentielle et la volonté exprimée massivement par le peuple ».
Malgré les nombreux appels lancés par Ennahdha pour un gouvernement d’union nationale représentant tous les blocs parlementaires et l’élargissement des concertations, Elyes Fakhfakh a amorcé sans Qalb Tounes la semaine dédiée à la discussion de son programme. Alors que le parti islamiste ne cesse de remuer la menace d’élections anticipées, insinuant sans le dire qu’il ne votera pas un gouvernement qui exclut Qalb Tounes, le chef du gouvernement persiste à s’engager dans le processus qu’il a défini avec son équipe.
La note proposée par Elyes Fakhfakh présente les bases et les principes qu’adoptera son gouvernement. Il s’agit d’abord de se tenir aux valeurs de la révolution en achevant d’en réaliser les objectifs et ensuite de s’engager à respecter la constitution et les principes de l’Etat démocratique en consacrant notamment la primauté de la justice. Elyes Fakhfakh s’engage également à rétablir la confiance entre le peuple et la classe politique en se tournant « sincèrement » vers la volonté du peuple et en renforçant les droits, les libertés et l’égalité entre les citoyens avec une attention particulière aux acquis de la femme. Il évoque en outre l’assainissement de l’environnement politique et la neutralité de l’administration.
L’approche gouvernementale d’Elyes Fakhfakh s’articule en trois parties : les fondements généraux, les priorités et enfin les outils.
Les fondements concernent notamment la finalisation des institutions de l’Etat et la moralisation de la vie politique. Il est question de la mise en place de la cour constitutionnelle, de l’organisation d’élections régionales à l’horizon de 2022, de la lutte contre la corruption administrative, politique et financière. Dans le volet de l’Etat responsable, deuxième point cité dans les fondements du programme gouvernemental, il est question de la lutte contre les disparités régionales, de l’activation de l’ascenseur social, de la lutte contre le chômage, de la garantie de la pérennité du système de couverture sociale et de la mise en place d’une politique publique globale pour la promotion des enfants, des jeunes, de l’enseignement, des sports et de la culture.
Le gouvernement a aussi pour vision le renforcement de l’indépendance de la justice, l’application des conclusions de la justice transitionnelle, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
Pour ce qui est du volet économique, il est question de la transformation digitale, de la lutte contre l’économie de rente, de l’instauration du développement durable, de l’intégration de l’économie parallèle, du soutien des PME, de la transformation énergétique, de la réforme des établissements publics stratégiques et de la consécration de la justice fiscale. Elyes Fakhfakh rappelle aussi la nécessité d’instaurer la décentralisation et les pouvoirs régionaux en soutenant le travail des conseils municipaux et en renforçant les ressources humaines et financières des collectivités locales. Les fondements font encore référence à l’amélioration de l’image de la Tunisie à l’échelle internationale.
Les priorités du gouvernement d’Elyes Fakhfakh sont réparties en deux catégories. Les priorités urgentes et celles à moyen terme. Le gouvernement devra ainsi s’engager à assurer dès la première année la sécurité, en luttant contre la criminalité, l’amélioration du pouvoir d’achat et le contrôle des prix, la relance économique, la mise en pratique de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, le renflouement en ressources financières nécessaires pour 2020 et l’adoption d’une solution politique pour la crise du bassin minier afin de reprendre une production durable des phosphates. Le document souligne qu’une « Taskforce interministérielle » sera formée pour appliquer et suivre ces priorités.
Pour ce qui est des priorités à moyen terme, le document soumis aux partis par Elyes Fakhfakh révèle l’intention d’élaborer un « plan d’investissements stratégiques d’avenir » dans le cadre duquel le gouvernement devrait lancer des grands projets nationaux présentés comme suit :
-Un programme structurel pour la réforme de l’Etat et l’achèvement de la construction de la décentralisation
-La réforme du système éducatif et de l’enseignement public
-La réforme de la santé publique
-La réforme de l’agriculture
-La transformation digitale
-La transformation énergétique
-Une intégration volontaire et renforcé sur le continent africain.
Pour réaliser ces objectifs, Elyes Fakhfakh s’engage à adopter une approche participative dans l’élaboration des politiques publiques et à développer la gouvernance ouverte tout en renforçant les moyens d’audit et de contrôle. Il appelle ses « partenaires » à instaurer un outil permanent pour coordonner leurs positions et soutenir le gouvernement politiquement, médiatiquement et au niveau du parlement. Compte tenu de l’importance de certains textes de lois, il appelle également sa ceinture politique à proposer un projet de loi qui donne au chef du gouvernement les prérogatives exceptionnelles, consensuelles et ponctuelles pour agir dans les cas qui s’imposent.
Comme il l’avait déjà annoncé, Elyes Fakhfakh a restreint son équipe à 27 ministres et un secrétaire d’Etat. Le gouvernement se présentera comme suit :
Ministre de la Justice
Ministre de l’Intérieur
Ministre de la Défense
Ministre des Affaires étrangères
Ministre des Finances
Ministre des Domaines de l’Etat
Ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale
Ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi
Ministre de l’Equipement et de l’Aménagement du territoire
Ministre du Transport et de la Logistique
Ministre des Affaires locales et de l’Environnement
Ministre de l’Agriculture
Ministre de l’Industrie
Ministre de l’Energie, des Mines et de la Transformation énergétique
Ministre du Commerce
Ministre du Tourisme et de l’Artisanat
Ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale
Ministre des Affaires sociales
Ministre des Affaires religieuses
Ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors
Ministre de la Santé
Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
Ministre de l’Education
Ministre des Affaires de la jeunesse et des Sports
Ministre des Affaires culturelles
Ministre de la Fonction publique, de la modernisation de l’administration, des politiques publiques et de la lutte contre la corruption
Ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la relation avec le parlement, les instances constitutionnelles et la société civile
Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères
Elyes Fakhfakh a terminé son document en soulignant que son programme est basé sur une vision et une volonté sincère et forte. "Il s'agit d'un engagement pour lequel le gouvernement assumera toute sa responsabilité devant le peuple durant le prochain mandat parlementaire". Si la volonté et la sincérité du chef du gouvernement sont souvent réitérées, suffiront-t-elles à lui assurer le vote de l'Assemblée ?... rien n'est aujourd'hui moins sûr...
Myriam Ben Zineb
Du jamais vu dans aucun pays du monde .
Club Politique Sfaxien
Avec Mr Fakhfakh vous allez voir de toutes les couleurs
On appèlera la Tunisie Sfaxtunisia
Le chapitre Priorités de moyen terme est une liste de titres sans plus. Par exemple, réformer l'éducation ou la santé, pour quels objectifs et comment ?
Une sorte de document souhaits ! Incroyable alors que le parti ettakatol (0.26%) de EF a participé aux élections législatives pour gouverner le pays !
EF aurait dû présenter le programme de son parti comme document préliminaire pour les consultations avec les partis. C'est la moindre des choses !!!!!!!
Ici on parle de structure gouvernementale...
Et je pose la question au MECANO quelle égalité entre le ministre de la femme et celui de la santé?
Donc on ne peut avoir qu'une priorité. Avoir plusieurs priorités va diluer l'énergie et affaiblir l'effort.
La transition énergétique doit être la seule priorité du prochain gouvernement pendant les six premiers mois. Le gouvernement a besoin de "Quick win" pour restaurer la confiance, choisir des priorités qui vont prendre une longue période pour donner des résultats est a éviter.
Le reste est trop compliqué, a peu de chances de réussir dans le moyen terme et ne va pas aider à résoudre les problèmes urgents comme le chômage, la dette et les déficits.
1 - programme structurel pour la réforme de l'état et l'achèvement de la construction de la décentralisation. Ceci va nécessiter des années et va se heurter à une opposition farouche de l'UGTT, ça sera une perte de temps. Décentralisation implique que des fonctionnaires doivent déménager de Tunis vers les régions, si vous vivez à Tunis accepteriez vous de déménager à Kasserine, Médenine, ou Gafsa?
2 - réforme du système éducatif et de l'enseignement public. La première action est de savoir les raisons de l'échec, ce qui est revient au premier point.
3 - réforme de la santé publique, qu'est ce qu'on va y reformer. Les problèmes du secteur de la santé sont dus aux manques de moyens et a la corruption.On doit revenir au point cinq qui va permettre plus d'investissements étrangers et réductions des subventions et des déficits.
4 - réforme de l'agriculture. L'agriculture va se développer quand on élimine les contrôles de prix et les subventions alimentaires qui empêchements les agriculteurs de vendre leurs produits à des prix acceptables leur permettent de dégager un profit.
5 - transformation digitale. Qu'est ce qu'on va transformer? Avant de transformer les processus courants du gouvernement on voit les simplifier. La majorités des procédures bureaucratiques n'ont aucune raison d'exister. La première simplification aurait dû être la réduction du nombre de ministères. On a promis un maximum de 25 postes et on est déjà a 28, c'est mieux que les 42 proposés par Jamli.
6- transformation énergétique, C'est la seule initiative qui va créer de la valeur et qui peut séduire les investisseurs étrangers.
7 - intégration volontaire et renforcé sur le continent africain. Intégration implique complémentarité or la Tunisie ne peut pas fournir ce dont l'Afrique a besoin, on doit se développer pour pouvoir aider les autres.


